Session XIV : Couper la tête du serpent !

Le combat était imminent, alors Baltazar et Drark tentèrent de se fondre dans les ombres. Alors que le massif iruxi n'eut aucune difficulté à le profiter de l'obscurité, le gobelin lui, ne put s'empêcher de faire du bruit en ajustant ses bombes pour le combat. Les aventuriers se placèrent alors de manière stratégique, en se cachant derrière les premiers piliers. Des tirs d'arc et d'arbalètes filèrent alors dans le temple. Ils virent une roublarde drow, une elfe noire, tirer de derrière une colonne, tandis qu'un assassin caligni, une espèce humanoïde vivant dans les royaumes des profondeurs, commencer à lancer des incantations. Une des bougies s'éteingnit et l'assassin se fondit dans l'obscurité. Cependant, Drark et Vidar purent observer ce qu'il faisait. Il était occupé à préparer ses poisons en vue de la suite du combat. Vidar tenta alors de déloger l'elfe en lançant une incantation ancestrale, "Secoueur d'Os". Cependant, son sortilège manqua sa cible et le nain jura dans sa barbe.

Des ombres, une femme à la peau cendrée et aux yeux jaunes, qu'elle avait gardés clos jusque là, sortit du coin de la pièce pour sauter sur le gobelin qui ne l'avait absolument pas vu. Elle taillada le l'alchimiste qui fut complètement pris au dépourvu par son assaut surprise. Marduk qui se trouvait alors trop loin pour l'aider, car il avançait tel un rempart pour tenter d'attirer l'attention des assaillants de front. Le ruffian sortit alors des ombres pour tomber sur la féctheline, et l'abattit d'un coup puissant qu'elle n'avait pas vu venir. À ce moment, une flèche fusa et vint se planter dans le torse de Vidar. Un sifflement de serpent se fit entendre dans le fond de la cathédrale : Aelnis était bien présente. L'assassin caligni avança alors, prenant pour cible Baltazar, qui venait de faire tomber son comparse. Il empoisonna sa lame et l'enfonça dans la chair du sang-froid. L'arbalétrière drow en profita pour continuer à faire pleuvoir des carreaux. Marduk se rendit bien compte qu'il fallait avancer et car les projectiles continueraient à pleuvoir. Lorsqu'une autre flèche vint se planter dans la jambe de l'alchimiste, qui hurla de douleur. Il décida alors de laisser l'assassin aux mains de Baltazar et ses compagnons et de foncer sur la méduse. Il leva son bouclier afin de se protéger du regard de serpent qu'il craignait plus que tout et avança avec détermination.

Pendant ce temps, le gobelin blessé commençait à paniquer et démarra une série de lancers d'explosif pour finalement mettre à bas ses adversaires. Les flammes fusèrent et la drow ne parvint plus à utiliser les ombres pour échapper aux regards dans l'obscurité. Vidar vint alors prêter main forte à Baltazar, aux prises avec l'assassin. Il usa de ses sortilèges pour affecter le caligni, que Baltazar finit d'un coup de lance. Cependant, l'iruxi n'était pas sorti indemne de son affrontement, car les flèches continuaient à pleuvoir. Le champion de Sarenrae était presque au contact de la méduse, mais elle avait eu le temps d'infliger de lourds dégâts à ses compagnons. Le dilemne était réel, car il était également la seule personne capable de soigner ses compagnons, l'alchimiste n'ayant pas préparé d'élixir de vie. Marduk se jeta sur son ennemi et l'empoigna de toutes ses forces, cela laisserait probablement un peu de temps à ses alliés. Drark fini alors la roublarde avec qui il se battait, à coup de feu grégeois. Ceux-ci commençaient à se faire rare, et Aelnis n'avait pas encore été atteinte, ce qui inquiétait le gobelin. L'oracle et le ruffian se consultèrent rapidement : fallait-il s'approcher de la méduse, au risque de se voir changer en pierre, ou valait-il mieux foncer dans le tas en espérant qu'elle n'ait pas le temps de tous les transformer en statue. Alors que Baltazar fonçait sur la méduse, Vidar lança une incantation qui fit secouer les os de la femme-serpent et dans son élan, il la fit se rapprocher du groupe afin de réduire la distance et permettre à tout le monde de mieux l'atteindre plus rapidement. Étant trop proche de toute façon que pour rester en sécurité avec ses tirs, elle décida d'avancer afin de permettre à tout le monde de contempler sa chevelure de serpent. Drark et Baltazar sentirent leurs membres se durcir tandis que Vidar tint bon. C'était malgré tout une bonne nouvelle : quoi qu'il arrive, l'oracle et le champion étaient maintenant immunisés à son regard vipérin. Le combat s'engagea alors avec tout le monde. Marduk tentait tant bien que mal de garder la méduse sous contrôle, mais ses serpents frappaient à tout va. Baltazar, empoisonné, ralenti et gravement blessé, vint profiter de cette fenêtre pour frapper son ennemie. La mêlée dura quelques secondes d'efforts intense : Drark commença à fouiller ses poches à la recherche de bombes différentes pour soutenir ses alliés tandis que ses compagnons tentèrent le tout pour le tout. Il vint pour tenter de la frapper, mais un des serpents de sa chevelure le frappa par surprise. L'iruxi était maintenant à terre, gisant, le poison du caligni encore dans ses veines. Vidar fit alors appel à ses ancêtres et maudit la femme-serpent en invocant le nom et le couroux de ses ancêtres Tuisto, Fafnira, Brokk et les autres, qu'ils lui viennent en aide et sauve son nouveau compagnon d'une mort certaine ! Tuisto répondit à son appel et le corps du nain se mit à briller d'une lueur bleutée, alors qu'une brume magique l'enveloppait petit à petit. C'est avec une force décuplée que le marteau de Vidar se leva pour ensuite s'abattre sur Aelnis, qui tomba inconsciente à terre.

