Session XXXVI : L'Ombre de Sa-zu
General Summary
Après quelques secondes de silence total, afin de vérifier que plus rien de dangereux ne viendrait s’ajouter dans le combat maintenant fini, Elaron s’exclama par un petit rire victorieux :
« Ah ah ! ».
Emporté par son enthousiasme débordant, il se mit en quête d’aller prendre l’orbe qui illuminait le plafond du terrarium. Par des bonds gracieux et élégants, il sautait de pilier en pilier, montant toujours plus haut. Il ramassa la sphère empreinte de magie primordiale et entreprit de redescendre avec un empressement taché d’excitation. Cependant, en sautant sur l’avant dernier pilier, son pied glissa sur une grande feuille qui le fit perdre son équilibre. Il tenta de se rattraper, mais l’orbe dans une main et son épée dans l’autre, il n’eut d’autre choix que de se laisser tomber en tentant d’amortir sa chute.
« Aïe ! … Merde putain... »
« Elaron, tu vas bien ? » s’inquiéta Virgile.
« Rien de très grave… mais je crois que, aïe, je me suis tordu la cheville... ».
Netharius leva les yeux au ciel et tendit sa main vers Elaron.
« Je crois que je vais rester encore un peu assis, mais merci, c’est gentil. »
« L’orbe. »
« Ah. Oui. »
Netharius contempla l’objet et put sentir la magie qui émanait de cette forme parfaite. Il la rangea dans sa sacoche, prête à être sortie en cas de besoin. Virgile aida son duo à remonter les escaliers pendant que les deux autres pensaient leurs blessures au moyen de sortilèges.
« Très bien, continuons. »
Ils explorèrent les pièces qui restaient. Une sorte de salle d’étude botanique était adjacente au terrarium, dans laquelle une bibliothèque renfermait de nombreux livres sur les sciences biologiques et botaniques. Ils purent trouver des fleurs séchées, des champignons qui avaient été abandonnés et qui avaient quitté l’espace de leurs pots pour grimper sur les murs et autres surfaces boisées, mais également une page déchirée, laissée dans un livre. Elle avait l’air de parler de la Vie, pas en tant que concept, mais en tant que source de magie. Apparemment, la magie primordiale consistait à la manipulation de l’essence de vie. Sur le bureau où ils avaient trouvé cette page, ils tombèrent également sur une note qui disaient :
« J’ai tué le corps, mais je n’ai pas réussi à tuer l’esprit. Tant qu’il ne sera pas détruit, il reviendra éternellement. »
Signé « S. »
« S. ? Qui cela pourrait bien être ? » demanda Ikit.
« Aucune idée... » répondit Virgile.
Mais Marduk bouillonnait en observant la scène. Il avait la quasi-certitude qu’il s’agissait de son grand-père.
Une fois les lieux complètement inspectés, ils décidèrent d’aller vers ce qui semblait être le seul moyen de descendre plus dans les profondeurs : une sorte d’ascenseur mécanique se trouvait dans la pièce du terrarium, accolé à un des murs.
« Tout va bien ? J’ai entendu du bruit et je voulais savoir si tout se passait bien... ».
Dromi passa sa tête dans l’énorme pièce et jeta un coup d’oeil aux plantes géantes qui avaient été découpées et massacrées quelques minutes plus tôt.
« Oui, on a sécurisé les lieux ! » cria Virgile, de l’autre côté de la pièce.
« Oh. Je vois. Très bien, très bien. » répliqua-t-il en s’avançant vers les aventuriers. Visiblement impressionné, il était également en admiration devant les lieux. Il avait l’air de reconnaître certaines plantes, mais les conditions climatiques particulières de ce lieux apportaient leur lot de mutations florales qui suscitaient l’intérêt.
