Session XIII : Des retrouvailles inattendues
General Summary
Alors que la porte se referma dans un claquement ferme, un regard de connivence circula entre l’aubergiste et les clients du bar. Drark, qui observait la scène d’un air attentif le remarqua et tenta de faire un petit signe à Marduk, mais ce dernier était trop absorbé par la décoration intérieure que pour pouvoir voir anticiper le coup de chaise de bois qui lui était destiné. Une baston de taverne s’engagea alors entre les aventuriers et les soiffards, habitués de l’établissement. Marduk fut vite encerclé par plusieurs ivrognes qui tentèrent de le mettre à terre sans grand succès. Drark lui vint en aide en jetant dans la mêlée une bombe fantomatique mais fut vite assailli par un voyou de son côté. Baltazar, qui attendait en embuscade dehors, entra alors en trombe pour prêter main forte à ses compagnons. Voyant la scène d’attaque surprise, un nain qui fumait sa pipe en dégustant une bière au coin du feu, décida alors d’intervenir. Il enjoignit alors un des ivrognes d’une voix forte, pleine d’autorité et emprunte de magie, de retourner à la misérable porcherie d’où il venait probablement. Ce que ce pauvre erre fit, jusqu’à reprendre ses esprits pour revenir dans le combat avec plus de hargne mais l’esprit déboussolé. Le nain prit alors son marteau à deux mains et entra dans la mêlée. Pendant que ce chaos s’installait, que la bagarre battait son plein, Odrin prit la direction des chambres, profitant de la diversion créée. Drark, toujours aux prises avec une brute, décida de le laisser sur place et de suivre Odrin, comprenant que celui-ci était occupé à fuir. Arrivé à la porte qui donnait sur le couloir, Odrin disparu derrière celle-ci et on l’entendu courir vers les chambres. Le gobelin tenta de le suivre et dans sa précipitation, trébucha pour s’étaler sur le sol, fracassant son nez sur le parquet inégal. Il appela alors à l’aide car la prise était occupée à prendre ses ailes à son coup.
De leur côté, le combat se déroulait plutôt sans trop d’encombre, les soiffards n’étant pas réellement des combattants entraînés aux combats, mais les aventuriers avaient du mal à réellement en finir car ils avaient peur de les tuer. C’était la première fois pour eux qu’ils avaient affaire à des ennemis qu’ils avaient peur de tuer. En effet, ils ne savaient pas encore exactement pourquoi ces brutes s’en prenaient à eux, ni ne savaient qui ils étaient réellement. Le combat semblait sans danger, jusqu’à ce qu’un des clients abattit une chaise sur la nuque du champion de Sarenrae, poussant alors l’iruxi à les malmener un peu. Il cria sur l’un deux puis lui donna deux coups de poing pour le mettre à terre. Ce dernier cracha plusieurs dents, et, le sang à la bouche, tenta de sortir par la fenêtre. C’était peine perdue, Baltazar l’acheva sous les regards ébahis de ses camarades. Le combat s’arrêta là, car tous les malandrins se calmèrent et allèrent vérifier l’état de leur confrère. C’est à ce moment-là que Drark, le nez en sang, appela à l’aide pour tenter d’arrêter Odrin. L’homme-lézard et le nain s’élancèrent à la poursuite du vieil homme, mais lorsqu’ils arrivèrent à la porte, ils purent remarquer que la personne qui courait dans le couloir n’était pas Odrin. Instinctivement, ils le suivirent, jusque dans la chambre où il s’engouffra tout en fermant la porte à clé derrière son passage. Baltazar enfonça la porte comme si celle-ci n’était faite que de papier, et ils se retrouvèrent nez-à-nez avec un groupe de quatre personnes qui tentait de passer par la fenêtre : une vieille femme habillé de modestes vêtements, un halfelin portant la barbe en collier et un petit couvre-chef de cuir, une jeune femme à la peau hâlée et aux longs cheveux noirs bouclés, et enfin un jeune homme pas encore tout à fait adulte, habillé tel un garçon de ferme. L’iruxi, confus, leur adressa la parole : « Excusez-moi du dérangement, auriez-vous vu par hasard un vieil homme qui venait de la salle commune ? ». Bien qu’un doute planait, il ne savait pas trop comment réagir. « De l’autre côté du couloir », répondit la jeune femme. Drark, qui arriva à ce moment-là, sentait qu’il y avait quelque chose de louche derrière tout cela.
