Session XL : Le Héraut d'Asmodéus

General Summary

Une fois la mort enterrée sous les ruines du sanctuaire de Nethys, et la paix ramenée dans le cœur de Sa-zu Rabadashur, les aventuriers purent se tourner vers d’autres horizons. La prochaine étape, décidée en concertation avec le groupe, était de monter davantage au nord-est, et de rejoindre le monastère d’Irori qui avait été le témoin d’un massacre sanglant. Lors de sa fuite, le groupe de Baltazar avait été traqué par un homme du nom de Morgan, champion d’Asmodéus, et qui avait tué un ancien de ses compagnons, Kearn le gnome bonimenteur et charlatan de toutes heures. L’iruxi n’avait pas de souvenir précis de ces moments-là, mais Jueïa lui avait raconté les faits et ils étaient décidés aller voir cela de plus près.

Ils reprirent la route et firent quelques jours de trajets à cheval à travers les steppes de la Marche du Vent. Ils traversèrent de grandes landes vallonnées, mais furent surpris de voir qu’à certains endroits, de grandes cavités étaient comme creusées dans les collines, formant de longs tunnels larges de plusieurs mètres de diamètre. Les plus gros allaient jusqu’à cinq ou six mètres, et ils auraient pu passer avec leur chevaux ou des charrettes s’ils l’avaient voulu. Drark remarqua qu’il ne s’agissait pas de travail fait de la main d’humanoïdes, car aucun outil à sa connaissance ne faisait des trous de manière si grossière. Il ne savaient pas quel phénomène naturel avait creusé ces tunnels, mais si c’était de l’eau, cela devait être il y a fort longtemps, lorsque des rivières maintenant disparues passaient par là.

Au milieu du troisième jour de voyage, ils purent apercevoir un cavalier au sommet d’une colline au loin, à l’horizon. Un oiseau de proie volait au-dessus d’eux, comme épiant leurs gestes. Cela faisait déjà quelques temps que Baltazar l’avait remarqué, mais il comprit maintenant qu’il s’agissait d’un animal dompté. En s’approchant, ils purent constater que le cavalier ne semblait pas agressif, mais prudent. Il s’agissait d’un combattant nomade, les marques des intempéries et des combats étaient sur son corps, et son équipement de cuir léger était visiblement fait pour parcourir de longues distances tout en étant pratique pour le combat.

« Salutations étrangers ! Qu’est-ce qui vous amène par ici ? Quoi que ce soit, la route que vous empruntez est actuellement fermée. Il vous faudra contourner le monastère. »

Il indiqua de sa lance les ruines d’un large bâtiment en contrebas, au fond de la petite vallée qu’il dominait du haut de la colline. Le complexe religieux tenait encore plus ou moins debout, mais il était clair qu’un incendie avait réduit en cendre sa grandeur d’antan. Les flammes avaient dévoré tout ce qu’elles avaient pu, et les pierres étaient noircies de toute parts.

Baltazar fronça les sourcils.

« C’est précisément à cet endroit que nous désirons nous rendre... »

Le cavalier eut un léger mouvement de recul, puis se reprit et ajouta :

« Alors suivez-moi, je vais vous conduire à mon commandant. »

Quelques centaines de mètres plus loin, derrière un gros rocher qui permettait de s’abriter du vent qui balayait avec force la région, une tente avait été installée. Ils entrèrent et furent accueillis par cinq hommes dont un qui se démarquait par son air sombre, ses livrées qui étaient clairement plus prestigieuses que celles de ses camarades, et un sérieux qui imposait le respect. Le cavalier lui expliqua la situation, et après un court moment de pause, il prit la parole.

« La zone est actuellement bloquée et nous surveillons le périmètre car un de nos ennemis s’est réfugiée à l’intérieur. Il s’agit d’un certain Morgan, aussi surnommé le Héraut des Enfers, champion et tyran d’Asmodéus... ». Il laissa sa déclaration en suspens afin d’évaluer la réaction des aventuriers. Presque directement, Baltazar et Jueïa réagirent :

« Ce pourceau se trouve donc toujours là ! Nous devons absolument lui parler. Cet homme a tué nos compagnons et il nous doit, au minimum, des explications. »

« Et au maximum ? » continua le commandant.

