Session XXIX : le Faux Prélat

General Summary

Les aventuriers passèrent la nuit chez Tenushi et Uram, cuvant gentiment leur alcool jusqu’au lendemain. Ils furent réveillés par les bruits de vaisselle des iruxis mettant la table pour le petit déjeuner. Ils purent se restaurer en compagnie des parents de Baltazar, puis discutèrent des plans de leur journée. Il leur semblait clair qu’il était important d’aller voir les membres du Culte du Serpent à Deux Têtes, et plus particulièrement Xel-Tlac, car il cachait probablement quelque chose. S’ils rentraient bredouille de leur discussion, ils pourraient toujours aller sur la colline des ruines de Vishaltar, là où la téléportation avait eu lieu.

Une fois le repas englouti, ils se dirigèrent vers le temple. La pluie s’était mise à arroser tout le village d’une bruine sans interruption. En se rapprochant, ils purent admirer de plus près l’architecture des lieux. La pyramide, entourée de bassins dans lesquels des crocodiles pataugeaient, semblait être sur une structure plus ancienne, car ils pouvaient voir les massifs piliers, longs de plus d’une dizaine de mètres, soutenant l’édifice religieux. L’eau des bassins aux crocodiles tombait à plusieurs endroits, via des grandes chutes d’eau, dans le lac qui se trouvait sous le temple. En observant davantage, ils purent constater la présence de ruines antiques, preuve de la présence d’un ancien ouvrage sous le nouveau temple. De là où ils étaient, l’eau semblait sombre et presque opaque. Ils franchirent les bassins grâce à une passerelle de bois et entrèrent dans le temple par l’entrée sud.

Ils furent arrêtés par quatre gardes qui leur demandèrent leurs intentions. Ils répondirent qu’ils voulaient s’entretenir avec le prêtre Xel-Tlac. Les gardes les laissèrent passer, mais ils prévinrent les aventuriers qu’il ne serait pas disponible pour longtemps, car des sacrifices allaient bientôt être faits. La pièce était grande et symétrique. À chaque point cardinal se trouvait une entrée sans porte, devant laquelle se trouvaient des gardes. Au centre de la pièce se trouvait une estrade et au centre de celle-ci un trône massif sur lequel reposait le plus ancien des lézards du village : Bissumi. Il faisait presque trois mètres de haut et possédait une grande crête partant de son front et descendant jusqu’au milieu de son dos. D’une couleur orangée avec des tâches turquoises, il dénotait du reste des autres iruxis et arborait fièrement son ascendance aux plus vieilles couvées d’Itz-Loc. Ce dernier avait été autrefois un grand chef, respecté et craint par les tous les habitants. Mais la crainte avait complètement disparu depuis que son âge avancé avait commencé à attaquer ses capacités cognitives. Durant la journée, il était perdu dans ses pensées, en léthargie presque totale, n’entendant plus ce qui lui était dit ou répondant à côté des questions. Les prêtres disaient qu’il était beaucoup en contact avec l’au-delà et qu’il passait plus de temps avec les esprits qu’avec les vivants, ce qui le rendait encore plus sage mais déconnecté du quotidien du village. Autour de lui, quatre prêtres, dont Xel-Tlac, se trouvaient devant des autels pour les célébrations ou sacrifices divers. Xel-Tlac était un iruxi de petite taille, faisant plus penser à un gecko à la peau sombre, qu’à un lézard. Les aventuriers furent introduits par les gardes et entamèrent la conversation avec le prêtre. Rapidement, après quelques échanges de formalités, Baltazar demanda à Xel-Tlac s’ils pouvaient discuter en privé. Ils se rendirent dans une petite pièce de méditation pour discuter à l’abri des oreilles indiscrètes et le ruffian exposa sa situation : il avait perdu la mémoire sur une période difficile à déterminer, mais il se rappelait qu’il lui avait demandé de l’aide pour pouvoir faire le chemin entre Itz-Loc et Orville. Il semblait que quelque chose ne s’était pas déroulée correctement et que Jueïa n’était pas arrivée à destination. Il lui demanda alors ce qu’il s’était passé, mais le prêtre lui répondit qu’il n’en savait pas davantage, et que malheureusement il ne pouvait pas l’aider. Baltazar sentit qu’il ne disait probablement pas tout et commença à s’échauffer. À ce moment, Arasheg arriva pour annoncer le fait que la cérémonie allait commencer, et demanda si tout se passait bien. Xel-Tlac répondit que l’entretien était terminé et qu’il pouvait reconduire Baltazar aux portes du temple. Ce dernier serra les dents et réfréna sa rage par respect pour Arasheg qu’il pensait de bonne foi.

