Session XXXII : La sorcière Matricide

General Summary

Sous la pluie battante, un éclair déchira le ciel, révélant une jeune fille aux longs cheveux blonds lui allant jusque dans le bas du dos. Elle marchait sous la pluie, visiblement habituée à ces conditions, direction le centre du village. Narliza la reconnu directement : il s’agissait de la plus âgée des filles pérsentes à la leçon d’Ilseh. Pendant un quart de seconde, elle hésita, puis Narliza brisa le silence en lui demandant :

« Mais qu’est-ce que tu fais là ? ». La jeune fille sursauta, elle n’avait pas remarqué la changeline, qui n’avait aucun mal dans la pénombre avec sa vision supérieure.

« Je … je dois aller chercher Tasha. Les femmes du Conseil l’ont demandé. Il faut que je ramène Tasha aux pierres du Conseil. »

Narliza répondit : « Mais Tasha est enceinte, elle ne peut pas se déplacer dans ces conditions. »

« Mais… elle m’a dit qu’il le fallait ! Elle doit y aller, je l’aiderai si il faut mais on m’a dit qu’elle devait absolument venir ! ».

Baltazar échangea un regard avec Narliza. Il était clair qu’elle était sous l’influence des autres et que l’ordre avait été impératif. Ils accompagnèrent alors la jeune Eïra jusqu’à la maison de Tasha. Dès que le pas de la porte fut franchi, Baltazar, sous l’apparence d’Elisa, attrapa la jeune fille et la plaqua contre un mur, la main pour étouffer ses cris potentiels.

« Alors tu vas bien m’écouter jeune fille parce que je ne vais pas me répéter. Tu vas rester ici, gentiment, et nous allons aller voir le Conseil, en emmenant Tasha. Tu ne vas pas retourner avec nous, tu vas rentrer chez toi. Si tu croises quelqu’un, tu ne dis rien, tu rentres juste chez toi et tu vas dormir. Nous nous occupons de tout. Et cela ne sert à rien de nous suivre, nous allons faire ce que tu as demandé. Compris ? »

La jeune Eïra hocha la tête pour montrer qu’elle avait compris. On pouvait voir dans ses yeux que la jeune fille était étonnée d’avoir été aussi aisément neutralisée par une petite maigrelette à peine plus grande qu’elle. Baltazar la garda à l’extérieur en espérant que le nouveau-né

« Je dois l’accompagner jusqu’au Conseil... », demanda-t-elle ?

Silence.

« Attends-nous dehors, on va y aller ensemble. On va la préparer pour le voyage... » finit par dire Narliza. La petite Eïra sortit alors de la maison et on la vit disparaître dans le noir en direction du centre du village.

Les aventuriers discutèrent quelques secondes pour élaborer un plan. Narliza avait une idée : elle irait déguisée en Tasha grâce à son chapeau de déguisement illusoire, verrait ce qu’elles lui veulent et cela leur laisserait le temps de trouver un plan. Baltazar les suivraient, masqué dans les ombres, afin de pouvoir intervenir ou trouver une solution en cas de souci. Kendra resteraient à défendre Tasha dans le cas où les guenaudes viendraient chercher l’enfant directement à la maison de la tisserande. Il fut alors convenu qu’Ariel suivrait Narliza déguisée en Tasha pour l’aider en cas de pépin. Il était peu probable que toute cette opération se déroule sans accroc. Ils seraient donc trois sur place, et Marduk se tiendrait à l’affût sur son bracelet de communication afin de faire en faire d’arriver le plus tôt si des complications s’annonçaient.