« Sa misérable vie. » répondit Jueïa.

Un petit regard évaluateur se posa sur les deux compagnons, puis ses sourcils de détendirent. Ils avaient réussi à le convaincre de leur bonne foi.

« Très bien. Il se trouve que nous cherchons également à le tuer. Nous l’avons combattu à plusieurs reprises et perdu quelques hommes, mais ses serviteurs diaboliques ont subi également des pertes. Je ne sais pas combien il en reste à l’intérieur, mais en tout cas je n’ai plus envie de risquer la vie de mes camarades. Sachez que si vous me rapportez sa tête, je vous récompenserais. Dans le cas contraire… Nous l’aurons à la faim. »

Les aventuriers se consultèrent quelques secondes, puis répondirent :

« Nous ne vous promettons rien pour l’instant, commandant … ? »

« Gledion »

« Nous ne savons pas encore ce qui va nous attendre là-bas, donc nous verrons ce qu’il adviendra de cet entretien. »

Ils quittèrent la tente et remontèrent sur leurs chevaux. Ils décidèrent de réaliser une approche standard selon leurs habitudes : Marduk et Vidar tenteraient d’attirer l’attention pendant que les autres feraient une approche plus discrète. À environ une centaine de mètres, ils mirent pieds à terre pour se disperser. Ils s’approchèrent, divisés en deux escouades. Drark faisait de son mieux pour rester discret, dans l’ombre de l’iruxi qui se fondait étrangement bien dans ces hautes herbes.

La porte, bien qu’en bois, tenait toujours debout. Le bois massif avait été entamé, mais pas suffisamment, de sa forte densité, que pour mettre les battants au sol. Marduk entra le premier, poussant ce qui restait de poignée pour entrer, prudemment.

Pendant ce temps, l’iruxi et le gobelin avaient trouvé un pan de mur suffisamment amoché que pour pouvoir les laisser passer tous les deux, malgré la grande taille du roublard. Baltazar se faufila habilement, poussant délicatement une planche, sans la faire craquer, pour pouvoir laisser passer son corps massif. Une fois passé, il relâcha la planche, qui vint s’écraser sur le nez de Drark.

« Aïe! » tenta-t-il d’étouffer entre ses dents.

Le ruffian se retourna avec une expression ahurie d’énervement. Comment faisait-il pour être aussi peu attentif à ce qui l’entourait quand il était dans ce genre de situation ?! Drark répondit avec un petit sourire désolé et franchit rapidement par le trou bien trop grand pour lui sans difficulté. Ils entendirent alors une voix distante qui provenait d’un peu plus loin dans le monastère.

« N’avancez plus, étrangers. »

Le ton était calme, mais ferme. Il avait l’intonation de quelqu’un qui avait l’habitude de donner des ordres, quelqu’un de puissant, quelqu’un qui devait être craint et respecté en d’autres lieux, quelqu’un qui avait enfoui la sensibilité qui faisait se serrer le cœur lorsqu’on commettait un crime, lorsqu’on rabaissait quelqu’un… ou qu’on tuait un autre être. Mais malgré cette froideur arrogante, malgré cette force dans une simple phrase, ils perçurent autre chose dans sa voix : une lassitude.

« Que venez-vous faire en ces lieux ? Et comment êtes-vous passés sans encombre devant les Chevaucheurs du Vent ? » continua-t-il.

Marduk s’avança de quelques pas pour être sûr d’être le premier touché en cas d’engagement, laissant Vidar deux mètres derrière lui.

