Sorcière, Protecteur du Destin
Déposée pendant la nuit dès sa naissance dans un petit village de pêcheurs, elle fut recueillie par un jeune couple, Amine et N’Jeb, dont la pêche en basse mer était pour tous les deux leurs métiers.
À l’aube de ses 10 ans, à la suite d'une terrible tempête qui dura des jours, le bateau de ses parents, ainsi que celui de beaucoup d’autres pêcheurs, ne revinrent jamais au port.
Dévastée et seule, elle se retrouva emmenée par la caravane d’un prestidigitateur du nom de Properio.
Il arpentait les villes et villages en se donnant en spectacle, il restait ensuite sur place et utilisait ses maigres talents en magie pour offrir d’autres services aux habitants.
Narliza apprit rapidement et se révéla être une bonne réalisatrice de prestidigitation. Mais là où elle brillait encore plus, c'était évidemment dans les différents services annexes proposés : soins de maladies mystérieuses, disparition de rhumatisme, diseuse d’avenirs, etc.
Plus d’une vingtaine d’années plus tard, lors de l’arrivée de Properio et de Narliza dans la Ville de Shiman Sekh pour y proposer leurs spectacles, ils eurent droit à un accueil différent.
D'habitude, les prestidigitateurs ajoutaientt du baume au cœur dans une vie souvent difficile et ingrate, mais là, ils ressentirent un vent de haine. La ville n'arborait plus les couleurs joyeuses d’autrefois mais à la place, d’énormes étendards portant comme signe un poing fermé y étaient étalés.
Arrivés à l’auberge où ils comptaient séjourner, ils décidèrent de “tâter” le public en présentant quelques tours de table en table dans l’auberge : un public d’ivrognes, semi-réceptif, laisse souvent couler l’une ou l’autre erreur.
Leurs petits tours n’avaient pas duré depuis plus d’une dizaine de minutes que des gardes armés firent irruption dans l’auberge.
“Au nom de la main d’Hakim, nous vous arrêtons. Pour pratique de la magie noire et sorcellerie."
Properio, d’un regard égaré, répondit “Sans façon”, et décida d’étaler au sol une poudre créant une épaisse fumée sombre. Il attrapa Narliza par le bras et l’amena à travers la brume jusqu’à la sortie.
Une fois la porte passée, un bruit sourd se fit entendre. Le temps s’arrêta pour Narliza, qui ressentit au fond d’elle une présence. Sa vision était trouble et verte, et la présence l'appelait à la rejoindre, à enfin comprendre qui elle était vraiment.
Quand elle put revenir à ses esprits, elle vit que le temps ne s’était pas écoulé. Une flèche venait d’être décochée d’un archer attendant à quelques mètres de la sortie. La flèche transperça la gorge de Properio, laissant passer un flot de sang rouge tel une fontaine. Effondrée, elle se laissa tomber au sol et, attrapée par les gardes, elle fut envoyée à croupir dans une cellule ridiculement petite avant d’être transportée pour son jugement.
Quelques jours plus tard, Narliza eut droit à un procès, jugée en moins de vingt secondes pour pratique de la magie noire elle fût condamnée aux travaux forcés dans le camp de Mirben et ce pour une durée de dix ans.
6 mois plus tard, au camp de Mirben.
“Putain de merde, avec la chaleur qu’il fait ils tombent comme des mouches”
“Ouais et à cause de ça les charniers empestent encore plus vite, même les vautours n’osent plus y aller”
“Tu penses que ça va durer encore longtemps?”
“Tant qu’il le faudra”
“Allez, celle la est moins lourde que le dernier gros tas qu’on a porté, fout la sur la charriole sinon on va encore se faire engueuler par El Murani”
“T’es sur qu’elle est crevée?”
“Non, mais au pire, ca sera le cas dans quelques minutes”
Ce sont les derniers mots que Narliza entendit vivante, affalée au sol, respirant à peine, les mains pleines de crevasses et la bouche asséchée.
Un temps indéfini plus tard, le noir de la mort s’éclaircissa, une vision de marécage humide, vivant et verdoyant lui apparu :
“Répond à ton appel, venge ton destin et à ton tour contrôle les tiens”
Cette phrase répétée en boucle par une voix nasillarde mais néanmoins familière, pulsait dans son esprit.
Elle se sentit de plus en plus légère, jusqu’à ce que d’un coup, elle pu ouvrir les yeux et vu la main d’un soldat, la tirer en dehors d’une fosse nauséabonde remplie de cadavre, tel une bouillie de chair humaine.
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