11 UKTAR 1490 CV Automne

Nessira's five

Les Rêves d'Autrefois

Dans le petit port de Salins, où les vagues venaient lécher les quais de pierre grise, six enfants avaient grandi ensemble sous le regard bienveillant des mouettes et l'odeur salée de l'océan. Leurs noms résonnaient dans les ruelles pavées comme une comptine familière : Eleandre Nédufeu, Edith Terredue, Fogos Longueterre, Yvana Terredefeu, Petra Viveterre et Quentin Boutondepoche.

Un soir d'été, alors que le soleil couchant embrasait l'horizon d'or et de pourpre, ils s'étaient réunis sur les rochers qui surplombaient la mer. Leurs pieds nus effleuraient les algues encore humides de la marée descendante.

Eleandre pointant vers l'océan infini, avait déclarait :

Un jour, déclara, je naviguerai jusqu'aux confins du monde connu. Je ramènerai des objets si étranges, si merveilleux, que les sages eux-mêmes n'en croiront pas leurs yeux !

Ses yeux noisette brillaient d'une fièvre aventureuse qui fit sourire Petra.

Pendant que tu pourchasseras tes chimères, Edith et moi, nous ferons de Salins le plus grand port de pêche du royaume

Elle fit cette réponse en passant un bras autour des épaules de son amie.

N'est-ce pas, Edith ?

La jeune fille aux cheveux de jais acquiesça avec détermination.

Les bateaux afflueront par dizaines. Nos filets seront si pleins que toutes les tables du royaume serviront notre poisson ! 

Fogos, se redressa et bomba le torse.

Moi, je serai quelqu'un d'important et de riche. Je dépenserai sans compter et les gens chanteront mon nom sur les places et lèveront leur coupe à ma santé !

Yvana ne put s'empêcher de se moquer gentiment de lui : 

Toujours aussi modeste, Fogos

Ses cheveux dansaient dans la brise marine. Elle ferma les yeux, respirant profondément l'air du large.

Mais moi… Moi, je veux voir ce qui se trouve au-delà de cet horizon. Les terres lointaines, les peuples inconnus, les mystères qui dorment par-delà l'océan... 

Quentin, le plus petit mais aussi le plus vif et inventif du groupe, bondit sur un rocher plus élevé.

Et moi, je vous défie tous ! Un jour, je serai le plus grand joueur, le plus rusé, celui qui ne perd jamais un pari !

Ils avaient ri ensemble, insouciants, ignorant que ces rêves d'enfants tisseraient le fil de leurs destinées.

Les Tourments du Cœur

Les années passèrent comme l'eau entre les doigts. Les enfants devinrent adolescents, et avec la mue de leurs voix vinrent les premiers émois du cœur.

Ce fut lors d’une fête comme les autres, alors que des lanternes flottantes illuminaient le port, que tout bascula.

Petra ne quittait plus des yeux Harold Solmor, un jeune homme nouvellement arrivé à Salins. Grand, les traits fins, il possédait cette aisance naturelle qui faisait tourner les têtes.

Il est...

Petra s'interrompit, les joues rosies, alors qu'elle observait Harold discuter avec des marchands sur le quai.

Séduisant ?

Edith acheva la phrase de son amie avec un sourire complice avant d'ajouter, taquine :

Et il le sait, ce qui le rend encore plus dangereux pour les cœurs fragiles comme le tien.

Petra ne put s'empêcher de protester :

Pas seulement séduisant. Il est intelligent, cultivé. Quand il parle, on croirait entendre les contes des anciens bardes.

Mais si Petra avait trouvé son tourment, d'autres cœurs battaient dans un même rythme douloureux pour une même personne.

Un soir, près de la vieille tour de guet, Quentin s'était approché d'Yvana. Sa voix tremblait légèrement.

Yvana, je... Il y a quelque chose que je dois te dire. Depuis des années, je...

Elle ne le laissa pas continuer, posant une main sur son bras :

Quentin, Tu es mon ami, l'un de mes plus chers amis.

Le mot « ami » lui transperça le cœur comme une lame glacée.

Mais je...

Yvana ne comprenait que trop bien. Elle se retourna, le regard fuyant devant la douleur de son ami.

Je sais ce que tu vas dire, Et je suis désolée. Mon cœur... il appartient déjà à quelqu'un.

Quentin vit alors Eleandre approcher dans la pénombre, et tout devint clair. Le sourire qu'Yvana lui adressa, la façon dont leurs mains se trouvèrent naturellement, la complicité qui brillait dans leurs regards complices.

Lui ? Eleandre ?

Les mots sortirent comme un crachat. Yvana releva les yeux, affrontant son regard sans faiblir.

C'est évident, non ?  Nos rêves sont les mêmes. Nous voulons tous deux voir ce qui se cache derrière l'horizon.

Eleandre s'avança, mal à l'aise.

Quentin, mon ami, je ne voulais pas...

La voix de Quentin se fit coupante comme une lame.

Ton ami ? Un ami ne vole pas ce qui appartient à un autre !

Eleandre ne put s'empêcher de s'emporter :

Yvana n'appartient à personne !  Elle a fait son choix.

Un silence lourd s'installa, rompu seulement par le clapotis des vagues contre les rochers, avant que Quentin ne déclara d'une voix devenue froide comme la pierre

Soit. Puisque c'est ainsi... rappelez-vous ce jour. Un jour viendra où vous comprendrez ce que signifie la trahison.... Et la souffrance qu'elle apporte...

Le Poids des Années

Le lendemain, la chambre de Quentin était vide. Seul un mot laconique restait sur la table :

<p class="customformat2">Puisqu'il n'y a plus rien pour moi ici.</p>

Fogos froissa le papier en soupirant :

Il reviendra. Quand il aura la tête froide.

