Session XXXVIII : Le repaire du Seigneur Liche

General Summary

D'un geste rapide, Virgile réarma son jezail et visa l'entrée. Les pas se rapprochèrent et il se s'accroupit pour stabiliser sa visée. Ikit se prépara à lancer un sortilège dès que l'ombre passerait la porte mais...

« Vous allez bien ? »

La voix grave et sombre de Netharius Scourge résonna dans la pièce. Un soupir se fit entendre de la part des deux mercenaires encore debout. Après un petit silence, Virgile répondit :

 « Cela pourrait être pire. On a failli tous y passer. »

Le squelette entra dans la pièce et vit le théâtre de la scène tragique qui venait de se dérouler. Il vit le corps d'Elaron au sol, jeta un regard aux deux autres, le visage fermé.

« Je ... je vais remonter son corps. On l'enterra à la surface. Je crois qu'il aurait préféré. »

Les mercenaires remontèrent le corps, et une fois à la surface, ils le mirent sur un lit de camp dans une des tentes. La fin de journée fut consacrée au repos, à la restauration des forces de chacun. Virgile s’occupa du corps de son duo de toujours. Il nettoya les plaies, et s’attela à redonner une apparence présentable à son compagnon pour un dernier au revoir. Ensuite, aidé par Netharius, il alla couper du bois et prépara le bûcher. À la tombée de la nuit, alors que le soleil colorait le ciel de grandes traînées orange, rose et rouge, ils se rassemblèrent devant le petit monticule de bûches que le sniper avait dressé avec l’aide de ses compagnons. Ikit entama un thème que les mercenaires n’avaient jamais entendu, un thème qu’il n’avait encore jamais joué, mais qu’il avait composé il y avait de ça bien longtemps. La mélancolie résonnait dans la flûte du barde, et le cœur lourd, ceux qui n’avaient pas l’habitude de dévoiler leurs sentiments parlèrent. Netharius commença, sentant que Virgile souhaiterait avoir le mot de la fin.

« Puisses-tu ne pas prêter attention aux paroles de Charon lorsque tu voyageras sur la Rivière des âmes et rester loin de ses propositions manipulatrices. »

Après un silence, le pistolier prit la parole.

« Tu ne tomberas pas dans l’oubli, toi qui avait autant de vie qu’un chat, qui avait le courage du lion et la verve d’un tengu. Que Pharasma te réserve une place dans l’Élysée, car c’est là que ton cœur te mène et te mènera à jamais. Puisses-tu me réserver une place quand mon heure viendra. N’oublie pas, toujours garder un pistolet chargé à portée de main et tout ira bien. À bientôt, ami. Nos chemins se recroiseront tôt ou tard. »

La torche fut posée aux pieds du bûcher, et rapidement les flammes s’élevèrent dans le ciel. Il y avait maintenant deux brasiers rouges qui éclairaient le ciel et la terre. La musique d’Ikit berça encore quelques minutes le tableau muet, ajoutant des envolées faisant penser aux histoires que le pistolier vagabond racontait autour d’une bière, où il sauvait veuve et orphelins, où il domptait la tempête et il bravait le destin et décapitait des démons. Puis la tristesse revint dans le thème, pour finalement se clôturer sur une note d’espoir.

Le ciel était maintenant d’un bleu nuit, et la lune se dessinait à l’horizon opposé où le soleil venait de s’éteindre. Le feu brûlerait encore pendant quelques heures, jusqu’à devenir une pile de braises, qui deviendraient elles-mêmes des cendres, qui s’éparpilleraient le lendemain matin, soufflées par le vent puissant qui balayait la région, pour finir à des kilomètres d’ici, peut-être même jusqu’à la mer ou d’autres régions pleines d’aventures et d’inconnu …

De retour autour du feu du campement, les trois mercenaires surprirent Dromi en pleine conversation avec Bordak. Ils discutaient de la dangerosité de l’exploration de ce sanctuaire. La conversation était animée, mais ils se turent lorsqu’ils virent les trois compagnons, puis le gnome prit la parole :

« Cela tombe bien, je voulais justement vous parler de quelque chose. Nous avons bien compris que plus nous nous enfonçons dans ce sanctuaire, plus les risques sont grands. Nous discutions justement de la démarche à suivre en sachant cela, et il a été décidé que malgré les dangers, allons continuer nos recherches jusqu’à ce qu’elles soient finies. En revanche, il est clair que nous allons ajouter une prime de risque à cette expédition… Je regrette vraiment ce qui est arrivé à Elaron, c’était un brave homme. »

« Nous aussi… On accepte la prime de risque. On reprendra l’exploration demain matin. » ajouta Netharius. Et c’est ce qu’ils firent.