Narliza observa une dernière fois les mimiques et manières de sourire de la jeune femme qu’elle allait incarner, puis sortit son plus grand numéro de représentation théâtrale. Elle allait pouvoir tester sa supercherie avec la jeune Eïra avant de devoir ensuite affronter le Conseil. Elle vérifia une dernière fois qu’elle avait bien les parchemins d’ancre dimensionnelle, pour empêcher la guenaude noire de s’enfuir en cas d’affrontement, puis elle gonfla son ventre à l’aide d’un coussin et enjoliva le tout sous le sort d’illusion, et sortit de la maison pour rejoindre l’adolescente qui l’attendait. Elles prirent la direction du nord-est. « C’est de ce côté que la végétation est la plus expansive. » se dit Drark, qui se rappelait de la convesation avec Jilouhé. Lorsqu’il annonça cela à haute voix, Narliza put confirmer que la source de la magie tellurique était de ce côté. Après quelques minutes, ils purent voir des lumières au loin, à un peu plus d’un kilomètre du village. Il s’enfoncèrent dans les marais pour rejoindre une sorte de cercle de pierres levées, mélange entre des menhirs et dolmens grossiers. Là, la plupart des femmes importantes du village attendaient : Suli, Gladys, Jilouhé, Lysarie, quelques autres dont le nom leur était inconnu, mais surtout Ilseh, qui se trouvait tout prêt d’une table de pierre au centre.

« Approche-donc... » commença la doyenne, les sourcils froncés en observant la silhouette de Tasha.

« J’arrive, j’arrive… Compliqué de faire tout ce chemin dans ma condition. » Un air perplexe passa sur le visage d’Ilseh.

« Tu n’étais pas supposé nous présenter ton enfant ? Où est-il ? », continua la vieille femme.

« Cela devra encore un peu attendre je le crains. Peut-être demain si les dieux le veulent. »

Un vent de confusion circula dans l’assemblée. Il était clair que quelque chose clochait, et Narliza pouvait le sentir. Elles étaient au courant, d’une manière ou d’une autre, que Tasha avait accouché.

« Nous avons pourtant entendu des cris particulièrement aigus provenant de ta maison, comme l’expliques-tu ? ».

« C’était moi, j’ai un peu pris peur avec l’orage et j’ai une voix particulièrement fluette. » intervint Ariel. « Je n’ai pas l’habitude d’un temps pareil, et je suis relativement peureuse, je le crains. Je m’excuse si cela a pu provoquer une certaine confusion. »

Pendant ce temps, Baltazar s’était caché dans les hautes herbes et observait la situation. Il ne savait pas à quel point cela pouvait dégénérer. Il sentait la tension monter, comme un élastique sur lequel on continuait de tirer qui allait bientôt claquer, mais il ne savait pas comment cela allait exploser. Peut-être que la présence de Marduk allait permettre de sauver Tasha et son enfant. Il envoya quand même un message annonçant que la situation était tendue. Marduk de son côté, ne sut pas si cela nécessitait qu’il bouge directement ou pas, alors il décida d’attendre pour des informations plus claires.

Narliza, aidée de la petite Eïra, avança doucement vers Ilseh. Alors qu’elles approchaient, elle usa de sa magie pour tenter de faire son ventre plus solide, tel celui d’une femme enceinte, grâce à son Anneau des Ombres. Ilseh s’approcha alors d’elle et toucha délicatement son ventre.

« Voilà l’explication ! » dit-elle avec un air triomphant et un sourire carnassier.  On se paye notre tête mesdames ! ». Narliza comprit que son déguisement ne servait plus à rien, qu’Ilseh avait non seulement compris pour l’absence de l’enfant, mais également pour son apparence. Elle reprit son apparence normale tandis qu’Ilseh continuait :

« Bon maintenant apportez-moi l’enfant. » Elle se tourna vers le reste de l’assemblée et dit d’une voix forte, autoritaire et empreinte de menace :

« C’est pourtant simple non ? UNE règle ! Pas de mâle dans cette communauté. Une seule règle en échange de leur protection. Et vous voudriez mettre tout le village en danger pour une vie ? N’êtes vous pas en sécurité ? Ne devriez-vous pas être reconnaissantes de ce qu’elles nous offrent ? ». Un silence de mort s’abattit sur le groupe. Silence qui fut brisé par la changeline.

