Session XLVIII : La Corruption de l'Incorruptible
General Summary
Le repas principal était servi et les aventuriers commençaient à être repus lorsque la suivante de Dal’ris arriva dans la salle et s’approcha de lui pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille. L’archiprêtre fronça les sourcils et hocha la tête pour acquiescer.
La servante quitta la pièce, et après quelques secondes, Dal’ris prit la parole, sous les yeux curieux des aventuriers.
« Je vous prie de m’excuser, mes amis, mais je viens d’apprendre une mauvaise nouvelle. Je vous laisse quelques minutes afin de voir ce que cela implique. Je reviens tout de suite. Mangez et buvez à votre guise. » annonça le prêtre, puis il se leva et quitta la pièce.
Avec un petit air perplexe et circonspect, les aventuriers échangèrent des regards, à l’exception de Drark qui avait décidé de ne pas perdre une minute en bavardage inutile et attaquait avec ardeur le porc rôti qui était sur la table : il faisait des réserves pour les aventures à venir.
« On ne jetterait pas un coup d’oeil aux environs ? » proposa Vidar.
« Faisons cela rapidement, il a dit qu’il serait de retour d’ici peu. » enchaîna Marduk.
« Je suis curieux de savoir quelle est cette affaire importante qu’il doit gérer. » ajouta le gobelin en se levant, un gros morceau de viande non mâché dépassant de sa bouche.
Vidar commença par faire une détection de la magie autour de la table, vérifiant que la nourriture et le vin n’étaient pas maudits ou empoisonnés de manière magique. Il y avait peu de chance, car Dal’ris en avait également consommé, mais il valait mieux être prudent : il pourrait s’agir d’un poison lent et qu’il venait de partir pour prendre un antidote. Il en conclut que la nourriture était saine, et il se dirigea vers les grandes portes noires au fond de la pièce. En les examinant, il put constater qu’elles étaient faites de marbre noir. Drark s’approcha également pour les analyser. À deux, ils purent déterminer que les portes en elles-mêmes n’avaient rien de magique et qu’il devait y avoir un mécanisme au-dessus qui permettrait de les ouvrir. Cependant, quelque chose de magique semblait se trouver derrière. L’oracle sentait une présence d’un pouvoir mystérieux, mais il ne put déterminer s’il s’agissait d’un portail, d’un objet ou d’une créature.
Pendant ce temps, Marduk observait la pièce et dit aux autres :
« Est-ce qu’il ne serait pas temps d’aller jeter un coup d’œil dans les environs ? Je pense que cela pourrait nous être utile. »
Mais les pas de Dal’ris se firent à nouveau entendre dans les couloirs.
« Je vous prie de m’excuser pour mon absence. Une affaire importante est en train de se dérouler : nous avons presque la certitude que Malar, le grand prêtre d’Abadar, est un criminel. J’avais déjà des soupçons et ils viennent de se confirmer. Je pense cependant qu’il a compris que l’on savait, il faut donc agir vite pour l’arrêter avant qu’il ne cache les preuves ou qu’il ne s’enfuie. »
Dal’ris marqua une pause.
« Si ce n’est pas trop demander, vous pourriez venir avec moi pour assurer le bon déroulement de l’opération… » continua le prêtre d’Asmodéus.
Les aventuriers s’échangèrent un regard. Avec un air de connivence, ils acquiescèrent, pas pour la raison que Dal’ris évoquait cependant. Ils étaient curieux de savoir de quoi on accusait Malar, et ils voulaient être présents sur les lieux afin de vérifier que tout cela n’était pas un coup monté.
Ils sortirent alors du Grand Temple d’Asmodéus, suivant Dal’ris comme son ombre dans les couloirs sombres éclairés seulement de grands chandeliers répartis de manière régulière dans les grands couloirs froids de la cathédrale.
En arrivant sur le parvis du bâtiment, ils furent accueillis par une escouade de chevaliers infernaux, en armures complètes, visières baissées. L’archiprêtre passa devant eux sans un regard et ils lui emboîtèrent directement le pas. Les gouttes tombaient de la voûte céleste et retombaient bruyamment sur les armures étincelantes des chevaliers. Le manteau de la nuit recouvrait la ville et l’obscurité s’était déjà bien installée dans la cité du dragon. La procession se dirigea directement vers la banque-cathédrale d’Abadar, croisant seulement des silhouettes sombres s’écartant sur leur passage.