Baltazar était au bord de la mort, ce qui inquiéta fortement Marduk qui utilisa ses bénédictions divines pour le remettre sur pieds. Il prit également le temps de panser ses blessures de la manière plus traditionnelle. Une fois qu'ils eurent tous repris leur souffle, ils réveillèrent Aelnis, non sans l'avoir ligotée avant, enfermant sa chevelure dans un sac pour éviter tout risque de pétrification. Ils interrogèrent alors l'ombre, afin d'éclaircir la situation. Après quelques échanges de paroles viles et haineuses, Baltazar eut l'esprit plus clair sur plusieurs points. Elle et lui s'étaient toujours détestés, au point qu'elle avait proposé au chef de sa bande, de fomenter un coup bas une fois le travail accompli. Avec son groupe d'ombres, ils avaient donc tendu un piège à Baltazar et ses amis, et lorsque le voyage de retour allait se finir à la demeure des Larathrons, Aelnis était là pour finir le job. Elle avait donc tué Essaru, et laissé Baltazar pour mort dans une cellule sous la cathédrale. Les larmes d'Asmodeus étaient toujours dans les mains d'Hakor Ursang, le meneur des ombres dont Aelnis faisait partie, et il avait disparu dans la nature. Hakor était bien plus haut dans la hiérarchie des Ombres, il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'Aelnis n'en sache pas davantage sur la situation du maître assassin. Il avait probablement dû mettre l'artéfact en sécurité ou les utiliser pour une autre tâche que ce qui avait été convenu. Vidar l'interrogea ensuite au sujet de Hjarnak, l'hobgobelin. Elle ne savait pas grand chose de lui, mais elle put lui révéler qu'il était actuellement absent, car il était parti assassiner Ombroise de Travea avec les autres membres de la guilde, d'où le fait qu'ils n'étaient plus nombreux dans le temple. En l'interrogeant davantage sur le meurtre, ils apprirent qu'il s'agissait d'un meurtre payé par le Royaume d'Onclair pour inculper les elfes de l'Empire Zithaï. En effet, les aventuriers n'avaient pas assistés à la cérémonie, mais une délégation elfe était arrivée ce matin pour la Célébration du Soleil, et étaient en invités dans la cité. Bien que le coup pouvait être considéré comme grossier, le peuple serait sûrement assez simple que pour y croire, et le chaos engendré par cette disparition serait un gain de toute façon bien suffisant pour la situation politique du Royaume. Baltazar, après cette conversation désagréable, eut un goût amer dans la bouche. Aucune des nouvelles apprises ne lui plaisaient. Son meilleur ami était bel et bien mort, et le mystère autour des larmes était loin des résolu. Dans sa frustration, et parce qu'il était bien conscient qu'Aelnis ne le laisserait pas tranquille, il la tua. Il n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé entre eux, et ne désirait pas creuser davantage, mais il avait compris qu'il n'y aurait pas de paix possible. Était-ce un serment ? Une vengeance ? Un haine viscérale ? Il n'en avait cure et avait décidé de laisser cela dans les ombres de sa mémoire perdue...

