Session XXXIX : Le Retour de Netharius
General Summary
Les aventuriers avaient encore la tête qui tournaient. Autour d’eux, le camps était dévasté. Des cendres avaient remplacé le feu au centre des tentes, que la bruine du matin venait rafraîchir. Drark se dirigea vers le nord du sanctuaire, et put apercevoir les restes du bûcher construit pour Elaron, le mercenaire qu’il avait suivi de si près.
Une pensée lui traversa alors l’esprit. Il se dirigea vers une des tentes et découvrit le sac du pistolier. Il reprit les objets de valeur tout en remerciant silencieusement l’humain qui avait rejoint l’au-delà. Les compagnons se retrouvèrent devant le sanctuaire pour faire le point.
« Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j’ai l’impression qu’on ferait mieux de quitter les lieux et ne plus jamais remettre les pieds ici. » commença le gobelin.
« Drark, le fantôme que les mercenaires ont libéré, c’est mon grand-père. » répliqua Marduk.
« Et alors ? Il est libre maintenant non ? » ajouta Baltazar.
« Vous avez bien vu que non. Il a fait le serment, avant de mourir, de purifier les lieux et de tuer le liche hantant ces lieux. Parce qu’il a été tué par ce dernier, torturé, il est maintenant destiné à errer dans ces lieux à jamais. »
« Tant que son serment ne sera pas rempli, il continuera à côtoyer la non-vie et la non-mort, jusqu’à devenir un être corrompu et maléfique. » ajouta Vidar. Les autres se retournèrent vers lui, avec des expressions étonnées. Il répondit avec un petit hochement de menton :
« Je m’y connais en esprit. »
« Mais vous avez vu ce qui s’est passé dans l’ossuaire non ? Ils sont probablement tous morts, et je ne sais pas si on aura la force de les vaincre. Si ils sont morts, ne vont-ils pas aller grossir les rangs du magicien morts-vivants ? Baltazar, ramène-les à la raison. S’il te plaît ! »
« J’avoue que je penche plutôt de son côté. On n’a pas d’impératif de résoudre cela maintenant. On pourrait revenir plus tard. Le risque me paraît grand, on pourrait y rester... »
« Je peux faire une divination si vous souhaitez, voir si les augures sont bonnes. » ajouta l’oracle.
« Quand a-t-on déjà eu voulu de tes prédictions ? » marmonna l’iruxi entre ses dents.
« Pardon ? »
« Rien rien, fais comme bon te semble... »
L’oracle s’éloigna alors quelques instants, traça des symboles divinatoires sur la terre battue et s’assit au centre. Il ralentit sa respiration et entra rapidement dans une sorte de transe. Il se trouva rapidement dans un autre lieu, dans une autre temporalité. Il était dans une caverne, semblable à celles de son enfance. La pièce brillait très faiblement d’une lumière verte, comme si cette dernière sortait directement des gros blocs taillés des murs. Une ombre, debout devant lui le dominait, encore assis en tailleur. Il ne parvint pas à distinguer s’il s’agissait de Brokk, Fafnira ou Tuisto, ou même un de ces autres ancêtres. Il ne put entendre que les mots qui résonnèrent dans la caverne :
«Les esprits malfaisants hantent ces lieux maudits
Une aide viendra contre ces ennemis
Par l'acier et la magie ils périront
Auprès de Pharasma ils retourneront »
Il cligna des yeux et revint à la réalité. Cela n’avait pas dû durer plus de dix minutes. Il se leva et se dirigea vers ses compagnons, qui étaient toujours occupés à argumenter.
« Mais on va crever je te dis, vociféra l’alchimiste, c’est un endroit où on enterre les morts et bientôt il y aura nos corps qui vont venir s’ajouter à l’énorme pile d’ossements dans la dernière salle ! »
Les trois compagnons virent le nain se rapprocher et ils lui adressèrent un regard interrogatif.
« Nous vaincrons ! Ma vision prédit notre victoire mes amis ! » dit-il, enthousiaste et plein d’énergie.
« Aaarrgh ! Facile à dire pour toi, qui est déjà mort une fois ! Ben figure-toi que ce n’est clairement pas dans mes plans !». Drark fulminait et cherchait du soutien chez Baltazar, mais celui-ci était silencieux. Le ruffian avait les mains sur les hanches, ne sachant pas trop comment se positionner par rapport à tout cela. Bien qu’il l’appréciait, il n’avait aucune confiance dans les visions de Vidar. Marduk se rapprocha de lui.
