Forêt Affamée
La Forêt Affamée est la plus vaste étendue sauvage des Terres Libres. Elle recouvre une part immense du territoire : un océan de feuillages impénétrables qui s’étend de la cité franche de Rivenoire à l’ouest, jusqu’à Avaryn au nord-ouest, et bute contre les contreforts des Monts Dorés à l’est. Ses lisières sont floues, mouvantes — certaines cartes tentent de la borner, mais d’année en année, des fermes et des villages proches sont « avalés » par l’avancée de la sylve, sans explication claire.
Nature et dangers. On la nomme Affamée non par hasard : cette forêt semble être une entité vorace, animée d’un instinct ancien. Ceux qui s’y égarent disparaissent souvent sans laisser de traces. Même les pistes bien balisées se referment du jour au lendemain, et les arbres semblent se resserrer sur les intrus. Les rumeurs parlent de prédateurs inhumains tapis sous les frondaisons, de racines capables d’étouffer un voyageur dans son sommeil, et de voix mielleuses imitant les proches pour attirer les égarés plus profondément sous les ombres. On raconte aussi que les bois se nourrissent des morts : chaque bataille, chaque charnier abandonné aux lisières voit la végétation croître avec une vigueur anormale. Ni lesrôdeurs ni les druides ne revendiquent cette forêt : elle est considérée comme « souillée » ou hors d’équilibre naturel.
Climat et ambiance. Même en plein jour, peu de lumière atteint le sol. Un épais manteau d’humidité baigne la forêt, et une brume ténue rampe en permanence entre les troncs tordus. Le silence y est oppressant : les oiseaux se taisent souvent, remplacés par des craquements lointains ou des bruissements sans source visible. Il existe çà et là des clairières anormalement dégagées — mais ces lieux sont évités par les rares forestiers expérimentés, qui les considèrent comme des pièges.
Mythes et croyances. Nombre de récits affirment que la Forêt Affamée serait le vestige d’un ancien royaume druidique déchu, maudit après un rituel interdit. D’autres parlent d’une puissance végétale qui aurait dévoré ses propres gardiens et continue d’étendre son influence. Certains marchands prétendent que le bois tiré des lisières de cette forêt est porteur de malédictions, et refusent de le charger à bord de leurs chariots. Les peuples des Terres Libres respectent instinctivement cette sylve : les bûcherons locaux n’y prélèvent que le strict nécessaire, après avoir laissé des offrandes aux esprits des bois. Les mercenaires les plus téméraires s’y aventurent parfois pour des chasses interdites — mais peu en reviennent, et ceux qui le font arborent des cicatrices étranges et refusent d’en parler.
Rôle stratégique. Sur le plan politique, la Forêt Affamée représente à la fois une barrière et une frontière incertaine entre les Cités-États des Terres Libres. Elle entrave le commerce terrestre, coupe les routes et isole certains bastions. Aucune cité n’a jamais réussi à la « domestiquer » — pas même Lustreciel, malgré plusieurs expéditions coûteuses menées par des compagnies armées. À l’est, ses limites naturelles touchent les Monts Dorés, servant de tampon contre les incursions de certains clans barbares ou créatures montagnardes. Mais il arrive aussi que ces mêmes monstres descendent dans la Forêt Affamée pour y disparaître... ou pour en ressortir transformés.
La Route de Brân-Temor. Il existe, contre toute attente, une unique route praticable traversant la Forêt Affamée du nord au sud : Une route sinueuse reliant le petit village côtier de Périlon aux bastions de Fort Venzor, au sud. Son existence même est perçue comme un miracle fragile, fruit d’un équilibre précaire avec la forêt elle-même.
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