Une fois qu’il eut rejoint ses compagnons, il leur expliqua la situation : Xel-Tlac refusait de dire ce qu’il savait, et il n’avait aucune idée du pourquoi, mais cela ne présageait rien de bon. Pour gagner du temps et pour pouvoir observer davantage la suite des évènements, Vidar et Drark demandèrent s’ils pouvaient assister à la cérémonie, ce qui leur fut accorder. Drark avait vu des peintures et gravures sur les murs et voulait les observer de manière plus détaillée. Il put constater que certaines de ces peintures étaient tâchées de sang. Des chants s’élevèrent alors dans le temple. Les prêtres entonnaient des litanies qui étaient tantôt aiguës, tantôt graves, dissonantes avec leurs petits corps graciles. Un palanquin porté par des villageois en longues toges de cuir clair entra alors par la porte nord. Sur celui-ci, on pouvait y voir des offrandes constitués principalement de nourritures, mais également des offrandes matérielles telles que des petites statuettes taillées dans le bois ou la pierre représentant des iruxis ou des reptiles apparentés au serpent. D’autres babioles encombraient ce trône portés par les humbles villageois. Une fois dans le temple, ils se placèrent devant un des autels et déposèrent leur plateau au sol. Des chants cérémoniels clôturèrent rapidement ce rituel et un des prêtres activa une manivelle à côté de lui. Les aventuriers remarquèrent alors que le palanquin avait été déposé sur une plateforme qui pouvait descendre, à l’aide de chaînes attachées sur ses extrémités, jusqu’au sombre lac du dessous. Une fois la passerelle au niveau du lac, ils l’inclinèrent pour faire glisser la planche de bois sur l’eau, puis remontèrent la plateforme de pierre. Ils purent distinguer qu’il y avait l’air d’avoir du remous dans le lac, ne sachant pas trop s’il s’agissait d’un effet produit par les cascades qui s’écoulaient ou par le supposé serpent. Ils crûrent cependant entendre, une fois la cérémonie terminée, un grondement de créature sous leurs pieds.

Ils sortirent alors du temple et discutèrent sur la suite des évènements. Après de longues minutes de discussion intense et controversée, ils se séparèrent en trois équipes : Drark et Vidar allaient se charger d’investiguer dans la demeure du prêtre, Baltazar allait espionner aux alentours du temple tandis que Marduk tenterait de faire diversion. Alors que le gobelin et le nain se dirigeaient vers la maison de Xel-Tlac, indiquée par l’iruxi, Marduk retourna vers les gardes et demanda s’il pouvait avoir un mot avec Arasheg. Ce dernier arriva alors et écouta ce que l’humain avait à dire.

