- Age
- 35
- Gender
- Male
- Eyes
- Brun
- Hair
- Noir
- Skin Tone/Pigmentation
- Tanné
- Height
- 187
- Weight
- 100
Appearance
Mentality
Personal history
Fils d’une famille de notables ayant fait fortune dans le commerce dans une contrée loin à l’est de Qadira, Marduk fut très tôt destiné à une carrière militaire: la promesse d’aventure et de franche camaraderie, loin des établis poussiéreux des commerces familiaux, l’avait très tôt séduit, et ce choix qui faisait la fierté de ses ancêtres avait été accueilli avec énormément de bienveillance par ses propres parents. Il allait faire la fierté de sa famille, tout en étant une bouche en moins à nourrir : on ne devient pas riche en étant trop dépensier, et ses deux plus jeunes frères représentaient suffisamment de main d'œuvre qualifiée très bon marché.
A 16 ans, il partit ainsi pour l’école militaire (gratuite, pour le plus grand plaisir de ses parents) et, sans présenter de caractéristiques martiales particulièrement exceptionnelles, il fut rapidement très apprécié par ses pairs. Indécrottable optimiste et toujours bienveillant, il fut vite perçu comme un allié loyal auprès duquel il fait bon vivre.
Parce qu’il était autant aimé que respecté, on lui confia rapidement une escouade de quelques hommes, ainsi que le grade qui alla avec. Pendant quelques années, il fut ainsi mobilisé pour des missions de paix, sous l’égide du dirigeant bien aimé du royaume, Girgis Salem II.
Posté à Surai, une ville marchande à la frontière de l’extrême Est du royaume, leur mission était de s’assurer que l’ordre était maintenu dans la bourgade, et qu’aucune invasion par le désert à l’Est ne se manifeste à l’horizon.
L’ordre social étant de nature pacifique malgré le fort passage dans la ville, il fut donc courant que ses hommes et lui fréquentent les troquets en se mélangeant aux locaux et aux gens de passage. Ce n’était pas la vie d’aventure qu’il espérait, mais les fables des marchands étrangers suffisaient à alimenter son désir d’exotisme.
Après quelques années, Girgis Salem II mourut paisiblement dans son sommeil et son fils Khalid - le seul héritier - reprit le flambeau dans la liesse générale. Son père vieillissant avait longtemps été dans l’immobilisme de la paix, et Khalid, ambitieux, avait d’autres projets. Mais à Surai, bien loin à l’Est, les nouvelles officielles peinent à arriver et les seules sources d’informations sont les racontars de marchands itinérant fortement alcoolisés.
Après quelques mois, Marduk commençait à sentir que les choses changeaient : de plus en plus, les gens parlaient de la situation à Abugat, le royaume voisin. Les dirigeants abugatites avaient - paraît-il - volé des terres à leur fière nation il y a bien longtemps, et ces terres leurs revenaient de droit. Il s’agissait d’abord de discussions de comptoirs, animées par l’alcool, mais très vite, les premières bagarres entre Abugatiens et locaux éclatèrent, et en quelques semaines,ce qui fut un événement isolé devint monnaie courante.
Puis, les tracts du gouvernement firent leurs apparitions : l’Abugatien est un voleur en puissance car son âme est souillée par le péché de jalousie. L’Abugatien est stupide parce que leur alimentation est pauvre. Et ainsi de suite.
Bientôt, les commerces furent interdits aux abugatiens, et Marduk reçut l’ordre de répertorier tous les résidents abugatiens qui vivaient à Sunai, à des fins statistiques : une guerre était imminente, et des espions se terraient probablement sur le territoire.
Après quelques mois, des dignitaires arrivèrent de la capitale dans d’énormes convois. On lui expliqua que les prisonniers de guerre Abugatiens allaient à présent être déplacés dans une toute nouvelle prison nommée Mirben Al-Sukut, plus loin dans le désert. Il fut félicité pour son service et on l’informa de ses nouvelles attributions : ses hommes et lui allaient à présent s’assurer que les convois de prisonniers étaient bien acheminés vers ce nouveau centre de détention. “C’est très simple”, lui avait-on dit, “ Quand un convoi arrive à Sunai, vous vérifiez qu’il porte le bon numéro, et vous le notez. S’il y a du grabuge, maintenez l’ordre”. Pendant plusieurs mois, il s'acquitta alors de sa mission, malgré le nombre grandissant de convois de prisonniers et de gardes venant en renfort pour garder la prison. Dans la foulée, il reçut un nouvel uniforme, orné de “La Main de Khalid”, un nouveau symbole représentant une main stylisée protégeant le peuple.