« S’il te plaît, fais-le pour moi. J’ai vraiment besoin de clôturer ce chapitre avec mon grand-père. Je t’en devrai une ensuite. Tu pourras me demander quoi que ce soit. Promis. »
Le roublard n’avait toujours pas bougé, regardant toujours le gobelin qui tapait du pied un peu plus loin, expliquant avec de grands gestes et beaucoup d’énergie au crépusculaire à quel point c’était une mission suicide en s’arrachant presque les cheveux.
Baltazar finit par pousser un long soupir puis répondit :
« D’accord, je veux bien y aller. »
« QUOII ?!? Mais tu devais les ramener à la raison ! PAS LES SUIVRE DANS UN PIÈGE FOIREUX ! »
« Je sais, mais je pense que si on ne l’aide pas, Marduk va aller se faire tuer seul, ou pire, faire tuer Vidar dans son entreprise. On a plus de chance de survie si on reste soudés. »
Drark n’en croyait pas ses oreilles vertes et poinutes. Il resta bouche bée pendant quelques secondes, cherchant les mots pour raisonner ses compagnons, mais en passant son regard de l’un à l’autre, il comprit que leur décision était prise. Marduk irradiait de détermination et sa confiance dans l’entreprise avait été maintenant cimentée par le message prophétique de Vidar. Le nain également semblait solide comme un roc et on pouvait voir qu’il avait déjà son esprit dans les profondeurs du sanctuaire. Quand son regard vint se posa finalement sur l’iruxi, ce dernier haussa les épaules avec une petite expression désolée.
« Bon, je vous suis… dit-il avec un long soupir, mais je n’hésiterai à fuir si cela tourne au vinaigre. Je vous aurai prévenus ! »
« Parfait ! Je n’en attendais pas moins de toi !» blagua le champion avec un grand sourire et une tape sur l’épaule du gobelin.
« Venez, la journée est encore longue. Je propose qu’on inspecte les lieux afin de vérifier s’il y a eu du mouvement entre nos visions et notre arrivée. Nous ne savons pas combien de temps s’est déroulé entre les deux. »
Ils descendirent dans les profondeurs en ouvrant l’œil aux moindres détails, regardant si les lieux avaient changés, s’il y avait de l’activité entre l’épopée des mercenaires et leur arrivée. Ils ne trouvèrent pas de trace affirmant le passage de nouveaux individus. En passant devant la liane-serpent inerte, l’alchimiste nota dans un coin de son esprit de repasser par là pour collecter le venin de cette plante, car il valait une petite fortune.
« Si je survis... » pensa-t-il.
Ils arrivèrent jusque dans la pièce où l’esprit de Sa-zu avait été autrefois enfermé, puis libéré par les mercenaires. Vidar et Marduk tentèrent d’entrer en contact avec l’esprit du grand-père décédé. Malgré leurs efforts, ils ne purent parvenir à discerner correctement le fantôme, mais ils sentirent tous les deux que son esprit hantait encore les lieux, les poussant vers l’avant et les soutenant par sa présence invisible. Ils interprétèrent cela comme une aide immatérielle, qui les épaulerait en cas de conflit, et continuèrent vers l’avant. Le groupe s’arrêta alors devant la porte fermée de l’ossuaire. L’inscription était toujours présente, ils se mirent alors à raconter leurs expériences avec la mort.
Marduk débuta avec son expérience dans les camps de Mirben, terminant son récit avec sa tentative de suicide et le sauvetage de Sarenrae. Vidar enchaîna avec sa mort malencontreuse, son voyage sur dans la Rivière des Âmes et sa rencontre avec la Dame Noire. Sa peau grisâtre en était la marque. Drark raconta une aventure qu’il avait eue avec ses compagnons actuels : lorsqu’ils avaient aidé la famille Lancaster à désacraliser le Temple de Norgorber et que les Ombres étaient venues pour tenter d’interrompre la rituel, il avait été pris par surprise par le Ceustodaémon et il était passé à deux doigts de la mort. Le champion kéleshite était finalement venu à sa rescousse mais il s’en était fallu d’un cheveu. Ses souvenirs de ces instants étaient encore brouillés, tâchés de sang et confus dans cette maison qui prenait totalement feu, soumise au souffle infernal du daémon. Baltazar finit par raconter son expérience avec…
La porte maintenant débloquée, ils entrèrent avec grand fracas, s’étant mis d’accord sur le fait que Marduk tenterait d’attirer l’attention sur lui pour permettre au roublard de passer inaperçu. Il faudrait qu’il atteigne le sorcier de manière furtive pour lui tomber dessus et lui faire la peau. Le champion donna un grand coup de pied dans les battants et entra, bouclier levé et la fureur dans les yeux. Quelques semaines plus tôt, il n’aurait jamais imaginé que cela se déroulerait comme cela, mais il allait en croisade pour venger son grand-père.