« Nous sommes venus chercher une personne et des réponses, et c’est pour cette raison que les Chevaucheurs du Vent nous ont laissé passer. Nous avons été clair dans nos intentions et ils ont décidé que cela n’allait pas à l’encontre de leurs objectifs. »

L’intérieur du monastère affichait de nombreuses traces de lutte, et les combats avaient dû faire rage. On voyait des entailles d’épée, de haches ou de griffe dans les murs, des paravents étaient déchirés, les chaises avaient était lancées de part et d’autres des pièces, des taches sombres un peu partout dans les lieux retraçaient les évènements qui avaient dû se dérouler quelques semaines auparavant. Les corps avaient probablement été évacués pour des raisons d’hygiène, mais on pouvait encore voir les traces de ceux-ci au sol, sur les murs, et leur présence était presque palpable. Peut-être que leurs esprits étaient encore non loin, observant la scène. Le jardin, au centre du monastère, dans un petit cloître qui avait dû être magnifique en temps de paix, n’était plus que de la terre battue sur laquelle s’étendait une couverture de cendre.

« Je suppose que c’est personne, c’est moi. Qui êtes-vous ? Vous me semblez être des aventuriers de grands chemins, pas des chasseurs de prime... »

« Te souviens-tu de Kearn ? Te souviens-tu de ceux que tu as traqué jusqu’ici ? » répondit Baltazar.

À ces paroles, le champion d’Asmodéus fit un pas vers l’avant et mit en lumière sa silhouette qui n’était alors que dans l’ombre, dans le but de mieux apercevoir l’iruxi. Il révéla son visage et un éclair de souvenir jaillit dans l’esprit du roublard. Il vit une image de cette ombre surgir des flammes, massive et menaçante. L’éclair suivant, il empoignait un moine par le cou et, de son gant de d’acier, lui brisait la nuque. La vue de l’iruxi se brouilla, et il ne vit qu’un grand tourbillon de feu qui l’emportait vers les profondeurs. Il se sentit tomber en chute libre, finalement rattrapé par une autre vision qu’il tentait d’éviter mais il ne parvint pas à fermer les yeux et une sorte de curiosité morbide le força à tourner sa tête complètement sur sa gauche, là où le chevalier infernal apparaissait. Il vit alors Kearn, empalé sur la grande épée bâtarde de Morgan. La lame dentelée venait de pénétrer son corps et ses jambes flottaient à quelques centimètres du sol. Avec un sourire cruel, il pencha son épée sur le côté et le corps sans vie du gnome glissa au sol. La rage montait dans le cœur de Baltazar, le regard fixé sur le visage railleur du champion, mais la main de Jueïa le tira vers l’arrière et ils s’enfuirent dans les ténèbres tandis que la vision s’évanouissait.

« Ton visage me dit quelque chose, l’iruxi. Ne serait-ce pas toi es venu souillé notre lieu de culte ? Où sont tes compagnons ? N’ont-ils pas eu le sort qu’ils méritaient, eux ? ». Le tyran lança Morgan, mais Baltazar ne mordit pas à l’appât et bien que son sang bouillonnait, il décida d’approcher le dialogue de manière intelligente.

« Vous avez beau parler avec arrogance, c’est vous qui êtes piégés comme des rats. De ce que j’ai pu observer, vous allez bientôt mourir. »

« Vous avez trouvé la personne que vous cherchiez, alors dites-moi ce que vous voulez et puis disparaissez hors de ma vue. »

« Il se trouve que depuis notre dernière rencontre, j’ai un dessin, une sorte de tatouage qui grandit dans mon dos… Je n’ai pas encore vraiment trouvé d’information là-dessus mais je pense que cela un rapporta avec notre rencontre. »

« Cela ressemble en effet à un contrat infernal. Mais il me semble bien crypté. J’ai avec moi une diablesse des contrats, peut-être pourra-t-elle vous aider… Mais qu’aurons-nous en échange ? »

Baltazar le regarda avec un air froid et répondit :

« Cela dépendra de ce qu’elle parviendra à me révéler... »

