Varendil Ayana

  Varendil Ayana, descendant de la lignée sacrée des Ayana, est né dans la cité d'Ewëna, dans la région Shaena'di au sein de l'Empire de la Lune (Una'ra Meyarin). Sa mère, Nehadria Ayana, était couturière, et son père, Alythas Eihna, travaillait dans les champs. Il était le cadet de la famille, avec comme ainé un grand-frère du nom de Loneron Ayana, puis une grande-soeur du nom d' Eanah Ayana. Tous les cinq vivaient dans un certain confort, au sein d'une maison que Nehadria et Alythas avaient bâti de leurs propres mains pour assurer le bien-être de leurs enfants.   Son grand-frère, Loneron, avait pour habitude d'emmener Varendil ainsi qu'Eanah au lac de Lilhara. Là-bas, tous les trois s'y baignaient, se lavaient et s'amusaient, sous le regard protecteur de Loneron qui veillait sur sa petite-soeur et son petit-frère. Mais un jour, alors que tous les trois s'adonnaient à leur passe-temps favori, leur mère arriva en trombe vers eux et leur ordonna de rentrer immédiatement au village. Au loin, de la fumée épaisse et noire menaçant de happer la petite cité elfique.   Une fois arrivés à leur maison, Alythas finit de remplir quelques besaces de nourriture. Nehadria enroula un tissu autour de Varendil et Eanah puis porta son plus jeune fils dans les bras. La famille se mit à fuir, aux côtés d'autres elva'lanor. Des nuits de courses s'écoulèrent. La famille manquait peu à peu de ressources. Varendil ne cessait de pleurer, rongé par la faim et la soif. Ils trouvèrent refuge dans une maison abandonnée, située près de la rivière d'Erana Caelora. Ils parvinrent à trouver de quoi manger dans la nature, et filtrèrent l'eau de la rivière avec des moyens de fortune pour étancher leur soif. Mais alors qu'ils se pensaient sortis d'affaire, un groupe d'humains parvint à les tracer et à les trouver. Ils ligotèrent la famille et les emmenèrent avec eux vers l'ouest du pays, où leur attendait un bateau pour embarquer vers le territoire d'Argana. Dans la cale, il y avait avec eux d'autres captifs elva'lanor, qui pleuraient ou priaient en silence. Durant le long trajet qui dura près de deux mois, Nehadria et sa fille, Eanah, furent victimes d'abus sexuels. Alythas tenta à maintes reprises de s'interposer, mais il fut battu jusqu'au sang. Loneron fut témoin de cette violence opérée sur sa famille, impuissant, essayant de consoler son petit-frère qui ne cessait de sangloter.   Au bout du voyage, alors que la famille était logée sous une toile vétuste, Varendil fut témoin de la violence et des abus sexuels que les bourreaux des mines du désert de Khabora infligeaient sur sa mère. Jeune et impuissant, il ne put rien faire d'autres que d'observer, et encaisser un chagrin immense tandis que sa mère sanglotait entre chaque client qu'elle recevait.     Trois ans plus tard, Loneron, son grand-frère, fut acheté par un Seigneur, Hilmira Balertt. Sa séparation avec son grand-frère lui provoqua un vide, un vide qu'il pleura nuit et jour dans les bras de sa grande-soeur, qui tentait de le consoler tant bien que mal. Mais celle-ci, deux ans plus tard, fut elle aussi achetée par un Seigneur, Emrah Naciri.   Seul, Varendil sanglotait dans son coin tandis que ses parents étaient épuisés. Mais malgré tout, ils offraient, dans quelques bribes restantes de leur force, de l'amour et de la douceur à leur fils, le protégeant et le dorlotant précieusement, lui qui était le dernier qui leur restait. Mais du haut de ses huit ans, il fut forcé à travailler dans la mine des déserts de Khabora, aux côtés de son père amaigri et affaibli.   