Ils arrivèrent devant le haut bâtiment, plus haut que large, faisant penser à une imposante tour ou un donjon. Des gardes étaient déjà postés devant l’établissement, en train de veiller à ce que personne ne puisse entrer ou sortir sans autorisation. Des badauds regardaient la scène de loin, curieux de ce qui allait se dérouler devant leurs yeux. Les aventuriers suivirent Dal’ris qui se dirigea directement vers la porte d’entrée, et son escouade se dépêcha d’aller chercher un bélier qui les attendait non loin. Ils se mirent à fracasser la porte tandis que des magiciens étaient occupés à désactiver les protections magiques. Dès que la porte vola en morceau, les chevaliers entrèrent dans la demeure, se dispersant dans les pièces afin de couvrir tout l’espace, vérifiant que les lieux étaient bien vides et sans danger. Sans hésiter, le héraut d’Asmodéus les mena vers les escaliers menant aux étages. Ils passèrent devant les quartiers administratifs du premier étage, puis devant les bureaux du personnel au deuxième étage, devant les salles d’archivage du troisième étage, pour arriver aux appartements personnels de Malar au quatrième.
Dal’ris usa de sa magie pour désactiver les glyphes de protection, ce qui prit quelques minutes, puis les chevaliers enfoncèrent la porte pour s’engouffrer dans les luxueux appartements du grand prêtre d’Abadar. Les pièces étaient plongées dans l’obscurité, et Vidar fit un petit signe à ses compagnons pour qu’ils se regroupent autour de lui. Dès que ce fut le cas, il activa sa ceinture des cinq rois, garantissant une vision nocturne à tout le monde. Pendant quelques minutes, les appartements furent retournés par les chevaliers, avec la supervision de Dal’ris et des aventuriers. Malar n’était définitivement pas là, et ils ne semblaient pas trouver de traces de ce qu’ils cherchaient. Les aventuriers vérifièrent qu’il n’avait pas pu s’enfuir par une fenêtre, mais ils ne virent pas d’indice menant à cette conclusion.
Dal’ris rappela quelques-uns de ses hommes et fit un signe à Marduk et ses compagnons de le suivre : ils se rendraient aux sous-sols. Ils descendirent les escaliers et continuèrent leur plongée vers le bas après avoir passé le rez-de-chaussée. Les profondeurs de la banque-cathédrale étaient constitués de niveaux remplis de coffres-forts, commençant par les plus modestes, pour ensuite s’élargir en progressant dans les niveaux. Lorsqu’ils passèrent devant les premiers sous-sols, ils purent constater des dizaines de coffre dans chaque couloir. Après avoir passé le niveau moins cinq, chaque ils ne purent constater que quelques coffres par couloir, les portes de ceux-ci grandissant à vu d’œil. C’est pendant leur descente qu’ils purent trouver les premières traces suspectes.
Ils virent une première tache de sang, comme une éclaboussure d’une grosse goutte de sang s’étant éclatée au sol. Puis une autre, et encore une autre, puis un corps d’un garde du temple sans vie, comme frappé par une grande arme tranchante. Lors de leur descente, ils purent trouver une dizaine de corps, et à première vue le combat n’avait pas été serré. Ils semblaient presque tués dans leur sommeil car il n’y avait pas d’autres traces qu’une grande ouverture béante dans le torse ou la gorge. Le tueur devait être d’une agilité déconcertante et frappait de manière chirurgicale.
Ils arrivèrent finalement au dernier niveau des sous-sols. Il s’agissait d’une énorme salle rectangulaire au plafond terriblement haut, avec comme mur de fond une sorte d’énorme miroir. Cela devait être un fait d’un matériau magique, car il était impossible de réaliser une glace d’une surface si importante en une pièce. Sur les murs latéraux, quatre portes massives, de plus de trois mètres de haut, devant lesquelles des statues gardiennes reposaient. Dal’ris se dirigea vers la porte au fond à droite.
« Il s’agit du coffre-fort de Malar. Cependant, je ne sais pas comment l’ouvrir. » dit le grand prêtre en s’approchant de la porte.
« Quelqu’un parlerait l’elfique ? Je peux lire ici une inscription étrange. » continua-t-il.
« Moi ! » dit le gobelin en s’avançant vers les écriteaux. Il se mit à traduire à haute voix afin que tout le monde puisse entendre.
