Session XLV : La cité du Dragon

General Summary

Le lendemain matin, les aventuriers reprirent leur route vers Glenwyrm. Ils savaient qu’en se dépêchant un peu, ils pourraient rattraper les soldats en route vers leur foyer vers la fin de journée. Ils purent distinguer au loin la silhouette du cortège armé lorsque le soleil commençait à disparaître derrière les montagnes. Dans ces régions, le soleil se couchait bien avant que les ténèbres n’envahissent les lieux, car la hauteur des montagnes cachaient dès la fin de l’après-midi l’astre de feu dans le ciel. Faisant galoper leurs montures pour un dernier effort avant un repos bien mérité, les aventuriers dépassèrent l’arrière-garde et purent assister à l’entrée des chevaliers infernaux dans la ville. Une fois passés la porte, ils purent constater que les citoyens de Glenwyrm avaient prévu un accueil en grandes pompes pour acclamer la championne de la cité. La foule scandait le nom d’Éléanore, et elle progressait, digne sur son cheval blanc, à travers la masse de personnes admirative de cette jeune guerrière élue par le Dieu Griffu, sinuant dans l’allée dressée par les gardes pour retenir les admirateurs.

Après un instant de concertation, les aventuriers décidèrent de ne pas poursuivre la procession qui se rendait dans le haut de la ville, à travers la Voie des Nuages, jusqu’à la Cathédrale d’Iomédae qui surplombait la cité. Ils prirent la tangente et se dirigèrent vers la taverne la plus proche, « La Soif sans Soif ». Ils purent constater que cette taverne, étant le premier débit de boisson de la cité, accueillait de nombreuses personnes, habitués comme des voyageurs. Ils prirent une des quelques tables encore inoccupées et commandèrent à boire. La patronne, une humaine à la forte carrure et aux bras puissants du nom de Regilia, leur servit ce qu’ils avaient déjà goûté dans le camp des chevaliers infernaux : la Pisse de Dragon. Après un verre, Vidar se dirigea vers le comptoir, souhaitant glaner quelques renseignements. Une gnome du nom de Jistili l’accueillit et il entama alors la conversation :

« Bonsoir maîtresse gnome, nous cherchons un endroit où passer la nuit confortablement. Seriez-vous en mesure de m’indiquer les établissements les plus réputés ? »

« Ah, vous êtes nouveaux en ville… Je peux vous en recommander quelques-uns mais je vais vous expliquer d’abord comment fonctionne la ville. Elle est divisée en trois parties, les trois Voies. Ces trois quartiers ont été battis autour de trois route ayant chacune leur propre fonction à l’origine. Nous avons la Voie de la Pioche et du Marteau, la voie qui mène vers la partie basse de la ville, vers les mines, et c’est dans ce quartier que les nains se sont principalement installés. La Voie du Mithral est la route principale, l’endroit où le mithral était travaillé et vendu, c’est la partie médiane et plutôt plane de la ville, bien qu’une partie soit située sur une petite colline. Finalement, nous avons la Voie des Nuages, celle qui mène aux hauteurs de la ville et anciennement, aux lieux sacrés. C’est pour cela que la Cathédrale d’Iomédae s’y trouve d’ailleurs. On dit que cette petite montagne a été bénie par le Dieu Griffu et qu’il nous protège des menaces extérieures. ». La gnome parlait avec beaucoup d’entrain et elle faisait de nombreux gestes pour illustrer ses propos, menaçant de renverser les consommations qu’elle était en train de servir pour que Regilia puisse les apporter sur les tables.