Il décida de se diriger vers la vieille femme afin de l’empoigner, pour être sûr qu’ils ne s’enfuiraient pas avant que tout cela soit élucidé. Ce faisant, il passa devant le jeune homme et vit à son coup le médaillon d’Odrin. Un doppelganger ! Il en était sûr ! Il avait déjà entendu parler de ces créatures à la capacité de changer de forme à volonté. Il demanda à ses compagnons de l’empoigner fermement. Ceux-ci agirent sans vraiment comprendre pourquoi. Marduk, qui était resté avec l’aubergiste du nom de Skinter Valma pour le sermonner, entendit que le ton montait de l’autre côté du bâtiment et décida d’aller voir s’ils avaient besoin d’aide. C’est là qu’il vit ses compagnons argumenter avec un groupe de quatre personnes qui tentait de se libérer de l’entrave de Baltazar qui ne semblait pas vraiment capter grand-chose à la situation. C’est alors qui reconnu la jeune femme aux longs cheveux couleur nuit.
« Mirzini ? »
« Marduk ? Qu’est-ce que tu fais là ? »
Ce fut des retrouvailles étranges et inattendues. Après une brève discussion, ils décidèrent d’aller finir la conversation au Pigeonnier, un de leurs repères non loin.
Sur le chemin, ils expliquèrent que ce Pigeonnier était encore utiliser pour envoyer des messages à des villes ou seigneurs voisins, lorsque la magie faisait défaut, et que Rildur, l’halfelin, travaillait là. Cela lui permettait, en tant que faussaire, d’avoir accès à des lettres, à des sceaux et signatures, pour pouvoir les étudier et les recopier en cas de besoin. Marduk demanda à sa cousine ce qu’elle devenait et comment s’étaient déroulé la chute de Khalid pour elle. Il n’avait appris la vérité sur les massacre qu’à la fin, qu’en était-il pour elle ? Elle expliqua qu’elle, ainsi que sa famille (Dal’ris, sa femme et ses deux petits frères), étaient au courant depuis le début de ce qui se passait. Une fois que le siège pouvoir avait bien été installé et que l’autorité était assurée, la répression avait commencé via de la propagande intelligente, et rapidement, la discrimination et l’ostracisme avait débuté, puis été systématisée. Elle, commandante d’un escadron des Ailes Noires, n’avait pas eu d’autre choix que de suivre les ordres. Une nouvelle fois, elle s’engueula avec son père, avec qui les relations ont toujours été compliquées et qu’elle avait fini par détester. Elle décida de suivre le mouvement, tête baissée. Avec sa compagnie de soldats d’élites, elle s’occupait donc d’opérations secrètes, incisives et brutales. Elle s’occupa, au-delà des actions purement militaires, de basses besognes et de faire respecter la loi de Khalid. Une fois que celui-ci tomba, elle décida de tout laisser tomber et de partir loin, en Redana, pour fuir son passé, ses actions, sa vie, sa conscience, et ne plus jamais revenir. Elle démarra alors dans la Guilde des Ombres, mettant son savoir-faire à profit pour se reconstruire une vie nouvelle. Cependant, n’ayant pas d’accroche particulière avec le culte de Norgorber, et compte tenu du Code de la Guilde des Ombres qui empêchait de demander des compensations financières élevées, elle décida de quitter le groupe et de fonder sa propre organisation. Car si elle voulait se refaire une vie, elle aurait besoin de beaucoup d’argent. Elle n’était pas née dans une porcherie et comptait bien ne pas mourir dans une. Elle regroupa plusieurs personnes qu’elle avait rencontrées pour former son équipe parfaite d’arnaqueurs : Rildur Orli, un halfelin faussaire avec une mémoire incroyable, Zesma, une vieille femme qui est bénévole pour les démunis de tous les temples car elle-même a vécu la misère (apportant ainsi un réseau presque infini d’informations et de communication, loyal et anonyme) et enfin Soruk, un doppelganger prudent et talentueux.