« Vous vous trouvez devant deux portes, surveillées par deux gardiens. L’une mène au Paradis, l’autre en Enfer. L’un des gardiens ne peut que mentir, l’autre ne peut dire que la vérité. En une seule question, comment trouver la porte du Paradis ? »
Un ange passa tandis que tout les yeux se levèrent vers le ciel. Une seule question ? Il devait y avoir une astuce, car avec une seule question cela menait simplement à pouvoir déterminer lequel des deux gardiens disait la vérité ou les mensonges.
Ils se grattèrent le menton en regardant la poignée scellant l’immense porte. Les taches de sang menaient bien là, mais cette énigme leur bloquait le passage. À plusieurs reprises, un aventurier ouvrit la bouche, prêt à donner une réponse, mais aucun son ne sortit. Puis ils échangèrent.
« Il faut parvenir à allier, ou faire interagir les deux gardiens entre eux, ou l’énigme est impossible. » déclara Drark.
« Comme par exemple une question ouverte pour les deux gardiens ? Mais si on leur demande de montrer la Porte du Paradis ils vont chacun montrer une porte différente... je ne trouve pas. » ajouta Vidar.
« Attendez… mais qu’est-ce qui se passerait si on demandait l’avis de l’un sur l’autre ? » fit Marduk, après une pause de réflexion. Les autres se tournèrent vers lui avec incompréhension.
« Je crois m’être mal exprimé, mais je pense que je tiens la piste. Que se passe-t-il si on demande à un de nous montrer la porte… que l’autre désignerait comme étant le Paradis ? »
« Si c’est le gardien qui ment, il devra montrer… la porte des Enfers, car l’autre gardien dit la vérité mais que lui-même ment. » pensa Drark à voix haute.
« Et si c’est celui qui dit la vérité, il devra montrer la porte … des Enfers également ! Vu que l’autre montrerait celle des Enfers et que ce premier doit dire la vérité ! » conclut Vidar.
Excités par cette découverte, ils résolurent l’énigme et la porte s’ouvrit tandis que le sceau magique se dissipait. Dans le peu de lumière de la chambre-forte, les aventuriers purent distinguer un elfe à genou, aux pieds d’une montagne de pièces d’or et d’objets précieux ou atypiques en tout genre.
Les aventuriers s’approchèrent avec précaution, armes à la main, vers la silhouette à genou, au milieu de cette immense tas de pièces. Lorsque les pieds du premier fit du bruit en remuant les pièces d’or, l’elfe se retourna en poussant un petit cri de frayeur, les yeux rouges de larmes.
« Ah ! Que faites-vous là ? Attention ! Ils arrivent… ils arrivent pour me tuer ! » bégaya Malar, complètement paniqué. Dans sa robe de chambre somptueuse, il semblait traumatisé, presque comme s’il était sous l’effet d’un sortilège.
« Nous sommes là pour t’arrêter Malar, il va falloir nous suivre. Nous allons t’emmener dans une cellule, où nous aurons le temps de davantage discuter sur les accusations qui sont faites à ton encontre. » répondit le prêtre d’Asmodéus.
« C’est vous qui avez tué les soldats dans les sous-sols de la banque ? » essaya Drark.
« Non, c’est … EUX… ils viennent pour me tuer. » répondit-il avec emphase, sans pouvoir être capable de mettre un nom sur ce qui semblait le traquer.
Les aventuriers s’échangèrent un regard et purent constater qu’ils étaient probablement d’accord qu’il n’avait plus toute sa tête. Ils le menottèrent et l’emmenèrent pour la Tour d’Ambre, cette prison dans la Voie de la Pioche et du Marteau.
Le gobelin, curieux, décida de traîner un peu dans la chambre forte, et ramassa des objets au hasard afin de voir ce qu’il pouvait entreposer au-delà de l’argent dans ce lieu hautement sécurisé. Il ramassa un petit coffret à moitié enfoui sous les pièces d’or et y jeta un œil. Il était fermé à clé et ne parvint pas à l’ouvrir. Puis, jetant un regard autour de lui, il put voir des chevaliers infernaux en train de fouiller les lieux à la recherche de preuves pour le jugement de l’archiprêtre d’Abadar. Deux d’entre eux étaient en train d’observer d’un regard inquisiteur. Drark lâcha l’objet en haussant les épaules pour bien leur signifier qu’il l’avait pris juste pour le regarder, et non pour le voler. Il sortit de la salle en trottinant pour rejoindre les autres.