« Où en étais-je déjà ? Ah oui ! Les auberges ! Donc, nous avons l’Auberge de Xalistar dans la Voie du Mithral, c’est un établissement tenu par deux magiciens un peu excentriques. C’est assez atypique et les touristes ont tendance à apprécier l’accueil qui y est fait, même si parfois certains prennent un peu peur car l’accueil est… particuliers dirons-nous. Ensuite, nous avons l’Auberge Rayonnante, également dans la Voie du Mithral. Il s’agit de l’auberge la plus classique de Glenwyrm. Certaines vitres possèdent des vitraux qui mettent en valeur la bonne exposition à la lumière de ce bâtiment en apparence assez simple. Et finalement, nous avons l’Auberge des Parias, dans la Voie des Nuages. Le propriétaire fait bon accueil mais il faut accepter le fait d’être avec des espèces ou personnalités un peu moins conformes qu’à l’habitué. »

Le nom résonna dans la tête de Vidar, car il s’agissait de l’auberge à laquelle Advarn devait retrouver Tim.

« Merci ma brave dame. Si ce n’est pas abuser de votre gentillesse, j’aimerais également avoir quelques informations sur mes congénères de Glenwyrm. Comment s’organise la société naine dans la cité ? Étant du clan Odeson, j’aimerais pouvoir m’introduire chez mes camarades en soignant mes manières. »

« La plupart des nains se trouvent dans le quartier de la Pioche et du Marteau, tout près de ce qu’on appelle la Cathédrale d’Acier. En deux mots, il s’agit de la cité sous la montagne au centre de la ville. Sous cette montagne, une énorme cathédrale en l’honneur de Torag fut bâtie, recyclant les premiers tunnels où les mines furent creusées, et cela a tellement pris d’ampleur qu’il s’agit maintenant d’une sorte de quatrième quartier, dans lequel les nains vivent, travaillent, prient et dorment pour la plupart. Il n’y a cependant pas assez de place pour tous les dawis, et vous pourrez apercevoir des habitations sur le flanc de la montagne dans lesquelles le reste de ton peuple vit. Dans la Cathédrale d’Acier, on peut également trouver d’immenses forges, appelées les Forges du Créateur, qui tournent presque constamment et dont les flammes illuminent sans interruption le Hall du Créateur, grande esplanade dans laquelle tout se fait. Si vous allez plus profondément, vous pourrez trouver les habitations où les nains vivent. Si vous creuser, et elle dit cela avec un petit sourire, fière de son jeu de mots, plus profondément encore, vous pourrez peut-être accéder à la dernière salle de la Cathédrale d’Acier, la Chambre des Merveille ! »

« J’ai déjà entendu ce nom quelque part, mais je ne sais plus exactement ce que c’est, pouvez-vous me rappelez ce dont il s’agit ? »

« C’est une chambre forte dans laquelle tous les trésors les plus précieux et les mieux réalisés sont entreposés, afin de les conserver en sécurité et disponibles en cas de besoin. Malgré leurs talents d’artisans, il ne s’agit pas que de créations naines, même si cela leur fait un peu mal au cœur. Ils doivent parfois reconnaître les talents des autres ascendances pour la création d’objets de légende ou de grande valeur. Mais cela, ne le dites pas trop fort, car bien que certains soient humbles, d’autres pourraient se vexer, par excès de fierté ou d’orgueil. »

« J’espère en effet pouvoir me rendre dans cette pièce qui me paraît extraordinaire. Merci pour vos conseils et je vous souhaite une bonne soirée. »

Mais ce fut à ce moment que Marduk et Drark sautèrent sur l’occasion pour entrer dans la conversation, forçant Vidar à rester un peu plus longtemps là pour ne pas se retrouver seul à la table.

« J’ai également une question, madame Jistili ! Auriez-vous l’amabilité de nous donner davantage d’informations sur le Culte du Dieu Griffu et leurs différents dirigeants ? Nous ne sommes pas tout à fait certain de comprendre comment fonctionne, d’un point de vue politique, ce culte. »

« Depuis que les Dragonniers ne sont plus, car c’était eux qui dirigeaient à la ville à l’époque, le Culte du Dieu Griffu, organisé autour du Conseil de la Griffe, dirige la cité sur le plan économique, idéologique et social. Les grands prêtres des cinq dieux font partie du Conseil de la Griffe avec Malar pour Abadar, Remna pour Irori, Erdalon pour Iomédae, Dal’ris pour Asmodéus et Thraduin pour Torag. Au fur et à mesure des années, en fonction de la personnalité des grands prêtres, certains dieux de la Griffe ont été plus influents. Avant, Torag était clairement le dieu le plus influent, puis Irori et Abadar, mais maintenant il me paraît plus difficile à déterminer lequel prend le plus de place dans la ville. Avec le choix de nommer la paladine d’Iomédae comme fer de lance du culte, Iomédae a toutes ses chances de l’être.