« Prépare-toi à mourir pour de bon, Néphirion ! »
Le liche était sur son trône, comme en transe, et il se réveilla de son faux sommeil pour se relever au bruit du coup de pieds dans la porte. Baltazar en profita pour se faufiler derrière un pilier sur la gauche, tandis que Drark se déplaçait sur la droite. Ils allaient tenter de prendre le mort-vivant en tenaille, mais ils n’étaient pas encore arrivés. La taille de la pièce serait en la faveur du lanceur de sorts, car ils avaient plus d’une vingtaine de mètres à parcourir avant d’arriver sur leur cible.
Voyant de nouveaux adversaires prêts à écourter sa vie éternelle, Néphirion tendit la main vers le centre de la pièce et lança une invocation.
« Viens à moi, NETHARIUS SCOURGE !! » cria-t-il à la fin de son incantation.
Au centre de la pièce, le sol trembla, et de la poussière tomba du plafond. Pendant une seconde, les aventuriers eurent l’impression d’avoir affaire à un tremblement de terre, mais ils changèrent rapidement d’avis lorsqu’ils virent un esprit tournoyer dans les airs au-dessus d’eux pour ensuite plonger sous les ossements qui recouvraient le sol, à mi-chemin entre eux et le liche. La masse d’os qui reposait devant eux se mit à s’animer. Et il ne s’agissait pas de n’importe quels os : ils ignoraient si Néphirion avait tué un géant dans cette crypte ou s’il était parvenu à créer des os à partir d’assemblages alchimiques, mais le squelette qui s’éleva devant eux faisait plus de six mètres de haut. Des lumières bleues apparurent là où les iris étaient autrefois présents dans ce crâne énorme, et les aventuriers reconnurent la lueur malicieuse de Netharius. Ils comprirent alors que le thaumaturge n’avait pas encore eu le temps de finaliser les rituels avec l’aide du magicien maître des lieux, et qu’actuellement sa forme spirituelle n’avait pas encore eu la possibilité de devenir un liche. S’ils étaient arrivés quelques semaines plus tard, ils auraient eu affaire à deux maîtres des arts nécromantiques. À ce moment-là, en face de ce titan squelettique, ils ne savaient pas encore si cela était une bonne chose.
Les regards des aventuriers se croisèrent, et ils purent constater que tout le monde avait le même sentiment : Néphirion était la cible à abattre en priorité. Il était certain que Netharius soit une menace d’envergure, mais ils n’avaient aucune idée de quoi était capable le lanceur de sorts, mais cela ne présageait rien de bon. Marduk leva son bouclier et avança vers le géant, prêt à encaisser pour son équipe, tandis que Vidar lançait une incantation sur le magicien, tentant d’affaiblir sa structure physique. Des vers apparurent et se mirent à attaquer son corps, mais après quelques instants, le liche parvint à conjurer le sort qui l’atteignait. Baltazar continua sa progression vers le sorcier, sautant du couvert du premier pilier pour se placer derrière le second, prenant ses précautions pour rester furtif. Voyant le titan squelette se lever, le gobelin décida de prendre la poudre d’escampette et d’opter pour une stratégie similaire au ruffian : il se déporta sur sa droite, alla se mettre derrière un pilier et se planqua en espérant que le mort-vivant armé de son épée titanesque ne l’ait pas vu.
Netharius s’avança alors vers les aventuriers, accélérant à chaque pas. En arrivant au contact de Marduk, il était à pleine vitesse et le champion leva son bouclier, mais l’épée du squelette traînait derrière lui et ce n’était donc pas une attaque par les armes, mais par la masse. Le disciple de Sarenrae eut tout juste le temps de se jeter sur le côté pour éviter l’énorme pieds qui tenta de le réduire en bouillie. Il évita le gros des dégâts, mais le contact fut néanmoins violent. Il se retourna pour constater que Vidar subissait le même sort, mais Netharius ne s’arrêta pas pour s’attarder sur eux car il était déjà parti à la recherche de l’alchimiste planqué derrière la colonne recouverte d’ossements. Ils entendirent des craquements d’os, mais aucun cri de panique ou de douleur : le titan avait piétiné le vide car Drark avait réussi à se fondre dans la masse confuse de fémurs, de crânes, d’omoplates, de phalanges et clavicules.
