Eh bien, voilà bien une quête dont je me serais passé !
On commence à être habitués aux lubies de Lully, et forcément quand les habitants du village ont parlé d’un temple abandonné que personne ne pénètre, elle a tout de suite associé ça aux trésors encore possiblement enfouis à l’intérieur, et à peine tourné la tête qu’elle était déjà partie ! Bien heureusement, on a pu la retrouver sur le chemin du temple, et nous avons fini ensemble.
Le temple en lui-même est une vieille bâtisse, partiellement détruite, mais dont le coeur tient encore debout. Nous sommes donc rentrés avec des torches, et avons entamé l’exploration du lieu. Les symboles de griffons et de lions omniprésents dans l’architecture me font penser à Qarenide, une divinité humaine délaissée au cours des derniers siècles. Rapidement, nous sommes tombés sur un couloir effondré. Lully n’a pas hésité et a escaladé le mur pour pouvoir atteindre l’autre côté... et se trouver arrêtée par un mur invisible. Mur invisible qui la déstabilise suffisamment pour tomber dans le trou au sol. Bien heureusement, la chute est sans danger. Sokal lui envoie donc une torche, pour l’éclairer, qui met le feu aux toiles d’araignées ayant amorti sa chute et révèle les-dites habitantes du lieu.
Il s’agit d’araignées géantes, des versions de certaines petites bêtes des bois dont la taille a dû être amplifiée par des résidus magiques liés au lieu. Elles fuient avec quelques notes jouées sur ma trompette marine, et nous essayons alors de rejoindre Lully à l’étage inférieur. A peine nous a-t-elle lancé un grappin qu’elle a déjà disparu pour essayer de crocheter la serrure de la porte ouvragée qui borde la pièce. Sans assistance à la descente, nous perdons rapidement prise et nous étalons de tout notre long sur le sol.
Sans nous attendre (c’est un thème chez elle, il faut que je trouve un moyen d’avoir une chanson dans laquelle elle ait déjà disparue avant la fin) Lully a pénétré la pièce adjacente, qui se révèle être une crypte. Bien étrange occupation pour la pièce d’ailleurs, car de nombreuses offrandes déposées aux pieds d’une statue dorée de griffon de deux bons mètres de haut. Probablement que quelque chose est arrivé à la salle d’offrande principale, et que les fidèles ont dû se réfugier dans la crypte. Je ne voudrais pas affronter ce qui les a obligés à se terrer ici, Qarenide a beau être une divinité protectrice à ce qu’il me semble, vu l’état du temple son pouvoir a cessé de faire effet en ces lieux.
En fermant la porte de la salle derrière nous pour être sûrs de ne pas être dérangés par les araignées, une onde magique parcours la pièce. Un raclement se fait alors entendre à l’opposée de la salle, dans un des tombeaux. Un silhouette embaumée se relève en écartant la pierre fermant sa tombe, et se dirige vers nous d’un air parcheminé.
Sokal se prosterne face contre terre devant la statue, et je tente une berceuse, mais rien n’y fait, le clerc momifié ne fait pas mine de s’arrêter et s’en prend à Sokal, qui s’étale de tout son long sur les offrandes. Celles-ci, usées par le temps, ne survivent pas au choc. J’essaie de l’aider à se relever mais m’empêtre les jambes dans le linceul et la rejoint face contre terre, gênant un assaut de Lully sur la créature et l’entrainant dans ma chute. Elle est néanmoins vive et d’une roulade se redresse, en effectuant un croc en jambe à notre assaillant que Sokal achève, dépitée, en lui lâchant la torche dessus. La momie fuis, cherchant à réintégrer son tombeau, mais tombe en poussière bien avant.
Alors que nous pensions être sortis d’affaire, c’est la statue qui s’éveille. Fort énervée que son temple ait été profanée, elle demande des gages pour pouvoir nous laisser partir. La seule chose de valeur sentimentale importante que je possède est mon instrument, et je ne suis clairement pas prêt à lui laisser. J’essaie donc de lui proposer un marché, de raviver son culte dans la région, ou en tout cas de rappeler son existence et sa grandeur passée en échange de notre liberté. C’est Sokal qui finit par réussir à la persuader, en offrant un des totems de son peuple en échange de notre liberté à tous. Je ne saurais trop la remercier pour son geste.
La statue reprend son immobilité et nous sortons de la pièce. En explorant quelques salles adjacentes, nous tombons (littéralement pour ma part) sur un cellier également transformé en salle d’archive. L’architecture et l’organisation de cette zone est vraiment incohérente, et je me demande quelle calamité les gens ont dû endurer pour finir ainsi reclus dans deux pièces de leur grand temple. Dans les étagères poussiéreuses de la partie bibliothèque, nous trouvons un plan du temple et des bâtiments adjacents, ainsi que de nombreux ouvrages de cuisine. Quelques ouvrages épars nous en apprennent plus sur les us et coutumes des gens qui occupaient ces lieux, mais il nous faudra du temps pour rassembler les morceaux épars de divers journaux et livres de compte.
Nous sortons du temple à la tombée de la nuit, et décidons donc de monter le camp accolé au mur avant de regagner le village le plus proche au matin. Malheureusement nous ne sommes pas au bout de nos peines, et durant mon tour de garde nous sommes attaqués par une horde de chiens esquiveurs. Ces bêtes sont la plaie de nombreuses histoires d’aventuriers qui, croyant trouver refuges dans des lieux de pouvoir, se voient attaqués pendant la nuit par des molosses invisibles. Bienheureusement Sokal détecte la présence de runes à proximité. Elle parvient à les réactiver en en traçant le contour avec son sang, et une barrière magique s’élève sur le contour de l’ancien temple. La barrière sépare le groupe de chiens, qui s’enfuient en grondant.
Nous voilà donc embarqués dans une espèce de chasse au lièvre doré pour une divinité perdue d’un culte oublié. Charmant ! J’espère qu’il suffira de convaincre les villageois de l’utilité de célébrer la mémoire du lieu de pouvoir, avec un peu de chance ils pourront eux-mêmes en faire un lieu de pèlerinage pour les érudits. Peut-être pourrais-je demander à ma plus jeune soeur si certains parmi ses maîtres seraient intéressés. Je reste en tout cas grandement reconnaissant envers Sokal, dont la sagacité à su nous sauver la mise à de nombreuses reprises. Le côté tête brûlée de Lully demande par contre à être tempéré, mais bon, c’est aussi ce qui la rend attachante.