Session XXIII : La fuite de Valenheim
General Summary
Dans ce chaos où l’on sentait la mort et le brûlé, la décision fut rapidement prise : Vidar, fortement blessé par l’affrontement avec Balock, et Drark, à court de munition, iraient aux navires afin de finaliser l’embarquement. De son côté, Marduk pour sa part, irait prêter main forte à la porte Sud. En traversant la place du village, il croisa Baltazar, enfin sorti de sa convalescence, ayant compris que la situation nécessitait son intervention, quel que soit son état. D’un regard entendu, entre mâle de violence, ils surent que cela n’allait probablement pas se passer en finesse.
En approchant du rempart Sud, ils purent constater que la porte avait été défoncée et, à voir les minotaures entassés devant la porte de la grande grange sur leur gauche, ils comprirent que les défenseurs survivants s’étaient rassemblés à l’intérieur. Ils se concertèrent en quelques secondes pour mettre au point un plan puis foncèrent au devant du danger. Marduk se dirigea vers le préau accolé à la grange et attendit que Baltazar fasse son impression auprès des minotaures. L’iruxi fonça alors, crête déployée et toutes griffes dehors en poussant un énorme cri, dans le dos des brutes bovines. Celles-ci sursautèrent, ne s’attendant pas à cela. Pendant une seconde, les créatures se surent que faire, laissant la possibilité à Baltazar de battre en retraite et de fuir en contournant la maison en face de la grange. Les minotaures foncèrent alors à ses trousses, prêts à le découper en rondelles. Il couru aussi vite qu’il put, bifurquant directement aux coins de la maison, et lorsqu’il arriva à la troisième façade, il découvrit quelques barils derrière lesquels il tenta de se cacher. Il ne savait pas exactement si les minotaures allaient parvenir à le voir, ou s’ils auraient la capacité de le sentir, car ils allaient passer à quelques mètres seulement de sa cachette, mais il fit confiance à ses talents de roublard et resta immobile. Dans des grands cris de rage, les bovidés passèrent devant lui, les museaux dégoulinant de salive, la rage au corps.
Pendant ce temps, Marduk courut à la porte, mais un des minotaures n’avait pas suivi le mouvement, et apparut devant la double porte. Le disciple de Sarenrae se lança alors de tout son poids sur le minotaure pour le plaquer au sol, libérant ainsi le passage.
« La voie est libre, si vous voulez vivre suivez-moi ! »
Les guerriers du village soulevèrent la barre et suivirent Marduk dans le chaos le plus total. Quand la porte s’ouvrit, le champion put constater qu’ils étaient arrivés à temps : la moitié de la grange était en feu et certaines poutres menaçaient de céder. Les huit hommes restant suivirent le sillon que Marduk créait dans le paysage. Baltazar décida de sortir de sa cachette à ce moment-là. Il avait berné les minotaures, mais ceux-ci allaient de toute façon apercevoir que la grange, dans leur champ de vision, était ouverte. Il suivit alors le groupe et usa de sa bourrasque, cadeau de la chanson du vent du vieux Gavil, pour empêcher les monstres de les suivre. Le groupe de fuyard prit alors la direction du nord, se faufilant dans l’anarchie et la fumée englobant tout le champ de vision.
Ils arrivèrent aux bateaux, et une fois montés à bord, Hort se tourna vers eux.
Démarre-t-on ? Ou devons-nous encore attendre des survivants ?
Ils étaient encore soumis à un dilemme. Est-ce que tout le monde est là ? Évidemment que non. Les bateaux avaient encore de la place, mais il était malheureusement impossible de savoir combien de personne se trouvaient encore dans la cohue du village. Le voile de cendre obstruait complètement la vue, et il n’était possible d’apercevoir que quelques toits aux prises avec les flammes par dessus le nuage noirâtre. Des cris aigus perçaient dans le vacarme des craquements de charpentes et des grognements rauques des minotaures. Devant le silence des aventuriers, Hort réitéra sa question.