Mais Varendil était maladroit et tout aussi faible, et ne parvenait pas à satisfaire les bourreaux qui le menaçaient à maintes reprises de le punir à coups de fouet. Mais Alythas s'interposa toujours entre son fils et le bourreau, et accusa les coups à sa place, refusant de voir son seul fils restant torturé.   De temps en temps, Varendil eut l'heureuse surprise de pouvoir revoir son frère, qui profitait de ses quelques rares moments de sorti pour aller voir sa famille. Dans les bras de son grand-frère, il se sentait mieux et en sécurité. Il en profita durant quelques années, jusqu'à ses quatorze ans où un Seigneur, Anorak Palorril, acheta Varendil.     Loin de sa famille, Varendil plongea dans une profonde dépression qui le poussa à s'isoler. Il obéissait avec peine à son maître, qui l'obligeait à effectuer des tâches difficiles et laborieuses que les domestiques refusaient de faire, tel que vider les pots de chambre ou encore chasser la moisissure des coins humides de l'habitat. Il tomba malade à maintes reprises, et s'affaiblissait de plus en plus au fur et à mesure du temps.   Mais son maître était indifférent quant à la faiblesse de son esclave, et l'obligeait encore à remplir ses tâches pénibles. Il le torturait chaque fois qu'il jugeait l'elfe peu efficace ou trop lent. Varendil mangeait peu, buvait peu : tout ce qu'il espérait était de mourir paisiblement, dans son sommeil, pour ne plus connaître une telle torture autant physique que psychologique.   Pour faire prospérer sa lignée de domestiques, Anorak força Varendil à gober un médicament pour mettre son intimité en éveil et ainsi s'accoupler avec une des jeunes domestiques. Mais Varendil refusa, bloquant chaque fois qu'il devait forniquer avec une servante, effrayé à l'idée de lui faire du mal. Anorak le punit sévèrement chaque fois qu'il refusait, le mutilant jusqu'au sang avec des fouets cloutés. L'une des domestiques, Aeliz Bashara, fut témoin de la torture que subissait l'elfe, ainsi que de sa faiblesse grandissante. Elle décida alors de l'approcher pour le soigner, et Varendil la laissa faire, subjugué par la douceur et la beauté de la jeune femme. Celle-ci lui proposa ensuite de lui faire un enfant pour que son joug cesse, et Varendil refusa plusieurs fois avant de finalement accepter lorsque celle-ci lui avoua ses sentiments.   Enceinte, Aeliz mit au monde une demi-elfe, Mirida Ayana. Varendil éprouva un fort sentiment de paternité à l'égard de sa fille : il lui offrit beaucoup d'amour et la protégea contre son propre maître, Anorak. Ce dernier, énervé par le comportement de Varendil qui continuait à se rebeller contre lui, le força à l'accompagner aux condamnations à mort d'elfes prisonniers en guise de menace implicite. Varendil eut beaucoup de mal à observer les elfes se faire exécuter les uns après les autres, écartelés pour former une mare de sang sous l'instrument de torture, jusqu'au moment où il croisa un regard qui lui était familier. Sa mère, Nehadria, était maigre, les joues creuses, les yeux sombres et les cheveux hirsutes. Elle dressa ses yeux vers ceux de son fils, qui refusait de voir sa mère se faire tuer. Mais son maître le força à contempler le spectacle, et Varendil vit sa mère se faire écarteler en hurlant dans sa souffrance. Varendil sanglota, trembla, et se mit à hurler à son tour toute sa peine ainsi que sa rage. Anorak, impuissant face à Varendil qui se débattait avec force, fit appel à des gardes qui l'assommèrent d'un coup vif à la tête.     