Il devenait courant que des gardes de Mirben viennent traîner en ville pendant leurs permissions, et après quelques verres, on lui racontait souvent la situation sur place en des termes élogieux. “Ils sont biens, sais-tu", avait un jour assuré un garde, presque ivre, “On a même mis en place une garderie pour les plus jeunes, histoire de s’en occuper correctement”. Les autres gardes avaient éclaté de rire, et Marduk , rassuré, avait alors trinqué avec eux, en ponctuant le tintement des verres par un “La Main de Khalid” tonitruant. Il n’avait plus l’exotisme par procuration des marchands venus d’ailleurs, mais il avait encore cette camaraderie qu’il chérissait tant. Avec le temps, Sunai était devenue maussade, et un peu de compagnie était toujours appréciée, d’autant plus que le gros de ses hommes avait été mobilisé à Mirben quelques semaines auparavant, et son unité était désormais constituée de bleusailles qu’il connaissait à peine, inexpérimentée mais particulièrement zélée.
Les convois se firent de plus en plus fréquents, mais surtout de plus en plus conséquents. Il s’agissait au début de quelques voitures lourdement blindées, du même type que celles employées dans la capitale pour le transport de troupes, mais bientôt, de nouveaux modèles plus imposants firent leur apparition. D’après Marduk, une seule voiture pouvait contenir à présent plus de 200 personnes. Il n’avait jamais vu Mirben, mais il supposait que les infrastructures devaient être colossales pour pouvoir accueillir tant de monde. Les cachots de Sunai pouvaient accueillir une vingtaine de personnes, et c’était déjà très compliqué à gérer.
Un soir où Marduk traînait dans ses quartiers, allongé sur son lit en train de lire un recueil de poèmes étrangers qu’un marchand lui avait vendu pour quelques pièces, la porte s’ouvrit :
“Bonsoir capitaine”
Il s’agissait du général Ismail El-Murani, un haut gradé affecté à Mirben. Marduk l’avait croisé quelques fois seulement au cours de ces derniers mois.
Pris de court, Marduk se redressa et se mit au garde à vous.
“Général !”
“Allons, repos.” sourit Ismail. Derrière lui, deux gardes à la mine patibulaire l'escortait.
Marduk se détendit.
“Désolé de vous importuner comme ça dans vos quartiers alors que la lune est déjà haute dans le ciel, mais vous savez, les journées sont longues à Mirben”.
Marduk sourit en retour. “Vous êtes chez vous ici, mon général". Il fit une pause, hésita, puis se lança : “Puis-je vous proposer un peu de liqueur de date?”
La proposition fit grandir le sourire du général.
“Toujours aussi accueillant je vois. Hélas, je dois refuser, j’ai peu de temps.”
Marduk ne répondit rien, et attendit la suite.
“En réalité, je suis venu m’excuser. Je suppose que vous devez vous sentir seul ici, à effectuer une tâche ingrate, seulement accompagné de jeunes soldats inexpérimentés."
Marduk haussa les épaules.
Ismail reprit : “Mais nous avions besoin de quelqu’un de confiance pour superviser… Tout ça. Vous avez fait du très bon travail, capitaine, vraiment. J’espère que vous ne pensiez pas que nous vous avions sous-estimé”. Il plongea alors son regard dans celui de Marduk.
Il est vrai qu’il s’était senti mis à l’écart. Le gros de l’action semblait être au front, à Mirben, ou dans la capitale, mais certainement pas à Sunai. Il était tout au plus devenu un portier de luxe à défaut d’être un combattant. Mais peut-être n’était-ce pas le bon moment de confier ses pensées à son supérieur. Il répondit, tout simplement :
“Je n’ai fait que mon devoir, mon général”.
Ismail détourna le regard, visiblement satisfait par la réponse de son subalterne.
