Session XXXIII : La Berceuse du Croque-Mitaine
General Summary
Alors que les aventuriers se préparaient à faire leurs au revoir à la population de Skarland, Marduk eut une illumination. Depuis sa communion avec Bissumi, il sentait que ses pouvoirs s’étaient développés et qu’il pouvait réitérer l’expérience au moyen de rituels. Il réalisa qu’avec l’aide de Drark et Vidar, il serait peut-être possible de ramener le nouveau-né à la vie. Cela ne faisait que peu de temps que son âme avait quitté son corps, et peut-être n’avait-il pas encore traversé la Rivière des Âmes et franchi les massives portes du Cimetière ? En tout cas, il se dit que cela valait peut-être la peine d’essayer.
Il rejoint alors Tasha sur la tombe de l’enfant et lui expliqua ce qu’il avait en tête. Dans le meilleur des cas, l’âme de l’enfant réintégrerait son corps, permettant le retour à la vie de cet être innocent. Dans le pire, une âme mauvaise profiterait de l’ouverture pour accaparer le corps de l’enfant et il faudrait alors le détruire.
Tasha accepta de prendre le risque, mais étant donné qu’en cas d’échec, il faudrait peut-être meurtrir le corps de son fils, elle leur demanda de ne pas être présente et de ne pas voir l’enveloppe charnelle du nouveau-né si le rituel venait à échouer.
Les aventuriers se préparèrent alors à tenter de vaincre la mort elle-même. Drark s’occupa des soins à prodiguer au corps. Il était important que le corps soit dans un état acceptable pour permettre à l’âme de réintégrer son corps. Une fois la toilette finie, Vidar se mit à entonner des incantations, faisant appel aux ancêtres, aux siens comme ceux de l’enfant, il fit appel à la magie des lieux et tenta de les allier dans la tâche ardue qu’ils s’étaient fixée. Pendant ce temps, Marduk priait, communiait et chanta des chants liturgiques en y mettant toute sa piété. Après une journée de rituel, alors que le soleil se couchait à l’horizon au loin, ils sentirent qu’ils arrivaient au bout de leurs peines. Exténués par tous leurs efforts, ils se rapprochèrent alors de l’enfant, allongé au centre des cercles rituels tracés à la craie et entourés de bougies. Le champion, avec délicatesse, approcha sa main du nouveau-né. Les yeux de se dernier s’ouvrirent alors doucement, et après une fraction de seconde où l’on pouvait voir une certaine perplexité dans le regard de l’enfant, un éclair de méchanceté et de malice apparut. Les petites dents sorties, il tenta de mordre la main de Marduk. Ce dernier dégaina son cimeterre et fit ce qu’il devait faire. Un silence s’abattit sur la plaine. Ils avaient tenté, mais cela n’avait pas suffit et ils ne pouvaient plus rien faire. Ils enterrèrent une seconde fois le petit être et lui dirent au revoir. Comme convenu, ils firent leurs adieux à Tasha sans entrer dans les détails, elle comprit instantanément à leurs visages abattus le dénouement de la tentative. Narliza allait rester également au village afin de s’occuper des rescapées de l’ouragan des guenaudes. Les plaies resteraient ouvertes un temps, et lorsqu’elles seraient fermées, la sorcière pourra s’occuper d’une autre tâche.
Ils reprirent la route pour Itz-Loc afin d’aller récupérer leurs chevaux et Jueïa. Le chemin se déroula sans encombre, et après une brève discussion avec la jeune fille, il s’avéra qu’elle ne savait pas encore vraiment où aller. Elle décida alors d’accompagner le groupe le temps qu’elle récupère complètement ses forces et qu’elle puisse choisir avec un peu plus de recul. Les aventuriers firent leurs adieux à Krog qui les avait amenés jusqu’ici, et également à Teneshi et Uram, les parents de Baltazar. Ce dernier ne savait pas quand il reviendrait et il espérait les revoir sain et sauf en allant au devant du danger. Ils prirent donc la route pour leur prochaine destination : le Village aux Tertres. Il se trouvait sur le chemin de deux de leurs destinations possibles : le sanctuaire de Néphirion où se trouvait normalement le grand-père de Marduk, peu après la frontière entre la Marche de l’Eau et du Vent, et plus loin, dans le pays, le Monastère d’Iruri. C’était dans en ce lieu que Kearn, ancien compagnon de l’iruxi, avait été tué par Morgan, surnommé le Héraut des Enfers. Ils prirent donc la décision, même si ce n’était essentiel, de passer par le Village aux Tertres et de tenter de retrouver Magdar Kelen, le lieutenant des Ombres.