Mais les jours devinrent des semaines, les semaines des mois, et bientôt des années.

Le temps, ce voleur silencieux, continua son œuvre implacable.

Eleandre épousa Yvana.

Petra connut aussi le bonheur. Harold Solmor se révéla être l'homme que son cœur avait pressenti : loyal, intelligent, et profondément bon. Leur union fut bénie par un fils, André, qui hérita de l'intelligence de son père et de la détermination de sa mère. 

Petra et Edith tinrent leur promesse : Salins devint un port de pêche prospère, leurs flottes sillonnant les eaux poissonneuses.

Fogos, fidèle à ses ambitions, gravit les échelons de l'influence. Conseiller écouté, son nom était respecté.

Mais le temps qui donne prend aussi.

Ce fut lors d'une expédition avec son mari et ses filles que'Yvana périt.

Puis vint la guerre contre les Profonds de Cthulhu.

Salins, port, se retrouva en première ligne. Petra tomba lors d’une bataille fut terrible où les eaux se teintèrent de sang. Petra ne revit jamais le port.

André dut endosser l'héritage de sa mère. 

Puis la guerre fut gagnée.

L'Abri des Petits Héros

L'automne était revenu sur Salins, peignant les arbres de teintes rousses et dorées. Dans les rues du port, la vie avait repris son cours, mais une mélancolie flottait dans l'air comme une brume persistante.

Eleandre marchait tranquillement vers l'Abri des Petits Héros. L'orphelinat fondé par la paladine Ammantyl allait bientôt ouvrir.

Fogos, le voyant arriver, lui lança depuis l'entrée de l'orphelinat :

Tu es en retard, mon vieil ami.

Ses tempes grisonnantes et les rides autour de ses yeux trahissaient le poids des responsabilités portées pendant tant d'années.

Edith supervise le comptage des dons. André devrait nous rejoindre sous peu.

Ils pénétrèrent dans la grande salle où les préparatifs de l’inauguration menait bon train.

Maître Nédufeu ! Maître Longueterre !

La voix tonitruante d'Ammantyl résonna dans la salle. La paladine, massive et imposante, s'approcha d'eux de sa démarche assurée. Ses écailles brillaient à la lumière des chandelles.

Vos dons sont les bienvenus. L’orphelinat va devenir une réalité. Graces en soient rendues à Bahamut... et à vous !

Eleandre inclina la tête respectueusement.

Nous n'oublierons jamais ce que tu as fait pour Salins, Ammantyl. Cet orphelinat est une lumière après l'obscurité de la guerre. Pour tous les enfants dont les parents ont été victimes des profonds.

La paladine posa une main étonnamment douce sur l'épaule du vieil aventurier.

Les enfants sont notre avenir. Chacun d'eux est un héros en devenir. Qui sait ?

Edith arriva peu après, suivi d’André. Le jeune homme avait les yeux de sa mère, cette même détermination qui ne fléchissait jamais, et le charme de son père. Tout sourire, ce dernier annonça :

Tout a été compté, L’orphelinat ne manquera de rien.

Eléandre posa sa main sur l'épaule du garçon, le plus jeune membre du conseil, avant de lui murmurer :

Ta mère aurait été fière. Je le sais. C'était une amie très chère...

Un voile de tristesse passa sur le visage d'André, mais il hocha la tête.

Le vol

Le lendemain matin, le cri d'Ammantyl déchira l'aube.

PAR BAHAMUT !

Mandés par la paladine Eleandre, Edith, Fogos et André accoururent, inquiets. Ils la trouvèrent devant les portes grandes ouvertes de la réserve où étaient stockés les dons.

À l'intérieur, les étagères étaient vides. Les coffres éventrés. Les sacs éventrés.

Tout... Tout a disparu. Les dons. La nourriture. Les vêtements. L'or.

La voix puissante d'Ammantyl tremblait d'une rage contenue. 

Eléandre contempla le désastre :

Impossible. Les portes étaient fermées. Les serrures enchantées. Comment...
Là !

André pointait du doigt. Sur la porte intérieure, quelque chose brillait à la lumière du matin.

Une dague. Plantée dans le bois avec force. Et sur sa garde, un parchemin soigneusement plié.

Eleandre s'approcha lentement, une sensation glacée se répandant dans ses veines. Quelque chose dans la forme de cette dague lui était familier. Trop familier.

Ses mains tremblaient alors qu'il retirait le parchemin et le dépliait.

Les mots dansèrent devant ses yeux. L'écriture. Cette écriture qu'il n'avait pas vue depuis des annéess.

Edith lut par-dessus son épaule et porta une main à sa bouche, étouffant un cri. Fogos s'approcha à son tour, et son visage se vida de toutes couleurs.

André, alarmé par leur réaction, s'écria :

Que dit ce message ?  Qui a fait cela ?

Eleandre ne répondit pas. Il ne pouvait pas. Car au bas du parchemin, tracé avec un soin méticuleux, se trouvait un symbole qu'il avait cru oublié. Un symbole de leur enfance.

Et dans la froideur de ce matin brumé, le fantôme de leur passé venait de ressurgir des brumes de l'oubli.

Quentin. Après toutes ces années... »

Le parchemin tremblait entre ses doigts, porteur d'un message dont il ne pouvait encore mesurer toute l'ampleur. Mais une chose était certaine : le jeu qu'ils avaient cru terminé il y a des années plus tôt ne faisait que commencer.

1 Longue nuit Fête 1491 CV

Été
 
Lieu
Salins
Protagonistes
PJ
Organisations
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Monstres notables
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Autres monstres
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Objets notables
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Lieux visités
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