Lentepierre

La Lentepierre ne soulève d’enthousiasme ni chez les Alchimistes, ni chez les commerçants, et cela fait longtemps qu’elle n’effraie plus personne. On la trouve partout, on l’esquive sans peine, et elle n’est guère impressionnante avec ses volutes paresseuses. Pourtant, il est bon de rappeler qu’il faut s’en garder, au même titre que toutes les autres brumes…  

Aspect & comportement

  La Lentepierre est une brume grise, nettement plus claire que la Fumeste. Une observation rapprochée révèle dans son volume des zébrures plus claires et plus foncées, qui sinuent lentement à la manière de serpents placides.   Elle forme des sortes de matelas proches du sol, d’une consistance épaisse et condensée, jamais plus hauts d’un mètre cinquante. Si ce comportement la rapproche assez de l’Indolente, elle est notablement plus “liquide” dans son allure, ainsi que dans sa façon de se déplacer. En effet, la Lentepierre semble se générer dans les hauteurs géographiques, avant de s’écouler passivement comme le ferait un petit morceau de ruisseau, tout en épousant la forme des surfaces sur lesquelles elle glisse.   Elle est très facile à reconnaître, et encore plus à éviter : ses déplacements, absolument pas contrariés par le vent, sont d’une lenteur proverbiale, et très aisément anticipables. De toutes les brumes, il s’agit de celle que l’on croise le plus souvent, et qui ne constitue pas un très grand risque. Elle fait partie du quotidien des véléides, qui ont appris à l’enjamber ou à la contourner sans même y réfléchir.    

Effets

  Bien que les accidents soient rares, ils arrivent tout de même, et notamment avec les jeunes enfants. La dangerosité de la Lentepierre réside justement dans le fait qu’on a tendance à ne lui en accorder aucune et à la sous-estimer. Comme elle fait partie du paysage quotidien, les véléides tendent à oublier que son contact peut pourtant être fatal.   Lorsqu’un être vivant se retrouve nimbé de Lentepierre, il peut sentir sa peau se mettre à vibrer au contact de la brume. Il sera pris de crampes violentes très rapidement. Comme les poches grises serpentent proche du sol, les premiers membres touchés sont en général les jambes. La victime se retrouve très vite incapable de se déplacer et même de tenir debout : en s’effondrant au sol, son corps entier se retrouve soumis au même tourment. Tous les muscles contractés l’empêchent alors progressivement de respirer et la mort par asphyxie survient au bout d’une dizaine de minutes d’agonie.   Si la poche de Lentepierre est assez étendue, il peut être difficile de secourir quelqu’un piégé à l’intérieur sans se mettre soi-même en danger. Si elle a toujours l’usage de ses bras, il est possible de tendre une perche à la victime afin qu’elle puisse se tracter hors du danger. Certains animaux également, comme le vif Kappu ou le robuste Mâchepierre, semblent immunisés aux effets de la Lentepierre et peuvent constituer de véritables canots de sauvetage dans ce genre de situations.   Il n’y a pas de séquelles durables à une exposition à la Lentepierre. Le survivant souffrira de quelques traumatismes musculaires tels que des courbatures qui disparaîtront assez vite, et d’un mauvais souvenir qui le rendra assurément plus méfiant vis-à vis de cette brume finalement assez sournoise.    

Usage alchimique

  Récolter de la Lentepierre est un jeu d’enfant - assez littéralement d’ailleurs, puisque c’est en attrapant celle-ci que les apprentis récolteurs font leurs premières expériences en général. Il suffit de repérer l’un de ses tapis lourdeaux, ce qui n’est pas difficile puisqu’on en trouve relativement partout dans le Refuge, puis de placer ses voiles en contrebas avant d’attendre que la gravité fasse son œuvre. Bien qu’elle entre dans la composition de nombreuses préparations alchimiques, cette brume ne brille pas particulièrement par des effets spectaculaires ou puissants et sert principalement d’activateur mettant en valeur d’autres brumes plus rares.   C’est pour ces raisons qu’il s’agit probablement de l’ingrédient ayant le moins de valeur sur le marché brumique.   Son effet majeur lui doit la seconde partie de son nom : le durcissement. C’est l’une des premières brumes à avoir été étudiées et utilisées : à l’époque du Mélange, on s’en servait déjà pour l’architecture notamment. Sans ses effets de renforcement, de nombreux bâtiments n’auraient jamais vu le jour - tels que l’Unisson à Alprra ou la Tour Athane de Nepo par exemple.   Elle peut jouer un rôle intéressant dans les préparations à effet d’affaiblissement. Celles-ci sont rares et réservées aux véléides les plus sournois et belliqueux… ou bien aux jardiniers en quête d’un bon désherbant.   De même, on peut s’en servir avec l’Obô et la Népale pour tout ce qui concerne les effets obscurcissants, bien qu’elle soit relativement moins efficace dans ce domaine que ces deux-là.   Enfin, de façon assez paradoxale, il semblerait qu’elle possède de très légères vertus fortifiantes pouvant renforcer certaines potions toniques. Il faudra néanmoins prendre soin de nullifier ses effets affaiblissants, ce qui rend ces préparations laborieuses pour un résultat à peine satisfaisant.