Après quelques jours de voyage, ils arrivèrent enfin dans la région où le village était indiqué sur les cartes. Ils firent davantage attention et furent plus aux aguets. Vidar, qui avait un instinct particulier pour traquer les orcs, donna l’ordre au groupe de s’arrêter alors qu’ils chevauchaient tranquillement sur un étroit chemin de campagne. Il descendit alors de son cheval et quitta la route, accompagné de Drark, pour tenter de repérer s’il y avait des intrus dans les environs. Il n’avait pas rêvé, une faible fumée s’élevait à plusieurs centaines de mètres de là, et c’était probablement une activité humanoïde. Ils approchèrent avec discrétion, et purent apercevoir des bannières, tentes et feux de camps. Il s’agissait d’un campement des Crocs d’Obsidienne, mais il paraissait complètement vide. Ils décidèrent donc d’envoyer un message à Marduk afin qu’il les rejoigne. Ils s’approchèrent discrètement, et toutes leurs observations semblaient confirmer leurs premières impressions : il ne restait que des braises occupées à mourir dans les cendres des feux, les tentes commençaient à s’affaisser sous l’effet du vent, délaissées par leurs propriétaires, tandis que du matériel traînait dans l’herbe, comme si d’un coup tous les occupants du camp avaient décidé de partir en vadrouille et qu’ils n’étaient jamais revenus.
Les aventuriers commencèrent à s’égarer dans ce qui restait de la discipline orque laissée à l’abandon. Ils explorèrent les lieux et tentèrent de récolter un maximum d’indices. Il s’agissait d’un camp d’une compagnie de militaires orcs appartenant au clan des Crocs d’Obsidienne. Ils pouvaient estimer leur nombre à une cinquantaine. Rapidement, ils se demandèrent ce qu’ils pouvaient faire avec cette situation. Drark chercha rapidement dans les tentes ce qu’il pouvait piller, et il fut vite copié par ses compatriotes. Vidar regarda chez les hauts gradés pour voir s’ils conservaient des artefacts nains, et Marduk alla voir à l’armurie par curiosité. Ils ne trouvèrent pas exactement ce qu’ils cherchaient, mais ces orcs semblaient être de redoutables guerriers et leurs armements étaient en conséquence. Ils firent également le plein d’or, mais les quantités n’étaient si importantes que cela, les raids n’avaient peut-être pas encore commencé. Ils trouvèrent ensuite un élément qui confirmait leurs soupçons : un ordre de pillage de la part d’un chef orc, ayant comme cible le Village aux Tertres. Ils n’étaient donc vraiment plus très loin de leur destination. Le fait que le camp soit complètement vide retint néanmoins leur attention. Même pour des orcs, cela ne semblait pas un choix tactique très intelligent. Quelque chose de particulier avait dû se passer, mais quoi ?
Ils hésitèrent sur la suite des évènements. Fallait-il empoisonner la nourriture ? Laisser tout comme cela et essayer de masquer les traces de leur passage ? Ils prirent finalement la décision de mettre feu au campement. Cela risquait de les signaler, mais ils sentaient au fond d’eux qu’il n’y avait aucun survivant. Une fois sûrs que le feu ait bien pris, ils rejoignirent leurs chevaux et continuèrent leur route, une grande colonne de fumée noire l’élevant au loin dans le ciel.
Après quelques kilomètres, ils arrivèrent à destination. À leur grande surprise, ce qui était communément appelé le Village aux Tertres, avait plus l’apparence d’une petite ville que d’un village. Des maisons en pierres, bâties sur parfois plusieurs étages, témoignaient d’une certaine urbanisation et d’un nombre d’habitants important. En entrant dans l’agglomération, ils passèrent à côté d’un pierre levée, qui devait probablement marquer l’entrée du village lorsqu’il était encore peu peuplé. Maintenant, elle était dans l’ombre d’une haute maison, oubliée et abandonnée comme une vieille tradition que plus personne ne respecte. Ils pénétrèrent dans la rue principale, et purent constater que les lieux étaient particulièrement calmes. Quelques passants dans la rue déambulaient sans grande énergie pour rejoindre leur foyer après une journée de labeur. Ils virent l’auberge nommée « La Mousse » et décidèrent d’y entrer.