« Et auriez-vous des informations supplémentaires concernant ce Dal’ris Rabadashur ? Je suis curieux car on dit qu’il n’est pas ici depuis longtemps. » continua Marduk.

« En effet, il est entré en fonction y a peu suite au décès de son prédécesseur, Valdrak Garog. Mais d’après ce qu’on en dit, il a l’air plutôt brillant et prometteur pour le culte et il est déjà fort apprécié dans la ville. Les échos que j’en ai eu sont souvent remplis de qualités… pour un adorateur d’Asmodéus évidemment. Intelligent, droit et inflexible. Je sais que ces qualités font que les séances au tribunal ont été transférés il y a peu dans la Cathédrale d’Asmodéus, alors qu’elles étaient jusqu’ici présidées par le grand prêtre d’Abadar. »

« Nous vous remercions, maîtresse gnome. Merci pour l’accueil, et peut-être nous reverrons-nous un de ces jours. » conclut Drark.

Après une brève discussion, ils prirent la direction de l’Auberge des Parias, se disant qu’ils comptaient de toute façon rencontrer Tim et que cela ferait une pierre deux coups. Ils gravirent la montagne, marche après marche, pour arriver dans la zone enneigée, le toit blanc de la cité. Marduk n’en revenait pas : c’était la première fois qu’il voyait de la neige, même s’il en avait déjà entendu parler dans des histoires. Mieux encore, il pouvait la toucher, la prendre en main. Drark profita de son émerveillement pour lui balancer une boule de neige en pleine face, alors que le champion était ébahi, les mains plongées dans la texture poudreuse et humide.

Une fois arrivé au bout de la Voie des Nuage, ils purent apercevoir le quartier qui était, maintenant que la nuit était tombée, revenu au calme. Ils naviguèrent à travers les maisons pour trouver l’établissement tant cherché. Ce n’est qu’après erré quelques minutes dans ce quartier pourtant pas bien grand, qu’ils comprirent pourquoi ils n’étaient pas tombés directement dessus : il s’agissait en fait d’un ancien temple reconverti en auberge. De loin, ils ne sachant pas cela, ils avaient confondu le bâtiment avec sa fonction première.

Ils entrèrent, contents d’avoir enfin trouvé leur domicile pour la nuit, en claquant des bottes sur le paillasson pour éviter de tremper l’intérieur bien chaud de l’établissement. Ils balayèrent la pièce principale du regard, à la recherche de leur ami aux mille et une surprises, et virent une silhouette encapuchonnée près du brasier au fond de la salle commune. Ils s’approchèrent afin de vérifier son identité, puis s’avancèrent pour donner une grande tape dans le dos de Thorvak, alias Tim, le gars qui connaissait un gars, qui s’exclama de surprise.

« Mais !? Qu’est-ce que vous faites là ? Bande de … il cherchait ses mots, vous m’avez fait peur ! Je ne m’attendais pas à vous voir ici. Faites moins de bruit par contre, dit-il alors que les aventuriers le saluaient de manière démonstrative et joviale, mes affaires sont secrètes ! » Continua-t-il en chuchotant énergiquement, trop fort pour être un réel murmure mais montrant son intention de vouloir rester discret.

« Quelle joie te vous revoir, vieille branche ! Vous nous avez manqué ! » Commença Marduk, déterminé à dérider le nain qui scannait encore la pièce du regard à l’affût des réactions des autres parias de l’auberge, mais tout semblait calme.

