Session XXVI : Le ver de la Faim du Monde
General Summary
Alors que les aventuriers terminaient leur conversation avec Réa Tristal, la sorcière du Destin, les aventuriers entendirent un bruit de ferraille à l’extérieur, provoqué par des chocs de pièces métalliques. Ils comprirent à la démarche irrégulière et aux grommellement qu’il s’agissait de leur compagnon oracle.
« Veuillez excuser mon retard, j’ai eu du mal à me réveiller ce matin... »
Vidar en profita pour se mettre au courant sur les dernières conversations. Ses compagnons lui tendirent les parchemins d’ancre dimensionnelle et une fois déposés dans son sac, il en profita pour poser ses questions concernant sa quête personnelle. Il apprit que les Crocs d’Obsidienne étaient probablement en collaboration avec les guenaudes, que certaines de ces guenaudes étaient des fiélons, c’est-à-dire des créatures originaires des plans maléfiques, affectée par l’énergie positive.
Une fois la conversation terminée, ils souhaitèrent bonne nuit à la sorcière et montèrent leur camp de l’autre côté de l’étang. La nuit fut paisible, bien que fraîche et humide, mais durant le tour de garde de Marduk, ce dernier entendit une sorte de craquement de bois et des bruissements dans les fougères. Il avait le sentiment qu’il y avait un mouvement autour du point d’eau et décida d’aller vérifier. Il put apercevoir, dans l’obscurité, entre les filets de brume, comme deux grandes jambes de géants, qui s’éloignaient dans la nuit. Il courut avertir Vidar, qui était le prochain dans la tournante de garde et qui avait la capacité de voir dans le noir. Il se rapprochèrent de l’étang et le champion lui indiqua la direction dans laquelle il avait vu l’étrange créature. Il se rapprocha des lieux indiqués, et il put remarquer que l’endroit où la demeure de Réa se trouvait était vide. Seule une zone un peu plus marquée par un possible passage, des herbes aplaties aux sol et de la terre plus sombre pouvait laisser un indice de la cabane de la sorcière encore présente quelques heures plus tôt. Ils décidèrent que cela ne valait pas la peine d’une investigation plus importante et retournèrent se coucher.
Le lendemain matin, les aventuriers se dirigèrent vers le nord, direction Laskier. Ils savaient qu’en deux-trois jours, ils atteindraient leur destination. Durant la seconde journée de voyage, ils tombèrent sur une grenouille humanoïde du nom de Gruok. Ils reconnurent là un membre de la race des gripplis. Ces hommes-grenouilles vivaient principalement dans des zones humides et étaient présents dans la Marche de l’Eau. Assez rapidement et grâce à une communication courtoise et amicale, ils obtinrent des informations concernant ce voyageur. Il venait d’un village de gripplis situé au nord de Itz-loc, mais il avait décidé de quitter les lieux car une menace grondait en provenance des hommes-lézards : le culte du serpent à deux têtes commençait à faire parler de lui et on disait que la région n’était plus sûre. Il était dit que des sacrifices avaient été réalisés et que le comportement belliqueux des prêtres du culte allaient probablement mener à des hostilités entre les différents villages de la région. Gruok avait décidé de quitter le village avec sa compagne et ses deux enfants pour se rendre à Edimar. Il avait toujours rêvé de voyager et c’était la parfaite occasion pour cela. Les aventuriers lui recommandèrent alors de partir à la rencontre de Horth, car ils savaient qu’il serait un bon hôte et les assisterait dans leur demande d’asile. En retour, Gruok leur apprit le chant de l’Eau. Alors que le chant précédent, celui du Vent, appris sur le chemin qui menait à Horizon, permettait de projeter une bourrasque d’air, le chant de l’Eau permettait de respirer durant dix minutes sous l’eau. Il expliqua que cela pourrait être utile afin d’éviter un danger en se cachant ou en emprunter certaines galeries inondées qui se trouvaient parfois sous la surface solide de la Marche de l’Eau. Ils se souhaitèrent bonne chance et leurs chemins se séparèrent.