“Toujours est-il que j’ai décidé de vous récompenser. Demain, à la première heure, présentez-vous à Mirben. Je pense qu’il est temps que vous découvriez cette merveille que nous avons mis en place. Je suis certain qu’après ça, accueillir les convois vous paraîtra beaucoup plus… Gratifiant.”
Il ponctua sa phrase d’un clin d'œil et d’un sourire complice.
“Merci mon général, j’y serai !”.
Après le départ de ses visiteurs nocturnes, Marduk eut de la peine à s’endormir. Enfin, il allait découvrir ce chef d'œuvre de Mirben.
Le lendemain, il fut surpris par la distance à parcourir pour atteindre la prison : il avait compté large, mais même si son cheval était rapide et endurant, il arriva tout de même plus tard que ce qu’il avait estimé. Néanmoins, il suffisait de suivre la piste qui avait été marquée par le passage incessant des lourds convois et bientôt, perdues entre les dunes et à flanc de montagne, il vit enfin la silhouette de Mirben Al-Sukut. Ou plutôt, l'énorme porte incrustée dans des murs d’enceinte à la hauteur improbable.
Arrivé au point de contrôle, il descendit de son cheval. Une voix l’interpella :
“Hé, Capitaine!”
Posté près de la porte, un bidasse lui faisait des signes :
“On vous attendait ! Ne descendez pas de votre cheval, il y a encore un peu de distance avant le second poste de contrôle. On vous ouvre la porte !”
Il tint parole, et Marduk s'engouffra dans ce qui était en fait la première enceinte. Le garde disait vrai : à plusieurs centaines de mètres, se tenait une autre muraille avec une autre porte, de taille plus modeste que la première. La zone dans laquelle il se tenait devait être une zone tampon, où les convois attendait probablement d’être vérifiés, à l’abri des regards indiscrets. Ces mesures lui paraissaient superflues, dans la mesure où peu de voyageurs passaient dans un coin aussi reculé du désert.
Après les contrôles d’usage, il pu enfin rentrer dans l’enceinte de la prison en elle-même. L’installation était pharaonique, beaucoup plus conséquente que ce qu’il aurait pu imaginer : il y avait des baraquements à perte de vue, autour de bâtiments beaucoup plus gros dont la fonction lui était inconnue.
Alors qu’il était en pleine contemplation, un soldat s’approcha de lui. Il s’agissait de son ancien sergent, Tanan Chafik. Il ne l’avait plus vu depuis sa mobilisation à Mirben, quelques mois auparavant.
“ça fait quelque chose, hein capitaine?”
La surprise fut de taille pour Marduk, qui se pressa de prendre Tanan dans ses bras. Voir une tête connue en ces lieux lui faisait beaucoup de bien. Les retrouvailles chaleureuses passées, Tanan lui expliqua :
“Le Général El-Murani m’a demandé de vous faire visiter. Il s’excuse, mais il est très occupé.”
“C’est lui qui dirige Mirben?”, s’enquit Marduk.
“Pas exactement. Ils sont plusieurs à gérer le lieu ici.”
Tanan soupira.
“C’est bien le bordel, il y a beaucoup de choses à faire. Du coup il se sont répartis les tâches, il y a une sorte de conseil d’administration. Mais il faut bien ça, croyez-moi.”
Tanan eut un sourire triste, qui s’estompa presque instantanément.
“Mais vous allez le découvrir par vous même!”
Accompagné de son guide, Marduk découvrit alors le fonctionnement de la prison. Les convois arrivaient dans la première zone, pour être inspectés et vérifiés. Il y a d’abord une inspection par des médecins dans le bloc médical afin de vérifier que personne n’est porteur d’une maladie contagieuse. Ensuite, les hommes sont répartis dans les différents baraquements et travaillent au sein de la prison même, qui possèdent différents ateliers de fabrications : des armes, des armures et les fameuses nouvelles voitures que Marduk voyait arriver depuis quelque temps. Elles étaient en fait fabriquées sur place.
Tout est articulé autour d’un bâtiment administratif qui supervise tout ça. Tanan était très enthousiaste :
“Vous voyez Capitaine, rien ne se perd. Les prisonniers alimentent eux-même une guerre contre leur propre camp en travaillant pour nous. Il est fort, Khalid. Moi je vous le dis."