« Mon frère, on dirait que c’est le destin qui nous rassemble, encore une fois ! Vous n’étiez pas supposé être à Orville ? » continua Vidar, en faisant un geste rassurant, montrant que personne ne s’intéressait à eux dans l’auberge, mis à part l’aubergiste qui notait dans sa tête qu’il devrait passer voir s’ils avaient besoin de consommations.

Drark fit un signe en direction tenancier de l’auberge qui s’approcha. Ils commandèrent de la Pisse de Dragon pour se mettre à l’aise.

« Je commençais à rouiller à Orville, alors je me suis dit qu’il était temps que je relance un plus mes affaires dans le nord. J’ai des contacts à Marchefer, et j’avais entendu parler les tensions entre Glenwyrm et la cité des nains avaient plus ou moins gelé les échanges commerciaux. Alors je me suis dit que les aider un peu dans le ravitaillement ne pourrait pas faire de mal... » expliqua Tim, avec un petit sourire en coin.

« Vous parlez bien de contrebande ? » demanda Drark ayant tout à fait compris ce que le nain voulait dire.

« Qu’ils appellent cela comme ils le souhaite, j’appelle ça une aide aux personnes dans le besoin, un acte de pleine générosité. » répliqua le nain

« Générosité envers les autres, mais aussi envers vous non ? » continua Marduk.

« Personne ne mérite d’être oublié comme on dit chez moi, dit-il en pointant le ciel du doigt, un grand sourire aux lèvres. Et vous, comment êtes-vous tombé ici ? Je ne savais pas que vous étiez dans la région. »

« Comme vous le savez, nous étiez partis pour la Marche de l’Eau, mais cela n’était que le début de notre aventure. Nous avons traversé le Marais des Cendres afin d’aider Narliza dans ce qu’on pourrait appeler ses affaires de famille, mais également pour aider Baltazar à éclairer son passé (ce dernier hocha la tête, énigmatique). Puis nous sommes remonté vers la Marche du Vent où nous avons fait un petit détour. La suite de notre aventure se trouvant dans la Marche de Pierre, nous sommes passés par Taek et nous avons fait route tout droit vers Glenwyrm. » expliqua Vidar.

« Eh ben, quelle longue route ! Mais maintenant que vous êtes à Glenwyrm, quels sont vos objectifs ? »

« Nous avons quelques affaires à régler, entre autre avec l’archiprêtre d’Asmodéus Dal’ris, également avec un orc du nom d’Ulgan. Il serait tapi dans les montagnes. As-tu des informations le concernant ? » s’avança Marduk.

« Hmm, je sais qu’il y a du mouvement dans les montagnes avec les géants, mais je ne sais pas si les orcs sont impliqués. Cela serait fort possible. » dit-il en se grattant le menton.

Après quelques secondes de silence, il se remit à parler :

« Peut-être que je connais quelqu’un qui aurait des informations là-dessus, laissez-moi quelques jours pour voir. »

« Bon, j’ai l’impression qu’on n’a que des discussions sérieuses là ! Il va falloir passer à la vitesse supérieure niveau boisson si on veut un peu arrêter de trop se tracasser du lendemain. AUBERGISTE ! Apportez-nous votre boisson la plus forte, tant que c’est buvable et comestible. »

« Buvable, comestible, et délicieux pour ceux qui aiment un peu de feu dans la bouche ! L’Eau de Roche est un alcool très apprécié par les gens d’ici, et presque pas exporté car la production est trop faible et tout est bu avant d’avoir pu être emporté bien loin !Mais n’abusez pas, on dit qu’une consommation excessive peut rendre aveugle, Ah Ah AH ! »

Ils prirent quelques verres, et Vidar en profita pour satisfaire sa curiosité. Il avait remarqué la forme étrange de l’auberge, ressemblant davantage à un lieu de culte. Il questionna Jihara, l’aubergiste elfe qui tenait l’établissement, à quel divinité cet ancien temple était dédié.