Ils voyagèrent toute la journée et ce n’est que lorsque le soleil commença à se coucher au loin à l’est, qu’ils purent apercevoir les ruines de Laskier à l’horizon. Avec l’obscurité approchant, ils constatèrent la présence de torches sur ce qu’il restait des remparts de la cité. De grandes brèches témoignaient des évènements passés, des combats qui avaient réduit la ville à l’état de ruines, et qui avaient déchiré le peuple de l’eau sur la question des sorcières. Nombreux étaient ceux qui voulaient encore de leur soutien et de leur amitié, mais celles-ci n’étant pas capables de les protéger, ils avaient dû les rejeter, parfois avec violence pour ne plus subir le courroux des guenaudes. Au pied d’une petite colline, les aventuriers firent le point sur la stratégie à envisager pour cette approche. Ils estimèrent le nombre d’orcs assez élevé, et décidèrent pour réaliser une approche discrète de la cité. Marduk sut qu’il était plus judicieux de laisser ses compagnons entreprendre la partie infiltration et leur demanda alors de ne pas traîner à lui envoyer un signal via le bracelet de communication en cas de pépin. Les trois autres prirent la direction des remparts, Vidar laissant son armure derrière lui pour plus de discrétion.
Baltazar ouvrit la marche, se faufilant entre les hautes herbes et choisit un endroit propice à l’escalade des décombres de la muraille à l’abandon. Avec la plus grande précaution, ils grimpèrent au-dessus des remparts et évitèrent de justesse le garde en faction. Ils descendirent les escaliers qui menaient aux ruelles de la cité et prirent la direction du centre-ville. C’était la partie la mieux conservée, et les hautes bâtisses, bien qu’en ruine, tenaient toujours debout alors que les maisons plus proches des murailles étaient presque complètement au sol. Tels des ombres, ils franchirent le no man’s land entre les remparts et le centre d’une traite, évitant de justesse les gardes. Ils savaient que les orcs pouvaient voir dans le noir, et que le meilleur moyen de ne pas être vu était clairement d’éviter d’être dans le champ de vision de quiconque. Alors qu’ils arrivaient aux pieds d’une grande maison dans laquelle ils espéraient trouver refuge, Drark trébucha sur un seuil de porte et étouffa un juron. Ils se figèrent tous les trois et entendirent que le son avait été également entendu par un orc non loin, à en juger le grognement intimidant qui résonna dans la nuit. En quelques secondes, ils se positionnèrent : Vidar se cacha derrière la porte, Baltazar de l’autre côté afin de le maîtriser, et Drark se prépara, aux pieds de l’escalier qui menait à l’étage soit à fuir, soit à intervenir par un soutien à distance. Dès que l’orc fit un pas dans la demeure, le nain et l’iruxi lui tombèrent dessus et il fut rapidement face contre terre, bâillonné. Ils l’emmenèrent à la cave afin d’éviter tout bruit suspect pour ses camarades. Ils hésitèrent alors sur la marche à suivre. Ils décidèrent alors de ne pas directement le torturer, car c’était une approche trop violente pour leurs instincts, et tentèrent plutôt de l’intimider afin d’éviter toute effluve de sang inutile. Dès qui se réveilla, Vidar et Baltazar se mirent en action. L’oracle invoqua ses ancêtres afin d’atteindre l’esprit de la brute verte, tandis que le ruffian sortait son plus grand jeu d’acteur pour lui faire cracher tout ce qu’il savait sur la situation. Sentant le toucher froid et mortel des esprits nains sur ses pieds et ses mains, des piquants du poing clouté de l’homme-lézard sous la gorge, l’orc prit vite la décision de se soumettre et fut très loquace. Ils apprirent qu’un des officiers d’Ulgan, un certain Asgak, avait pour mission de déterrer le monstre qui avait autrefois détruit Laskier. Ses restes étaient maintenant sous une couche de débris. Il ne savait pas comment ni pourquoi il était mort, probablement dans les affrontements à l’assaut de la ville, mais son grand squelette était encore là, sous les gravas. Il transportait avec lui une ancienne pierre, qui permettrait de réveiller la bête. En tout, une cinquantaine d’orcs se trouvait dans le camp, répartis sur la muraille, dans le camp et autour du chantier d’excavation. Une fois toutes les informations recueillies, Vidar se fit un plaisir d’achever le membre des Crocs d’Obsidienne. En effet, contre ces fanatiques d’un dieu de la fin des temps, il ne pouvait y avoir de pitié ou d’hésitation.