Baltazar et Marduk avaient leur regard tourné vers la rive. L’iruxi, lentement, se retourna alors vers son compagnon, sachant qu’il avait probablement un devoir envers sa déesse sur ce plan-là. « On va… on va encore attendre ... un peu » répondit Marduk avec hésitation. Il ne savait pas vraiment ce qu'il attendait. La confirmation que tout le monde était mort ?
Après quelques dizaines de secondes, ils entendirent des cris se rapprocher, et une jeune femme blonde sortit en courant du nuage noir qui était sur la rive. Elle était blessée à la jambe et se déplaçait difficilement. Alors que ses bottes commençaient à prendre l’eau, un minotaure sortit de la brume et fonça sur la jeune fille. Marduk savait que sauter dans l’eau pour la sauver allait être une tâche ardue à cause de son armure lourde, mais Baltazar avait déjà un plan en tête : il jeta sa lance marquée d’une rune boomerang, qui empala la créature sur le sable, puis il se jeta à l’eau. Avec une aisance propre aux iruxis, il nagea pour aller aider l’humaine.
« On lève l’ancre ! »
La présence du minotaure avait révélé que le risque allait devenir trop important. Si une bande de ces monstres arrivaient, ils allaient probablement parvenir à faire suffisamment de dégâts, enflammer les bateaux ou les empêcher de larguer les amarres.
Il y avait cinq embarcations en tout. Deux prirent la direction du Sud, tandis que trois se dirigèrent vers le Nord, dont celle des aventuriers. Les ombres du villages s’estompèrent alors à l’horizon, englouties par les flammes et la fumée. Le calme était revenu sur les navires, et un silence dépressif s’installa sur le fleuve. Ils allèrent alors trouver Hort pour prendre des nouvelles. Ils apprirent que la majeure partie des personnes désiraient aller à Edimar pour demander asile et refuge, mais qu’une partie désirait se rendre dans un village du nom Gaelg, plus haut sur un embranchement du fleuve car ils avaient des amis ou de la famille pour les accueillir.
Le voyage se déroula sans encombre jusqu’à Edimar. La nuit était déjà tombée sur la cité lorsqu’ils furent accueillis par le maître des quais. Pendant le temps du voyage, Baltazar en avait profité pour produire une contrefaçon de laisser-passer. Il avait des souvenirs du blason de Halgean Forgemer et le reproduisit à la perfection le sceau du roi nain.
La ville était lugubre : divisée en trois parties, une sur la terre ferme à l’Est, une dans des marécages à l’Ouest, et une dernière complètement sur pilotis sur le Lac Savin. La ville était constituée de maisons toutes faites de bois humides et grisonnant sur lesquels la pluie tombait avec ardeur. Une fois sur les quais, ils prirent la direction du palais royal qui se trouvait dans le Quartier du Port. Ils profitèrent de leur petite marche pour analyser l’organisation du pouvoir dans la ville. Ils comprirent que comparé à Orville, les rapports de force semblaient très compliqués dans la Marche de l’Eau. Il existait en effet différents clans (Truite, Murènes, Salamandre, Rainette, Libellule, Foulque, Couleuvre, Varan, etc.), qui avaient une influence énorme sur le pouvoir, mais également des guildes ou des gangs sous-jacentes à cela. Dans Edimar, la loi était appliquée de trois manières différentes, par trois forces séparées : la garde royale, de fiers soldats aux plastrons d’acier, aux morions et tenues bouffantes rouges, bleues et noires, faisaient la loi aux pourtours du palais et accomplissait les tâches directement données par le roi ou ses ministres. Ensuite, chaque quartier possédait sa propre milice. Le Quartier des Lucioles était donc protégé de manière beaucoup plus rudimentaire que le Quartier des Pieds-Secs. Les milices locales respectaient un certain code civile, mais faisaient clairement à leur sauce en fonction de la situation car les supervisions étaient peu fréquentes. Finalement, chaque demeure, chaque guilde, corporation ou autre organisation gérait également la sécurité de leur établissement. Il s’agissait là principalement de protection et autodéfense, mais dans ces cas-là aucune règle n’était respectée, mise à part la règle de l’établissement. Cela pouvait donner lieu à des règlements de comptes, des guérillas entre guildes ou gangs, parfois très sanglants. Baltazar put se rappeler de certaines de ces informations, mais ayant traîné dans des villes similaires, il put déduire cela grâce à une observation minutieuse des comportements en traversant les rues. Le marché aux poissons, entre autre, lui avait donné un exemple parfait de ces pratiques : les marchands, regroupés en fonction de leurs clans, étaient entourés de leurs propres gros bras ou gardes personnels, emplis de méfiance vis-à-vis des autres.