« Vous savez, je pense qu’on est parti du mauvais pied. Vous savez, une des raisons de notre venue ici est que nous avons vu ce village entouré sur une carte d’un chef orc, aux intentions maléfiques. Peut-être avez-vous déjà vu ces orcs dans le coin, ou peut-être sont-ils destinés à venir ici par la suite… Sachez que je suis prêt à vous offrir mon aide concernant la défense potentielle de votre village contre une possible attaque de ce groupe appelés Crocs d’Obsidienne. Leurs plans sont des plus funestes et je m’y connais en matière militaire. Je pense que nous pourrions nous entendre sur ce plan et nous réconcilier. »

L’homme-lézard l’écouta, mais les orcs dont il parlait, il ne les avait pas encore vu. Il savait que plus au sud ou à l’est la présence des peaux-vertes se faisait de plus en plus importante, mais il était clair qu’il doutait de la dangerosité de ceux-ci. Le village n’avait rien à craindre, pensait-il, car il était suffisamment reculé et difficile d’accès, et que ses éclaireurs n’avaient encore rien constaté d’urgent à ce sujet. La proposition de Marduk de consulter les défenses du village pour le conseiller ressemblait fortement à de l’espionnage tactique qui pouvait se retourner contre eux. Il refusa poliment la proposition du champion. Pendant la conversation, Vidar les avait rejoint. Une idée avait germé dans son esprit, et il décida de tenter sa chance. Il savait que cela était risqué, mais si cela fonctionnait, cela permettrait de mettre au jour ce que Xel-Tlac tentait de cacher. Il demanda à parler au prêtre, qui s'avança pour mettre un terme à cette discussion qui avait que trop duré. Avant que l'iruxi ne puisse ouvrir la bouche, Vidar parla d'une voix forte.

"Il me semble que tu as une bien grande gueule pour quelqu'un de si petit qu'il a du mal à voir ce qui se passe sur la table des grands." Il lança une incantation en faisant appel à ses pouvoirs de devin pour le pousser à révéler ce qu'il savait. "Parle et dis-nous où tu as caché Jueïa ! Que sais-tu d'elle ?" Le prêtre resta bouche bée quelques secondes et l'oracle put voir que ce moment d'hésitation avait failli suffir pour lui faire cracher le morceau. Mais il se reprit après son instant de faiblesse, et ordonna aux gardes de les jeter dehors.

Pendant ce temps, Baltazar faisait le tour de la pyramide du temple et il put échapper à l’attention des gardes pendant quelques instants. Il en profita pour intercepter une bribe de conversation entre Xel-Tlac et ses disciples. Le prêtre était de dos, mais il pouvait lire sur les lèvres des autres membres du culte. La conversation semblait quelque peu agitée, soulevant des inquiétudes. Ils discutaient de la cérémonie de sacrifice de la veille, première d’une série visant à réveiller la Tête Noire du serpent, endormie depuis trop longtemps. Cette cérémonie semblait ne pas s’être totalement passée comme prévu mais Baltazar ne put en apprendre davantage car bientôt, ils se dispersèrent.

De leur côté, Vidar et Drark étaient parvenus à localiser la demeure de Xel-Tlac. Ils firent quelques allers et retours dans la rue pour inspecter les lieux de l’extérieur pour pouvoir ensuite procéder à l’infiltration. Il s’agissait d’une maison relativement modeste, cependant, elle était plus luxueuse que la maison d’Uram et Tenushi : on pouvait y trouver des petites marques de son statut grâce aux statuettes, aux icônes religieuses et autres bibelots qui semblaient d’une certaine valeur. Une fois la voie dégagée, ils entrèrent par une fenêtre, sans bruit. Une fois à l’intérieur, ils débutèrent leurs recherches, cherchant d’abord des preuves écrites qui pouvaient l’incriminer, telles qu’un parchemin prouvant qu’il était en contact avec les orcs des Crocs d’Obsidienne, mais ne trouvant que des parchemins brûlés et des contrats d’achat d’encre, ils se mirent à chercher plutôt des cachettes où il aurait pu dissimuler ses documents secrets.