« Oh, avant même qu’un village ne soit bâti ici, quand ce n’était que des mines sur une route commerciale, un temple de Pharasma a été construit ici. Je ne sais pas exactement pour quelle raison ce temple fut érigé, ni pourquoi il fut détruit, mais j’ai décidé de réinvestir les ruines pour accueillir tous ceux qui en auraient besoin. Cela confère un certain charme aux lieux, vous ne trouvez pas ? »

Vidar acquiesça et vida son verre tandis que Tim annonçait quelque chose.

« Bon, si cela vous tente, on pourrait rejoindre un petit évènement qui se déroule pas loin d’ici. Il y a longtemps, certaines personnes de la cité avaient pour habitude, après les dures journées dans les mines à se crier dessus, à accumuler des tensions, de se défouler et régler leurs comptes à mains nues. C’est un peu devenu une tradition de se mettre sur la gueule quand on était pas content, ou même pour parfois simplement s’amuser. Un exutoire cathartique si vous voyez ce que je veux dire. »

Les autres firent un hochement de tête, car ils voyaient petit à petit où il voulait en venir.

« Une fois que le Culte du Dieu Griffu a pris la tête du commandement de Glenwyrm, les disciples d’Irori se sont dit qu’il s’agissait d’une bonne opportunité pour amener un peu de règle, de discipline et même d’art dans tout ça. Parce que vous voyez, les gars qui se mettent sur la gueule après les journées dans les mines… bah, ils ne vont pas de main morte et il y avait régulièrement des accidents et des mécontents. Donc les ecclésiastiques ont commencé à chapeauter cela, ont ajouté quelques aspects rituels, des règles pour être certain qu’il n’y ait pas de tués, et ils ont appelé cela « La Fraternité de la Paume ». Ce que je vous propose, c’est qu’on aille à un de ces combats ce soir. Je sais qu’il y en a un non loin d’ici ce soir. On pourra boire et se mettre dans l’ambiance, et peut-être se battre si on le sent bien ! ».

Les aventuriers poussèrent un petit cri d’approbation, achetèrent deux bouteilles d’Eau de Roche pour la route et suivirent Tim qui titubait déjà un peu dans la neige. Ils se dirigèrent vers le flanc ouest de la montagne, à l’opposé de là où était l’Auberge des Parias, et rejoignirent un petit groupe de mâles musclés en train de se jauger. Tim fit les présentations et proposa aux aventuriers de participer aux joutes. Vidar et Marduk acceptèrent et se mirent torse nu.

Vidar entra dans le cercle de la Fraternité de la Paume et se mit en garde. Il allait se battre contre demi-orque costaud, le dominant d’une tête en hauteur. Il observa son adversaire et jugea qu’il n’allait pas prendre de risque et rester sur la défensive. Le nain opta alors pour une approche et fit un pas en avant, pour se rendre compte qu’il avait très mal lu le jeu de son adversaire qui lui lança un poing dans la figure qu’il esquiva de justesse, et le vent siffla à ses oreilles tellement le coup était puissant. Il en profita pour lui attraper le bras, se glissant sous la masse corporelle du demi-orc et fit une clé autour de son cou. Il utilisa ensuite son propre poids pour faire tomber son adversaire vers l’avant, déjà en déséquilibre à cause de sa frappe brutale. Il s’écroula au sol et Vidar se jeta sur lui pour assurer sa prise autour du cou de l’orc, qui vint rapidement à manquer d’air alors qu’il se débattait avec férocité. Au bout de quelques secondes, il dût se rendre à l’évidence qu’il n’aurait plus la force d’emporter le combat et déclara forfait d’une petite tape au sol.