L’heure avançait et la chaleur était insupportable. Marduk suait à grosses gouttes. Tanan le remarqua.
"Ça me fait penser : on a prévu un petit quelque chose pour vous capitaine, allons prendre un rafraîchissement".
Tanan emmena son capitaine dans un quartier des gardes, et à sa grande surprise, tous son ancien état-major l’attendait : Mustapha, le grand sergent avec une moustache démodée mais impressionnante, Jubair, le caporal amateur de bon vin et de belles femmes, mais aussi Youssouf, Askari, Said, Baz et Ouahid.
“Surprise ! Le général nous a donné une permission pour vous retrouver, Capitaine! Pour les simples soldats, c’était plus compliqué, mais ils vous passent leur bonjour !”
Marduk était aux anges, retrouver ses camarades d’unité était comme du miel sur son cœur, et durant tout l’après-midi, ils parlèrent du bon vieux temps, tout en s’enivrant de vin bon marché et de biscuits traditionnels.
“En réalité, on est monté en grade ici, capitaine”, tonitrua Askari. “Chacun d’entre nous gère à présent tout un bloc”
Marduk pouffa :
“Comment ont-ils osé donner des responsabilités à des racailles comme vous?! Baz ne sait même pas différencier sa droite de sa gauche!”
Éclat de rire général, le pauvre Baz lui-même rit de bon cœur.
Bientôt, la nuit tomba et les retrouvailles battaient toujours leur plein. Comme il avait chaud, Marduk rejoint Tanan, qui fumait seul dehors.
“Merci beaucoup, sergent. J’avais bien besoin de ça. On s’ennuie à Sunai, et je me sens bien seul”.
Tanan sourit, et brièvement, Marduk décela de la tristesse dans ses yeux.
“Désolé, Capitaine. On a plusieurs fois demandé à ce que vous soyez muté ici, mais ils ne voulaient pas. Apparemment, vous étiez indispensable là bas”.
“C’est qui, “ils”?”demanda Marduk.
“Le fameux conseil d’administration. Il y a le General El-Murani, le Général Suhain Ghallab, le directeur Arib Tawil, l’émissaire Ayoub Azaykou et le docteur Daoud.”
Marduk siffla : “Phew, ça en fait du beau monde.”
“Oui Capitaine, il faut bien ça pour superviser tout ce bordel.”
Marduk haussa les épaules et ensemble, ils profitèrent du silence de la nuit, à l’abri du boucan des ivrognes à l’intérieur. Askari et Youssouf avaient commencé à chanter des hymnes vulgaires.
Après quelques instant, le capitaine rompit le silence:
“Tiens, on m’a parlé d’une garderie. Tu ne m’as pas montré, ça.”
Tanan se tût.
“Tanan?”
Le sergent hésita. “Je… Je ne suis pas autorisé à vous montrer ça.”
Marduk éclata de rire “Allons Tanan, j’ai vu des prisonniers de guerre exploité dans des forges. Quelques femmes et enfants soupçonnés d’espionnage me paraît bien innocent comparé à ça.”
Tanan ne répondit pas, son ton rouge dû à l’alcool commençait à pâlir et ce n’était pas à cause de la lueur de la lune.
Marduk senti son malaise :
“Sergent Tanan, qu’est-ce qui se passe?”
Tanan prit une longue inspiration et murmura à son capitaine de le suivre.
“Je ne peux que vous l’indiquer. Je ne suis pas autorisé à y aller. A cette heure-ci, ce n’est pas surveillé, mais je ne peux pas prendre le risque. Les murs ont des oreilles et contrairement à vous, mon visage est connu ici” . Marduk ne comprenait pas pourquoi son compagnon prenait un ton aussi solennel. Avant qu’il puisse poser la question, Tana désigna du doigt, l’arrière du camp. “Allez à l’arrière, là bas. Il y a un chemin qui monte vers les montagnes, suivez le, et vous arriverez à la garderie.”
Toutes ces précautions surprit Marduk. “Les dirigeants veulent éviter des “accidents” entre des femmes et des soldats ivres de puissance et de solitude”, pensa-t-il. Mais quelque chose clochait. Il se mit en route, mais Tanan lui attrapa sa manche et plongea son regard embrumé dans les yeux de son capitaine.