Malar avait droit à une cellule de luxe, grande de plus d’une trentaine de mètres carré. Un lit se trouvait au centre de la pièce, contre un mur. On pouvait également trouver une petite table avec une chaise, un banc et une petite commode pour ranger ses vêtements. Il était clair que sa position au sein de la ville lui octroyait un traitement de faveur et que toutes les prisons n’étaient pas aussi luxueuses.
Les gardes amenèrent le détenu dans sa cellule, et ils laissèrent Malar s’asseoir sur le banc, toujours dans un état d’hébétude complet. Dal’ris prit alors la parole.
« Malar Vahandra, vous êtes accusés de conspiration contre la cité de Glenwyrm, de détourner des fonds dans vos intérêts personnels, d’utiliser votre pouvoir à l’encontre des valeurs du Culte du Dieu Griffu et de ses lois, d’avoir provoqué de manière indirecte la mort de personnes innocentes et de pactiser avec les ennemis de la cité. »
Un blanc se fit dans la cellule. Les aventuriers étaient choqués par les déclarations de l’oncle de Marduk et restèrent sans voix, en attente d’une réponse de la part du disciple d’Abadar. Ce dernier restait de marbre, comme assommé psychologiquement, mais on sentait que les paroles de Dal’ris résonnaient dans sa tête.
« Très bien, je reviendrai quand nous aurons davantage élucidé la gravité de vos actes. » conclut le disciple d’Asmodéus, puis il tourna les talons.
Les aventuriers décidèrent d’investiguer l’état du grand prêtre. Il leur semblait qu’il était dans un état second, et il ne leur semblait pas que ce soit de la simulation pour recevoir un traitement de faveur. Il paraissait vraiment traumatisé par quelque chose ou quelqu’un.
Marduk se mit à observer le corps de l’elfe, et il pressentit une sorte de malaise, que Vidar détecta également, comme les ondes d’une vague invisible. Voyant que le condamné ne réagissait pas à la proximité du champion, le sarenrite décida d’également le manipuler. Il tâta le pouls, puis examina ses mains, remontant progressivement ses bras, dégageant la grande tenue qui couvrait l’entièreté de son corps. Il ne dût pas aller loin, car il découvrit des grandes cicatrices partant des paumes, d’abord assez discrètes, puis de plus en plus importantes, gravissant les bras jusqu’aux épaules comme s’il s’agissait d’une montagne, une maladie infectieuse progressant à chaque centimètre pour devenir de plus en plus fort.
« Je… je crois qu’il s’agit en fait d’un tatouage. » dit Marduk pour briser le silence.
« Oui, il me fait penser de loin à celui de Baltazar. » ajouta Vidar.
« Sauf que les rainures ne sont pas emplies de l’espèce de cire rouge. On dirait ici qu’il s’est tracé cela avec un poignard ou un épée. » renchérit Drark.
« C’est un pacte démoniaque. Je le sens. Il a dû réaliser un accord avec un être des abysses. Peut-être était-ce lui qui le traquait dans la banque. » conclut Vidar.
Après quelques secondes de réflexion, le champion de Sarenrae finit par dire :
« Si vous le voulez bien, j’aimerais tenter de briser le pacte. Il va falloir veiller toute la nuit, mais je pense que cela en vaut la peine. Êtes-vous avec moi ? »
Vidar et Drark acquiescèrent d’un léger mouvement de tête, et Marduk se mit alors à préparer le nécessaire. Il sortit de son sac de l’encens, du sable, des pierres et quelques autres accessoires.
Le rituel démarra, et plusieurs minutes après le début de la cérémonie, Dal’ris fit son entrée dans la prison. Alerté par les gardes en faction, il était visiblement irrité par la prise d’initiative de son neveu. Avec un air désapprobateur sur le visage, il entra dans la cellule. Puis, il ouvrit la bouche pour protester mais aucun son ne sortit. Après quelques secondes d’hésitation, il finit par dire :
« Cela ne changera rien à son jugement. »
Puis il quitta les lieux d’un pas décidé. Vidar et Drark rejetèrent un regard vers Marduk qui était toujours concentré sur son rituel.
