Vie Quotidienne sur Kharak

Sur Kharak, l’existence s’écoule au rythme du sable et du soleil. Notre civilisation s’est développée à l’abri de grandes cités : des bastions d’ordre et de technologie dressés pour résister aux tempêtes. C’est derrière leurs murs protecteurs que bat le cœur de la société kharakid, un tissu complexe de coopération, de traditions et d’adaptation.

Architecture et vie citadine

Les Cités-Dômes

Les plus favorisés d’entre nous vivent sous d’immenses dômes architecturaux. Ces coupoles, parfois longues de plusieurs kilomètres, nous protègent des vents chargés de sable et de la chaleur écrasante du jour. Loin de nous couper du ciel, elles sont percées d’alvéoles qui s’ouvrent à l’aube pour laisser entrer la lumière, puis se referment aux heures les plus chaudes, lors de la sieste traditionnelle.

Aux abords des banlieues, les rues sont couvertes de toitures rétractables : ouvertes partiellement le matin, fermées en milieu de journée ou lors des tempêtes. Dans les colonies plus modestes, d’immenses écrans déployés comme des parasols remplissent le même rôle.


Exemple : Tiir, capitale du Nord

Tiir, capitale de la Coalition du Nord, incarne le cosmopolitisme de notre monde. Comme dans toutes les grandes cités, son centre est placé sous l’autorité du Kiith fondateur, tandis que les autres districts sont administrés par divers Kiiths majeurs.


Ces quartiers forment une véritable mosaïque culturelle :

On y croise des policiers Siidim maintenant l’ordre au milieu de marchés tenus par des négociants Manaan ; des agriculteurs Magann offrant leurs produits à des ouvriers Hraal et Lehi ; des ingénieurs Naabal supervisant les chantiers sous le regard méthodique de chercheurs S’jet ; des médecins Tambuur soignant des blessés Sobani ; des coursiers Kaalel en route vers un centre de données ; ou encore des mineurs Somtaaw profitant d’une permission.


Vie Hors des Grands Dômes

Kharak reste un environnement dangereux. Une grande partie de la planète demeure mal cartographiée. Construire une colonie ou un avant-poste y est difficile : manque d’eau, infrastructures fragiles, tempêtes, isolement.

De nombreux Kharakids choisissent pourtant de quitter la densité urbaine : recherche de liberté, de ressources nouvelles ou simplement d’espace. Certaines communautés, comme les Manaani, vivent presque exclusivement en caravanes. D’autres fondent de petits villages mono-Kiithid, autonomes ou liés uniquement à leur Kiith.

Beaucoup de ces avant-postes finissent détruits par les tempêtes ou l’insuffisance logistique. Il n’est pas rare de croiser des ruines abandonnées.

Transports et Zonage Industriel

Les déplacements intra-urbains reposent principalement sur la marche, le vélo et un réseau de transports en commun efficace. Seuls les services officiels et la logistique lourde utilisent des véhicules motorisés.

Pour préserver l’atmosphère soigneusement régulée sous les dômes, les industries lourdes sont installées à l’extérieur des cités, dans des zones industrielles accessibles uniquement par convoi.

Économie et niveau de vie

Organisation Économique

L’économie, autrefois fondée sur le troc, repose aujourd’hui sur un système monétaire géré par les banques propres à chaque Kiith. Chaque clan fonctionne comme une entité économique autonome et prélève un impôt auprès de ses membres.

Les accords commerciaux inter-Kiiths sont négociés directement au Daiamid.

Coût de la Vie

L'eau constitue la ressource la plus précieuse de Kharak. Chaque Kiith garantit un minimum vital gratuit à ses membres (boisson, hygiène de base), considéré comme un droit fondamental. Cependant, toute consommation au-delà de ce seuil – agriculture, industrie, confort personnel, longs trajets – reste coûteuse et représente une dépense majeure pour les foyers.

La nourriture constitue la seconde dépense importante. Les communications longues distances et les voyages inter-cités sont également onéreux. L'énergie, assurée par nos réacteurs à fission, reste abondante et abordable.


Communications et technologie

Les progrès récents de l’informatique et des transmissions radio facilitent les échanges entre cités. Toutefois, cette technologie n’est pas encore accessible à tous. Chaque Kiith gère ses infrastructures : antennes radio, banques de données, centres informatiques.

La radio reste le principal moyen de diffusion. Les premières images transmises à distance apparaissent seulement, transformant lentement la culture publique.