Marduk, qui ne s’attendait pas à ce genre de retrouvaille, ne sut pas trop comment s’y prendre pour cette question de rédemption, de racheter ses fautes, décida de ne pas aborder le sujet de manière trop frontale et de d’abord renouer avec sa cousine. Il apprit à Mirzini que c’était sa mère qui l’envoyait pour venir la rechercher et vérifier qu’elle était en sécurité. Elle lui apprit alors que son père, Dal’ris, s’était également installé en Redana, dans la Marche de Pierre. Une fois cette information apprise, elle décida d’emmagasiner davantage d’argent, dans le cas où elle devrait l’utiliser contre son paternel détesté. Elle hésita à partir pour lui montrer sa façon de penser, mais n’était pas sûre qu’il s’agissait de la meilleure chose à faire. Peut-être décidera-t-elle d’utiliser cet argent pour se refaire une vie plus loin de ses tracas. Elle n’avait pas encore décidé de ce qu’elle ferait par la suite.
Tout le monde posa alors ses questions sur la situation. Vidar prit la parole : où était Hjarnak Selion ? Il s’expliqua en quelques mots. Il était à la recherche d’un hobgobelin, réputé pour sa cruauté et sa malveillance. Pour des raisons personnelles, il désirait s’entretenir avec lui, en employant la méthode forte si possible. Il désirait obtenir des informations sur les Crocs d’Obsidienne, un clan orc qui était venu se réfugier en Redana et qu’il traquait avec ardeur. Il pensait que ce Hjarnak faisait partie des Corbeaux du Crépuscule, ce que Mirzini démenti. Elle lui informa qu’il avait pris sa place lorsqu’elle avait quitté les Ombres. Elle ne l’avait donc pas côtoyé et n’avait pas beaucoup d’informations sur sa personne.
Baltazar voulu en savoir davantage sur Aelnis Ghystarea, mais malheureusement, ils n’avaient pas beaucoup d’éléments nouveaux sur la méduse. Ils leur conseillèrent néanmoins de se procurer de quoi soigner la pétrification probable en cas de combat. Ils leur indiquèrent le Collège de la Transmutation ou la Bibliothèque Royale d’Orville, qui pouvaient tous deux avoir ce genre de manuscrits. De plus, l'ixuri, sachant toujours pas exactement pourquoi cette femme voulait sa peau, il demanda s'il y avait un moyen de les contacter. L'ex commandante des Ailes Noires lui informa alors que pour demander un contrat, il suffisait de laisser un message dans une des cryptes de la ville. Normalement il s'agissait juste d'un nom, accompagné d'une somme, mais peut-être qu'ils seraient disposés à répondre à un message.
Quand il leur fut demandé ce qu’il en était des autres membres des Corbeaux, ils répondirent qu’ils n’étaient en réalité que quatre. D’abord complètement incognito, la rumeur de leur organisation se répandait et ils avaient décidé de profiter de la paranoïa pour amplifier ce qu’on disait sur eux, donnant l’impression d’une ample organisation qui était dernière tous les coups fourrés, alors qu’il ne s’agissait que d’actions très ciblées, et simplement programmées de manière chirurgicales.
Le mystère des Corbeaux du Crépuscule ayant été élucidé, ils demandèrent quelques conseils pour réaliser un assaut ou une infiltration du Temple de Norgorber. Mirzini leur expliqua qu’il existait de nombreux pièges, et qu’ils étaient souvent remplacés et modifier pour toujours avoir une effet de surprise en cas de fuite d’informations, mais ceux-ci ne se trouvaient pas sur le chemin du Temple. Ils allèrent donc être extrêmement prudents lors de leur exploration.
Il était déjà relativement tard, les aventuriers décidèrent qu'il était temps d'aller dormir. Ils choisirent la Dernière Goutte comme lieu de repos, Vidar ayant déjà une chambre à cet endroit, et cela permetterait d'avoir un repas le lendemain en compensation pour les troubles causés (Marduk s'était arrangé avec l'aubergiste).