Le lendemain matin, les mercenaires replongèrent dans les profondeurs du sanctuaire avec une première tâche en ligne de mire : rapporter le corps de Sa-zu à son esprit. Lorsqu’ils passèrent devant la forme éthérée, la forme du vieil homme errait dans un état anémique. L’absence de son corps et sa liberté relative toute fraîchement retrouvée ne lui avaient pas encore permis de recouvrir complètement ses esprits. Ils arrivèrent alors dans la cellule et ramassèrent le corps mutilé par les balles du pistolier, à moitié mangé par les vers que le barde avaient invoqués pour l’occasion. Ils l’emballèrent dans un tissu et le transportèrent en se masquant le nez et la bouche pour l’odeur. Lorsqu’ils arrivèrent dans la pièce où résidait son esprit, le fantôme s’anima d’une énergie nouvelle et ce fut comme s’il se réveillait d’un long sommeil.

« Vous… vous avez réussi ! Mille fois merci étrangers ! Vous ne savez pas à quel point cela me réconforte. Grâce à cela, je vais pouvoir sortir de cette pièce maudite, et si vous comptez aller jusqu’au bout et que vous affrontez le liche, sachez que je serai à vos côtés. Ma quête de vaincre cet être maléfique n’est pas finie. Je sais que je n’ai pas la force de le détruire mais je ne compte pas baisser les bras. Ce n’est pas parce que je n’ai pas réussi à le tuer de mon vivant que je ne pourrai pas le faire dans l’après-vie... »

L’esprit de Sa-zu réintégra son corps, et pendant une seconde une lueur bleue illumina la surface du cadavre mutilé, avant de disparaître. Puis le sol autour se mit à luire d’une aura bleutée et verdâtre, qui passa telle une onde dans toutes les pierres de la pièce. Un sorte de léger tintement se fit entendre puis le silence retomba sur dans la pièce. Quelque chose avait changé. Le sentiment de souffrance et de malaise qui imprégnait avant la salle avait disparu, et une émotion de satisfaction, de sérénité avait remplacé les traces négatives dans l’atmosphère. Ils sentaient l’esprit du vieil homme tué par le liche voguer dans les airs. Il était maintenant là, avec eux, et serait prêt à les aider en cas de danger.

Les mercenaires reprirent alors les recherches et Ikit et Virgile mirent au courant le thaumaturge de leurs découvertes. Le squelette demanda à ses compagnons de ne pas reprendre l’exploration trop tôt, car il désirait consulter la bibliothèque. Sa quête du savoir était en effet primordiale dans son engagement dans cette mission, et il ne comptait pas laisser les intérêts de l’archéologue gnome passer avant les siens. Virgile et Ikit se dirent qu’un petit repos dans l’exploration ne ferait probablement pas de mal et ils en profitèrent pour affûter leurs armes, préparer le prochain affrontement. La mort d’Elaron les avait frappés et ils se dirent qu’il valait mieux assurer le prochain coup.

Le thaumaturge passa le reste de la journée dans la bibliothèque, consultant les ouvrages de savoirs généraux pour, petit à petit, bifurquer vers les ouvrages concernant la magie, et plus spécifiquement la nécromancie. Il avait d’abord essayé la magie divine, cherchant dans des ouvrages classiques la réponse à sa question, mais rien n’y fit. C’est pourquoi il se tourna alors vers des manuscrits approfondissant la question de l’immortalité, de la puissance lié à l’âme, à l’essence de l’esprit mais également à ce que signifiait la vie, même après avoir être passé par la Rivière des Âmes, même après avoir rencontré la Dame en Noir ou le Passeur. Il sentait que sa vie dans l’au-delà n’était pas faite pour durer et qu’il devait trouver le moyen de se forger une carapace suffisamment forte pour tenir son esprit dans le plan matériel pour l’éternité. C’est uniquement cela, qui permettrait d’apaiser son esprit tourmenté par la soif de puissance. Avec avidité, il plongea dans les ouvrages tel un prédateur dévorant tout ce qu’il pouvait pour rester en vie, pour regagner des forces jusqu’à son prochain combat.

