Kouvîmäar
Les ouks devinrent avides de territoires et prirent le nôtre. Nous montrant leur mépris, ils nous poussèrent dans les montagnes, mais les dufonds jalousèrent notre place. Nous allions disparaître, percés par la flèche, empalés par l'épée et décapités par la hache. Nous étions acculés aux pieds des chaines centrales d'Abrasia lorsque Tâl Malyôon eut de la tristesse pour notre peuple et se changea en foudre pour nous indiquer la direction, répondant ainsi à nos prières.
Les montagnes au sud étaient inhabitées, nous laissant l'espace pour nous installer. Mais nos jeunes printemps et nos vieux hivers mourraient de faim dans ces terres rudes. Mê'gu fut accablée par tant de détresse et son cœur généreux devint de glace. Mais beaucoup trop d'entre nous s'en étaient allés vers les plaines cendrées de l'est. Toutes les places étaient déjà prises par les autres peuples qui commençaient à s'armer, alors que nous étions encore munis de bâtons et de couteaux de pierre. Les hordes ennemies étaient sur nous pour nous empêcher de nous installer à proximité de la grande forêt. Notre peuple allait disparaître et notre race s'éteindre, dans l'indifférence d'Abrasia et de ses primordiaux. Sorô'Urüz explosa de rage quand les premiers enfants tombèrent. Il déversa flammes et cendres sur nos agresseurs qui connurent la peur et s'en allèrent. Jamais cette bataille ne fut inscrite dans leurs livres d'histoire, mais elle fut gravée dans nos cœurs.
Tâl Malyôon, Mê'gu et Sorô'Urüz devinrent « Kouvîmäar ». Tâl Malyôon était notre guide, il devint notre source de vie. Mê'gu était notre nourricière, elle devint notre puissance. Sorô'Urüz était notre bâtisseur, il devint notre protecteur. Ils abandonnèrent leur existence pour être ceux qui ne nous quitteront jamais.
Kouvîmäar (traduction goldaryn, : « les éthérés ») est le primordial (non éveillé) de l'orientation, de l'empathie et de la protection. Les néruviens qui utilisent ces trois domaines, consciemment ou non, se nouent à lui.
Domaine : orientation, empathie et protection
Donner une direction, que ce soit pour se repérer ou pour diriger un groupe peut alimenter le primordial. Le domaine de l'orientation correspond à ceux qui trouvent leur épanouissement dans le fait de guider les autres, de les aider à arpenter leur chemin. Bien sûr, ceux qui sont perdus et sont dans la nécessité de connaitre leur voie établissent aussi un lien vers ce domaine. L'orientation peut avoir plusieurs manifestations : en trouvant sa route grâce à l'emplacement des étoiles, en cherchant la manière de rentrer chez soi, ou encore en rétablissant l'harmonie intérieure dans un esprit troublé. Que ce soit en tant que conseillers, guides ou mentors, ceux qui donnent l'orientation à autrui ont la capacité de nouer une relation avec Kouvîmäar.
La notion d'empathie, de plus en plus absente en Abrasia en ces temps de Déclin, connecte profondément aux sentiments et aux expériences des autres. Tout comme les vagues de la mer sont reliées entre-elles, l'empathie permet de partager les joies et les douleurs de ceux qui nous entourent. Ce domaine sert à prendre conscience des plus vulnérables et de leur prodiguer aide et réconfort. L'empathie est un pont qui lie les individus et leur donne la possibilité de comprendre les émotions dans la compassion et la bienveillance.
Pour ceux qui se lient à Kouvîmäar à travers la protection, la responsabilité de défendre les plus faibles des dangers extérieurs est une priorité. Telle la muraille qui protège la cité, ils sont le rempart des personnes ou des choses qui sont sous leur charge. Ces gardiens vigilants peuvent être un soldat secourant sa reine au péril de sa vie, une mère défendant son enfant seule contre une horde ou bien encore l'érudit retrouvé mort carbonisé dans une bibliothèque en cendre, tenant dans ses bras un livre qu'il tenta de protéger des flammes. Ces protecteurs ont un sens du sacrifice qui leur donne le courage de faire face à tous les défis.
Culte de Kouvîmäar
Ce primordial, n'étant pas totalement éveillé, n'a pas encore de forme officielle ou de culte centralisé. Seule l'image du trident semble être commune aux différentes manifestations de cette foi. Cependant, les rares fidèles de Kouvîmäar lui donnent une représentation nouvelle selon les trois régions de ses apparitions ; dans les Mille-Crocs on l'incarne dans la foudre, en Krijia, on le matérialise comme de la grâce vivante et dans les Cendreterres, il est carrément un volcan entier.
Il est possible de trouver un temple dans chacune de ses trois régions, dirigé par un néruvien inspiré ou en lien particulièrement étroit avec ce primordial. Mais cette croyance ne passe jamais les frontières. Il est déjà notable que le souvenir de Kouvîmäar ait traversé le temps sans disparaitre. Nonobstant, le Déclin semble ranimer son essor par une recrudescence de ses domaines. Le symbole du trident (Marrenhâar) est de nouveau arboré et, bien que le culte de Kouvîmäar n'existe réellement que dans trois régions, a le mérite d'exister.

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