Ils furent accueillis par un couple de tavernier, une jeune femme et son mari, qui leur fit un accueil chaleureux :
« Bienvenue étrangers, cela fait longtemps qu’on n’a pas vu de nouvelles têtes par ici. Que puis-je vous servir ? » commença l’homme, qui semblait fatigué au vu de ses grandes cernes qui se dessinaient sous ses yeux.
« À boire et à manger pour mes amis et moi. Vous n’auriez pas également une chambre pour la nuit ? » répondit Marduk, enchanté à l’idée de partager une boisson avec ses amis autour dans une bonne taverne, au chaud.
« Des chambres, on en a plus qu’il n’en faut même ! On n’a plus aucun voyageur ces derniers temps, je dois même souvent aller pêcher dans l’étang pour pouvoir manger le soir car nos affaires sont au plus bas... » rétorqua le tenancier.
« Oui mais ce n’est qu’une passe, on vivra des jours meilleurs bientôt… je l’espère. » ajouta la femme.
« Comment cela se fait-il ? »
« À vrai dire on ne sait pas trop. On avait une bonne industrie de sidérurgie et de bons artisans, je ne comprends pas pourquoi notre ville n’est plus dans la trajectoire des caravanes et autres commerçants... »
« Ne serait-ce pas à cause du Croque-mitaine ? J’ai entendu dire qu’il était dans le coin. » tenta Vidar.
« Le Croque-mitaine ? Je pense que je l’aurais déjà remarqué s’il était présent dans notre village non ? Et puis remettre ce genre de chose sur le dos d’une créature qu’on mentionne pour faire peur aux enfants, cela me paraît quand même très gros. »
« Mais pourquoi appelle-t-on cet endroit le Village aux Tertres ? Cela ne m’a pas vraiment l’air d’un village, et je n’ai pas l’impression d’avoir vu beaucoup de tertres par ici… »
« Avant, il s’agissait d’une petit village occupé par un peuple de fées. Ils enterraient leurs morts dans les alentours du village, dans de nombreux tertres fermés, où l’herbe repoussait rapidement pour ne former que des petites collines. Ils ont un jour été maudits par une créature maléfique, et durent quitter les lieux. Des humains ont ensuite réinvesti les lieux, rénovant les bâtiments et en ajoutant d’autres, plus modernes et sophistiqués. Mais nous avons gardé la tradition des tertres. Nous ne savons pas exactement s’il y avait une raison derrière, et nous préférons rester prudents. Vous avez vu la région ? Toutes ces collines, il s’agit en fait de tertres qui ont été érigées petit à petit avec le temps. Le terrain était beaucoup plus plane avant notre arrivée. »
Les aventuriers se concertèrent alors que le tavernier prenait congé. Ils avaient déjà remarqué que quelque chose clochait dans la ville, mais les tenanciers de la Mousse avaient une explication floue à cela, pourtant ils semblaient y croire sans trop se poser de questions. Après avoir réalisé une longue journée de route, ils décidèrent qu’il serait peut-être mieux de prendre une seule grande chambre, et de bien monter la garde cette nuit.
Durant la nuit, tout sembla calme. Ils entendirent quelques bruits d’animaux au loin, mais rien qui ne puisse être vraiment suspect. Un moment, alors que Vidar faisait le guet, il eut une impression satisfaisante. Il avait l’étrange impression qu’un bruit venait de s’arrêter, comme lorsqu’on referme une porte et que l’on entend plus le bruit de la cascade au loin, comme si le léger bruit des braises d’un feu de camp venait de cesser, comme si un bruit blanc s’était finalement tu. Le lendemain matin, cependant, ils purent constater une chose étrange : un sac se trouvait dans la chambre, un sac que personne ne put identifier. Drark fut le premier à l’ouvrir et fouiller les affaires de la personne qui avait laissé traîner ses biens. Ces affaires semblaient appartenir, en toute apparence, à un prêtre d’Abadar. Ils purent reconnaître les petits icônes et au-delà de quelques accessoires de voyage, ils purent trouver une note sur laquelle était noté de manière amicale et familière une invitation aux Domaine du Tilleul. C’était signé de la main de Marduk… Ils se retournèrent vers lui.