« Dromi, nous allons descendre au niveau suivant... »
« Oh, je viens avec vous alors ! Je pourrai m’attarder sur cet endroit plus tard. D’un point de vue botanique cela a l’air intéressant mais sur le plan archéologique, je ne suis pas certain qu’il y ait quelque chose à récupérer. »
Ils se trouvèrent à quatre dans l’ascenseur, et ils se mirent à fixer de manière perplexe plus d’une dizaine de manettes. Onze, plus précisément. Avec précaution, ils examinèrent les mécanismes, mais aucun d’entre eux ne savaient exactement pourquoi il y en avait autant. Ils se doutaient qu’il en existait un pour monter, un pour descendre, mais les neuf autres… Virgile, pragmatique, annonça :
« J’en tire un et on verra non ? ».
Sans vraiment attendre de réponse, il tira celui le plus à droite, un des deux qui lui semblait être pour le passage d’un étage à l’autre. La pièce se mit à descendre, et l’ascenseur commença à sombrer dans les ténèbres. Le sol du terrarium disparu petit à petit et ils se mirent à contempler le mur défilant vers le haut, attestant de la profondeur qu’ils allaient atteindre.
« Il y a une odeur bizarre non ? » fit soudainement Ikit, dont l’odorat était plus fin.
*BOUM*
L’ascenseur venait de s’arrêter brusquement. Puis un sifflement se fit entendre et de la fumée verdâtre commença à se répandre par les interstices entre les pierres du sol.
« Poison ! » cria Netharius. Tous se jetèrent sur les manettes, car ils savaient instinctivement que s’il y avait un moyen de les sauver, il se trouvait dans une combinaison mécanique à cet endroit. Ils parlèrent peu et tentèrent d’être efficace, retenant leur respiration le plus possible, mais il fallait néanmoins arriver à un résultat et la communication était nécessaire. Dromi paniquait pendant que les mercenaires activait les manettes en écoutant attentivement les sons produits par les mécanismes cachés derrière le mur de pierres massives. Après quelques secondes, ils entendirent un claquement, comme si un engrenage s’était débloqué et qu’il entrait maintenant en action dans un mécanisme plus grand. La fumée se faisait de plus en plus présente dans les lieux et cela devenait de plus en plus complexe de rester calme.
La plupart avaient des picotements dans les poumons, et bien que supportable, cela les déconcentrait et surtout, cela s’intensifiait petit à petit.
Ils continuèrent leur travail de mécaniciens, essayant un levier, puis l’autre, puis retour sur le premier, sans cesse cherchant une combinaison possible. Un grincement se fit entendre et ils surent qu’ils avaient franchi un autre pas vers la solution. Des cloques commencèrent à se former sur leur peau. Sous son armure et son masque, Netharius sentait que les vapeurs s’attaquaient à ses os, et que bien qu’il soit moins sensible que ses camarades vivants, le gaz pourrait très bien le réduire en un tas de poussière.
D’un geste de la main, Ikit fit signe à Dromi de venir les aider. Il paniquait dans un coin, laissant ses émotions prendre le dessus et l’ysoki sentit qu’il ne serait pas de trop sur les commandes de l’ascenseur. Ils débloquèrent un autre engrenage et le bruit du mécanisme remis en marche leur procura la sensation d’une bouffée d’air frais, alors que ce dernier manquerait probablement d’ici quelques instants. Les mercenaires commencèrent à ne plus voir leurs mains car l’épaisse fumée avait rempli l’ensemble de la pièce et la concentration ne faisait qu’augmenter. Heureusement, ils n’avaient plus besoin de voir les leviers et ils fonctionnaient seulement aux bruits. Une autre roue se remis en marche, mais le temps manquait. Leur peau brûlait comme s’ils se trouvaient dans un incendie et ils avaient l’impression qu’ils étaient occupé à calciner. Seule le concentration minutieuse les empêchait de s’évanouir. Ils ne savaient pas combien il en restait, et des points lumineux commençaient à se dessiner devant leurs yeux pourtant fermés pour éviter de devenir aveugle. La panique s’empara des cœurs des mercenaires, et dans un geste désespéré d’en finir, ils manipulèrent les manettes avec une frénésie emplie de panique alors qu’ils vivaient probablement leurs derniers instants.
*CLAC*
Un silence plein de suspens s’installa dans l’ascenseur, puis...