« Mais ne peut-on pas faire une exception ? Il s’agit d’un enfant, qu’est-ce que cela pourrait changer ? Nous sommes prêtes à le prendre avec nous et l’éloigner du village si cela vous dérange. »

« Ne m’écoutes-tu donc pas, idiote ? ». La doyenne fit signe à Suli et Gladys d’apporter Jilouhé non loin de la table. Celle-ci semblait terrifiée et abattue, captive des siennes sans savoir où cela allait la mener. « Je n’arrêterai pas tant que l’enfant ne sera pas ici… et vous feriez mieux de prendre mes menaces aux sérieux.» Et elle se mit à griffer le visage de la jeune cueilleuse avec violence. Ses ongles ressemblaient davantage à des griffes, mais c’était peut-être l’obscurité qui accentuaient les fantasmes des aventuriers. Jilouhé commença a hurler de douleur et essaya de se débattre, mais les deux gardes du corps de la doyenne étaient trop fortes. Baltazar décida qu’il était temps d’envoyer un message à Marduk. La vieille ne semblait pas être facile à raisonner, et il sentait que les évènements allaient partir en vrille d’une seconde à l’autre.

« Mais, pensez donc à l’histoire du troll ! Il avait besoin des humains pour trouver le bonheur ! ». S’exclama Narliza, dans l’espoir de la ramener à la raison, mais les yeux d’Ilseh bouillonnaient d’une cruauté qu’elle n’avait jusque-là pas entrevue.

« Mais les hommes ont menti et l’ont trompé. La peur, au moins, elle est honnête. » répliqua la vieille femme en se retournant vers Narliza, arrêtant sa torture pour lui faire face. « La peur est parfois le seul moyen d’obtenir ce que l’ont veut. » continua-t-elle en se penchant vers Jilouhé. Elle caressa alors délicatement la joue de la jeune fille de sa main gauche. La peau était atrocement meurtrie, À certains endroits, c’était presque par lambeaux que l’épiderme se décrochait de sa chair. Soudainement, elle resserra violemment sa prise sur la tête de fille bénie des fées, et de son autre main, enfonça une de ses griffes dans l’œil gauche, le crevant et produisant un léger éclat de sang. Jilouhé hurla de douleur et son cris perça la nuit comme un couteau.

« Amenez-moi l’enfant. », reprit-elle avec un calme déguisant une fureur implacablement froide.

Narliza se jeta presque pour aller aider la jeune fille, mais elle savait que cela risquait de provoquer un geste fatal de la part d’Ilseh donc elle se retint. Par contre, pour Drark, c’en fut trop pour lui. Ariel, d’un geste fluide, si naturel, sortit un feu grégeois de sa poche et le lança de toutes ses forces sur la vieille femme. Une grande gerbe de flamme s’éleva dans la nuit, et lorsqu’elle retomba, on pouvait voir le visage affreux de la guenaude noire qui apparaissait sous la peau calcinée d’Ilseh. C’est à ce moment que Baltazar bondit de sa cachette. Il attendait le signal depuis plusieurs minutes car il avait également sentit que cela allait dégénérer. Il avait, dès l’oeil crevé, envoyé un message d’urgence à Marduk pour QU’IL SE DÉPÊCHE, puis il était sortit des hautes herbes pour être prêt à agir. Il s’approcha de quelques pas rapides et se planqua derrière une des pierres levées, et de son couvert, visa, et lança sa lance de toute ses forces vers la première personne hostile qu’il pouvait voir : Suli. L’arme siffla dans le vent de la nuit et transperça la jeune femme avec une force inouïe. Elle l’avait traversée de part en part, il n’avait pas eu besoin de le voir pour le savoir, le bruit indiquait qu’il avait perforé un poumon ou un autre organe. La magie imprégnée de la rune ramena l’arme dans sa main, et il se remit à couvert, attendant une autre ouverture. Ilseh balaya les flammes qui brûlaient sa chevelure d’un geste du bras, et s’avança vers Narliza qui était toujours à découvert. Drark avec, par sécurité, été se cacher derrière un menhir dès que sa bombe avait fait mouche, mais la sorcière n’avait pas eu le temps de se cacher.