“Désolé, Marduk.”
Alors, le capitaine se mit à courir. Quelque chose sonnait faux et il comptait bien en avoir le cœur net.
Effectivement, le portail n’était pas gardé, et une piste montait vers les montagnes. Marduk nota que les ornières sur la piste indiquait que les nouveaux véhicules ne montaient pas jusque-là et qu’on y accédait plutôt avec des charrettes beaucoup moins modernes. Le sommet de la montagne était en réalité plat et non pas un pic, et là, enfin, éclairé par la lune, il vit la “garderie”.
C’était un charnier. Une tombe commune à ciel ouvert. Des restes de femmes et d’enfants de tout âge gisaient là, entremêlés dans des étreintes non naturelles figées pour l'éternité. Les corps du dessus étaient frais, ceux juste en dessous étaient à des stades de décomposition avancé et le fond fosse était probablement tapissé de squelettes graisseux de substrat humain. Il tomba à genou, sentant la bile remonter des profondeur de ses entrailles et les larmes monter à ses yeux. Ce n’était pas une guerre, c’était une boucherie. Ce n’était pas des fiers guerriers capturés, c’était des âmes innocentes. Une extermination méthodique. Des enfants, des nouveaux nés, fauchés comme du blé, au nom d’une ambition démesurée et de la manipulation d’esprits faibles. La main droite qui protégeait son peuple, gravée sur son armure, cachait une main gauche qui semait la mort depuis le début.
Puis, il réalisa.
Il avait été un des rouages de cette machine infâme. On l’avait félicité pour l’exactitude de son travail. Il n’était pas un portier, il était le passeur guidant des âmes vers l’Enfer. Il avait été fier de faire son devoir. Il avait accepté de troquer la camaraderie pour la solitude, pour accomplir des actes ignobles. Tous ces corps, toutes ces souffrances sourdes qui avaient été ignorées, tous ces cris d’agonie qui avaient résonné dans le néant et n’avaient jamais été entendus, toutes ces souffrances, il y avait contribué. Activement. Fièrement.
Sa tête tournait. il avait le vertige. Son âme était transpercée. Son cœur saignait. Des mots tournaient en boucle dans sa tête. Ses hommes. Ses hommes savaient. Ils savaient. Ils savaient. Ils savaient.
Il voulait hurler, mais aucun son ne sortait. Il était mort. Spirituellement, mentalement, moralement. Face à l’horreur, Marduk est mort sur cette maudite montagne. Alors, pensa-t-il, autant mourir réellement. Il sortit sa dague, se trancha les veines et s’allongea sur le sable, qui commença à boire avidement son sang. Il ferma les yeux, et attendit que le silence se fasse définitivement.
Il se rappela que s'il était mort sur cette montagne, c’est justement parce qu’il les avait trop fermés, ses yeux. Alors il les rouvrit, pour contempler une dernière fois tout ce tort qu’il avait causé.
Il vit qu’il n’était pas seul.
Une figure était agenouillée près de lui, et lui caressa le visage avec tendresse.
“Ah”, pensa-t-il, “je ne savais pas qu’on avait des hallucinations avant de mourir”.
“Marduk”, dit la figure.
Le capitaine brisé la fixa, sentant ses forces le quitter. Il perdait beaucoup de sang. Mais il n’était pas encore mort, et la figure lui paraissait bien réelle.
“Ton cri a été entendu, Marduk. Je l’accepte. J’accepte ta rédemption.”
Il sentait une douce chaleur l’envahir alors que son sang continuait à couler. La figure la serra dans ses bras, et murmura à son oreille.
“Acceptes-tu d’être mon champion?”
Sa voix était douce, c’était agréable.
“Qui… Qui êtes-vous?”
“Je suis Sarenrae”. Il ne parvenait pas à distinguer ses traits baignant dans un halo.
"Accepte d’être mon champion. Vis, et accueille les âmes perdues comme j’accueille la tienne, Marduk.”
Il hésita.
“Je sens la culpabilité qui te ronge. Mais je t’offre une chance de te racheter. Tu devras suivre mes enseignements, et accepter en retour la rédemption de ceux qui veulent se repentir.”