*rrrrrRRRRRrrrRRRRRRKTKTKKrrrr*
Ils entendirent que le grand mécanisme qui retenait l’ascenseur et qui avait rempli la pièce de gaz s’était remis en marche. Ils entendirent un sifflement et ils sentirent qu’ils recommençaient à descendre. Quelques secondes plus tard, ils pouvaient à nouveau voir devant eux et purent constater que des petits trous dans le plafond, précédemment obstrués, avaient aspirés le poison gazeux. Ils se remirent à respirer prudemment, réalisant de petites inspirations pour tester la qualité de l’air. Peu de temps après, ils purent reprendre une respiration normale et constater qu’ils étaient tous mal en point. Ils avaient la peau brûlée, même sous leurs vêtements ils pouvaient sentir leur épiderme souffrir atrocement.
Lorsqu’ils arrivèrent au niveau inférieur, ils purent contempler le plus grand laboratoire qu’ils avaient jamais eu l’occasion de voir. Des dizaines d’étagères sur lesquelles des centaines de livres étaient soigneusement rangés. Au dernier étage de celle-ci, des potions étaient placées dans des caisses étiquetées. En périphérie de la pièce, de nombreuses tables sur lesquelles étaient disposés des alambics, des fioles en tout genre, des éprouvettes et des sacoches contenants toutes sortes de produits alchimiques. Au centre se trouvait une sorte d’estrade sur laquelle était inscrite de nombreux symboles arcaniques. Sur ce promontoire, ils pouvaient apercevoir des morceaux de verre brisés, comme si un objet avait été éclaté au centre du cercle. Enfin, de l’autre côté de l’estrade, à l’opposé direct de l’ascenseur, il y avait une alcôve dans le mur, dans laquelle ils pouvait voir une silhouette d’environ trois mètres de haut. Il s’agissait d’un grand golem, fait de bois, métal, et d’autres éléments qui semblaient alchimiques : des compartiments renfermaient des substances liquides, d’autres brillaient de lumières multicolores, et ils pouvaient sentir de l’énergie enfermées dans certaines parties de cet automate. Des seringues se trouvaient aux extrémités de certains de ses doigts, mais une lumière bleutée attirait davantage leur attention : l’orbe arcanique se trouvait au centre du golem, là où le cœur aurait dû se trouver.
Virgile, devenu soudainement plus prudent après ce petit écart inhabituel, proposa au groupe de remonter, en utilisant les leviers marqués comme non dangereux. Ils prirent le temps d’aller se soigner grâce aux sortilèges du barde, aux soins appliqués et aux enchantements de Netharius. Ceci étant fait, ils redescendirent dans les profondeurs du laboratoire, laissant Dromi derrière eux pour sa sécurité.
Virgile proposa aux autres de se faufiler pour aller tenter de récupérer la pierre de pouvoir, tandis qu’ils se tenaient prêts pour le couvrir en cas de danger. Rien ne bougeait actuellement dans la pièce, tout semblait figé, et pourtant… leur instinct leur criait d’être prudent. Ils venaient de frôler la mort et s’ils pouvaient éviter de se retrouver dans une situation similaire, ils feraient le nécessaire pour. Netharius accepta le plan de mauvaise grâce : il était sceptique, mais faute de solution plus éclairée, il décida de laisser le sniper tenter sa chance.
Virgile longea les murs de la pièce, contournant la bibliothèque et restant assez loin de l’estrade au centre de la pièce. Il fut rapide et discret, et fut bientôt aux pieds du golem. Il prit ses précautions pour pouvoir attraper l’orbe sans toucher d’autres parties du corps de l’automate mécanique. Il glissa sa main dans les entrailles de l’exosquelette, et, contorsionnant son bras, arriva à juste quelques centimètres de l’orbe. Là, il interrompit son geste, regarda un coup en arrière vers ses compagnons immobiles. Ils attendaient, le souffle court. Il prit une inspiration, activa sa rune d’invisibilité, et d’un geste rapide et précis, attrapa l’orbe dans sa main puis tira d’un coup sec.