Une lumière orangée émana du fond de la pièce et les aventuriers se retournèrent pour constater que Néphirion venait de lancer une incantation. Entre ses doigts, une petite sphère immatérielle brillait. D’un geste, le liche enjoint la boule lumineuse à quitter la paume de sa main. La bille survola en silence les ossements pour venir s’écraser à quelques mètres des aventuriers, entre Marduk et Vidar. À l’impact, ils eurent d’abord l’impression que la sphère explosait, mais la lumière orange les traversa sans les blesser, ne faisant qu’étendre son champ d’action pour former un gros globe lumineux. Marduk, incapable de déterminer si la sphère orange était dangereuse ou pas, décida d’aller aider son ami alchimiste. Cependant, dès le premier il sentit que son pied ne touchait plus le sol. La seconde d’après, tout son corps s’envolait, et ce n’est que lorsqu’il vit le plafond, qui était haut de plus de dix mètres, se rapprocher brutalement de son visage qu’il comprit ce qu’il se passait. Avec un grand fracas, le champion et le l’oracle, tous deux dans la zone d’effet, s’écrasèrent sur la rotonde, car la gravité avait été inversée dans tout le volume lumineux.
Drark, n’étant pas affecté par le sortilège, se faufila, évitant le squelette géant, pour se rapprocher du liche. Il avait une importante livraison de bombes à faire et cela ne pouvait plus attendre. Marduk vit le gobelin courir de derrière un pilier à l’autre, puis Netharius se retourner vers la petite créature qui tentait d’échapper à l’affrontement direct. Il décida alors de tenter de ralentir la créature comme il le pouvait. Il se releva, courut sur le plafond dans la direction du titan, jusqu’à la limite de la sphère d’inversion de gravité, et sauta dans le vide. Il dût faire un pirouette à laquelle il n’était pas habitué, car l’attraction terrestre revint au beau milieu de son saut. Il tournoya dans les airs pour venir s’écraser sur la tête de Netharius SCOURGE. Marduk manqua sa manœuvre, puis soudainement il sentit une force, comme si quelqu’un venait l’aider, le pousser gentiment, et lui permit de s’agripper de justesse au géant qui ne s’attendait pas du tout à cet assaut surprise, et qui tenta de se débattre.
Pendant que le combat accaparait toute l’attention des divers adversaires, Baltazar profita de cette ouverture pour se faufiler discrètement dans l’angle mort de Néphirion, et se ruer sur le lanceur de sorts. Sa lame d’ombre émit un éclat magique dans l’obscurité lorsqu’il vint lacérer les vêtements, et os apparents du liche. Ce dernier prit les coups de plein fouet, ne s’attendant absolument pas à cette attaque surprise. Il riposta en envoyant un cône glacial sur l’iruxi parvint à partiellement esquiver, mais qui lui brûla néanmoins une partie de l’épaule tant le froid était mordant.
Vidar vit l’action et se dit que c’était probablement l’opportunité tant attendue pour s’attaquer à la clé de voûte de leur ennemi. Il se releva, fonça en direction du seigneur sorcier, puis lança un sortilège de saut éclair. Au beau milieu de sa phrase, il disparut, marteau levé, et réapparut à côté de Néphirion, le prenant en tenaille avec Baltazar. Il termina sa phrase en écrasant son marteau sur les os du squelette.
Drark, qui avait réussi à se faufiler derrière le second pilier, sortit de sa cachette et lança une bombe sur le sorcier qui explosa en pleine face. La bataille se déroulait plus ou moins comme prévu. Ils sentaient qu’après un début de combat effrayant, le vent commençait à tourner. C’est à ce moment que le liche répondit avec une violence inattendue. Ils fit quelques gestes rapides et sa voix se fit anormalement grave, rocailleuse. Puis il dessina un arc de cercle avec ses mains, et un éclair apparut entre ses paumes. D’un mouvement rapide, il le conduit vers Baltazar qui fut frappé de plein fouet, le mettant presque à terre sous la violence du choc. Mais le sortilège ne s’arrêta pas là, et l’éclair sortit du corps de l’iruxi pour foncer sur Vidar, qui fut projeté à terre et tomba inconscient. L’arc électrique se dirigea ensuite vers Drark, qui fut abattu au sol sous la puissance du sort, son corps tortillant encore sous les impulsions électriques.