Alors qu’ils étaient occupés à chercher, de son côté, Xel-Tlac ayant terminé son conciliabule avec ses disciples, sortit du temple et se dirigea, accompagné de quatre gardes, vers sa demeure. Baltazar, observant toujours le fourbe iruxi, envoya un message grâce au bracelet de communication afin de prévenir ses compagnons du danger arrivant. Trop occupés à retourner la maison de Xel-Tlac, Vidar et Drark ne firent pas attention à leurs bracelets. Marduk, lui, était occupé à faire le tour du village et analyser les défenses afin de pouvoir, si besoin, aider Arasheg de son analyse militaire car il ne perdait pas espoir que cela pourrait lui être utile par la suite (ils avaient déjà vécu l’attaque de Vadenheim et entendait bien que cela ne se reproduise pas ici). Il vit le message de Baltazar et s’encourut pour rejoindre ses compagnons, en passant par le temple au cas où Baltazar y serait encore.

Le roublard, de plus en plus sur les nerfs, décida de suivre le prêtre car si l’occasion se présentait, il n’hésiterait pas à forcer l’ecclésiastique à dire ce qu’il refusait de divulguer. Lorsque les gardes et leur protégé arrivèrent à proximité de la maison, Vidar fut alerté par leur marche saccadée et militaire. Il fit signe à Drark de se taire, et après une seconde d’hésitation, ils tentèrent de remettre tout comme s’ils n’avaient touché à rien. Une fois fait, ils sortirent par l’arrière de la maison, juste avant que la porte ne s’ouvre, laissant entrer la silhouette de Xel-Tlac. Après quelques secondes, le prêtre sortit de sa maison et Baltazar, qui observait la scène de loin, put comprendre qu’il avait remarqué des traces d’une intrusion. Par des grands gestes énergiques et énervés, il renvoya deux des gardes au temple pour prévenir Bissumi et Arasheg. Le groupe allait bientôt être traqué. Xel-Tlac rentra pour inspecter plus en profondeur les lieux, accompagnés des deux gardes restants. Baltazar se rapprocha de la maison en toute discrétion, longeant les murs et profitant de la pluie pour couvrir les bruits de ses pas. Une rapide analyse de la situation lui indiqua qu’un des gardes faisait l’inspection de l’étage tandis que le prêtre et l’autre garde faisaient le tour du rez-de-chaussée. Dès qu’il eut l’occasion, Baltazar se faufila par une fenêtre et monta les escaliers avec la plus grande précaution. Il voulait se débarrasser d’un des deux gardes afin de rendre l’affrontement plus équitable. Il sortit sa dague d’ombre et se prépara à frapper, non pas pour tuer, mais bien pour le mettre hors d’état de nuire. Il frappa une première fois férocement, mais le coup manquait de puissance et le garde tenait encore debout. Il frappa une seconde fois, mais effleura le soldat plus que de vraiment le cogner comme il l’aurait voulu. Le garda sonna l’alerte, paniqué par cette attaque surprise. Alors que la porte claquait en bas, Baltazar, rageant de voir qu’il était passé pas loin de mettre la main sur Xel-Tlac, attrapa l’iruxi titubant, le porta au-dessus de sa tête, puis le lança par la fenêtre. Celui-ci s’écrasa au sol et tomba inconscient. Il descendit les escaliers en trombe et eut la confirmation de ce qu’il craignait : le prêtre et son garde avaient pris la poudre d’escampette en direction du temple. Non loin, Vidar et Drark, ayant entendu les bruits de combats, rejoignirent Baltazar qui leur expliqua en deux mots la situation. À trois, ils se précipitèrent à la suite des fuyards en espérant les attraper avant qu’ils ne puissent se mettre à l’abri.

De son côté, Marduk arrivait au temple. Juste après son arrivée, il vit les gardes qui arrivèrent, échangèrent quelques mots avec les autres défenseurs du temple, puis une petite troupe se dirigea vers lui, armes en main. Ils lui demandèrent alors de bien vouloir le suivre, car ils avaient à discuter. Marduk décida qu’il valait mieux utiliser la voie pacifique : ces iruxis se faisaient probablement manipuler, et lever la main sur eux ne ferait qu’envenimer la situation. Ils l’enfermèrent dans une petite pièce sans fenêtre, puis bloquèrent la porte en attendant de retrouver ses compagnons.