Ils prirent la direction des étages et se dirigèrent vers la pointe nord du centre de la cité. Une fois proche de l’extrémité, ils montèrent sur les toits et observèrent la situation. Ils purent voir deux sentinelles qui faisaient le guet, mais qui étaient actuellement distraites par le chantier. Les aventuriers ne perdirent pas une seconde et les maîtrisèrent avec une coordination impressionnante. Ils purent voir une vingtaine d’orc à l’ouvrage, et les torches les éclairant dessinaient au sol une longue trace sinueuse d’au moins une trentaine de mètre. Ils surent que, quelle que soit la créature qu’ils allaient mettre au jour, cela ne serait pas une bonne nouvelle. En quelques minutes, ils établirent un plan d’attaque. Une fois celui-ci élaboré, ils se mirent en position. Drark se mit au premier étage, où il aurait une bonne couverture sans pour autour être trop éloigné pour lancer ses bombes, tandis que Vidar et Baltazar se préparèrent à sortir par le rez-de-chaussée, déterminés à arrêter Askag. Ils lancèrent le signal : alors que leurs bracelets de communication avertissaient Marduk, Drark sortit son attirail d’explosifs pour débuter les hostilités, l’iruxi et le nain chargeant dans l’obscurité les orcs leur bloquant le passage.
Le champion de Sarenrae enfourcha son destrier et fonça vers la porte sud. Il ne prit aucune précaution concernant sa discrétion, estimant que son remue ménage serait probablement profitable pour ses compagnons. Alors qu’il pénétrait dans la ville, les javelots des gardes de la porte d’entrée se fracassèrent, sur son bouclier et sur le sol juste à côté de lui. Il fonçait à travers les rues, les sabots de sa monture claquant sur les pavés. Il contourna la vieille ville par l’est et se dirigea vers le camp au nord-est. Il comprit que le vacarme qu’il provoquait allait rapidement rameuter tous les orcs présents dans les parages.
Pendant ce temps, Baltazar et Vidar se frayaient un chemin à travers la troupe d’orcs qui leur fonçaient dessus. Ils étaient nombreux, mais beaucoup moins forts que les aventuriers. Vidar ouvrait la charge tandis que Baltazar éliminait un à un, d’un coup violent et sournois de lance, les orcs fonçant sur son compagnon. Rapidement, les orcs se regroupèrent, et ils durent faire face à une horde. Drark lança alors ses bombes du premier étage, et les fit imploser dans des grandes gerbes de flammes. Devant l’imminence du danger, le chef orc sortit une sorte de grosse pierre avec des reflets violets de laquelle semblait émaner une lueur rougeâtre, et tenta de l’ouvrir en écartant une des fissures la striant. Au bout de quelques secondes, la peur aidant, il parvint à ouvrir une fissure et le roc s’ouvrit en deux, laissant cette lumière orange rougeâtre inonder le paysage, puis partit dans le sol, reluisant soudainement d’un éclat violet. La longue trace sur laquelle les orcs travaillaient remua lentement, animant la terre battue qui était à nu suite aux coups de pelles des peaux-vertes. La terre s’ouvrit alors, laissant apparaître un corps long d’une trentaine de mètres, recouvert d’une sorte de liquide émanant de sa peau visqueuse. Les aventuriers entendirent alors une longue plainte, immergeant directement dans leur esprit, provenant de l’énorme chyzaédu qui s’élevaient devant eux. Ils ressentirent même davantage que ce qu’ils n’entendirent le mot, le sentiment qui leur était communiqué : « Faim ». La première chose qu’il fit, c’est mordre le chef orc et le projeta dans les airs, puis d’un coup de mâchoire qui claqua dans la nuit, le rattrapa avant qu’il ne tombe au sol. Les orcs prirent la fuite, et le combat s’engagea.