Dans l’obscurité, une bougie éclairant le gros livre intitulé « La vie après la vie », il crût entendre une respiration derrière son épaule. Il se retourna en sursaut, mais la pièce était visiblement vide. Son visage scruta les lieux de gauche à droite, lentement, passant chaque élément visible au peigne fin, car il était certain d’avoir ressenti quelque chose. Il vérifia sa lanterne, voir si elle s’était mise à briller, car cela aurait confirmé ses soupçons. La cage métallique dans laquelle un fragment de son propre corps d’antan était enfermé était toujours éteinte. Cela le rassura et il se pencha à nouveau sur le manuscrit, et il ne sut si le rire qui résonna dans sa tête quelques seconde après était le fruit de son imagination ou la réalité. Il releva les yeux sur la lanterne toujours inerte et décida que cela devait être la manifestation de ses propres craintes.

« On verra qui rira le dernier, Monsieur le Faucheur... » songea-t-il en continuant sa lecture.

Lorsque Virgile vint le chercher, le thaumaturge fulminait presque.

« Tout va bien Netharius ? »

Tournant le dos au pistolier, le squelette brisa le crayon qu’il avait en main, puis s’il avait été vivant, il aurait pris une grand inspiration suivi d’un long soupir pour retrouver son calme. Mais cela faisait longtemps que le souffle l’avait quitté, alors il se retourna simplement, avec une expression impassible, et répondit d’un ton glacial.

« Tout va… bien. Rien d’intéressant dans ces ouvrages, ce Néphirion n’a pas l’air de tant si connaître au final. Il a une bibliothèque élégante, mais vide d’intérêt. »

Il disait cela par frustration en espérant que l’hôte des lieux allait l’entendre l’insulter car il voulait lui faire comprendre que les livres qu’il avait trouvés n’étaient pas à la hauteur de ses attentes. Il n’avait pas trouvé ce qu’il cherchait. De nombreux ouvrages faisaient référence à l’immortalité, mentionnant par exemple l’élixir de fleur solaire, ou d’autres moyens ésotériques, mais tout ce qui touchait à la nécromancie était lacunaire. On aurait dit que des chapitres avaient été retirés, que des pages avaient été arrachées, que des livres avaient été déplacés en d’autres lieux, là où les yeux indiscrets ne pourraient les voir.

Ils quittèrent la pièce pour retrouver Ikit devant la porte de l’ossuaire.

« Seules les personnes partageant leur plus proche expérience avec la mort seront admises en ces lieux. » relit l’ysoki à haute voix. Après un moment d’hésitation, Virgile commença :

« Je veux bien me lancer… »

Il souleva la manche de son avant-bras droit et montra à ses compagnons une marque qu’ils n’avaient encore jamais vue.

« J’ai commencé tôt à être un tueur à gage. Pas parce que j’étais fier de cela, ni parce que j’avais des envies de meurtres, mais parce que j’étais le meilleur et que mes parents étaient une pauvreté extrême. Je tuais souvent des rats pour avoir de quoi manger pour ma famille (*no offense Ikit*) J’ai appris à tirer quand j’étais jeune et j’avais l’œil. Cependant, ce n’est pas passé inaperçu auprès des gangs locaux et un soir on m’a enlevé. Ils m’ont fait vivre un enfer et j’ai crû que j’allais y passer. Mais ils ont dû changer d’avis et se dire que j’étais davantage utile vivant que mort. Ils m’ont marqué d’un sceau magique pour me retrouver, où que j’aille, et régulièrement, je reçois un message de mes commanditaires pour m’ordonner d’abattre tel ou tel homme. Avant, je le faisais pour tirer ma famille d’affaire, mais maintenant je tue pour ne pas la perdre... »

Un petit silence se fit. Aucun commentaire ne fut fait. Chacun savait qu’ils allaient devoir y passer et ils savaient qu’ils préféraient une écoute sans autre implication que d’entendre une histoire brute, sans ajout ou excès d’empathie pour se faire passer pour quelqu’un qu’ils n’étaient pas. La mort, ils l’avaient tous affrontée et ils savaient que ce n’était jamais agréable. Ikit prit la parole.

« Mes parents m’ont vendu quand j’étais jeune. Ils n’avaient pas assez d’argent et les conditions de la régions n’étaient pas favorable à un enfant de plus. C’était probablement cela ou alors ils auraient dû m’abandonner car ils n’avaient pas de quoi me nourrir. J’ai été acheté par un équipage de pirates. J’ai directement vu que quelque chose était spécial avec les membres de l’équipe. Des déformations, des écailles sous la peau, des yeux jaunes et autres excroissances.
Quand j’ai rencontré le capitaine j’ai compris : il avait une sorte de malédiction. Un fait du destin ou damnation féerique, personne ne l’a jamais su. La nuit même où je suis monté sur le bateau, ils ont procédé à une sorte de communion, dans les cales du navire. Le capitaine m’a fait boire une sorte de liquide, un mélange de son sang et d’autres substances que je ne connaissais pas. Cela m’a mis dans un état de transe abominable. J’ai hurlé et me suis débattu alors que j’essayais de vomir le liquide mais ils m’avaient attaché une sorte de muselière et j’ai failli m’étouffer dans la tentative. J’ai transpiré jusqu’à avoir l’impression de ne plus avoir d’eau dans mon corps. Le monde tournait autour de moi tandis que je les entendais s’esclaffer. J’ai crû que j’allais y passer… mais je me suis finalement réveillé. Je ne sais pas combien de jour j’ai dormi. Au final j’ai survécu, mais changé à jamais. »

