Mon travail d’amirale et d’artisane m’ont tenue éloignée bien trop longtemps de mon encrier, je le concède. En effet, je n’ai pas eu le temps de consigner tous les événements de ces deux derniers jours. A peine avons-nous rejoins le conseil des nobles que des métamorphes se sont révélés, ont volé un objet précieux et de grande puissance et ont réussi à s’échapper malgré toute nos préparations. Depuis, nous courrons de réunion en réunions et de conseil de guerre en conseil des artisans. Nous avons beaucoup de choses à préparer, des potions, des antidotes, des outils pour faire face au retour des métamorphes et leur attaque sur la cité, mais il nous faut aussi organiser les forces, orienter les mercenaires que nous envoyons à travers la cité pour la défendre, coordonner avec les maisons nobles qui ont décidé de nous suivre et de continuer de servir la Duchesse… Tout ça demande du temps, tant de temps que je n’ai pu écrire… Mais ce soir, alors que nous sommes à quelques heures de ce grand combat, je prends le temps de saisir la plume afin de coucher ces derniers moment de calme avant la tempête. Certains de mes plus proches artisans vont se jeter aussi dans la forge du combat, je ne peux que prier les dieux de les protéger. Je vais aussi me joindre au combat, avec mon Hjalmar pour tenter, à mon échelle de faire pencher la balance. Sous peu, des monstres et des ennemis vont ouvrir des portails pour envahir la cité, nous devons les empêcher de faire tomber la cité. Les défenses de la cité et les troupes régulières sont sur le pied de guerre, nous sommes aussi prêts que nous puissions l’être alors que les délais de préparation ont été si courts.
Au début, nous seront stationnés dans le Fort de l’Épervier, où se trouve une partie centrale de la défense de la cité. De plus j’y trouve aussi une grande pierre runique qui semble pulser et dont la surface est continuellement couverte de runes changeante. Elle serait plus ancienne que l’Empire et est étudiée depuis plus de cent ans. De ce que je vois, même sans en comprendre tout le fonctionnement, je comprends qu’elle semble être une protection, qui repousserai les effets délétère des convocations maléfiques. Peut-être qu’elle est l’antithèse des pierres d’appel des abominations que nous avons trouvé par le passé. Je vais prendre un peu de temps pour voir si avec les quelques connaissances que j’ai, j’arriverai à amplifier son pouvoir de protection, ce qui pourrait nous donner un avantage face à nos ennemis. Alors que la nuit vient de tomber, nous commençons à entendre des cris à travers la cité. L’assaut a commencé. Des ennemis commencent à être visibles, et mes amis ainsi que les gens de la garde se mettent en place et commencent à faire pleuvoir la mort sur eux, mais pour ma part, je sens que je peux être plus utile si j’arrivais à décrypter comment cette pierre mystique fonctionne… Alors je me plonge complètement dans son étude, faisant complètement confiance à mes compagnons pour les premiers temps du combat. Sous mes doigts, je sens la pierre pulser légèrement plus, voire j’ai l’impression qu’elle bourdonne. Je prends mes précautions pour éviter un contre-coup ou un effet indésirable, mais je sens que je tiens le bon bout et continue de m’affairer sur cet objet magique.
Alors que j’arrive enfin à activer la pierre, j’entends derrière moi le magistère du Fort de l’Épervier m’insulter en elfique et s’approcher de moi, lame à la main. Je pivote immédiatement afin de lui porter un coup et à ma grande surprise, je le vois tomber au sol. Fait-il de la comédie, ai-je eu de la chance ? Je ne sais pas, mais je vais aller m’assurer qu’il ne puisse pas me nuire avant de reprendre mon activité et l’activation de la pierre. Il était peut-être un bon mage et un bon agent infiltré, mais sa rencontre avec mon épée l’a laissé aux portes de la mort. Je l’ai soigné pour qu’on puisse l’interroger plus tard, et saucissonné pour qu’il ne me dérange pas plus, et je retourne m’occuper de la pierre. Je vois tout autour de moi mes compagnons faire pleuvoir l’acier et les sorts sur les ennemis qui nous assiègent, j’entends aussi au rez-de-chaussée les rugissements de Kiki le gorille et de Hjalmar ainsi que les cris de guerre et de ralliement de mes compagnons. Le combat est total, et je ne suis pas sûre que nous ayons la main haute pour le moment.