Marduk, arrivé au campement, chargea les peaux-vertes, fracassant leur crâne avec son bouclier ou leur tranchant la tête d’un balayage de cimeterre. Il veilla à rester en mouvement, afin de ne pas se faire engluer dans la masse de dents et de muscles qui tentaient de le mettre à terre. Quand soudain, il entendit également le cri du chyzaédu. Tout le monde s’arrêta alors de se battre pour se retourner vers la colline où les travaux avaient débuté. Le parangon de Sarenrae profita alors de la surprise pour, d’un coup de d’éperon sur les flancs de son destrier, pour relancer sa monture : ses compagnons allaient avoir besoin de lui. L’orc qui se trouvait sur son passage se fit écraser sur le sol sous le poids de la monture et la silhouette du champion disparut dans les ténèbres en direction de l’énorme basilique qui menaçait toute vie restante dans la cité.
Marduk arriva alors que le monstre se dirigeait vers les aventuriers, encore incertains de la démarche à suivre. Baltazar, qui avait presque réussi à atteindre Askag, se trouvait exposé, éloigné de ses compagnons sur le champ de bataille. Il décida alors de prendre l’initiative et fonça sur la bête pour faire couler le premier sang. Il frappa le monstre, mais il lui semblait qu’elle était anormalement résistante, ses lames rebondissant partiellement sur la peau rugueuse de la bête. Celle-ci répondit avec un grand coup de mâchoire, qui fit comprendre au ruffian qu’il aurait besoin de support pour pouvoir combattre. Une grande plaie béante se dessinait sur son thorax et il perdait beaucoup de sang. Il ressentit une certaine nausée apparaître. Il sentait un besoin irrépressible d’assouvir une faim incontrôlable. En battant en retraite, il dût sortir une miche de pain de son sac pour assouvir ses pulsions. Drark, qui observait de loin la créature, descendit pour pouvoir mieux l’observer et remarqua que sa peau n’était pas bien épaisse, probablement facile à percer ou à trancher. Il prépara néanmoins ses bombes en se rapprochant de la créature et communiquant l’information à ses camarades. En même temps, Vidar plissa les yeux. Il se rappelait d’avoir déjà entendu parler de cette créature de par ses ancêtres. C’était une sorte de ver cosmique, venant d’un autre monde où le vide régnait et, il put constater par les coups que donnait Baltazar, que sa carapace lui permettait de résister aux armes physiques. Il cria rapidement l’information à ses compagnons, corrigeant l’alchimiste abusé par l’urgence de la situation. Il comprit également en voyant l’iruxi manger ce qu’il trouvait sous la main, que cette faim allait s’intensifier avec la proximité de ce monstre. Il tenta alors l’invocation de ses forces divines pour créer des hémorragies internes, en bougeant les os de la créature. Marduk descendit de cheval et vint prêter main forte à son compagnon déjà fort blessé. Le combat fut intense et de courte durée. Pendant que Marduk s’efforçait de garder Baltazar vivant, à coup d’imposition des mains et utilisant même sa relique pour remettre l’iruxi sur pied. Drark usa de ses bombes mais dut se rapprocher car, malgré la taille de la bête, le vent était fort et pour viser ses points faibles, il devait avoir un meilleur angle. L’oracle se prit également un violent coup, perçant son armure et le poussant à également manger ce qu’il avait sous la main. Le gobelin, lui, n’eut pas la patience pour sortir son sac et croqua dans ce qu’il avait à portée : déchets, orcs, terre. Seul Marduk parvint à surmonter cette frénésie, ce qui lui permit de garder un œil sur ses compagnons. La créature était cependant mobile, et frappait avec férocité toutes les personnes sur le champ de bataille. Alors que les aventuriers se serraient les coudes pour parvenir à se maintenant en vie, ils sentirent que le chyzaédu commençait à faiblir. Même s’ils se mordaient les doigts ne ne pas avoir pu empêcher Askag de l’invoquer, ils réalisaient cependant que le monstre n’était pas apparu sous sa forme finale. L’orc avait réussi à casser la pierre d’invocation, mais avant que le rituel ne soit complètement préparé. Baltazar en profita alors pour tenter sa chance et finir le ver d’un coup bien placé. Cependant, le monstre aperçut sa tentative et le mit à terre, l’enfonçant à moitié dans le sol, inconscient. Marduk redoubla de fureur et frappa la créature qui poussa un grand cri, permettant à Drark de lui lancer une bombe dans le gueule, l’achevant sur le coup… Le calme revint dans les ruines de Laskier, et le champion courut auprès de son ami occupé à se vider de son sang...
Date du Rapport
24 Sep 2023
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