Pendant ce temps, Marduk était aux prises avec le titan. Une fois que le géant squelette avait entendu que Néphirion était en difficulté, il s’était retourné et avait couru dans cette direction, faisant tomber le champion au passage, qui s’était prestement relevé pour le gêner, le frapper de son cimeterre. Lorsqu’il fut suffisamment prêt, Netharius se rendit compte que Néphirion semblait avoir la situation en main. Il se retourna alors pour faire face au sarenite et abattit son énorme épée, essayant d’écraser Marduk pour l’enfouir dans les os qui jonchaient le sol. L’ancien capitaine kéleshite dût se jeter au sol pour éviter la lame qui créa une véritable onde de choc autour de l’impact. Rapidement, il se releva car il n’avait pas perdu de vue la scène du combat contre le liche. Ses compagnons avaient bien démarré l’affrontement, mais si le magicien avait le temps de relancer d’autres sortilèges de cette envergure, ils pourraient bien tous y passer.
Il se rua donc sur Drark et effectua une imposition des mains pour le remettre sur pieds. L’humain vit dans les yeux de l’alchimiste un regard rapide vers son anneau de téléportation. Le gobelin les avait avertit, mais maintenant qu’ils étaient dans le feu de l’action, il avait trop peur de laisser tomber ses compagnons et que tous n’en sortent pas vivants. Il chercha dans sa sacoche quelques infusions avec résolution. Dans les secondes qui suivirent il fit pleuvoir des feux grégeois sur le sorcier maléfique. Toutes ne touchèrent pas leur cible, mais les flammes commencèrent néanmoins à travailler le corps squelettique du liche. Marduk se tourna alors vers ses deux compagnons qui étaient au contact avec Néphirion. Il put voir que le liche se préparait à lancer un autre sortilège. Le liche se déplaça d’un pas pour mieux s’aligner face à ses deux adversaires, puis tendit ses mains chargées d’énergie magique vers Vidar, au sol, et Baltazar qui lui faisait face. Une énorme cône de froid, chargé de de magie destructrice, balaya la zone devant le sorcier, et frappa de plein fouet les deux compagnons. Cependant, une âme bienveillante surveillait le combat depuis le début, influençant légèrement la trame du destin et le court du temps, ce qui permit à Baltazar d’éviter le sort, tandis que les ancêtres du nains veillaient sur leur descendant, lui offrant la force de résister au froid brûlant.
Marduk fonça alors sur le liche et brandit « Lueur », prêt à en finir. Il était pratiquement certain que bien qu’il pouvait probablement soigner Vidar et le relever, il valait mieux faire tomber le sorcier, visiblement déjà bien entamé, car sa puissance était telle qu’il n’aurait sûrement pas de mal à refaire mordre la poussière aux membres du groupes déjà blessés. Il donna un grand coup d’estoc, que le liche ne parvint pas à éviter, et c’est à ce moment-là que le roublard en profita pour frapper avec force, visant la colonne vertébrale du squelette. L’armure du liche encaissa partiellement le coup, mais pas suffisamment. Un grand craquement résonna dans l’ossuaire, et la partie supérieure du corps de Néphirion tomba au sol avant que les jambes ne puissent suivre. La magie qui maintenait l’esprit éternel du liche attachée au squelette se brisa et ce furent des os dénués de pouvoir qui s’écrasèrent parmi les autres qui jonchaient le sol. Un grand cri de rage explosa dans la gueule du titan, car Netharius venait de comprendre que ses chances de devenir un liche venaient de diminuer, mais cela n’était de toute façon possible que s’il survivait également.
Le combat repris de plus belle, mais le titan n’avait pas suffisamment de puissance que pour les affronter seul. Marduk releva Vidar par une imposition des mains, et ils combinèrent tous leurs efforts pour écraser le thaumaturge.
Une fois le combat terminé, une silhouette blanchâtre fit son apparition.
« Grand-père. »
« Mon petit-fils. Je… Je ne sais pas quoi dire... »
« Bien que tu aies encore beaucoup à te faire pardonner, je pense que tu as fait ce que tu as pu pour aider les autres lors de tes derniers instants. Tu n’auras plus l’occasion de faire du bien autour de toi, mais tu peux partir en paix. Tu as cherché la rédemption et d’une certaine manière, tu l’as trouvée. Du moins à mes yeux, et aux yeux de ma déesse également je pense. Je continuerai ce que tu as commencé un peu trop tard, donc ne t’en fais pas. »
« Merci. Mais prends garde à Dal’ris. De ce que je sais, il s’est trouvé une situation à Glenwyrm, et il n’est pas prêt à renoncer au pouvoir ou à ses méthodes, aux méthodes que l’on utilisait au Qadira. Je n’en sais pas plus, mais je pense qu’il sera difficile à convaincre. »
« Merci pour ces conseils, je tâcherai d’essayer néanmoins. On verra ce que le destin nous réservera. Je suppose verrai quand je le rencontrerai.»