« Tu as parlé à quelqu’un cette nuit ? »
« Absolument pas. »
Ils se demandèrent ensuite si ce n’était une de leurs rencontre qui datait du temps d’Orville, à qui ils avaient proposé de se rendre pour ensuite se repentir et changer de choix de vie, mais il y avait à chaque fois une incohérence avec la situation actuelle. Il y avait Veln, ancien acolyte des Ombres qui aurait pu convenir, mais lorsqu’ils l’avaient rencontré ils ne possédaient pas encore le Domaine du Tilleul donc cela ne collait pas. Ils sortirent de la chambre, descendirent les escaliers, et allèrent à la rencontre des tenanciers. La jeune femme arriva et leur servit leur petit déjeuner. Elle leur affirma qu’ils étaient les seuls à avoir réservé une chambre, et qu’aucun autre arrivant n’était venu hier soir. Ils trouvèrent cela très bizarre, et demandèrent où était son mari. Elle répondit que cela faisait bientôt dix ans qu’elle tenait cette auberge seule, et qu’elle n’avait jamais été mariée. Les aventuriers, perplexes, restèrent pantois devant l’affirmation de l’aubergiste et décidèrent de manger en guettant l’arrivée de son mari. Ce dernier ne vint pas. Ils demandèrent alors à la jeune femme qui était le maire de la ville. Elle répondit qu’à sa connaissance il n’y en avait pas. Il leur semblait avoir vu un bâtiment administratif la veille, plus loin dans la grande rue. Ils remercièrent la tenancière et décidèrent de démarrer leur journée. Quelque chose clochait dans la ville et un sentiment de malaise commençait à les envahir.
Ce sentiment s’accentua encore lorsqu’ils se retrouvèrent devant la mairie quelques minutes plus tard. C’était un grand bâtiment de pierres rouges, mais il semblait abandonné. Quelques passants vaquaient à leurs occupations dans les ruelles désertées. Ils ouvrirent la porte, qui n’était même pas fermée. Le bâtiment semblait avoir été laissé à l’abandon depuis quelques années. Une fine couche de poussière avait recouvert toutes les surfaces du lieu. Ils inspectèrent les lieux à la recherche d’un indice sur ce qui se passait dans cette ville. Ils fouillèrent les bureaux administratifs, les salles des archives, pour finalement tomber dans le bureau du maire. Ils purent constater dans le carnet de notes de ce dernier que la dernière fois qu’il avait inscrit des éléments dans son manuscrit, cela datait de plus de six mois. Ils sortirent des lieux et se purent apercevoir une église de Gozreh non loin de là. Par curiosité, ils se dirigèrent vers le lieu consacré.
Dès qu’ils entrèrent, ils furent accueilli par un prêtre qui les interpella :
« Ah enfin vous êtes là, je pensais que vous ne seriez jamais à temps pour la cérémonie. »
Les aventuriers, curieux de voir ce qui allait se passer, décidèrent de jouer le jeu. Ils prirent les quelques offrandes que le prêtre leur tendait, et suivirent l’ecclésiastique avec révérence. La procession fit le tour de la ville, déposant devant des grands arbres qui avaient été planté tout autour de l’agglomération, les offrandes qu’ils transportaient. Ils eurent le temps de poser des questions au prêtre afin d’en savoir plus sur le mal qui les frappait.
Cela faisait un peu plus d’un an qu’il s’était installé dans cette ville. Il avait l’impression qu’au début, il y avait davantage de personnes qui venaient à ses cérémonies, mais il n’en était plus sûr. Il n’avait pas entendu parler d’une attaque orque, ni ne savait ce qui se passait dans la ville, bien qu’il pouvait en effet constater que quelque chose avait changé, sans vraiment avoir pu mettre le doigt dessus. Pendant le trajet, ils purent constater qu’à plusieurs reprises, le bruit inaudible s’arrêtait, et que le prêtre l’entendait également, car ils eurent tous ce petit soupir une fois que son s’arrêta. Après quelques temps, les aventuriers comprirent qu’ils n’auraient pas d’informations supplémentaires et décidèrent de laisser le prêtre terminer son office seul. Alors qu’ils étaient sur le chemin du retour, une odeur nauséabonde attira leur attention. Le vent portait à leurs narines une senteur des plus désagréable, celle d’un charnier. En remontant le cours de la brise, ils tombèrent, un peu plus loin entre les tertres, sur les orcs du campement. Des dizaines de cadavres se trouvaient entassés dans une petit cuvette naturelle entre les collines. Ils surent alors que le Croque-mitaine avait de la ressource pour défendre sa cité. En rentrant dans la petite ville, ils recroisèrent la grande stèle sur laquelle de vieilles inscriptions avaient été taillées, mais ils ne purent traduire ce qui était marqué dessus. Encore une fois, ils eurent l’impression qu’une musique s’arrêtait au loin, enfouie dans leur cerveau.
