Les sas des anneaux-brisés, vestiges de la grande guerre, imposent leur présence austère et froide. Massifs et renforcés, leurs parois épaisses portent encore les cicatrices des combats passés : impacts de projectiles, brûlures de plasma, et craquelures dans les plaques métalliques qui rappellent leur histoire tumultueuse. Chaque sas est un monument de pragmatisme militaire, une barrière entre le calme et la beauté du vaisseau-monde et le chaos imprévisible des anneaux détruits.
Les accès sont encadrés par des tourelles automatisées, leurs lentilles rougeoyantes balayant l’entrée en une surveillance constante. Des panneaux d’avertissement, gravés directement dans le métal, proclament en lettres ternies par le temps : "ZONE DANGEREUSE – APPROCHE INTERDITE SANS AUTORISATION".
À l’intérieur, une lumière blafarde illumine les couloirs étroits menant au sas principal. L’air y est lourd, saturé d’un mélange de lubrifiants, de poussières métalliques et d’ozone, tandis qu’un bourdonnement omniprésent trahit le fonctionnement des systèmes de sécurité et des générateurs d’appoint. Les murs, constellés de conduites exposées et de panneaux de maintenance, sont souvent tachés de marques sombres laissées par d’anciennes réparations.
Le sas lui-même est une pièce monumentale, fermée par d’énormes portes circulaires, hérissées de pistons hydrauliques. Lorsqu’elles s’ouvrent, un grondement sourd résonne dans les couloirs comme un tonnerre mécanique, exposant brièvement l’immensité des anneaux. Au-delà, le long couloir, autrefois vivant avec ses ascenseurs en perpétuels mouvement s’étale, parsemé de débris flottants et éclairé par les néons clignottants.
Des soldats en armures pressurisées montent la garde autour des sas, armés de fusils lourds et de scanners portatifs. Leur regard est celui de ceux qui savent ce que renferment les anneaux : des dangers qu’aucune barrière ne saurait totalement contenir. Chaque sortie et chaque entrée sont minutieusement enregistrées. Les récupérateurs passent par des scanners biologiques et mécaniques pour s’assurer qu’ils ne rapportent rien d’indésirable : une contamination, une arme oubliée, ou pire encore, une forme de vie étrangère.
Dans ce lieu où les anciennes armes autonomes rôdent toujours, le sas est la frontière ultime. Une ligne tenue par la technologie et la vigilance des citoyens, séparant l'harmonie et la vie du vaisseau de l'abîme des anneaux détruits.