« Mais… Néphirion n’est pas encore mort. Son enveloppe charnelle est détruite, mais il reste encore son esprit qui erre en ces lieux. »
Derrière le trône, sur le mur noir, une moulure dont l’intérieur était vide indiquait qu’il y aurait dû y avoir quelques chose d’inscrit, à une autre époque. Les aventuriers se rappelèrent alors des mots du fantôme : il était certain que la clé de l’énigme se trouvait dans les textes du livre « Des Essences », qui parlait des différentes essences de la magie. Drark et Vidar s’attelèrent à la relecture pendant que Marduk terminait la conversation avec son grand-père, discutant de Mirzini ou du reste de la famille. Finalement, après de longues minutes d’analyse, ils purent remarquer que certaines lettres avaient un reflet différents, comme si elles avaient été altérées par de la magie. Ils se mirent donc à les réécrire, après avoir remis les pages dans le bon ordres, et arrivèrent à la phrase suivante : « La mort n'est pas une fin. C'est un commencement. Elle est à l'origine de toute chose : nous venons de la mort. ».
Ils écrivirent alors les mots dans l’espace prévu à cet effet, et ils purent trouver dans un pan du mur qui se révéla devant leurs yeux, une coupe, simple en apparence, mais qui dégageait une forte énergie magie, nécrotique, que Vidar pouvait sentir avec force.
Ils placèrent la coupe sur une des tables de pierre de la salle, et le champion de Sarenrae leva son cimeterre bien haut au-dessus de sa tête, puis frappa violemment la coupe afin de briser le phylactère du liche.
« Tu peux maintenant partir en paix, va rejoindre nos ancêtres au Cimetière, dis-leur que je vais ramener notre famille sur le droit chemin. »
Le fantôme disparut, après un soupir de soulagement, avec un air serein sur son visage. Il était libéré de cette vie de tourment éternel où il aurait été destiné à devenir un être maléfique, un jour ou l’autre.
Le groupe, une fois soignée et reposé, récupérèrent les objets magiques et autres artefacts qui étaient entreposés dans la cache du liche. Drark en profita également pour extraire le venin de la liane-serpent, qu’il savait très précieuse et capable de réaliser de virulent poisons.
Le soir, après que les émotions des uns et des autres soient retombées, Marduk se dirigea alors vers Baltazar et Jueïa qui étaient occupés à discuter au coin du feu.
"Vous savez, en consultant la bibliothèque, je suis tombé sur un rituel plutôt intéressant. Il s'agit d'une cérémonie qui permet de lier deux personnes de manière spirituelle. Compte tenu de votre expérience et des proches que vous avez perdus, je pense que vous permettre de vous retrouver, de savoir dans quel état est votre compagnon, serait d'un grand bénéfice. Si cela vous tentent, nous pouvons essayer de réaliser ce rituel de communion."
Après quelques minutes de réflexion et de discussion, les deux anciens membres décidèrent qu'il était peut-être plus prudent de réaliser cette cérémonie. Ils n'étaient pas encore au bout de leurs aventures, et ils allaient peut-être encore se retrouver séparés ou en détresse.
Après environ une heure de préparatifs, les aventuriers se réunirent autour du feu, et Marduk avait préparé de nombreux éléments pour rendre la cérémonie solennelle. De l'encens brûlait dans des petits réceptacles en cercle tout autour du feu, des runes avaient été tracées dans la terre battue pour intensifier la magie des incantations. Une fois que tout fut prêt, Marduk invita les deux amis à s'échanger des objets qui les représentaient, et des paroles qui les lieraient jusqu'à ce que l'un d'eux décide de rompre le sortilège. Tout se déroula comme prévu et à la fin du rituel, ils sentirent qu'ils étaient connecté par un lien vital qui leur permettrait de toujours savoir le chemin pour retrouver leur ami.
La prochaine étape serait le monastère d’Irori, plus au nord dans la Marche du Vent, car Baltazar et Jueïa avaient un compte à régler avec celui qu’on nommait le Héraut d’Asmodéus...
Date du Rapport
28 Apr 2024
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