Varendil adopta un comportement de plus en plus hostile à l'égard de son maître, qui l'avait privé de sa propre fille en l'enfermant avec sa mère, Aeliz, dans une autre demeure. Alors que Varendil se montrait de plus en plus violent contre Anorak, ce dernier parvint à le vendre à un patron d'un bordel, Mayzar Ullarah. Il l'envoya aussitôt dans sa maison close, où il était le seul homme prostitué parmi les femmes, dont la plupart étaient des elfes.   Mayzar l'obligea à avoir recours à une hygiène irréprochable, ainsi qu'à manger davantage pour que son corps soit plaisant pour les clients et clientes du bordel. Varendil lui obéit, ayant l'espoir un jour de revoir sa fille, Mirida. Il enchaîna les clients et les clientes, tentant de faire au mieux pour les satisfaire afin de ne pas attirer les foudres de son patron. Il tomba un jour sur un client particulier, Azuris Lorani, qui éprouva une certaine admiration quant à la beauté mystique de Varendil. Il remarqua cependant le mal-être de celui-ci, et paya une somme folle pour acheter de quoi prendre soin de l'elfe. Alors, plutôt que de profiter de lui pour coucher avec, il passait ses séances à s'occuper de Varendil.   Entre-temps, Varendil fit la rencontre d'une elfe, Ahnaev Kelhana, qui fut très vite attirée par la beauté authentique et douce de l'elfe. Elle tenta à maintes reprises de s'approcher de lui, mais Varendil était très renfermé sur lui-même, intimidé, effrayé. Ahnaev prit alors le temps de le rassurer en lui donnant de la douceur ainsi que de la tendresse. Peu à peu, Varendil s'ouvrit à elle, jusqu'à tomber éperdument amoureux. Mais Azuris, remarquant l'amour naissant entre les deux elfes, fut pris de jalousie et menaça d'acheter Varendil pour le garder pour lui. Il négocia l'achat avec Mayzar, prêt à débourser une somme faramineuse pour pouvoir acheter Varendil. Mayzar accepta.   Ne désirant pas se séparer d'Ahnaev, Varendil supplia son patron de ne pas le vendre, ou alors qu'Ahnaev puisse venir avec lui. Mais Mayzar refusa, et obligea Varendil à suivre Azuris en ligotant ses mains. Ahnaev, prise de peur et de chagrin, se rebella et tenta de retenir Varendil en le tirant vers elle. Mais Mayzar la repoussa en la frappant, ce qui énerva Varendil qui se débattit à son tour. Il fut cependant et aisément contrôlé par Mayzar et Azuris. Ahnaev, enveloppée d'une rage noire, déploya alors une vague d'Ombres qui insinua la Terreur dans l'esprit de tous les individus présents dans la salle. Certains succombèrent à la Terreur, tandis que d'autres restèrent pétrifiés, les yeux écarquillés. Varendil resta tétanisé face au pouvoir d'Ahnaev, les yeux arrondis. Mais celle-ci ne perdit pas de temps et libéra son bien-aimé de ses liens avant de le tirer avec elle vers l'extérieur de la maison close.     Ahnaev et Varendil fuirent ensemble, bravant le désert de Khabora et sa chaleur écrasante. Mais le couple ne tint pas très longtemps. Ahnaev s'effondra la première, à bout de force. Varendil utilisa ses dernières forces pour la porter dans ses bras au travers du désert. Mais alors qu'il s'affaiblissait petit à petit, lui aussi, il croisa la route d'un elva'lanor, Aldaren Erawyn, qui aida Varendil en portant Ahnaev dans ses bras et en le guidant vers un village d'elfes.   Il accueilla le couple chez lui et leur offrit son hospitalité. Ahnaev eut beaucoup de mal à se remettre de sa traversée dans le désert de Khabora, et Aldaren prit grand soin d'elle tandis que Varendil profitait de son restant de vigueur pour leur bâtir une petite maison. Ahnaev rejoignit ensuite son bien-aimé pour l'aider, et tous les deux construisirent une maison de fortune. Ils se marièrent au sein d'une cérémonie intime organisée par le village, du nom d'Aenore, puis eurent une fille, Melharia Ayana, suivit d'un fils, Nevarah Ayana.     