Durant les heures qui suivirent, la cérémonie continua petit à petit, dans l’odeur de cannelle, de cendre et d’autres arômes exotiques que le nain et le gobelin ne purent reconnaître. Ce ne fut que durant les heures les plus obscures de la nuit, celles où les cris sourds se font entendre, où le désespoir naît et où les cauchemars prennent vie que cela se déroula. Vidar se releva le premier, du coin de la pièce où il se reposait sur les pierres froides, vite suivi par les autres, car ils avaient senti quelque chose. Une sorte de vent tiède avait traversé la pièce, sans provenance ni direction, juste le sentiment qu’ils n’étaient plus seuls.
Puis une lueur orange, rougeâtre se fit apercevoir au milieu de la pièce. Soudain, le tissu de la réalité se déchira et sous leurs yeux, une griffe apparût, comme tranchant une feuille de papier invisible derrière laquelle elle se cachait. La griffe découpa la réalité, l’ouvrant vers un autre lieu, noyé également dans l’obscurité. Du portail, une silhouette féminine de taille humaine sortit. Elle avait la peau pâle et portait une tunique grise simple. Sur sa tête, deux cornes trônaient comme des marques de son ascendance démoniaque. Ses longs cheveux noirs en bataille lui donnaient un aspect sauvage et féral. Ses quatre bras la rendait également impressionnante. Elle tenait deux grands cimeterres, mais ses deux mains vides, qui se terminaient par deux paires de griffes acérées, semblaient tout aussi dangereuses. Sur la surface de sa peau, des bouches dentelées claquaient, dissuadant quiconque de s’engager dans un combat de lutte.
« Il est temps de remplir sa part du marché, vieil elfe. » cria-t-elle avec un ton qui agressa les tympans de toutes les personnes capables de l’entendre.
Elle leva ses deux cimeterres vers le ciel, prête à les abattre sur ses victimes, préméditées ou non. Marduk s’interposa alors entre la démone et l’elfe, dont les tatouages semblaient maintenant brûler d’un feu intérieur digne du purgatoire. Il gémissait, à moitié inconscient sous l’effet de la fatigue et de la douleur. La démone frappa alors le champion qui tenta de bloquer le premier coup qui arrivait en direction de son cou. Il tenta de bloquer la frappe, mais la créature avait une force incroyable pour sa taille, et la violence dont elle faisait preuve était inouïe. Il amortit le choc mais la lame trouva néanmoins le chemin de sa peau, la faisant saigner abondement.
Vidar réagit le premier et lança un sortilège afin de tenter de briser les os de la démone, mais celle-ci semblait coriace et bien qu’on puisse entendre des craquements, elle ne faiblit pas. Drark de son côté, sortit une bombe et la lança à bout portant sur l’ennemi qui venait de surgit du néant.
Marduk prit quelques secondes pour examiner la créature et se souvint d’avoir lu des informations sur ce type de démon au temple de Sarenrae au moment de son initiation. Il reconnut les signes distinctifs d’une séraptis, un démon du suicide. Il s’agissait de créature naissant des âmes qui s’engagent dans des campagnes dédiées à la souffrance, poussant leurs victimes au suicide et au désespoir. Après leur éveil sous forme de séraptis, les bouches voraces creusées dans leurs bras dévoraient les souffrances d’autrui. Ce genre de démon cherchaient à tirer les mortels par le bas jusqu’à elles, en les plongeant dans un profond ressentiment. Nourrissant leurs victimes de flots ininterrompus de demi-vérités et propagande, elles poussaient souvent ces mortels à déverser leur rage et leur amertume dans des actes impardonnables à l’encontre d’innocents. Bien qu’elles se régalaient des souffrances infligées par leurs pions mortels, ces démones n’avaient d’autre but que de récolter les âmes de ceux-ci pour en faire d’autres membres de leur espèces. Marduk sut alors qu’il fallait passer à l’action de manière plus agressive. Tous les maux ne pouvaient être contenus, certains devaient être éradiqués. Il dégaina Lueur et la brandit haut vers le ciel, illuminant la pièce de sa lumière divine. La créature poussa un grognement de désapprobation, la flamme de l’Élysée mettant au jour sa face corrompue. Le champion frappa la démone, tranchant la peau grisâtre qui se teinta de sang.