L’ysoki montra sa patte gauche et découvrit sous sa tunique le membre insectoïde, long et fin, noir et luisant comme les membres d’une mante. Les yeux de ses compagnons brillèrent d’horreur mais également de fascination. Après que ses collègues aient eu suffisamment de temps pour contempler l’étrangeté de son anatomie, il remis sa tunique par-dessus sa jambe féerique.
Après un moment suffisamment long pour qu’un léger malaise s’installe, Netharius ouvrit la bouche :

« J’ai recherché le pouvoir toute ma vie, et je l’ai trouvé dans la magie. La pratique des arts occultes m’ont permis d’acquérir puissance, respect, crainte de mes pairs, et liberté totale. Je régnais dans ma région et tout le monde savait qui était Netharius le Sorcier, mais malgré tout, un vide m’a toujours consumé de l’intérieur. J’ai quitté ma terre d’origine pour trouver une réponse à cette faim dévorante et je me suis nourri de magie plus encore et j’ai exploré des lieux maudits pour en apprendre davantage sur les sortilèges liant les éléments de ce monde entre eux.
J’ai donc été chercher plus loin, dans les recoins des arts de la nécromancie. Et durant ces expérimentations, j’ai rencontré la Mort… en personne. Charon m’est apparu et m’a proposé un marché. Il m’a proposé de troquer mon âme contre l’immortalité de la non-vie. J’ai pu voir mon corps pourrir avec le temps. J’ai contemplé la déchéance d’une ère révolue à jamais. J’ai pu voir mon âme enchaînée à la barque de Charon sur la Rivière des Âmes… mais mon esprit a persisté. Mais ma quête n’est pas terminée, car je sais que je trouverai le moyen d’aller jusqu’au fond du puits infernal qu’est la recherche du pouvoir. Actuellement, le Faucheur se rit de moi car il pense avoir gagné son marché, mais un jour je serai celui qui aurait le gouvernail de mon destin en main et son sourire se transformera en grimace. Ce n’est qu’une question de temps... »

Ses deux compagnons échangèrent un regard. Le récit de Netharius était encore plus morbide qu’ils l’avaient imaginé. Ils avaient décidé de ne poser aucun jugement sur le partage des expériences de chacun et pourtant… ils ne pouvaient pas s’empêcher de constater qu’il y avait un gouffre entre leur vécu et le sien. Ni l’humain, ni l’ysoki n’étaient des enfants de choeurs, mais ils se sentaient tellement innocents à côté de la menace en puissance qui se trouvait à côté d’eux. Cependant, il s’agissait de régler un seul problème à la fois. Ils faisaient partie de la même équipe, et cette pensée les rassura, et tant que la mission ne serait pas finie, l’ambition de Netharius resterait un souci pour le futur.

La porte s’ouvrit et les deux battants écartèrent une quantité invraisemblable d’ossement pour laisser passer les mercenaires. Ils pénétrèrent dans la pièce gigantesque et ce qui les frappa dans un premier temps, mis à part la présence de milliers d’ossements recouvrant le sol maintenant invisible, fut les quatre piliers massif soutenant la voûte recouverte de gravures morbides. De l’autre côté de la grande pièce carrée, un trône était placé, et, en demi-cercle derrière celui-ci, des autels. Sur le meuble d’obsidienne, une silhouette décharnée se profilait.

« Approchez, n’ayez pas peur. »

Le liche était là, assis sur son trône comme le seigneur de la Mort, avec une posture qui dégageait une assurance sans faille. Des vêtements somptueux recouvraient son squelette vide. Des bagues aux doigts et un pendentif autour du cou, il était clair qu’il désirait donner une impression de pouvoir et de grandeur à sa personne décédée. Une couronne métallique sur le front, surmontée d’une améthyste, attira l’attention de Virgile.

« Que venez-vous faire dans mon sanctuaire, mortels ? »

Les mercenaires pouvaient sentir la présence de nombreux esprits virevoltants dans la pièce. Des petites tornades immatérielles les emmenaient vers le plafonds, puis s’éteignaient et laissaient retomber les âmes emprisonnées dans ces lieux maudits.