La pierre bougea et il crût dans un premier temps pouvoir la retirer d’un coup, mais la machine se mit en marche. Deux petits points lumineux bleutés apparurent dans les orbites vides du golem, et son noyau se mit à vibrer. En se relevant, il repoussa Virgile qui sortit aussitôt son arme tout en esquivant le premier coup de la créature mécanique.
Ikit et Netharius ne perdirent pas de temps, ils s’avancèrent, car trop loin pour aider leur compagnon. Ce faisant, ils se rapprochèrent du cercle arcanique au centre, et la magie des runes se réveilla d’un coup. Les morceaux de verre et d’acier se mirent à vibrer, tandis que les symboles cryptiques au sol brillaient d’une lumière vive d’un bleu verdâtre. Les débris, comme mus par une force gravitationnelle magique, s’élevèrent du sol, puis se mirent à tournoyer dans les airs avec rapidité. Il s’agissait maintenant d’une tornade d’objets tranchants, prêts à découper tout ce qui serait sur leur passage. La nuée vola dans la pièce, traversant Netharius, puis Ikit pour revenir sur ses pas pour se diriger vers Virgile. Les lames déchiquetèrent la peau et les os de deux mercenaires, mais ceux-ci ne perdirent pas leur sang-froid : ils n’avaient pas perdu de temps et avaient directement observé et analysé les manifestations de la magie qui animait la nuée tranchante. Ikit fut le premier à se ruer vers la manifestation magique et commença à utiliser des incantations pour tenter de calmer la magie la contenant. Netharius vit ce que l’ysoki était occupé à faire, et décida de l’aider. Il s’affaira à dissiper la manifestation de cet esprit virulent et rapidement, ils sentirent que les lames ralentissaient. Ils eurent alors le temps de vérifier comment cela se déroulait pour leur compagnon. Alors qu’ils jetaient un coup d’œil vers le sniper, ils entendirent un énorme fracas.
Le bras du golem s’écrasa sur la caisse de bois sur laquelle Virgile était une seconde plus tôt. Il esquiva un second coup qui défonça l’étagère et fit tomber les fioles qui reposaient dessus. Des éclaboussures bleues, vertes et violettes furent projetées dans tous les sens. L’automate ne semblait pas fort affecté, mais les marques laissées sur son armure d’acier et de bois montrèrent qu’il valait mieux ne pas être en contact avec ces substances. Virgile recula d’une dizaine de mètre, visa, et tira sur la créature. Le tir perça la carcasse métallique du golem qui relâcha une flaque d’un liquide toxique devant être normalement utilisé dans ses mécanismes d’attaque. Le pistolier se remercia d’avoir prit de la distance avant de tirer. Quoi qu’il en fut, le golem le suivant et il doutait donc qu’il devait probablement capter une partie de ses mouvements, bien que ses assauts ne semblaient pas assez précis pour dire qu’elle visionnait exactement sa position. L’automate le suivit et frappa à nouveau, le cognant d’un coup brusque, renversant en même temps d’autres fioles qui tombèrent au sol. L’une d’entre elles, au contact du sol, explosa en une fumée gris foncé, qui se transforma la seconde d’après en une grosse pierre de granit et obstrua le passage entre deux étagères. Virgile, qui se trouvait à l’endroit où la fiole tomba, se retrouva expulsé sur le côté, heureusement à l’opposé d’où le golem se trouvait. Il avait maintenant un obstacle entre lui et le gardien mécanique.