Filet de sécurité

L'eau est considérée comme un droit fondamental : les Kiiths garantissent un minimum vital à tous leurs membres grâce à la Synthèse, au recyclage ou, plus rarement, aux nappes phréatiques. Le surplus est payant.

Chaque Kiith fournit également :

  • Protection sociale et assistance aux membres en difficulté
  • Logement (souvent communautaire pour les plus modestes)
  • Soins médicaux de base et urgences

Les rares sans-abri rencontrés sont presque toujours des J'niira, des individus sans Kiith.

Les J'niira : Les Sans-Kiith

Les J'niira sont les parias de notre société - individus sans clan, exilés ou nés hors du système des Kiiths. Sans protection sociale ni accès garanti à l'eau, ils survivent comme sans-abri dans les rues des cités ou disparaissent dans le désert où ils deviennent pirates et pillards de caravanes.

Seule exception : les Sobani, mais ces rédemptions restent extrêmement rares.


Nourriture et Ressources Agricoles

L’eau est synthétisée à grand coût énergétique, mais les cités exploitent également des nappes phréatiques et, dans le Nord, la mer pour la pêche.

Les anciennes cultures souterraines de champignons ont évolué vers la production hydroponique, aujourd’hui dominante. Les rares zones agricoles extérieures sont protégées par d’immenses dômes, surveillées par les Sobani, et gérées presque exclusivement par les Magann, qui tiennent un monopole historique sur le savoir alimentaire.

La viande est rare dans l'alimentation, en dehors de quelques animaux domestiqués. Nous utilisons aussi des technologies de clonage rudimentaire - un héritage des artifact retrouvé dans la région du Khontala, laissant derrière eux des fragments de technologie que nous tentons encore de comprendre.

Société et vie collective

Rituels Quotidiens

La nourriture est considérée comme sacrée, et le gaspillage fait l’objet d’un tabou absolu. La vie sociale s’organise autour des repas, généralement pris en commun dans les cantines ou agoras de quartier. Ces lieux accueillent également la sieste, moment indispensable pour échapper à la chaleur du midi. Les festivités suivent la même logique : ce sont avant tout des événements collectifs.


Les Quatre Temps de Kharak

La vie kharakide suit un rythme biphasique adapté à notre environnement :

Premier Bloc d'Activité (11-12 heures) : Du lever du soleil jusqu'au début d'après-midi. Période de travail intense, avant que la chaleur ne devienne insupportable.

Grande Sieste (3-4 heures) : Après le repas principal, toute la société s'arrête. Les dômes se ferment, les rues se vident. C'est le temps du repos, de la vie privée et parfois de la prière.

Second Bloc d'Activité (11-12 heures) : Le "second soir" commence après la sieste et s'étend dans la nuit. Reprise du travail, puis vie sociale, marchés nocturnes, culture et loisirs sous la fraîcheur relative.

Nuit de Sommeil (10-11 heures) : Le repos principal, nécessaire pour affronter un nouveau cycle.

Hérité de nos ancêtres du désert, cette structure encore aujourd'hui notre civilisation moderne.


Religion et Pratiques Spirituelles

Depuis la fin des Guerres d’Hérésie, la ferveur religieuse a diminué, mais Saajuk reste la divinité centrale pour la majorité d’entre nous. Les S’jet en donnent une interprétation scientifique ; ailleurs, les traditions Somtaaw et Feeril dominent.

Les quartiers urbains abritent souvent des temples en pierre, creusés sous les dômes ou dans les fondations des bâtiments. Les grandes salles de sieste, héritage de nos anciens rythmes communautaires, servent également de lieux de rassemblement et de pratiques spirituelles plus discrètes.


Fêtes et Calendrier

Les jours de pluie, rares et précieux, sont célébrés comme des événements symboliques. La Chute de Saju-Ka est une grande fête à la fois religieuse et culturelle.

Chaque Kiith entretient également ses propres célébrations, comme le Calendrier S’jet qui marque la fin de l’année.


Structure Familiale

Un Kiith est une grande famille, composée de nombreuses lignées dirigées par leurs Kiith-Na et représentées au conseil du Kiith-Sa. Les unités familiales regroupent plusieurs parents et leurs enfants : élever un Keli est considéré comme une responsabilité collective.

Avant l’éducation spécialisée, les enfants sont instruits dans les écoles primaires tenues par leur Kiith. Si un Kiith n’a pas d’établissement sur place, les enfants peuvent être accueillis par un Kiith allié ou par les institutions civiles de la Coalition — souvent perçues comme de moindre qualité.