« Toi, tu serais prête à commettre le crime impardonnable ? Ne t’a-t-on jamais appris à ne pas toucher à ses parents ? ». Elle tendit sa main griffue vers Narliza qui sentit un poids énorme s’abattre sur elle. Ses membres bougeaient tout seuls tandis qu’elle pouvait alors sentir l’esprit de la guenaude en elle. Narliza aperçut un anneau qui pendait autour du cou de la fiélonne, un anneau fait de deux serpents se mangeant la queue. Le même que celle que Narliza portait à son doigt. D’un effort de volonté surhumain, elle repoussa la présence intrusive qui s’était installée en elle. Elle fit retomber à terre ce manteau d’angoisses, cet étau cognitif qui tentait de se refermer sur son âme, et contrecarra en lançant un sortilège à celle qui venait de l’agresser.

Pendant ce temps, Suli, une main sur sa blessure béante, se planqua derrière l’autel au centre du cercle. Gladys, elle, se jeta vers les aventuriers et se transforma dans sa course : il s’agissait d’une guenaude anis, à la peau anthracite, dure comme de l’acier. Ses griffes grandirent tandis que sa taille évoluait à chaque pas. Arrivée près de Narliza, elle faisait près de trois mètres de haut. D’un grand coup violent, elle profita de l’instabilité mentale de la sorcière pour lui administrer un grand coup de griffes qui vinrent déchirer la chair de celle-ci. Les autres femmes du conseil s’enfuirent en tous sens, de manière chaotique. Jilouhé était couchée par terre, tenant son visage meurtri dans ses mains.

Marduk arriva quelques instants plus tard. Il avait quitté en courant aussi vite qu’il le pouvait, espérant ne pas arriver trop tard. Il vit que la bataille était déjà bien engagée. Alors qu’il allait s’élancer dans le combat, il entendit que quelqu’un le suivait. Il se retourna pour voir qu’il s’agissait de Perda. Après un instant de perplexité, il se dit qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre trop de temps à réfléchir et se jeta aux côtés de Narliza afin de l’aider dans son combat contre Gladys, ce qui permit à la sorcière de battre en retraite vers Drark. Ils se retrouvèrent derrière le menhir où se cachait le gobelin, à quelques pas de Perda. Ils jetèrent un regard à la fille rousse, et se rendirent compte que quelque chose clochait. Elle n’avait plus son regard enchanté, charmé et ensorcelé de l’Appel, mais un air carnassier qui ne collait pas à sa personnalité. Elle s’approchait rapidement d’eux, et ils purent voir du sang couler de sa bouche. De grandes griffes jaillirent de ses mains et lacérèrent la changeline.

Drark fit un pas de côté pour éviter les attaques surprises, sortit une bombe en vitesse, mais s’arrêta net. En observant Perda, il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas vraiment d’elle. Elle avait une agilité déconcertante et des capacités de transformation inhumaine. Il se doutait qu’il s’agissait d’une guenaude, et se dit que c’était peut-être la guenaude de sang que le magicien avait mentionné au collège de magie d’Edimar. Après un moment d’hésitation, il se dit que la menace la plus dangereuse était la guenaude noire. De plus, elle était normalement la raison de sa peste abyssale qui le minait depuis maintenant de nombreux jours. Il arma son lancer et frappa à nouveau la fiélonne. À nouveau, cela créa une ouverture pour Baltazar qui se jeta alors dans la mêlée en dégainant sa Lame des Ombres. Il frappa la guenaude, la blessant de manière franchement sur son flanc.

Ilseh, bien que blessée, tenta alors de retourner la situation et lança à nouveau un sortilège de domination sur sa fille en l’appuyant avec ses paroles :

« Tu vas m’obéir, petite écervelée ! Où se trouve ton honneur ? Ta dignité ? Tu ne serais rien sans moi, tu est À MOI ! ».

Mais Narliza, bien qu’affaiblie physiquement car elle saignait abondamment, n’était que mieux préparée depuis la première tentative d’intrusion de sa mère. Elle repoussa le sortilège tandis que la guenaude battait en retraite, s’éloignant d’Elisa en furie. Gladys, maintenant dotée de traits affreusement laids et menaçants, pointa ses griffes vers Baltazar. De grandes piques sortirent du sol, telles une cage d’acier se refermant sur la personne qui mettait leur équipe en pièces. Mais Baltazar fut plus habile, et esquiva avec agilité la prison qui tentait de l’accaparer. De son autre main, elle lança un sortilège à Marduk, qui sentait qu’il devenait un aimant à magie. Si les guenaudes avaient le temps de lui lancer davantage de sorts, il allait le sentir passer.