Ils explorèrent ensuite le reste de la cathédrale maintenant vide. Ils purent trouver deux petites salles derrières le choeur : deux sacristies, l'un étant dédiée à la conservation des biens du temple et l'autre à des manuscrits religieux, étant visiblement aussi utilisée pour des rituels. Ils purent trouver dans la première une note indiquant le nom d'Ombroise de Travea avec une somme de mille pièces d'or. Aelnis n'avait donc pas menti. Ils ouvrirent, de la manière la plus délicate possible un coffre, et le découvrirent rempli d'autres notes, indiquant les nombreux affaires que la Guilde des Ombres avait prises en main. Dans la seconde sacristie, ils purent voir le corps blanc et délavé d'Harkian, et de la sculpture de son visage qui était en court, bientôt prête à être ajoutée aux murs de la cathédrale.

Si Aelnis avait abandonné Baltazar dans une geôle aux sous-sols, c'est qu'il devait y avoir une trappe quelque part pour y accéder. Ils retournèrent dans la cathédrale et inspectèrent les lieux de manière plus consciencieuse. Cela leur prit quelques minutes, mais ils trouvèrent une dalle amovible qui menait aux souterrains. Il s'agissait d'un énorme escalier auquel étaient accolées de nombreuses cellules. Dans la plupart, il n'y avait que des squelettes, mais ils purent trouver une silhouette maigre et fragile, d'un homme d'une quarantaine d'année. Il se nommait Hidor et était un prêtre-banquier d'Abadar. Il ne savait pas pourquoi il était là et pourquoi il était enfermé, mais cela faisait plus de trois jours qu'il avait été enlevé et il était presque mort. Il n'avait visiblement pas reçu d'eau ou de nourriture, et s'était abreuvé avec l'humidité des murs pour survivre. Ils décidèrent de le libérer, n'ayant pas l'air méchant ou dangereux. Ils descendirent jusqu'au bout de l'escalier, qui menait à une grille juste au bord du Sav. Le courant semblait assez fort et l'odeur l'était encore davantage.

Une fois remontés en haut des geôles, ils se rappelèrent qu'il y avait un contrat sur la tête d'Ombroise, et que même s'ils ne connaissaient pas ce gnome, ils se dirent qu'il était de toute façon de bonne augure de contrecarrer les plans des ombres. De plus, Drark avait une idée en tête : s'il sauvait le doyen de l'Université, il pourrait sûrement entrer avec les honneurs et des avantages. Ils amenèrent donc Hidor au Rien ne Va Plus pour confier l'homme aux mains de Gartok, puis foncèrent jusqu'à la place Saternelle sur la Montagne Dorée. Ils prirent la décision de foncer sans essayer de s'attendre afin de, s'il était encore possible, sauver le doyen. Marduk et Vidar foncèrent et distancèrent rapidement Drark et Baltazar, encore blessés du combat précédent. L'humain et le nain durent se frayer un chemin dans la foule massive, car il s'agissait du final de la Fête de l'Équinoxe, et tout le monde voulait assister à cette célébration. Avec de nombreuses difficultés, ils parvinrent enfin à la Place Saternelle, et purent constater que la statue de l'Homme de Plomb avait bel et bien été transformée en or. Estellor de Terrecoeur faisait un discours élogieux sur la cité d'Orville, ses habitants, ses artisans et ses collaborateurs, car tous avaient permis à forger le présent qui était radieux et plein de prospérité. Ils entraient dans leurs meilleures années et un âge d'or, qu'ils pourraient faire rayonner sur toute la Redana et ses environs. Une fois son discours fini, il invita Ombroise à prendre la parole... Le silence se fit lorsqu'il pointa du doigt la loge du doyen, qui allait sortir d'une seconde à l'autre. L'oracle put en effet constater la présence des elfes, qui semblaient être au nombre de trois, accompagnés de leur garde personnelle. La foule retint son souffle en attendant l'arrivée du gnome...

Pendant ce temps, le gobelin et l'iruxi fonçaient à perdre leur souffle vers la Montagne Dorée. Drark, qui suivait Baltazar de peu, put remarquer, lors de la course de l'homme-lézard qui faisait bouger et soulever son armure d'écaille, que son tatouage avait changé. Il semblait apercevoir que celui-ci s'était étendu sur son dos. Il allait ouvrir la bouche pour lui dire, mais l'iruxi tomba un genou à terre. Il pensait que c'était de fatigue, mais quand il arriva à sa hauteur et vit le visage déformé par la douleur de Baltazar, il comprit que son compagnon était en proie à d'autres démons. Baltazar avait la tête qui tournait, des étoiles vinrent l'aveugler et sa vue se brouilla. Il se revoyait le soir où il était accompagné de Essaru. Ce qui fut quelques secondes pour l'alchimiste, sembla être une nuit de tourments pour le roublard qui plongea à nouveau dans ses souvenirs...