Transmission du Savoir, Métiers

Les enfants reçoivent une formation primaire dans les écoles de leur Kiith. S'il n'existe pas d'établissement local, ils sont accueillis par un Kiith allié ou les institutions civiles.

À 17 ans, chaque jeune Kharakid fait face à deux voies possibles :

Les universités publiques - Accessibles à tous, ces établissements sont gérés par différents Kiiths et offrent une formation générale de qualité dans diverses disciplines. N'importe quel étudiant peut y postuler, indépendamment de son Kiith d'origine.

Les Crèches Technologiques - Institutions d'élite propres à chaque Kiith, où sont transmis les savoirs secrets et les techniques ancestrales du clan. Par défaut, seuls les membres du Kiith peuvent y accéder. Ces centres gardent jalousement les connaissances spécialisées qui font la renommée de leur clan.

Cependant, un étudiant externe peut exceptionnellement intégrer la Crèche Technologique d'un autre Kiith dans certains cas :

  • Talent exceptionnel reconnu
  • Accords diplomatiques ou alliances entre Kiiths
  • Influence politique de la famille ou du Kiith d'origine
  • Contribution financière substantielle
  • Échanges d'étudiants négociés au Daiamid

Même si chaque Kiith possède des experts dans la plupart des domaines, les meilleurs spécialistes proviennent souvent des clans historiquement liés à cette discipline, ce qui entretient une compétition permanente autour du savoir.

Le Système de Santé

Le secteur médical est dominé par Kiith Tambuur, réputé pour son excellence. Il contrôle la quasi-totalité des hôpitaux. Les soins sont financés par le Kiith du patient, qui mandate et rémunère les praticiens Tambuur. Dans le Sud, ce rôle revient aux Kiith Atarad, et des programmes d’échange assurent une formation croisée entre spécialistes du Nord et du Sud.


Information et Culture Publique

La radio et, plus récemment, la diffusion d’images, constituent les principaux vecteurs d’information. Dans les cités, des agoras publiques équipées de grands écrans relaient les nouvelles du monde extérieur, les décisions du Daiamid et l’évolution du conflit gaalsien.

Droit et maintien de l'ordre

Deux Niveaux de Loi

La loi suprême, qui s’applique à tous, émane du Grand Daiamid. Chaque Kiith conserve néanmoins ses propres lois et traditions internes. La juridiction dépend donc de la nature du litige et des clans impliqués.


Maintien de l'Ordre

Dans les cités de la Coalition, la police est majoritairement composée de membres du Kiith Siidim, connus pour leur discipline. Chaque district peut toutefois disposer de ses propres agents selon le Kiith qui le contrôle.


L'Arbitrage et la Justice

Kiith Matara joue traditionnellement le rôle de corps judiciaire neutre. Ses membres sont reconnus dans tout Kharak pour leur impartialité. Ils étudient et appliquent les lois pertinentes, qu’elles relèvent du Daiamid ou des Kiith concernés afin de rendre leurs verdicts.

La police Siidim appréhende les criminels et les remet à la justice, mais ne poursuit pas elle-même les dossiers. En règle générale, la coopération inter-Kiiths assure le bon fonctionnement du système. Néanmoins, la contestation d’un jugement du Daiamid par un Kiith puissant peut encore provoquer de fortes tensions.


L'Ombre des Gaalsiens

Pendant plus de deux siècles, les Gaalsiens n'étaient qu'un conte pour effrayer les enfants - ces fanatiques religieux exilés dans les Grands Déserts après les Guerres d'Hérésie. Nous pensions la menace éteinte.

Leur retour brutal a déclenché une paranoïa collective. Umbra, mène des arrestations régulières. Tout comportement suspect peut valoir une arrestation. Les interrogatoires se multiplient, les disparitions aussi.

Kiith Doine, mouvement terroriste pro-gaalsien, prône l'arrêt de l'exploration spatiale et le retour aux "vraies traditions" de Kharak. Leurs attentats contre les installations de la coalition alimentent la peur. Dans les colonies isolées, chaque tempête de sable cache potentiellement un raid gaalsien.


Climat et Prévision

La météo de Kharak reste difficile à prédire sans satellites. Les scientifiques peuvent anticiper certaines tempêtes, mais la plupart des efforts se concentrent sur la protection : abris, systèmes d’urgence, dômes renforcés et infrastructures capables d’encaisser les phénomènes extrêmes.