Vint ensuite le combat entre Marduk et un humain du nom de Strald. De la même manière, le champion observa son adversaire afin d’étudier ses mouvement et anticiper ses prochaines actions. Grâce à cela, il vit la jambe de son adversaire venir et il estima qu’il tentait de frapper sa tête avec son pied. Marduk ne perdit pas une seconde et se jeta vers l’avant, sachant que comme cela, il bloquerait l’impact à sa tête et arrêterait la jambe à sa base en la contrant au niveau de la cuisse. Mais comme Vidar, il avait mal évalué ce que son adversaire allait faire. Ce qu’il avait pris pour un coup de pied haut était en fait un coup de genou. C’était trop tard lorsqu’il s’en rendit compte, il se pris le genou en pleine face et il ne put que faire son possible pour minimiser la puissance de l’impact, comptant uniquement sur sa vigueur de guerrier aguerri pour encaisser le coup. Strald n’avait pas anticipé que Marduk se jetterait de tout son corps de cette manière, et son coup, qui aurait pu mettre Marduk à terre en un seul mouvement, fut au final hésitant. Peut-être avait eu peur de briser la mâchoire de cet adversaire qu’il ne connaissait pas, mais en tout cas cette hésitation fut la lueur d’espoir du kéleshite. Marduk en profita pour continuer sur sa lancée et atterrit en plein dans le sternum de son adversaire, lui coupant le souffle d’un coup sec. Un coup de poing supplémentaire de la part du sarenrite mit le combattant au sol hors d’état de nuire. Marduk, la mâchoire en sang, vérifia alors rapidement qu’il n’y avait pas été trop fort avec son adversaire et l’aida à se relever.

« Vous êtes des combattants peu commun, fit le disciple d’Irori, vous êtes parvenus tous les deux à tirer le meilleur d’une mauvaise situation. Vous avez mal lu le langage corporel de vos adversaires mais vous vous êtes rapidement adaptés et vous avez trouvé un moyen de l’emporter, que ce soit de manière plus subtile ou plus frontale. Je n’aimerais pas vous croiser sur le champ de bataille… à moins que vous soyez dans mon camp. »

Les aventuriers burent à cela et sympathisèrent avec les autres adeptes présents encore quelques heures, jusqu’à ce qu’ils ne purent sentir leurs doigts dans le froid, puis ils rentrèrent en titubant vers l’Auberge des Parias.

Le lendemain matin, ils prirent la décision de se renseigner sur la ville qui les hébergeait. Ils étaient particulièrement intéressés par l’histoire des Dragonniers, car ils sentaient que les récits ne rendaient pas justice à la complète vérité. Ils se rendirent à la bibliothèque d’Eria, tenue par la communauté elfe, car ils sentaient qu’ils pourraient peut-être avoir la version des perdants dans les rayons poussiéreux des sympathisants aux anciens gardiens de la cité.

Vidar et Drark s’y rendirent directement, tandis que Marduk alla faire un petit tour dans la ville à la recherche de la présence de sarenrite, d’une temple ou d’un quelconque lieu de culte. Il était curieux de savoir à quel point les autres dieux étaient présents dans cette ville, que ce soit Sarenrae ou les autres.

Après quelques temps de vagabondage, il put trouver une petite chapelle dédiée à la Fleur de l’Aube, sa déesse favorite. Il put constater que ce lieu était quelque peu laissé à l’abandon. Il prit quelques minutes pour remettre à neuf le lieu de prière, puis laissa une petite bourse pleine de pièce d’or avec un petit mot attaché à celle-ci :

« Toi qui lit ces lignes, prends ce dont tu as besoin et quand l’aube se lèvera à nouveau pour toi, rends-le à ton prochain. Fidèles de Sarenrae, vous n’êtes plus seuls : demandez Marduk à l’Auberge des Parias ».

Il reprit alors sa route, content de lui, et rejoint ses compagnons à la Bibliothèque d’Eria dans le quartier elfique.

En attendant, les deux compagnons s’étaient présentés aux portes de la bibliothèque et avaient demandé quelques informations concernant les rayons des sujets qui les intéressaient : le temple de Pharasma et les plantes botaniques.