La diablesse des contrats, une phistophilus, s’avança alors, descendant dans le cloître auprès des aventuriers. Bien que Vidar et Drark restaient en retrait, Marduk s’avança pour se mettre non loin de son ami iruxi, juste au cas où les évènements dégénéreraient. Il s’agissait d’un diable de haute stature, humanoïde, dont la tête était surmontée de deux cornes de bœuf. De son dos, comme de grandes racines, deux autres cornes jaillissaient, et elle devait autant s’en servir au combat qu’en dehors, car de nombreux parchemins, documents et contrats impies étaient attachés à ces grandes excroissances. Elle avait la peau halée, comme si elle avait été réchauffée dans les fournaises des neufs enfers pendant trop longtemps. Ses vêtements étaient d’un rouge légèrement délavé, mais le noir de ses yeux, de ses lèvres et de toutes les ombres qui l’entouraient semblait surnaturel. Cette noirceur semblait être la manifestation physique du caractère malsain de la créature. On pouvait voir qu’elle se délectait d’avoir en sa possession tous ces contrats qui avaient scellé le destin de nombreux mortels. Ce goût du pouvoir, du contrôle, transparaissait dans son attitude.

« Voyons voir cela… dit-elle avec un léger ton sadique dans la voix. Il semblerait que votre destin soit intimement lié à ce tatouage mon jeune iruxi. Qu’as-tu donc fait pour mériter cela ? »

« Là réside le problème, j’ai perdu la mémoire et j’aimerais que vous m’éclairiez sur le sujet. »

« Plus le tatouage s’agrandit, plus vous vous rapprochez de la destinée que vous avez acceptée dans ce contrat. Contrat que vous avez signé, de votre plein gré… ou parce que vous vous étiez en quelque sorte forcé. Si contrat il y a, vous devriez être en possession de ce dernier. Ce tatouage n’est pas le contrat en lui-même, mais bien sa manifestation physique. »

« J’ai en effet un parchemin, mais il est vierge. Seul mon nom se trouve au bas de la feuille. » Il sortit de son sac et le tendit prudemment à la phistophilus.

Elle le prit et se mit à le lire. La surface ne montrait aucune trace d’encre, mais elle cela ne semblait pas l’arrêter dans un premier temps. Puis, après quelques secondes, elle se mit à froncer le sourcils. Elle inclina le parchemin pour avoir un angle différent, comme si elle cherchait à faire refléter la lumière sur la peau tannée de manière différente.

« Je… Il me semble qu’il y a un problème. Je ne peux lire ce contrat. Je vous confirme cependant qu’il s’agit d’un contrat infernal, mais un sortilège puissant masque sa réelle signification à mes yeux. Les lettres changent tout le temps et prennent des formes indéchiffrables. Seule une créature extrêmement puissante serait capable de réaliser une telle prouesse. J’espère pour vous que ce n’est pas l’œuvre d’un diantrefosse... »

« Un quoi ? »

« Un diantrefosse, compléta Morgan, un seigneur diable. Une des plus puissantes créatures infernales. Ce sont des seigneurs des enfers, généraux d’Asmodéus. Nous ne sommes que des insectes à côté de leur pouvoir. »

Baltazar, le parchemin à nouveau dans ses mains, réfléchit quelques secondes, perdu dans ses pensées.

« Si je comprends bien, vous ne savez rien me dire… Quelle aide précieuse, railla-t-il. Je ne sais pas si vous comptiez obtenir un coup de main de ma part avec une prestation aussi peu convaincante, mais c’est mal parti. »

Morgan, bien qu’il ne montra pas une once d’hésitation, devait probablement réfléchir à la vitesse de l’éclair pour trouver un moyen de se sortir de là.

« Si vous faites bel et bien partie du groupe qui a volé les larmes d’Asmodéus, vous devez encore être recherchés par l’Archiprêtre de Glenwyrm. En nous associant, je peux probablement parvenir à… arranger les choses. »

« Qu’insinuez-vous ? »

« Je vous propose de faire équipe. Aidez-moi à sortir d’ici, et je vous aiderai en retour. Dès notre arrivée à Glenwyrm, nous faisons tomber l’arrogant qui m’a envoyé à vos trousses. Ensuite je vous octroie l’amnistie et la protection culte avec tous les avantages qui vont de pair. »

Voyant qu’ils hésitaient, Morgan rajouta, avec un air sérieux.