Le lendemain matin, une journée incertaine s'annonçait. Il s'agissait de la dernière journée du Festival de l'Équinoxe, et toute la journée était consacrée à des festivités autour d'un cortège représentant la montée du Soleil. C'était également une représentation symbolique de l'âge d'or d'Orville, de son hégémonie actuelle. Le journée démarrait par la sortie de l'Homme de Plomb des mines, qui passait ensuite par le Quartier de la Roue, puis se dirigeait vers le Quartier de l'Élixir, Quartier des Lanciers Flamboyants, finalement par le Quartier de la Couleuvre pour ensuite finir sur la Montagne Dorée. Ne voyant pas nécessairement d'intérêt à suivre le char, les aventuriers décidèrent de s'occuper du problème de Baltazar. Ils se rendirent donc à la crypte en question. Baltazar laissa un message, proposant une rencontre au Poracha à midi, sans savoir si elle allait répondre ou venir au rendez-vous. Les aventuriers prirent alors la direction de la bibliothèque des Éclaireurs afin d’obtenir d’autres informations sur les méduses. En consultant les archives, ils purent apprendre que le regard pétrifiant était particulièrement dangereux à courte distance, car il fallait pouvoir être suffisamment proche pour pouvoir apercevoir de manière précise les iris des serpents qui lui servaient de chevelure.
Pendant que Marduk et Drark passaient un peu de temps au Temple de la Lumière, Vidar et Baltazar se rendirent au Collège de la Transmutation afin d'acheter un parchemin permettant de les sauver en cas d'incident critique dans la confrontation avec Aelnis. Après un entretien avec une secrétaire, ils purent faire la rencontre d'un certain Bilmas. Il s'agissait d'un magicien gnome, qui possédait une fascination étrange pour des espèces de grandes plantes carnivores, qui remplissaient son bureau. Après avoir expliqué la raison de leur venue, ils se rendirent compte que le prix d'un parchemin de transformation de la pierre en chair était hors de prix : trois cent pièces d'or ! Ils savaient pertinement bien qu'ils ne pourraient de toute façon pas en acheter quatre, mais ils décidèrent cependant de négocier afin d'en acheter un à moindre coût. Le charme naturel et exotique de Vidar permit de gagner la sympathie de Bilmas, de plus, il avait décelé l'urgence de la situation. Il décida de leur faire un prix, avec la contrepartie d'un service à rendre par la suite. La tâche serait relativement simple : aller chercher des graines de sysolès dans un bosquet non loin d'Orville. Celles-ci étaient particulièrement nourricières pour ses plantes carnivores et il n'en avait presque plus. Ils acceptèrent la tâche en donnant leur parole et repartirent de là le parchemin dans les mains de l'oracle. En effet, il était le seul à savoir l'utiliser.