Il soupira.
“J’accepte”
“Alors bande tes blessures et trouve mon temple.”
Elle mit sa main sur ses yeux. Il les ferma et sentit la lumière se tamiser autour de lui, avant de disparaître totalement.
Il banda ses blessures. Il était faible, mais parvint à arrêter le saignement : il soupçonnait qu’en réalité, pas mal de temps s'était écoulé depuis qu’il avait décidé de se trancher les veines.
Péniblement, il longea la fosse pour se diriger en direction de l’autre flanc de la montagne, juste avant le désert. Faire demi tour n’était pas une option : il était hors de question qu’il recroise les meurtriers qu’il avait un jour appelé “frères”.
Il se rendit vite compte que l’étendue du charnier était beaucoup plus conséquente que ce qu’il avait pu apercevoir à la lueur de la lune : si bien qu’après quelques dizaines de mètres d’avance pénible, il dû faire une pause et s’assit sur un rocher. Son instinct de soldat reprit le dessus : c’était l’occasion de faire une évaluation rapide de ses ressources, car sans plan, il risquait de ne pas faire long feu. Il était très légèrement armé, disposait toujours de son uniforme réglementaire, de quelques pièces, et surtout, de sa gourde d’appoint attachée à sa ceinture. Il soupira d’aise quand il se rendit compte qu’elle était encore bien remplie: avec parcimonie, il pourrait tenir jusqu’au prochain hameau, à quelques kilomètres de là, par delà la montagne encadrant Mirben.
Alors qu’il s'apprêtait à boire une lampée, quelque chose retint son attention : à à peine quelques mètres de lui se tenait un chat, assis, qui le fixait de ses grands yeux brillant dans l’obscurité.
Le félin était noir, chétif et surtout complétement improbable en ces lieux maudits et désolés qui empestaient la mort. Il se figea, de peur de l’effrayer, mais le chat n’avait pas l’air impressionné le moins du monde. Pire que ça, Marduk avait l’impression que le chat voulait lui dire quelque chose : il miaulait avec insistance, si bien que le soldat finit par se lever, pour en avoir le cœur net. Il suivit alors le petit être noir sur quelques mètres, avant que ce dernier ne se poste au bord de la fosse commune, à proximité du corps presque intacte d’une femme aux cheveux noirs.
“Tu arrives un peu tard, vil félin. J’ai bien conscience de ce que j’ai fait, je te remercie.”
Le chat ne répondit pas, et Marduk préférait le fixer lui que le monceau de cadavre. Cependant, du coin de l’oeil, il cru voir la main de la jeune femme bouger. Son sang se glaça. Peut-être était-il en bien moins bon état que ce qu’il pensait et que la folie le guettait. Il se força à regarder à nouveau, et fixa la main de la jeune femme.
Après quelques instants, un soubresaut. Discret, léger, presque imperceptible. Mais cette fois, il l’avait vu.
Elle est encore vivante.
Sans hésiter un seul instant, il plongea et saisit la main de la femme pour la hisser en dehors de la fosse et l’allonger auprès de lui : alors qu’il posait sa main sur la gorge de la femme, il senti un poul, léger, mais présent.
Son cœur battait la chamade : il savait que c’était statistiquement impossible qu’elle soit en vie, mais il savait aussi que les statistiques n’avaient plus d’importance, et qu’il devait absolument la sauver.
Elle ne portait qu’une tenue de prisonnier en tissu fin de mauvaise qualité : il lui donna un peu d’eau, puis l’enveloppa dans sa cape et la mis sur ses épaules. En la prenant avec lui, ses chances de survie étaient divisées par deux, mais si il l’abandonnait là, il n’y survivrait pas. Alors qu’ils se mettaient en route, le chat les suivit.
Le chemin jusqu’au hameau fut long et pénible, mais habité par une force nouvelle, il réussit à l’atteindre au petit matin, juste avant que les morsures du soleil aient raison d’eux. La femme était toujours à peine consciente, et les nomades acceptérent de les emmener en caravane jusqu’au village le plus proche possédant un temple dédié à Sarenrae.
Sur place, les prêtres acceptèrent de les cacher, de lui partager les enseignements de sa déesse et de soigner la jeune femme et le chat, qui semblait veiller sur elle et ne quittant jamais son chevet.