Après quelques années de paix, les humains attaquèrent le village d'Aenore. Face au nombre impression d'ennemis, Ahnaev, qui était enceinte de huit mois, ne pouvait pas se défendre avec ses Ombres. Varendil leur ordonna de fuir, Ahnaev ainsi que leurs deux enfants, pendant qu'il retenait au mieux les humains pour que ces derniers. Il se défendit avec force et vaillance, jusqu'au moment où un des soldats le blessa grièvement à l'abdomen. Varendil usa de ses dernières forces pour le repousser et prendre la fuite.   Il plaqua sa main contre sa plaie béante et tenta de retrouver sa femme et ses deux enfants au travers de la forêt de Yadarah. Mais lorsqu'il y parvint, il était trop tard : il retrouva sa femme gisant dans son propre sang, par terre, aux côtés de leur fils, Nevarah, qui avait succombé à ses blessures. Varendil prit fermement Ahnaev contre lui et sanglota tandis que celle-ci, dans une dernière vague de vigueur, caressa le visage de son bien-aimé et lui murmura des mots doux. Avant de s'éteindre à son tour, elle lui offrit un regard rempli d'amour et abandonna sa tête contre le torse de son époux.   Varendil se mit à hurler son chagrin ainsi que le nom de sa femme et de ses enfants, jusqu'à ce qu'une lame vint scinder sa gorge en deux. Le sang de Varendil se déversa sur sa femme, et il se laissa tomber sur elle, la tête pendue vers la sienne, expirant son dernier souffle dans la souffrance et le tourment.    

Sombre résurrection

Varendil fit un rêve étrange. Un rêve où il vit plusieurs âmes hurler de peur, de rage et de peine autour de lui. Les cris formèrent peu à peu un son mystique et effrayant, et résonna en écho dans un lieu vide, dont la noirceur semblait infini. La douleur l'éprit. La souffrance la plus terrible. Puis il se réveilla au milieu de la forêt de Yadarah. Il n'y avait pas de cadavres autour de lui : tout était silencieux, pesant, sombre. Il ne savait plus où il était. Qui il était.   Il sonda les environs jusqu'à croiser son reflet dans le lac de Damarhan. Son teint était blafard, ses yeux étaient spectraux, parés d'éclats mystiques et luisants rappelant le mystère de la Mort, ses joues étaient maculées de larmes noires. Il croisa la route d'un elfe, Elmer Ailhan, qui observa Varendil d'un air craintif avant de lui demander son nom. Mais Varendil ne se rappelait même plus de son propre prénom. Lui vint seulement quelques bribes de noms qui résonnaient dans son esprit... "One... "Eron"..., il se nomma ainsi Gorveron après avoir réfléchi, pensant qu'il s'agissait de son prénom.   Des éclats de son passé revinrent brièvement dans sa tête. Des cris, des pleurs, du sang, des meurtres. Un tourment sans pareil bouillonna en Varendil, qui hurla sa souffrance et déploya une vague mortelle autour de lui, faisant fâner fleurs et arbres sous son joug. Elmer, terrifié, prit rapidement la fuite.     Varendil était rongé par un terrible Tourment. Un Tourment qui le poussait à tuer tous les mortels qui croisaient sa route. Il comprit alors, petit à petit, qu'une sombre puissance régnait en lui, une puissance impie et dangereuse : il pouvait dévorer les âmes de ses victimes. Une faim soudaine le titillait, l'encourageait à poursuivre ses meurtres, et il déroba l'âme de chacune de ses victimes.   Dans sa frénésie, il ne fit même plus la différence entre les humains, les elfes et bien d'autres races : il avait faim de morts. Et cette faim était insatiable. Il devint une légende qui terrifiait les peuples aux alentours, celle d'une banshee qui n'éprouvait aucune compassion, ni ressentiment, et tuait avec indifférence.