Le parchemin dans les mains, ils retournèrent au Poracha pour leur rendez-vous avec la méduse. Ils prirent d’abord le temps de discuter et de réfléchir à la stratégie à adopter. Après un temps sérieux de réflexion, Marduk arriva à la conclusion que le meilleur moyen d’être prêt était de rester posté devant la porte. Vidar, lui, décida de se positionner à la porte de service à l’arrière de l’établissement. Le gobelin décida de s’installer au comptoir avec Fijit. Il garderait les deux yeux ouverts, le champ de vision bien clair sur la salle. Baltazar s’assit alors à la banquette où ils avaient l’habitude de se retrouver. Ils attendirent là pendant quelques dizaines de minutes, jusqu’à ce que la procession de l’Homme de Plomb et du Soleil passèrent par le Quartier de l’Élixir. Il avait encore du chemin à faire pour arriver à la Montagne Dorée, mais la coïncidence fit que le cortège devait passer par la Place du Dragon Ardent lorsque le soleil était à son zénith. Alors que la tension commençait à monter, une ribambelle de personnes de toutes races, imbibée d’alcool et autres substances psychotropes firent irruption dans la salle. C’était la tradition, le cortège costumé s’invitait partout pour y répandre l’euphorie des fêtes et le chaos. Une gobeline commença à faire les beaux yeux à l’alchimiste tandis qu’un saltimbanque dansait avec Marduk qui tentait de garder son sérieux. Baltazar put constater que la petite créature verte était occupée à faire les poches de son compagnon. Il hésita à le prévenir, mais n’avait-il pas appelé son équipe de char « Drark le traître ? ». Il décida de rester concentré sur sa propre personne. Le spectacle était amusant mais l’heure approchait dangereusement. C’est grâce à cette prise de conscience qu’il put voir le jongleur qui passait à côté de lui se pencher vers lui pour laisser tomber un sachet contenant une poudre anthracite dans son verre. D’un geste vif, il bougea sa boisson de quelques centimètres et le sachet tomba juste à côté. Le cortège repartait, et avant qu’il n’ait eu le temps d’interpeler la personne, les gais lurons étaient déjà repartis du Poracha. « De toute façon, il n’aurait probablement rien eu à me dire », pensa l’iruxi. Il avait appris d’expérience que les ombres chargeaient souvent de leur basses commission des personnes n’ayant aucune information cruciale. Il appela Drark, maintenant un peu plus léger de quelques pièces d’or, pour jeter un coup d’œil à cette substance qui semblait alchimique. Après quelques minutes d’analyse, il lui semblait être une drogue qui troublait l’esprit, donnait des vertiges, jusqu’à rendre la personne inconsciente. Elle ne semblait pas être mortelle, mais il ne pouvait pas l’affirmer avec certitude. Pour bonne mesure et analyse complémentaire au laboratoire (comme il disait souvent), il s’empara de la drogue.
Cette tentative de discussion n’ayant mené à rien, ils décidèrent alors de passer à l’action plus frontale. Ils prirent la carte des ysokis et prirent le chemin du Temple de Norgorber. D’un point de vue géographique, il n’était pas très loin de l’Antre des Protéens, mais le labyrinthe des égouts rendait le voyage néanmoins laborieux. Ils arrivèrent enfin à la première porte. Une grande porte massive de bois de couleur ébène s’élevait devant eux. Marduk avait allumé une torche pour permettre à Baltazar et lui-même d’y voir plus clair.
Dans ce hall d’entrée, les aventuriers découvrirent plusieurs éléments intrigants : sur la droite, un mur couvert de visages de pierre. Au centre, se trouvait une phrase gravée dans la pierre froide et nue : Je débute la nuit et termine le matin, mais je n’interviens que deux fois dans l’année.
Contre le mur de gauche se trouvait un pupitre avec un grand livre qui semblait vide. Une plume de corbeau reposait dans un encrier, apparemment inutilisé car toutes les pages étaient blanches. Sur le mur, une sorte de poème était inscrit avec une calligraphie élégante :
On ne peut la voir, on ne peut la sentir
On ne peut l’entendre, on ne peut la respirer
Elle s’étend derrière les étoiles et sous les collines
Elle remplit les trous vides
Elle vient d’abord et suit après
Elle termine la vie, tue le rire
On ne peut l’entendre, on ne peut la respirer
Elle s’étend derrière les étoiles et sous les collines
Elle remplit les trous vides
Elle vient d’abord et suit après
Elle termine la vie, tue le rire
Devant cette prose macabre, ils décidèrent de prendre le temps de réfléchir. Le plan indiquait qu’il aurait dû y avoir deux salles adjacentes, non présente ici. Ils se doutaient qu’elles devaient être masquées, probablement en lien avec ces écrits étranges, sûrement des énigmes. Bien que rien ne les empêchait de passer la porte, massive, devant eux, ils préféraient élucider ce mystère pour être plus prudent. En examinant les visages du mur de gauche, ils purent remarquer qu’il s’agissait d’un ensemble d’un grand nombre de différentes émotions, allant de la peur, l’anxiété, le dégoût ou la haine. En prenant la phrase de manière plus littérale, Baltazar eut alors l’idée d’appuyer sur le visage représentant « la haine », qui correspondait à la lettre N de l’énigme. Les murs s’effacèrent alors pour laisser place à un couloir peu large, menant à une pièce dans la pénombre. Ils purent remarquer qu’un mécanisme était présent, se raccordant à un piège au plafond. Le roublard désamorça cela avec prudence et ils purent entrer dans ce qui semblait être un dortoir. De nombreux lits, sobres, étaient alignés avec un ordre apparent. Ils fouillèrent la pièce et trouvèrent quelques éléments intéressants tels qu’une bouteille de vin de la Chimère Bleue ou un perle magique et passèrent à l’analyse de l’autre mur.