Ils furent accueillis dans un vestibule du Palais Royal, mais ne purent rencontrer le souverain en question. Il était déjà tard et c’est le Ministre des Affaires Intérieures qui les reçut. Ils purent expliquer leur situation et il leur accorda l’asile, ainsi que toutes les aides nécessaires pour survivre pour les jours à venir. Ils auraient également l’occasion de raconter leur histoire à Halgean le lendemain matin lors d’une audience publique. Les aventuriers furent étonnés par la générosité du ministre, mais Hort leur expliqua que la raison principale de cet ouverture provenait du fait que les villageois de Valenheim faisaient partie du Clan de la Truite, clan majeur sur Edimar et principal soutien de la royauté de ce nain provenant d’une région étrangère.
Les aventuriers laissèrent les villageois se rendre à l’orphelinat, lieu de repos pour cette nuit, et se rendirent dans le Quartier des Lucioles afin de trouver une auberge. On leur avait conseillé la Grenouille qui Gobe. Ils arrivèrent à l’établissement et commandèrent de quoi se restaurer. Au court de la soirée, ils entendirent des rumeurs sur une créature qui rôdait dans les ruelles de la ville. Ils firent la connaissance d’un vieillard qui leur affirma qu’il avait vu une ombre se déplacer et le suivre dans les ruelles, après avoir éteint une des lanternes qui étaient là pour éclairer les planches qui permettaient le déplacement dans ce quartier marécageux. Ils offrirent à l’homme qui avait l’air secoué par cette vision de le raccompagner chez lui.
Le lendemain, ils purent participer à l’audience pour assister au témoignage d’Hort concernant la destruction du village de Valenheim. Marduk et Baltazar purent compléter son récit, car ils avaient des informations que l’homme ne possédait pas. Ils purent donc émettre leurs craintes concernant l’alliance des minotaures et de la guenaude verte devant toute l’assemblée. Halgean répondit qu’il enverrait des éclaireurs afin de voir l’ampleur de la menace. Il savait bien que les guenaudes avaient posé problème autrefois, et que dans leur guerre pour l’assise sur la population de la Marche de l’Eau avec les Sorcières, elles avaient été jusqu’à raser Laskier afin de forcer ces dernières à se retirer du jeu politique. Il fallait donc prendre la menace au sérieux, mais il fallait également agir avec prudence.
Baltazar demanda alors s’ils connaissaient la Belette Farouche. Halgean répondit qu’il s’agissait d’une ancienne maison de passe qui avait été retransformée en cabaret. L’établissement s’appelait maintenant l’Étincelle, et il se trouvait dans le Quartier des Pieds-Secs.
En partant, ils entendirent alors qu’un des rapports faits à l’audience publique parlait d’une personne qui avait été tuée la nuit passée dans ce quartier, et que la victime avait été complètement immolée. Des suppositions furent avancées en mentionnant le Croquemitaine, mais cette hypothèse fut rapidement écartée, en mentionnant que ce n’était pas le type d’attaque que l’esprit frappeur réalisait. Cela ne lui ressemblait pas. Ils quittèrent le hall et décidèrent d’aller raconter tout cela à leurs compagnons...
Date du Rapport
25 Jul 2023
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