La Verte Fosse

Si un Avien survolait le continent, il pourrait sans mal reconnaître au premier coup d'oeil chaque nation. La Confédération est un damier de terres cultivées, de cités et de villes, de forêts et de montagnes, parcourue en tous sens par un réseau de routes aussi nombreuses que fréquentées. Dans le Saint-Royaume, les maisons s'agglutinent presque exclusivement aux murailles des forteresses ducales, les lacs transpercent le paysage comme autant d'échardes célestes, et les bois y sont bien plus denses et sombres qu'ailleurs.   Quant à la Verte Fosse, elle correspond tout à fait à ce que son nom suggère. Sa bande de terre s'étire d'un rigave à l'autre sans jamais daigner changer de couleur, à l'exception des sommets enneigés de l'Epine.   Dans cette contrée luxuriante, le climat changeant se caractérise par d'abondantes précipitations et la neige n'épargne que la côté méridionale. Les hivers sont froids et rigoureux, les étés sont humides et le brouilard semble ne jamais vouloir se dissiper sur les régions septentrionales.   La Fosse ne possède aucun gouvernement central ni cadre légal, ni d'armée, ni d'infrastructures civiles. Les seuls routes présentent sont situées aux seins des villes et villages, sauf la Route du Sel qui relie Gloricanta, Salso Nero et Rena. La contrée riche en ressources est de facto une terre sans maître ou chacun applique des codes et une morale très différents. On distingue alors trois sortes de modèle gourvernemental selon les villes : Les cités minières, les alliances de villages et les communes.     Les premières apparaissent autour des gisements de la Fosse. Leurs fondateurs possèdent les terres qu'ils exploitent, conquises par la force ou occupées quand elle n'appartiennent à personne. Ils se situent au sommet de la hiérarchie, puisque l'extraction des matières premières leur a permis d'amasser la fortune qui paie leurs gardes. La population qui vit et travaille là se retrouve plus ou moins réduite à l'esclavage. En effet, le prix que les prpriétaires exigent pour leur protection dépasse de très loin leur salaire et les mineurs ne peuvent jamais s'affranchir. Les contremaîtres des mines occupent les postes de fonctionnaires, d'espions et de bras droit de leurs maîtres. Aidés par de petits groupes de mercenaires, ils se chargent en personne de mater les révoltes, très compréhensibles qui éclatent régulièrement parmi les ouvriers.   La vie est extrêmement difficle, mais pour beaucoup, elle demeure de très loin préférable à une vie d'aventure en solitaire. Après tout, la Verte Fosse compte plus de brigands et de pillards que le reste de la Vestérie. Enhardis par l'absence de forces de l'ordre, poussés par un mélange d'instinct de survie et de volonté d'écraser les plus faibles, les bandits de la région alignent voleurs, contrebandiers, déserteurs étrangers, mercenaires mécontents de leur solde, criminels de tous poils, ou tout simplement individus sans scrupules, cruels et cupides.     Les quelques zones contrôler par les bûcherons fourmillent de ces alliances et de ces ligues de petites villes, bien décidées à garder leur liberté en s'appuyant les unes sur les autres. Le labeur est certes toujours aussi épuisant et les dangers aussi nombreux, mais la vie y est un peu plus douce que dans les mines des collines ou de la Calcaterra. Les communes évoluent sur ce modèle et deviennent généralement des cités indépendantes. Fortes de leur richesse issue du commerce et de l'artisanat, elles ont pu s'affranchir des lignes de villages, créer leur propre milice, bâtir des murailles et se doter de lois. Leur structure se rapproche des premières cités-Etats qui ont constitué la Confédération, et elles figurent parmi les rares lieux ou une certaine forme d'ordre parvient à regner. Et quand on en craint plus pour sa vie ou ses biens, la bureaucratie ne tarde jamais à s'installer. Les communes ont instauré une forme d'impot, ce qui leur permet de construire de petites portions de routes, des ponts, des éfidices publis et même un service rudimentaire de poste et de livraison.