Le ruffian, l’oracle et l’alchimiste arrivèrent sur la passerelle de bois menant au temple. Ils purent constater qu’une défense avait été organisée : un mur de bouclier et de lance à l’entrée de la pyramide laissait entrevoir les prêtres qui lançaient des sortilèges de protection autour de Bissumi et d’eux-mêmes au centre de l’édifice. Baltazar était prêt à en découdre s’il le fallait, il pouvait voir la crête du manipulateur de loin. Marduk, qui entendait l’agitation au dehors, décida de mettre un coup de pression aux iruxis et, après avoir essayé d’enfoncer la porte, comprit que son épaule ou ses pieds de suffiraient pas. Il sortit Lueur et commença à entailler le bois renforcé de la porte. Soudain, Vidar s’avança alors et d’une voix impérieuse, mais chaleureuse et charismatique, annonça à Arasheg qui était occupé à donner ses instructions aux guerriers, tout ce qu’ils savaient sur l’attitude suspicieuse de Xel-Tlac. Ils avaient trouvé des traces de parchemins brûlés, ils savaient que le temple achetait des quantités incroyables d’encre, qu’il cachait des informations à Baltazar sur une amie humaine disparue et qu’il refusait de discuter avec celui-ci pour une raison complètement tue et inexpliquée. Arasheg, bien qu’il n’ait, lui, aucune raison de vraiment douter de son prêtre, trouvait néanmoins que l’attitude de Xel-Tlac autour de cette situation était bizarre. Soudainement, un déclic se fit et il se retourna vers l’ecclésiastique et lui demanda : « Pourquoi est-ce que la cérémonie d’hier, le premier sacrifice, a dû se faire en comité réduit, avec seulement les prêtres du culte ? Ce n’est pas dans les coutumes. Explique-toi ! »

Xel-Tlac bégaya, ce qui énerva le guerrier iruxi qui le prit par le col et le souleva.

« Maintenant ! » Il le rabattit au sol et arrêta sa tête à quelque centimètres de la sombre pierre. Xel-Tlac se mit à parler. D’abord doucement, puis plus rapidement sous les menaces d’Arasheg et des aventuriers, de sa voix aiguë. Il avait gardé la Jueïa en captivité car l’Archiprêtre d’Asmodeus de Glenwyrm lui avait demandé. Il lui avait promis une forte récompense en échange de sa capture. Avec l’arrivée de Baltazar la veille, il avait décidé de s’en débarrasser pour éviter toutes représailles, c’est pourquoi le sacrifice avait été fait de manière secrète. Il avait laissé la jeune humaine, presque inconsciente sur la plateforme la veille au soir. Marduk, intéressé par l’aspect religieux, demanda alors si c’était le culte qui provoquait le changement du serpent et utilisait cette évolution pour des desseins politiques, en nourrissant et baignant le serpent dans de l’encre. Le prêtre lui cracha au visage pour avoir remis ses croyances en question. Il avoua cependant qu’ici le passage du serpent blanc en noir était en effet de son fait, mais que ce n’était un instrument car le Serpent Noir allait de toute façon arriver bientôt, il n’avait fait qu’anticiper l’inévitable. Tout n’était pas encore éclairci, car ils n’avaient pas encore déterminé quelle était la place des Crocs d’Obsidienne dans tout cela, mais Baltazar ne voulait plus perdre une seule seconde. Il était déjà sur la plateforme menant au lac souterrain, une main sur la manivelle permettant la descente des offrandes.

« Qui est avec moi ? »

Aucun autre mot ne fut échangé, mais la seconde d’après, ils étaient quatre sur la plateforme qui s’enfonçait dans les strates inférieures du temple...

Date du Rapport
26 Nov 2023

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