Après un long moment de réflexion et de nombreuses tentatives, les aventuriers parvinrent à trouver la réponse : l’obscurité.
Le groupe se trouva devant un couloir identique à celui en face. Le roublard vérifia que tout semblait sécurisé et s’engagea dans le corridor. Drark n’eut pas le temps de le prévenir qu’une énorme lame venue du plafond vint éventrer l’iruxi. Le dispositif n’était pas complètement identique au couloir précédent et cela avait trompé la vigilance de Baltazar. Marduk prit le temps de le soigner, puis ils explorèrent l’autre salle. Il semblait s’agir d’une sorte de salle de torture ou de prière. Avec Norgorber, les deux étaient difficiles à distinguer. Dans cette salle, des traces de la même poudre que le saltimbanque avait tenté de mettre dans la boisson du condamné à mort se trouvaient dans des petits bols de terre cuite, servant peut-être à enfumer la pièce. Mis à part cela, ils trouvèrent un cube magique qui leur servirait peut-être dans leur exploration du temple.
Ayant exploré tout ce qu’ils pouvaient, ils se dirigèrent vers la porte principale. Celle-ci était faite d’obsidienne et des personnages encapuchonnés étaient gravés dans celle-ci. Avec l’obscurité présente, on pouvait deviner des visages inquiétants, ou était-ce uniquement l’imagination ? Avant de la toucher, l’alchimiste et le roublard prirent de grandes précautions pour vérifier tout piège potentiel. Ils tombèrent rapidement sur un mécanisme au pied de la porte, habilement caché mais l’état d’alerte des deux compagnons leur permirent de le trouver facilement. Après le désamorçage, et une seconde vérification, ils ouvrirent la lourde porte en tirant sur les gonds de fer. Malgré toutes les précautions pour ouvrir cette porte sans bruit, la taille et le poids de celle-ci ne leur permirent pas d’être aussi discrets qu’ils le souhaitaient. Les battants furent ouverts, et les aventuriers purent contempler le Temple de Norgorber. Ils avaient devant eux une immense cathédrale, d’un style gothique et malsain. De massifs pilier encadraient la nef principale qui menait vers un autel au fond du lieu de culte. Gravés dans ces piliers, on pouvait constater une quantité innombrable de bustes de personnages tentant vainement de monter vers le sommet de la voûte, vers le ciel et la lumière, comme des gouttes d’humains, gnomes, elfes, orcs et autres races prises dans une vague qui s’effondrait sur elle-même. Sur les visages de ces représentations sculptées, on pouvait y lire la peur, le désespoir, l’angoisse de ne jamais arriver au rêve promis, l’espoir disparaissant et l’air quittant leurs poumons, écrasés pas la masse des autres corps montant sur les leurs pour tenter d’atteindre l’impossible. Sur les murs, on des visages étaient sculptés dans la même obsidienne que la porte. Ceux-ci contrastaient avec les colonnes de par l’absence d’expression. Ils étaient spectateurs de cette scène monstrueuse avec un néant d’émotion. Des petites bougies aux flammes dansantes étaient installées de manière régulière dans la cathédrale, donnant l'impression que ces visages riaient ou souriaient lorsque la lumière vacillait. Dans les ténèbres de la cathédrale, on entendit alors le bruit d’un pas discret au fond près du choeur. L'ouverture de la porte n'avait pas dû être aussi discrète que prévu...
Date du Rapport
05 Mar 2023
Lieu principal
Lieu Secondaire
Related Characters
Commentaires