Narliza, toujours aux prises avec la guenaude de sang, s’éloigna de quelques pas et riposta avec un sortilège de confusion. Perda tituba tandis que son esprit recevait un coup de poing dans la face. Marduk, continua son travail de garde du corps. Il soigna Narliza, puis sortit Lueur afin de la repousser de sa lumière divine en la frappant d’un revers de lame.

Baltazar n’était pas très loin d’Ilseh, mais une crainte traversa son esprit : Narliza avait battu en retraite et il était maintenant clair que les guenaudes perdaient le combat. S’il ne mettait pas à terre la guenaude noire tout de suite, elle allait s’enfuir par l’éther, car l’ancre dimensionnelle n’avait pas été fixée. Il s’élança, sautant sur l’autel, feinta d’un geste fluide avec son épée courte, puis enfonça la lame jusqu’à la garde dans l’abdomen de la guenaude. Elle s’effondra au sol dans une grande mare de sang avec un hoquet d’agonie.

Cela apporta un regain de vigueur aux aventuriers. Drark arma une autre bombe qu’il éclata sur la guenaude anis. Cette dernière était résistante, mais avec les coups acharnés combinés des combattants encore debout, elle tomba dans les secondes qui suivirent. Il enchaîna en utilisant un autre feu grégeois sur Perda, mais elle encaissa l’impact avec un sourire. Sentant qu’il était temps de fuir, la guenaude de sang quitta son enveloppe : la peau de Perda se mit à glisser sur elle, et une boule de feu sortit du corps en brûlant tout sur son passage. Une odeur de brûlé se fit sentir dans les air alors que Narliza évitait de justesse le gros de la boule de feu. Elle se jeta à terre la lueur incandescente s’enfuit au loin dans la nuit. Ils comprirent qu’il s’agissait de la forme véritable des guenaudes de sang. Cela expliquait pourquoi le feu ne lui avait pas causé de tort. Par conséquent, il n’y avait que deux possibilités : soit Perda avait toujours été une guenaude, soit cette créature avait tué la fille de la Comtesse Bleue pour revêtir sa forme.

Ils s’attardèrent alors sur Ilseh, qui se vidait de son sang au sol. En l’interrogeant de la manière la plus brutale qu’ils aient déjà pu employée, ils parvinrent à compléter les pièces du puzzle. Bien que Sarenrae ne tolérait pas la torture, Marduk se dit qu’elle ferait bien une exception car il s’agissait d’une créature par son essence mauvaise, et qu’il n’y prendrait pas part. Elle faisait partie du cercle des guenaudes qui était composé normalement d’elle-même, de trois guenaudes anis (Félenne s’était donc occupé de deux d’entre elles), d’une guenaude de sang, d’une guenaude lunaire, et une autre guenaude noire. Avec quatre membres morts, le cercle était donc brisé et bien qu’elles constituaient encore une menace, elles allaient probablement se cacher dans la nature en attendant les opportunités en pansant leurs plaies. Le groupe eurent la confirmation que les cochons étaient bel et bien les hommes, mais que mis à part Elyana, personne n’était au courant de ce fait. Ils apprirent que les guenaudes et les Crocs d’Obsidienne s’étaient mis d’accord afin de contrôler par le chaos et la peur la Marche de l’Eau. Elle n’avait beaucoup plus d’informations sur les plans des Crocs d’Obsidienne, à part qu’Ulgan avait rejoint la Marche de Pierre. Elle détenait sur elle une clé avec une tête de mort au bout. Il s’agissait de la clé du Manoir de Gilal. Ce manoir servait de planque pour les guenaudes, mais était également l’endroit où ces dernières avaient mis sous clés les têtes des dulahans. Ces chevaliers sans tête qui étaient des menaces planantes sur la Marche, feraient n’importe quoi pour récupérer leurs têtes. Les guenaudes leur avait promis qu’il les récupéreraient à condition de les servir et de les aider à ravager le pays. Cet endroit hanté se trouvait plus au nord, à l’extérieur de la Marche de l’Eau. Finalement, ils la questionnèrent sur le Croque-mitaine, et elle leur répondit avec mépris qu’ils étaient fous de s’intéresser à lui, encore plus d’aller le chercher. Ils ne surent cependant pas s’il s’agissait d’un mensonge pour les déstabiliser ou si c’était la vérité. Elle ne savait pas grand-chose sur lui, mis à part qu’il s’agissait d’une entité mauvaise qui se nourrissait de la peur des gens. Une fois qu’ils eurent fini leur interrogatoire, ils achevèrent la fiélonne.