Après quelques jours, la jeune femme se réveilla enfin, et Marduk apprit son nom : Narliza. Il apprit son histoire, et lui conta la sienne.
En plus de se nourrir des enseignements des prêtres, Marduk se mit à enquêter et se renseigner sur l'organisation derrière les massacres organisés dont il avait été témoin. Il découvrit avec horreur que les racines du mal s’ancraient beaucoup plus profondément qu’il le pensait dans la civilisation qui l’avait vu naître : des membres de sa propre famille étaient des complices de prêt ou de loin, non pas par devoir, mais par conviction. Son grand-père Sa-Zu, son oncle Dalris et sa cousine Mirznini étaient devenus des hauts dignitaires du régime tyrannique. Cette découverte fissura l’âme de Marduk un peu plus encore : cette infâme machine dont il avait honteusement été un rouage revêtait à présent un visage familier. Il partageait du sang, des souvenirs et de l’amour pour ces gens qui, il y a quelques années encore, lui paraissaient humanistes et bienveillants.
Deux mois après son exil, la nouvelle tomba : quelqu’un avait fini par dévoiler l’existence de Mirben Al-Sukut et ce qui s’y passait.
La prison fut libérée par une alliance de royaumes indignés par les actes ignobles s’y déroulant, mais bien trop tard : beaucoup de gardes et de responsables avaient eu le temps de fuir, en prenant néanmoins le soin de torturer et tuer le traître qui avait tout révélé.
Marduk apprit que c’était Tanan, le fameux traître. Rongé par la culpabilité, le pauvre sergent avait envoyé des informations aux royaumes voisins, mais ses derniers messages avaient été interceptés.
Marduk apprit que son corps mutilé avait été cloué à la porte principale qu’il avait franchi une éternité plus tôt.
Il apprit que pour les abugatiens, Tanan devint un martyr et sa mémoire fut honorée.
Pour Marduk, la fuite de ceux qui avaient orchestré et participé au massacre des abugatiens signifiait quelque chose qui le réjouissait : il n’était plus une proie qui était chassée. Il devenait à présent le chasseur. Il se confia à Narlitza, avec qui il entretenait désormais une relation saine et profonde, et lui proposa de l’accompagner dans sa quête. De compagnons d’infortune, ils passèrent à compagnons de route. Le matin du départ, Marduk souriat : il savait que la rédemption était en marche.
Personality
Motivation
Compagnon de route jovial, bienveillant et délicieusement sarcastique, Marduk prend néanmoins ses valeurs très - parfois trop - au sérieux. S'estimant trahi par les dirigeants d'une patrie qu'il a un jour considéré sienne, il assume néanmoins le poids de son passé, avec la ferme conviction que les gens peuvent changer s'ils sont habités par sujffisamment de volonté d'amélioration de soi.
Marduk s'amuse néanmoins volontiers de tout avec n'importe qui, mais lorsque les valeurs qu'il a juré de défendre sont transgressées, le masque tombe et son passé militaire refait surface : il se montre alors un combattant redoutable et intransigeant, avec un sens de l'honneur a toute épreuve.
Il apprécie faire partie d'un groupe où la camaraderie prime et brille particuliérement lorsqu'il s'agit de féderer les gens autour de lui : son sens de l'écoute, son envie de comprendre tous les points de vue, son sang-froid et son sens de la bonne mesure font de lui un leader respecté et apprécié.
Amateur d'arts, de philosophie et de poésie, c'est un interlocuteur curieux de tout, ravi de faire de nouvelles rencontres, qu'il aborde souvent avec un soupçon de naïveté pouvant lui jouer des tours.
Malgré tout, il peut s'avérer têtu et exigeant à l'excès, frolant parfois l'aveuglement lorsque la quête s'avère trop personnelle : hélas, son sens de la mesure disparait bien trop brutalement lorsqu'il estime que trop de bornes ont été dépassées et il devient alors difficile à raisonner.
The major events and journals in Marduk's history, from the beginning to today.
Session 1
10:24 am - 18.10.2022Session 1
11:29 am - 24.08.2022The list of amazing people following the adventures of Marduk.
Social
Birthplace
Qadira