Ils n’avaient pas beaucoup de pistes à suivre, alors ils décidèrent d’aller voir ce qu’il en était des forges. Ils avaient appris que la cité était réputée pour ses forgerons et leur travail du métal, et ils étaient curieux de voir ce qu’il en était. Ils entrèrent sans frapper dans la forge de l’autre côté de la rue, ils avaient bien vu qu’elle était abandonnée. À leur grande surprise, ils purent trouver des ouvrages de grande précision dans cet établissement. Il y avait les outils, armes et autres objets métalliques classiques, mais il y avait également de nombreuses montres, horloges, boîtes à musique, figurines et éléments décoratifs en métal. Leur attention fut retenue par les montres et horloges dans un premier temps, car elles étaient toutes arrêtées, comme si la pièce avait été figée dans le temps. Ensuite, ils furent intrigués par les boîtes à musique. Par curiosité, ils en firent fonctionner une, et quelque chose dans leur cerveau s’éclaira. Bien qu’ils n’avaient jamais entendu le son qui s’arrêtait fréquemment, ils avaient la presque certitude que la chanson de la boîte à musique était en harmonie avec la mélodie inaudible qu’ils entendaient perpétuellement. Ils commençaient à reconstituer les pièces du puzzle. Ils eurent le sentiment que le Croque-mitaine était peut-être le forgeron, et qu’ils fredonnait cette berceuse en continu. Et puis soudainement, elle s’arrêta.
Ils prirent la direction de la bibliothèque. Ils avaient pu apercevoir un bâtiment appelé « La Lettre Oubliée » qui semblait être le sanctuaire du savoir de cette cité. Ils entrèrent mais furent étonnés de voir qu’elle était encore en activité, comme si ce temple de la connaissance les avait épargnés. Ils n’étaient cependant pas exempts du maléfice, car un interrogatoire rapide permit aux aventuriers de comprendre que les employés n’en savaient pas plus sur la situation de la ville. Ils ne perdirent donc pas de temps et se dirigèrent dans les rayons concernant les légendes, créatures mystiques pouvant s’apparenter au Croque-mitaine. Ils purent trouver dans un livre que le Croque-mitaine était un certain type de fée maléfique, qui faisait appel aux peurs enfantines et enfouies au fond de chacun pour affaiblir ses proies. Lorsque celles-ci étaient faibles et consumées par l’angoisse, un croque-mitaine pouvait alors le dévorer, et absorbant l’énergie de la créature, devenir de plus en plus puissant. Il était possible de voir un croque-mitaine dans un miroir, mais que sinon, un enchantement l’entourait qui le masquait aux yeux de tous. La nature de cet enchantement était par contre un mystère.
