Système Social Kiithid

Pour un Kharakide, la famille est le socle de l’existence, et le Kiith en représente l’expression la plus accomplie.

La société kharakide est entièrement structurée autour de ces associations de grandes familles. Les Kiithid majeurs peuvent ainsi regrouper d'une dizaine à une vingtaine de millions d'individus, tandis que les Kiithid mineurs comptent généralement autour de cinq à six millions d'âmes.

Un Kiith (pluriel : Kiithid) est bien plus qu'un simple clan ; c'est un symbole, une identité, un savoir et un peuple, rassemblés autour d'un nom et d'une position. Cette structure est considérée comme un artefact social si ancien qu'elle précède le début de notre histoire enregistrée.


Hiérarchie et Structure Interne

Chaque Kiith possède une hiérarchie souple, fondée sur la position sociale des familles qui le composent. Autrefois déterminée par l’ancienneté, cette position dépend aujourd’hui davantage de la richesse, de l’influence et des alliances internes.

Aujourd'hui, le rang d'une famille se fonde davantage sur sa richesse et son influence personnelle que sur l'âge de ses membres. L’organisation interne d’un Kiith reprend la structure de l’unité familiale de base, de manière récursive.

Elle se compose de :

  • La Famille Principale (le Kiith-Sa) : Elle prend les décisions politiques majeures pour l'ensemble du Kiith. Son chef est également le chef du clan, désigné par le nom de son Kiith suivi du suffixe "-Sa" (ex: S'jet-Sa, Siidim-Sa).
  • La Famille Secondaire : Elle est chargée de l'arbitrage des litiges internes et de formuler des recommandations au Kiith-Sa.
  • Les Familles Liées : Un certain nombre de familles de moindre pouvoir qui ont prêté serment d'allégeance à la famille principale.

Chaque famille est dirigée par un chef, appelé Na. Par exemple, un chef de famille nommé Moros serait désigné comme "Moros-Na". Un individu se présente par son prénom suivi du nom de son Kiith, et peut préciser sa lignée en se déclarant "fils de Na-Na". L'ensemble des Na forme un conseil qui délibère avec le Kiith-Sa.

Outre les titres -Sa (chef de Kiith) et -Na (chef de famille), un troisième suffixe distingue les figures de mérite :

  • -Ra : Titre de respect attribué à une personne reconnue pour sa fonction ou son expertise, indépendamment de sa lignée. Il est souvent attribué à des officiers de haut rang, des ingénieurs en chef ou des scientifiques émérites.

Relations Intra-Kiith

Au sein d’un même Kiith, divers suffixes précisent les liens hiérarchiques, d’affection ou de respect entre ses membres :

  • -Ata : Marque de profond respect pour un aîné, un mentor ou une figure d'autorité directe au sein du clan (parent, instructeur).
  • -Kesh : Terme de camaraderie pour un pair, un "frère/sœur de Kiith" de rang ou d'âge similaire.
  • -Keli : Terme affectueux ou formel pour un "frère/sœur de Kiith" plus jeune ou de rang inférieur.
  • -Gaal : Ancien terme pour un pair, proche de -Kesh, aujourd’hui considéré comme archaïque et rarement employé en dehors des textes anciens ou par des traditionalistes.

Relations Inter-Kiith

Lorsqu'on s'adresse à un membre d'un autre Kiith, les conventions sont les suivantes :

Prénom + Kiith : forme d’adresse neutre et standard, utilisée par défaut.

  • -Shan : Suffixe de respect utilisé lorsqu'une relation de travail ou une connaissance mutuelle a été établie, marquant une politesse plus personnelle.
  • -Kelok : Suffixe formel, souvent employé par un adulte pour s’adresser à un enfant ou un jeune membre d’un autre Kiith. Il souligne la différence d’âge et peut être perçu comme légèrement paternaliste.

Prénoms

Le prénom revêt une importance capitale et se doit d'être unique au sein d'une même famille, voire de l'ensemble d'un Kiith. Les "Crèches" (centre de savoir du Kiith) maintiennent des registres de tous les noms en usage.

Il est interdit de donner à un nouveau-né le prénom d'un membre encore en vie. Il est cependant possible de prendre celui d'un défunt, qu'il soit un parent proche ou un ancêtre lointain.

Dans les cas extrêmement rares où un prénom d’aïeul direct est repris, un numéro est ajouté pour marquer la succession (par exemple, Roman II), bien que cette pratique dépasse rarement la deuxième génération.


Vassalité et Mobilité Sociale

Bien que stable, la structure n’est pas pour autant figée. Une famille est libre de se détacher d'un Kiith pour en rejoindre un autre et lui prêter allégeance.