Netharius et Ikit finirent de dissiper la magie présente dans la volée tranchante, et retournèrent leur attention sur le duel entre le golem et virent le chaos généré par la machine furieuse au milieu des rangées de fioles. Les bouteilles de verre se brisèrent au sol tandis que de la fumée se dégageait des explosions. Le thaumaturge examina la créature et put remarquer que l’orbe n’était plus totalement fixée à la structure, ce qui expliquait ses mouvements lents. Elle aurait pu être beaucoup vive et dangereuse sans la tentative de Virgile de prendre la sphère magique. Il sortit alors son fléau et s’approcha dans le dos de l’automate. La tête du fléau d’arme vint s’abattre sur l’armure de la créature qui se retourna pour riposter. Netharius encaisse un grand coup qui vint le frapper dans ses côtes. Il étouffa un cri, mais fut satisfait de voir que la manœuvre était réussie : le golem avait lâché Virgile et il serait maintenant libre d’ajuster ses tirs mortels sur le gardien des lieux. Ikit vint soutenir son compagnon et lança un sortilège fait pour briser les os, et bien que le golem n’ait pas d’os à proprement parler, on entendit craquer son exosquelette, qui lui fit rejeter encore du fluide vital au sol. Sentant son état critique, l’automate renversa les étagères qui se trouvaient à côté de lui, tentant d’ensevelir le squelette dessous. Netharius encaissa le coup du meuble ainsi que les fioles qui lui tombèrent dessus, mélangeant acide, flammes et autres substances toxiques. Un tir bien ajusté de la part de Virgile vint éclater un des tuyaux d’alimentation du golem, et c’est cette fenêtre que ses deux compagnons utilisèrent pour porter le coup fatal : le barde lança une incantation galvanisante, améliorée par son jeu d’expert au pipeau, ce qui donna la force au thaumaturge de frapper le monstre mécanique en pleine face, écrasant son fléau d’arme sur le crâne de l’automate. Pendant une seconde, le golem resta debout, immobile, comme réfléchissant à son prochain mouvement, puis il s’écroula au sol, et l’électricité qui l’animait se dégagea sur les surfaces liquides dans lesquelles il gisait.
Avec un sourire de satisfaction, Netharius arracha l’orbe à moitié dégagée du corps du monstre mécanique. Les mercenaires fouillèrent les lieux, prudents et méthodiques. Ils purent trouver de nombreuses recettes alchimiques, ainsi que du matériel précieux pour réaliser expériences et autres manipulations dans ce domaine. Aucun d’eux n’était malheureusement assez expert que pour pouvoir utiliser ce genre d’outils. Finalement, ils trouvèrent également une page du livre « Des Essences », qui était consacrée à la matière, source de la magie arcanique. Ils prirent le temps de lire ce texte, mais mis à part un petit sentiment de perplexité (était-ce la manière dont cela était écrit ? Les annotations ? Ils ne surent dire, mais quelque chose les tracassait dans ces textes), ils ne purent rien tirer de ce parchemin. Ils se restaurèrent donc, puis décidèrent d’ouvrir le passage suivant en plaçant l’orbe dans le réceptacle du temple.
Un passage s’ouvrir en dessous de l’estrade au centre de la pièce. Les pierres bougèrent et révélèrent un escalier qui descendait dans les profondeurs. Avec prudence, ils descendirent dans ce couloir sombre. Au bout d’une cinquantaine de marches, ils commencèrent à distinguer une lumière blanche, blafarde, et, ectoplasmique ajouta Netharius.
« Il y a un être dans cette boule d’énergie, au centre de la pièce, je le sens. »
« Cela ne me dit rien qui vaille » commenta Ikit.
« Ton instinct est bon, cet esprit est dangereux. Il ne semble pas agressif, mais complètement incontrôlable. »
La pièce n’était pas large, ni fort longue non plus, mais la hauteur y était impressionnante. Ils purent remarquer des petites plateformes, comme des balcons, à diverses hauteurs. Au-dessus de la plus haute, un orbe brillant d’une couleur violette flottait. Virgile n’eut pas le temps de parler, montrant de son index l’objet, qu’un mécanisme s’enclencha.
« Piège ! » cria Netharius.