« Je vous en donne ma parole. »

La proposition était intéressante, alléchante même, car ils savaient que les serviteurs d’Asmodéus tenaient leurs promesses. Cependant, le problème résidait davantage dans la personne qui leur proposait ce marché. Ces paroles de conciliation ne parvenaient pas à faire éteindre le feu qui brûlait dans la tête de Baltazar, et Marduk n’était pas certain d’être prêt à faire la paix avec les serviteurs sans pitié du gardien des enfers. Certes, Sarenrae et Asmodéus s’étaient autrefois alliés dans le combat contre Rovagug, mais il n’avait pas l’impression ici que les situations étaient comparables. Cela ressemblait davantage à de l’opportunisme intéressé, et cela ne lui plaisait pas.

« Pourquoi désirez-vous vous débarrasser de votre supérieur, maître Morgan ? N’êtes-vous pas supposé être loyal à vos confrères et commandants ? » finit enfin par répondre Baltazar.

« Gravir l’échelle du pouvoir n’est en aucun cas une interdiction pour notre religion, et il s’avère que l’Archiprêtre Dal’ris est une personne fourbe et malicieuse. Je pense d’ailleurs que ma situation ici est de son fait, qu’il avait prévu ce piège en me demandant de résider ici plus longtemps pour investiguer. Nous sommes nombreux à penser qu’il ne mérite pas sa place en de meneur de notre culte… »

« Dal’ris ? Vous avez bien dit Dal’ris ? » Ce fut Marduk qui l’interrompit. Il avait mis quelques secondes à réaliser ce que Morgan disait.

« Vous le connaissez ? »

« Assez bien en effet, cela explique pas mal de choses. »

« Si vous m’aider à le faire tomber, vous ne le regretterez pas. Je peux vous assurer la protection de l’Église d’Asmodéus et toute l’aide nécessaire pour élucider ce mystère autour de ce contrat. »

Baltazar resta impassible pendant quelques secondes. Il réfléchissait. L’offre était intéressante, mais il savait qu’accepter ce marché signifiait faire alliance avec son ennemi. Il avait un autre pressentiment. Ce que Morgan proposait était trop généreux. Cela ressemblait soit à une entourloupe, soit à une ultime tentative d’échapper à l’inévitable. À y mieux réfléchir, Morgan semblait bel et bien acculé. Il était pris au piège dans ce monastère, son grand prêtre semblait lui avoir tourné le dos, et il n’avait d’autre choix que de négocier avec des personnes venues dans le but de le tuer. Le champion d’Asmodéus était tombé bien bas, mais Baltazar sentait la rage monter en lui. Est-ce que vraiment cela signifiait qu’il méritait sa pitié ? Est-ce que cela rachetait vraiment ses actes passés ? Il avait autrefois toute une bande d’amis, ses collègues d’infortune et coups fourrés, et Morgan avait été l’un des traqueurs, l’une des personnes à avoir éventré Kearn, sans l’ombre d’une hésitation. Jueïa en était témoin, et il voyait la fureur dans ses yeux quand elle parlait des évènements passés. Pendant un temps il s’était demandé si les souvenirs qui revenaient sporadiquement à la surface étaient bien réels, s’il s’agissait bien des siens. Mais maintenant qu’il se trouvait en face de ce Morgan, ses tripes lui disaient que oui, c’était bien son passé qui avait été mis en lambeaux et l’un des coupables était devant lui, à sa portée… et il allait payer pour ses crimes.

« Vous devez être bien désespéré, maître Morgan, pour me proposer monts et merveilles. Je vous pensais plus orgueilleux que cela. Je pensais que votre honneur n’était à vendre et que votre courage n’était comparable à celui d’un avorton en pleurs… commença Baltazar. Sa décision étant prise, il se dit qu’un peu de raillerie ne pouvait pas empirer les choses. De là où je viens, dans notre milieu de voleurs, bandits et scélérats, NOUS avons un code et nous le respectons. Il marqua une pause. Et la première règle est qu’on ne traite pas avec les félons ! »