Avec ces informations, ils décidèrent donc de prendre un peu de temps pour réfléchir à une stratégie. Ils pourraient probablement trouver une solution à cette situation en apparence impossible à résoudre. Ils retournèrent à la « Mousse » pour en prendre une, et commencèrent à échanger les idées. Après la première bière, ils crurent percevoir que le son lancinant s’était arrêté. Ils regardèrent autour d’eux et par la fenêtre pour voir s’ils pouvaient constater des traces de lutte ou d’enlèvement, mais rien ne leur apparut comme évident. Ils hélèrent la tenancière pour une seconde tournée, mais elle manquait à l’appel. Un mauvais pressentiment s’empara d’eux. Ils foncèrent vers les cuisines. Le couteau était là, enfoncé dans une planche, le mouton à moitié entamé, le travail avait été mis en pause comme si elle s’était volatilisée quelques secondes plus tôt. Ils purent voir des traces de sang au sol et commencèrent à remonter la piste. Cela passait par la pièce principale au rez-de-chaussée, à quelques mètres de là où ils se restauraient quelques minutes plus tôt. Il était donc passé sous leur yeux sans qu’ils n’aient rien remarqué. Les tâches de sang se perdirent rapidement dans la poussière de la Grand Rue car le vent et la crasse avaient eu le temps de disperser toute trace. Ils se ruèrent alors dans la mairie afin de vérifier une chose : l’emplacement de la maison du forgeron. Après toutes ces recherches et conversations, ils avaient la quasi-certitude que le forgeron était le Croque-mitaine. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent sur le porche de la modeste masure. D’un grand coup de pied, Marduk pénétra le premier dans le salon. Il s’agissait d’une petite maison d’ouvrier, sans grande fortune. Des tâches de sang menaient alors à la cave. En file indienne, ils se préparèrent à l’affrontement. Le champion ouvrit la porte de la cave prudemment dans le noir complet. Vidar avait utiliser la Ceinture des Cinq Rois afin de donner la vision dans le noir à ses compagnons et peut-être prendre par surprise leur ennemi. Une fois la porte entrouverte, ils purent constater la présence d’un corps enchaîné au plafond, maigre et meurtri par les coups. De par son visage de tueur et sa tunique, ils purent deviner qu’il s’agissait de Magdar Kelen. Il portait les vêtements sombres des Ombres. Il n’avait pas réussi à trouver l’arme du Croque-mitaine, ou peut-être que justement si. La musique dans leur tête s’arrêta. Un malaise les emplit et ils inspectèrent la pièce avec cette impression d’être observé. Ils ne trouvèrent rien d’autre d’important, mais Vidar fit remarquer que des traces de pas ensanglantés étaient au sol. Marduk affirma qu’elles étaient déjà là lorsqu’ils étaient arrivés, jusqu’au moment où il remarqua que ces traces descendaient, mais remontaient également les escaliers. Cela, il était certain que ce n’était pas présent lorsqu’il avait lui-même descendu dans la cave. Il était donc passé juste à côté d’eux, il y a un instant même !
Ils retournèrent chercher dans les maisons aux alentours des miroirs qu’ils décidèrent de mettre sur l’ensemble des murs afin de pouvoir apercevoir le Croque-mitaine lorsqu’il s’approchera. De plus, ils allèrent prendre de la farine chez le meunier et l’étalèrent partout afin de voir les traces de pas, si les miroirs ne fonctionnaient pas, et peut-être que la farine volatile pourrait peut-être s’accrocher aux vêtements de la créature. Dernière précaution : Drark répara quelques montres et horloges afin de pouvoir observer l’écoulement du temps. Ils suspectaient que le pouvoir du Croque-mitaine lui permettait d’arrêter le temps, ou du moins d’altérer la trame du temps, et ces horloges permettraient de voir s’ils avaient manqué des épisodes et qu’il était passé grâce à ses capacités surnaturelles.
Alors qu’ils terminaient leurs préparatifs, ils virent une personne dans la rue qui les rendit perplexes. Un mendiant déambulait, errait dans la rue sans objectif précis apparent. Ils allèrent le questionner : qu’est-ce qu’un mendiant faisait dans cette cité où il était tout à fait possible pour lui de vivre sur les ressources des personnes tuées et disparues. Après quelques gestes et paroles dans le vent, ils comprirent qu’il était sourd et muet. Ils usèrent alors de papier et d’écriture afin de communiquer. Il répondit à leur question par :
« C’est la propriété du Croque-mitaine, je ne peux y toucher », dit-il en parlant des richesses mentionnées par les aventuriers.
« Vous savez que le Croque-mitaine est ici ? ».
« Oui ».
« Vous savez où il est ? Vous l’avez déjà vu ? ».
« Je le vois tous les jours. Il déambule dans cette ville librement, en plein jour. Je l’ai croisé il y a quelques instants… »
C’est à ce moment que les connections se firent dans le cerveau des aventuriers. Il n’était pas atteint par le maléfice du Croque-mitaine car il était sourd. Ils entendaient continuellement une mélodie qui altérait leur sens, et il était probable qu’elle ne s’arrêtait que lorsqu’il était occupé à tuer, manger ou mordre ? S’il s’arrêtait de la chanter, c’était probable que ce soit pour utiliser sa bouche à d’autres fins en tout cas. La pensée qu’ils l’avaient croisé probablement des dizaines de fois, qu’il était venu rôder à côté d’eux la nuit, qu’il était peut-être sous leur yeux à chaque instant les terrifia. Ils se concertèrent et prirent la décision de lui tendre un piège, une fois qu’ils auraient bouché leurs oreilles de cire...
Date du Rapport
21 Jan 2024
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