Vidar dût se rendre dans une salle annexe où un vieil elfe du nom de Renos l’accueillit avec curiosité.

« Vous vous intéressez aux origines de GLenwyrm ? Cela fait longtemps que personne n’était venu pour étendre son savoir à ce sujet. Intéressant, intéressant… »

Il se dirigea vers une étagère haute et il prit quelques livres qu’il dût extraire à bout de bras des rayons.

« Voici quelques manuscrits qui devraient vous satisfaire. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas, c’est un sujet que je trouve passionnant ! ».

Et le nain se plongea dans la lecture.

Il apprit qu’à la base, avant qu’il n’y ait de ville ou même de village, les lieux furent investis pour y implanter des mines, de fer, mithral et autre métaux précieux. À l’époque, il n’y avait dans un premier temps que des nains, mais par la suite, humains et elfes se joignirent à la communauté et travaillèrent également dans les mines sous la montagne. Un temple fut alors construit en l’honneur de la Dame en Noir, sans vraiment savoir pour quelle raison la population avait ressenti ce besoin d’honorer la déesse de la mort et du destin. C’était bien avant l’apparition de l’Ordre du Dieu Griffu. Un village fut ensuite construit sur le haut de la montagne, à l’emplacement de la Voie des Nuages actuellement, mais il fut rasé une première fois par une attaque de dragons qui mirent le feu à l’entièreté du plateau. Les archives ne donnèrent pas de précision sur ce qui arriva aux dragons, si ils furent chassés, si un pacte fut scellé ou simplement si ils retournèrent dans les montagnes, mais le village fut reconstruit sur les cendres de l’ancien, mais les habitants ne remirent pas sur pied le temple oublié de Pharasma.

De son côté Drark se renseignait sur les plantes et l’alchimie dans la Marche de Pierre. Il ne trouva rien de fort neuf. Peut-être n’était-il pas tombé sur le bon ouvrage, ou peut-être pas le bon chapitre, mais il n’apprit pas grand-chose. Tandis qu’il lisait le livre, concentré sur un passage qui semblait prometteur, le bibliothécaire, le voyant, lui dit :

« Vous feriez bien d’aller voir les tenanciers de l’Auberge de Xalistar, je pense qu’il s’agit des meilleurs alchimistes de la ville. Ils pourront peut-être vous guider dans vos recherches. »

Drark remercia l’elfe et se replongea dans sa lecture.

Marduk arrivant enfin, leur fit un petit signe de main et, ne souhaitant pas les déranger dans leur lecture, prit un livre parlant de l’histoire des Dragonniers puis s’assit sur un siège de la pièce. Son livre relatait la version vue par les elfes de cette histoire. Dans la vision des elfes, Elswyn était décrit comme un Maître prétentieux, maladroit dans ses dires, mais pas non plus une personne capable de se retourner contre sa cité ou capable de commettre les atrocités qu’on lui attribuait. Son dragon Terian, semblait du même acabit : ambitieux, un peu désinvolte, mais rien ne semblait annoncer une trahison et le massacre du village de Joergun, peuplé d’innocents montagnards et bergers. Bien que l’ouvrage ne donna pas d’explications précises, il mit plutôt l’emphase sur le fait qu’il s’agissait d’un malentendu ou d’un coup monté, sans non plus donner un autre coupable. Une information qui étonna Marduk, fut le fait que les dragonniers à la base, avaient été formés par une elfe du nom de Celyra, mais également un nain. L’un des deux premiers dragonniers fut donc un nain, peuple qui maintenant donnaient l’impression de détester les dragons comme s’il s’agissait d’une race rivale, d’un ennemi ancestral au même titre que les orcs ou les géants. Avec un fondateur de leur race, il devait y avoir eu un évènement qui avait modifié cette perception. Aucune information concernant la raison de cette dichotomie n’était présente dans le livre et pourtant, le champion sentait qu’il s’agissait probablement d’une information importante...

Date du Rapport
20 Sep 2024
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