Baltazar attrapa sa lance et fit un pas vers le phistophilus, mais Vidar avait vu l’action venir et réagit plus rapidement. Un cri de guerre sortit de sa gosier, comme amplifié par la force de ses ancêtres. L’erinye, la diablesse qui était également à l’étage avec Morgan, caché derrière une ouverture de fenêtre, fut prise de panique et s’envola pour prendre la fuite. Morgan poussa un juron. Dans la foulée, fort de son succès, l’oracle fit une incantation qui se termina par un geste de la main dirigé vers la diablesse des contrats. De sa paume tournée vers la fiélonne, une onde de magie divine émergea et vint toucher les organes de la diablesse. Cette onde se répercuta dans son corps, s’amplifiant à chaque seconde. Bientôt, tout son corps fut secoué de vibrations destructrice, et ce fut à peine si elle parvint à marcher ou contrer éviter l’arme de l’iruxi qui venait s’abattre sur elle. La lance la transperça de part en part, et une grande gerbe jailli de l’endroit où la lance venait de frapper. Elle tenta de riposter avec un coup de corne. Elle toucha Baltazar, mais son coup était faible et ne parvint qu’à faire une égratignure au roublard.

L’instant d’après, Morgan posait le pied sur les cendre du cloître. Il savait que sa fin était probablement arrivée, mais il ne partirait pas sans un combat. Peut-être qu’Asmodéus l’accueillerait dans l’au-delà avec les honneurs qu’il comptait mériter. Il leva son épée bâtarde et fit un grand coup de taille en visant Baltazar qui évita de justesse.

Marduk vint en aide à son compagnon et se plaça juste derrière le chevalier infernal. Il brandit alors Lueur et tenta d’asséner un coup à Morgan, entaillant l’armure lourde du Héraut des Enfers. Drark sortit alors ses bombes. Il avait tout un panel préparé pour l’occasion. Cependant, lorsqu’il dût choisir, il prit une grosse poignée de feux grégeois. Il allait d’abord vérifier que le chevalier n’était pas protéger du feu par sa divinité. Était-il vraiment de changer une recette qui gagne ? Lui aimait le feu, et il espérait que Morgan n’était pas du même avis.

La seconde d’après, une bombe éclata sur le dos du champion d’Asmodéus, et ce fut une agréable surprise pour l’alchimiste, car il ne vit aucun signe de protection magique contre les effets des flammes. Il ne regarda plus ce qui restait dans son sac pour se concentrer sur le fait de jongler avec tous ses feux grégeois qui débordaient de ses mains.

Morgan commanda alors à Baltazar de se soumettre, et l’iruxi sentit une pression dans son esprit.

Une force divine tenta de le faire plier et il ressentit un poids immense tenter d’écraser sa raison. Mais il avait encore en tête la silhouette de Kearn, empalé sur l’épée dentée du champion. Il sentit son bras plus lourd, mais il parvint néanmoins à raffermir sa prise sur son épée courte et riposta en s’attaquant à la phistophilus. Un coup bien ajusté lui permit d’occire la diablesse qui avait du mal à rester debout suite au sortilège de Vidar.

La suite du combat fut assez rapide car Morgan était clairement dépassé par le nombre de ses opposants. L’erinye décida de revenir après son coup de frayeur, mais voyant que tout tournait en leur défaveur, elle tira une flèche de feu avec son arc infernal, puis décida de prendre la fuite en utilisant un portail personnel.

Les aventuriers concentrèrent alors leurs attaques n’eurent pas trop de mal à le mettre au sol. Drark lança un second feu grégeois que Morgan évita de justesse, mais pour mieux se faire attraper par Marduk qui tenta de l’immobiliser. L’oracle lança un autre sortilège qui secoua l’échine dorsale du fidèle d’Asmodéus, et le projeta vers l’iruxi qui planta son épée courte dans le thorax. Le Héraut des Enfers encaissa encore quelques coups dans la foulée, puis mit un genou à terre et commença à cracher du sang. Le ruffian le fit tomber au sol, poussant le soldat à terre avec sa jambe. Alors qu’il mordait la poussière, Baltazar attrapa les cheveux et dit à son rival :

« C’est très gentil de ta proposition, mais on se débarrassera de Dal’ris sans ton aide... ».

Puis il lui trancha la gorge.

Date du Rapport
19 May 2024

Commentaires

Please Login in order to comment!