Ils ne savaient pas à quoi s’attendre, mais ils surent que cela n’augurait rien de bon lorsque les portes derrière eux se refermèrent dans un grand coup d’éclat. La boule d’énergie au centre, enfermée dans une sorte de cage d’acier enchanté, se mit à émettre des pulsation, comme une bombe qui tiquait toutes les secondes, rejetant des vagues d’énergie ectoplasmique qui traversaient les mercenaires sans encombre, mais qui une fois projetées sur les murs, revenaient vers l’esprit en attrapant tout ce qu’elles pouvaient. Ikit se sentit attrapé par des mains invisibles, et avant qu’il ne puisse réagir, avança de quelques pas et se retrouva collé à la cage au centre de la pièce. Ses compagnons écarquillèrent les yeux lorsqu’ils virent qu’au contact de la concentration d’énergie, leur barde vola dans les airs, s’écrasant contre le mur, comme poussé par une grande détonation et vague de force invisible. L’ysoki eut le souffle coupé par le choc. Sans même avoir le temps de réfléchir, il sut qu’il avait au moins une côte cassée. Une montée d’adrénaline lui fit recouvrir son sang-froid et étouffer la panique qui commençait à monter.
« Accrochez-vous ! ». Netharius ne savait que faire, alors que Virgile avait déjà commencé à grimper sur une des plateformes. Le symbole se mit à luire à son approche. Il approcha sa main, et crût comprendre qu’à son contact elle devrait probablement s’activer et produire un effet particulier. Il leva les yeux et put constater qu’à chaque balcon, une rune plus ou moins similaire s’illumina. Il n’eut pas le temps de penser davantage, les pulsations de la boule d’énergie le ramenèrent à la réalité. Il fut tiré en arrière et tomba de la plateforme.
Ikit se releva d’un bond, et décida alors de lancer, les yeux toujours rivés sur l’orbe violette, le sort de Vol sur le sniper. Il n’avait pas observé la manœuvre du tireur d’élite, mais il savait qu’ils devaient s’emparer de l’orbe et qu’il était actuellement hors de portée… à moins de savoir voler. Une fois l’incantation terminée, il tapota de sa patte insectoïde au sol, et ajusta son sac à dos pour laisser un peu de place au niveau de ses omoplates. Alors que des spasmes le secouaient, deux ailes apparurent dans son dos, se déployant comme des ombres inquiétantes. Il était difficile de savoir à quel type d’insecte elles pouvaient être apparentées, mais il ne s’agissait en tout cas pas d’une créature que l’on désirait croiser dans ses aventures.
Netharius et Virgile écarquillèrent les yeux, mais n’eurent pas le temps de réfléchir davantage à la situation, car une autre vague d’énergie les attira vers la cage centrale. Netharius s’accrocha au mur afin de rester stable, tandis que le sniper fut tracté vers le centre de la pièce. Il en profita pour prendre son élan et se laissa attirer jusqu’à quelques mètres de la boule ectoplasmique, pour ensuite pousser de toutes ses forces sur ses jambes, et s’envola d’un grand bond vers le balcon le plus haut de la pièce, là où se trouvait la sphère magique. Cela l’amena presque à portée de la plateforme, mais une seconde vague l’arrêta dans sa lancée. L’inertie joua en sa faveur et il pressa davantage sa poussée pour finalement attraper le rebord et tenter de se hisser.
Ikit lui emboîta le pas et survola la cage pour tenter d’aider Virgile, et peut-être le rattraper en cas de chute. Netharius de son côté, décida qu’il valait mieux rester spectateur, se concentrer sur le fait de préserver ses forces pour pouvoir intervenir en cas de besoin.
Virgile tendit sa main vers l’orbe mais la force d’attraction le tira en arrière sur quelques mètres. Trop concentré sur le fait d’attraper l’objet, il ne vit pas qu’il n’était plus sur un sol ferme, et manqua de peu le rebord qui glissa sous ses yeux. Il failli tomber dans le vide, pris par surprise, mais se reprit juste à temps. Il sauta vers l’avant et d’un grand bond, arriva sur la plateforme puis attrapa l’orbe dans la foulée.
La boule d’énergie se calma, et l’obscurité régna à nouveau dans la pièce. Il n’y eu plus que la lueur violette de l’orbe occulte qui brilla au plus haut balcon, bientôt accompagnée par une silhouette blanchâtre qui se dessinait petit à petit à côté de la cage. Marduk, spectateur de la scène, finit s’étrangler en reconnaissant les traits de son grand-père…
Date du Rapport
17 Mar 2024
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