Celle-ci riposta de manière virulente, frappant avec répétition le disciple de Sarenrae qui flanchait sous les coups brutaux. Vidar vit que la combattante était d’une force incroyable et décida de déchaîner sa magie destructrice sur leur adversaire. Elle encaissa encore avec sa vigueur surnaturelle les éclats de magie divine qui virent tenter de la mettre à bas. Drark profita de cette distraction pour venir menacer la démone dans son dos, préparant une concoction qu’il planifiait de faire éclater dans le cou de la menace. Malheureusement, la créature bougeait tellement rapidement qu’il ne put prédire ses mouvements et manqua sa cible. Cependant, la position prise par le gobelin permit à Marduk d’attaquer plus facilement le monstre, pris maintenant entre deux feux. Il frappa deux fois la démone, sentant son cimeterre tracer de grands sillons sanglants, brûlant le corps de l’être impie.
Les gardes n’étaient pas restés complètement immobiles durant cette altercation. D’abord ils avaient usé de leurs arbalètes pour tirer sur la créature, mais voyant qu’elle était bien trop puissante pour eux, ils étaient partis chercher de l’aide. D’autres soldats commençaient à se positionner derrière les grilles pour tirer sur l’être démoniaque.
La séraptis en profita pour attraper le gobelin et tenta de le mordre avec ses nombreuses gueules sortant de sa peau pâle. Le gobelin, agile et glissant, parvint à ne subir que quelques morsures superficielles malgré l’acharnement de la démone. Le combat faisait rage et Marduk prit encore des coups dans la foulée. Il sentait que son bouclier commencer à craquer et il prit la décision de ne pas parer tous les coups, sentant que son rempart pouvait se briser d’un moment à l’autre. Cependant, cette décision stratégique permit à la séraptis de lui trancher le flanc, à travers son armure, et de grosses flaques de sang s’écoulaient au sol. Les aventuriers se rendirent alors compte qu’une partie du sang versé remontait, comme par attraction magique, vers les plaies et les bouches, couvrant le corps de la démone, et la nourrissait davantage. Vidar, sentant que leur muraille faiblissait et allait mordre la poussière, un genou à terre, lança une de ses plus puissantes incantations. En agissant ses bras dans l’air et prononçant une incantation divine ancienne, il invoqua des essences spirituelles qui se mirent à refermer les blessures de son compagnon. Les plaies guérirent à vue d’œil, rendant folle de rage la créature sanguinaire qui sentait que le vent commençait à tourner. Elle tenta alors d’entrer dans la tête de Vidar. Il sentit qu’elle essayait de corrompre son esprit en le remplissant de pensées négatives, de mensonges et de visions d’horreur pour obtenir un mélange terrifiant de terreur, d’incertitude et de confusion. Il se sentit à deux doigts de basculer dans une folie passagère, mais il tint bon.
Marduk, revigoré, frappa avec puissance la séraptis, son cimeterre divin causant des ravages à la forme corporelle de l’engeance démoniaque, qui décida alors de s’enfuir. Elle se téléporta hors de la cellule, et se mit à courir vers la porte de sortie. Il semblait clair que le pacte ne lui permettait pas de retourner directement dans le plan des Abysses. Vidar jura dans sa barbe. Il avait pensé, au début du combat, au fait d’utiliser un de ses parchemins d’ancre dimensionnelle, mais dans le feu de l’action il avait oublié d’en faire usage. D’intuition, il se doutait que la démone allait encore se téléporter, mais que pour retourner d’où elle venait elle aurait besoin d’une incantation plus longue. Les courts sauts dimensionnels comme elle venait de la faire étaient cependant toujours dans ses possibilités. La séraptis était déjà hors de portée de son ancre dimensionnelle, il n’aurait donc droit qu’à une seule chance.
La démone courrait, les gardes s’écartant sur son chemin car ils savaient qu’elle était capable, même blessée, de les trancher en deux d’un seul mouvement. Alors qu’elle arrivait à la porte, la réalité commença à se distordre, signifiant qu’elle allait à nouveau se téléporter, mais Vidar fut plus rapide. Il venait de lancer une incantation, faisant appel à ses ancêtres et à la puissance de Torag pour lui venir en aide. Un marteau géant spirituel se matérialisa et s’abattit sur la séraptis, écrasant en même temps tout espoir pour elle de s’en sortir. Son corps sans vie s’affaissa sur le sol, tandis que le calme revint subitement dans la prison.
Marduk se retourna alors vers Malar, et entreprit de reprendre le rituel tandis que les chevaliers infernaux évacuaient le corps de la démone sans un regard en arrière...
Date du Rapport
15 Nov 2024
Lieu principal
Lieu Secondaire
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