Drark tomba alors sur une pierre d’un noir profond, pas mat comme l’obsidienne, mais comme enfermant les ténèbres de l’univers. Il la tendit alors à Narliza, car il ne parvenait pas identifier de quoi il s’agissait. La sorcière examina de plus près l’objet, et se rendit compte qu’il s’agissait de la cardioline de la guenaude. Cette pierre maudite était utilisée par les guenaudes noires pour enfermer les âmes de leurs victimes et de les utiliser, en puisant dans leur énergie et de les utiliser comme bouclier contre les sorts. Elle sentait également que l’âme d’Azaéla était encore présente dedans. Narliza ne voulut pas prendre de risque, et annonça au groupe qu’une partie de la vérité. Elle leur dit qu’il s’agissait d’une pierre dans laquelle la Sorcière Sauvage était enfermée, et qu’elle pensait pouvoir la libérer. Pour cela, il valait mieux lui remettre car elle irait accomplir cela avec l’aide des autres sorcières. Au fond d’elle, Narliza avait compris qu’il serait impossible de sauver Azaéla. Son corps avait été détruit et bien que son âme, ainsi que celle de son familier, étaient conservées à l’intérieur de la cardioline, il était impossible de leur rendre ce qu’ils avaient perdu. Elle irait chercher de l’aide chez le cercle des sorcières, mais pour permettre à Azaéla et son hibou de rejoindre la Rivière des Âmes menant au cimetière, pour un repos enfin éternel. C’est donc avec une satisfaction emprunte de tristesse qu’elle accueilli la pierre lorsque Drark la lui tendit. Ils aidèrent Jilouhé à se relever, le visage couvert de sang, les yeux masqués par ses mains. Les aventuriers n’osèrent pas regarder la jeune femme dans les yeux. Marduk s’approcha alors d’elle pour lui appliquer les soins que sa déesse lui commandait. Suli n’était plus là, elle devait avoir battu en retraite, elle avait dû rentrer chez elle pour panser ses plaies et accepter la défaite.

Ils rentrèrent chez Tasha, la mort dans l’âme, craignant ce qu’il s’était passé si Perda n’était plus dans son lit. Ils entendirent la jeune mère sangloter avant de la voir. Son fils avait été écorché par la guenaude, et elle le serrait dans ses bras comme une relique, comme un bouée de sauvetage, comme si c’était la maladie, et le remède, à son désespoir infini. Ils purent voir en entrant que la fenêtre de la chambre de Perda avait été brisée. Dans son lit, un corps exsangue, dont la peau avait été complètement arrachée, gisait dans une posture reflétant l’horreur de sa fin.

Les aventuriers nettoyèrent les lieux, enterrèrent Perda, puis organisèrent une petite cérémonie pour le jeune enfant qui n’avait même pas reçu de nom. Marduk prononça quelques mots à la mémoire de ce petit être qui n’avait connu que douleur en ce monde, puis ils se retirèrent afin de laisser Tasha quelques instants seule sur la tombe de son nouveau-né.

Pour Narliza, la cherche de ses origines se terminait là. Elle avait hérité d’une des guenaudes les plus cruelles et les plus viles parmi toutes celles de la Marche de l’Eau, et ce chapitre se terminait avec un goût d’amertume dans la bouche. Elle pourrait regarder vers le futur maintenant.

Les aventuriers étaient soulagés d’avoir pu mettre fin aux tourments des habitantes de Skarland, mais les cicatrices des atrocités que les guenaudes leur avaient infligés se lisaient sur les visages de tout le monde, même sur les leurs. Une page sombre de leur vie se tournait enfin.

Date du Rapport
05 Jan 2024

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