Ce principe s'applique également à une plus grande échelle : un Kiith de taille moyenne peut prêter allégeance à un Kiith majeur, devenant ainsi son vassal tout en conservant sa propre structure et son indépendance.

C'est le cas par exemple de Kiith Matara au service de Kiith Siidim, ou de Kiith Jaraci, dont les compétences soutiennent les recherches de Kiith S'jet.

Il est cependant extrêmement rare qu'une famille ressente le besoin de former un Kiith à part entière.


Évolution du Pouvoir et Rôle du Kiith-Sa

Le rôle du Kiith-Sa a profondément changé au fil des âges :

  • Autrefois, un Kiith-Sa détenait une autorité quasi absolue, pouvant diriger tous les membres de son clan vers la guerre, exiger des familles qu'elles consacrent leur temps et leurs ressources à des projets spéciaux, ou même ordonner la migration de tout le Kiith vers une autre région.
  • Aujourd’hui, le Kiith-Sa agit comme un leader politique et financier qui agit selon les souhaits de l'ensemble du Kiith, souvent établis par référendum auprès du conseil des Na. Le Kiith-Sa gère l'économie du clan, collecte les tributs, et administre ses territoires et ressources.

Les Kiith-Sa de la Coalition du Nord se réunissent au sein du Grand Daiamid, situé dans la capitale de Tiir, pour débattre de la politique et résoudre les conflits. La Fédération du Sud, bien que plus autonome, y est également représentée par le Kiith-Sa Paktu, assurant un lien, bien que parfois ténu, entre les deux hémisphères.



Spécialisation et Savoir

Traditionnellement, le pouvoir et l'identité d'un Kiith reposent sur sa maîtrise d'une ou deux disciplines spécifiques. Le savoir est une ressource vitale, et nos ancêtres ont forgé leurs clans autour de leur expertise, qu'il s'agisse de la science pour Kiith S'jet, de l'industrie pour Kiith Hraal, ou de la médecine pour Kiith Tambuur. Ce savoir est précieusement conservé et transmis au sein de Crèches technologiques propres à chaque Kiith.

Cependant, cette règle n'est pas absolue. Certains Kiith se sont définis par d'autres voies. Kiith Soban, par exemple, est uni non par un savoir-faire, mais par un credo martial et une culture de l'adoption. De même, Kiith Lehi tire sa force non d'une expertise technique, mais de son identité de classe prolétaire et de sa lutte pour la justice sociale.

Reflet de l'importance capitale du savoir, certains titres transcendent les frontières des Kiith et se basent sur l'expertise :

  • -Lisak : "Maître". Suffix de grand respect pour un instructeur, un expert reconnu ou un maître artisan.
  • -Lisok : "Apprenti". Suffix formel pour un élève, un disciple ou un technicien en formation.


L'Ère Moderne : Individu et Collectif

Avec l'avènement de l'Âge de la Raison, les alliances entre Kiithid, autrefois basées sur des intérêts mutuels fluctuants, sont devenues plus structurées. Le pouvoir glisse lentement du collectif vers l’individu, mais le Kiith reste le moyen le plus puissant d'identité sociale.

Pour un Kharakide, son Kiith est d'une importance primordiale.

La société poursuit un but unificateur, nous rappelant que nous sommes tous issus d'un grand Kiith originel sous Sajuuk. Toutefois, la tradition reste profondément ancrée, et en période de stress, un Kharakide pensera toujours d'abord à sa famille et à son Kiith avant de penser à Kharak dans son ensemble.

Aujourd'hui, les mélanges entre Kiithid sont plus courants. De grandes villes, souvent propriétés de Kiithid majeurs, accueillent des territoires appartenant à d’autres clans, peuvent accueillir des propriétés appartenant à d'autres Kiiths, créant des cités en "patchwork" où les expertises de nombreux clans coexistent.

Les institutions plus larges, comme celles opérant sous la bannière de la Coalition du Nord ou de la Fédération du Sud, sont devenues des espaces multiculturels où des individus de multiples Kiithid travaillent ensemble. Dans la pratique, la plupart des structures économiques et sociales conservent une composition "mono-kiithique" ou sont organisées entre un Kiith majeur et ses vassaux.


Enfin, il faut comprendre que si le Kiith est le pilier de notre société, en être privé revient à être condamné. Les J'niira, ou 'Sans-Kiith', sont les parias de notre monde, des individus sans protection ni allégeance. Cette peur de l'exclusion explique la force des liens claniques. Pourtant, le système n’est pas figé : l’histoire a souvent montré que de nouveaux Kiith peuvent émerger du chaos, comme Hraal par la fusion de survivants, ou de la rébellion, comme LiirHra, notre structure sociale, bien qu'ancienne, est en perpétuelle évolution.