« Nous explorons… dans le but de pacifier les lieux. » répondit l’ysoki.

« J’ai crû comprendre. Depuis que vous avez libéré mon gardien je dois garder un œil sur vous. As-tu trouvé lecture à ton goût, mon cher Netharius ? »

« Pas totalement. J’ai eu la vilaine impression qu’on m’observait, c’était donc vous. »

Virgile fit signe à son compagnon de gagner du temps, et tandis qu’il faisait semblant d’inspecter l’architecture, se cacha derrière un pilier et observa les angles d’attaque possible. Même si les hostilités n’avaient pas encore débuté, le pistolier était certain que ce n’était qu’une question de temps. Le liche avait clairement été identifié comme maléfique et il savait que lui faire confiance était dangereux. Son esprit pragmatique lui dictait de sauter sur la moindre opportunité qui lui permettrait de prendre l’avantage. Netharius relança la conversation, mais ne put dire si les orbites vides du mage squelette avaient pu détecter les plans de son collègue.

« À dire vrai, il est clair que certains ouvrages manquaient. Dans un bibliothèque si fournie, cela m’a fortement étonné. »

« Il m’a semblé que tu étais intéressé par la nécromancie, et plus particulièrement concernant l’immortalité et la résurrection. Je me trompe ? »

Netharius sentit que la conversation aller arriver à un tournant. Il n’avait aucune gêne à être percé à jour comme cela, mais le ton de Néphirion ne présageait rien de bon… à moins que.

« C’est cela en effet. Bien que je sois immortel comme toi, je crains que mon esprit ne s’affaiblisse et finisse par laisser mon corps errer sans but. L’immortalité n’est rien sans la conscience. »

« Si seulement tu étais une liche, comme moi, tu n’aurais plus ce type de problème. La puissance des rituels, enfermant la magie dans mon corps me permet de garder ce contact pour l’éternité. Mais pour cela, il faudrait probablement consulter les livres qui se trouvent ici. » Et il pointa d’épais livres qui se trouvaient étalés sur les tables de pierres derrière lui. Netharius fit un pas en avant.

« Je ne vous cacherai pas que c’est ce que mon cœur désire. »

Ikit était tendu comme un arc tendu prêt à claquer. Lui aussi sentait que cela allait vriller d’une seconde à l’autre. Virgile avait pris position, et mettait doucement son arme en joue.

« Je te laisse le libre accès, et je veux bien même t’épauler dans les rituels. Mais à une condition.
Tue tes compagnons ».

Bien que la proposition choqua les mercenaires, c’est le silence qui suivit qui fit hérisser les poils de l’ysoki et de l’humain. Netharius était supposé gagner du temps, mais sa prestation devenait trop convaincante que pour être anodine.

« Quelle serait la preuve que je peux vous faire confiance sur ce marché ? »Un sourire se dessina sur le visage squelettique de Néphirion. Il attendit quelques secondes.

« Il n’y en a aucune. À prendre ou à laisser. »

Virgile ajusta sa visée pour tirer sur la couronne qui trônait sur la tête du liche, et alors qu’il appuyait sur la gâchette, il put voir du coin de l’œil que Netharius accourait dans sa direction, le fléau d’arme à la main, un sourire carnassier son visage, dont les traits inquiétants étaient soulignés par les lueurs de sa lanterne. Ikit démarra une incantation, marmonnant des chants anciens, presque oubliés par les mortels, car en ce moment, Virgile et lui allaient avoir de magie ancestrale pour s’en sortir. À trois contre le liche, ils avaient peut-être une chance, mais avec le thaumaturge rejoignant le rang des ennemis, il comprit qu’ils allaient probablement rencontrer Pharasma cette nuit.

Alors que le combat débutait, les aventuriers virent leur vision de la scène se brouiller. Ils s’éloignaient, voyant le combat de plus en plus haut jusqu’à ce que leur esprit traverse le haut de la voûte, plongeant les hostilités complètement dans le noir, et le son des armes, des sortilèges et coups de feu furent étouffés, comme s’ils avaient la tête sous l’eau. Ils reprirent leurs esprits sur leurs chevaux, à l’entrée du Sanctuaire de Nethys. Ils avaient suivi les derniers jours des mercenaires, mais cela s’arrêtait là. Quelques secondes s’étaient déroulé et pourtant, avec la quantité d’émotions qu’ils avaient vécue, ils avaient l’impression d’avoir vieilli d’une année complète...

Date du Rapport
14 Apr 2024
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