Session LI : Retraite stratégique
General Summary
Le combat n’en finissait plus. Entre les nuages toxiques, Drark malade et Marduk qui commençait à avoir lancé toutes ses bénédictions curatives, il n’y avait que Vidar qui semblait encore en bonne forme, bien qu’il n’avait pas encore trouvé de réelles failles à exploiter dans l’esprit des deux géants qui tenaient encore debout. Les compagnons se battaient comme des fauves mais les colosses tenaient encore debout.
Pendant ce temps, à l’extérieur, Baltazar faisait le guet. Du haut du toit de la maison où il s’était posté, il put voir que les orcs commençaient à se rassembler, l’alerte ayant été donnée. Plus de trois cent orcs commencèrent à marcher vers la ziggourat. Il fallait prévenir ses compagnons au plus tôt. Il descendit rapidement pour pouvoir passer avant que le temple ne soit complètement entouré. Il se faufila avec discrétion et put apercevoir, juste avant de rentrer dans le grand temple, qui semblait être à la tête des orcs. Dans la précipitation il n’eut pas vraiment le temps d’y réfléchir car le temps pressait. Il arriva dans la pyramide et put voir ses compagnons occupés de se battre avec acharnement contre les deux titans grêlés.
« Ils arrivent, il faut partir ! » cria l’iruxi en s’époumonant.
« Qui arrive ?! » vociféra Marduk en bloquant un coup de fléau d’arme avec son bouclier. Un de plus et il risquait de se briser ou se tordre complètement.
« Les orcs ! Ils sont plus de trois cent. Si on ne s’en va pas maintenant on va se retrouver prisonnier, s’ils ne nous tuent pas sur le champ ! » répliqua l’homme-lézard.
« Il est grand temps d’utiliser nos anneaux ! » fit Drark en esquivant une main qui tenta de l’agripper.
« Orville ou Glenwyrm ?!? » demanda Vidar, en se remémorant la direction dans laquelle il fallait tourner l’anneau pour pouvoir se téléporter dans l’une ou l’autre ville. Les aventuriers profitèrent d’une reprise de souffle de leurs adversaires pour battre en retraite de quelques mètres. Ils se rassemblèrent autour du champion au cas où les géants relancerait l’assaut, bien qu’ils espéraient avoir décampé avant cela.
« Je propose Orville ! C’est un meilleur endroit pour nous regrouper et établir un plan. »
« Orville ? Mais cela signifie qu’il nous faudra deux jours pour revenir jusqu’à Éléanore ! Elle a besoin de nous et nous n’avons pas tout ce temps ! » répliqua Baltazar.
« Ils se préparent à charger. Vite. Un vote. Où va-t-on ? MAINTENANT ! » trancha le nain.
« Glenwyrm. Orville. Glenwyrm. Glenwyrm. »
Et ils tournèrent leur anneau dans le sens des aiguilles d’une montre autour de leur doigt. La seconde d’après, ils purent sentir l’odeur de pierre sèche qui régnait dans leur chambre sous la cathédrale d’Asmodéus. Ils allumèrent des bougies dans cette pièce complètement plongée dans le noir, puis ils vérifièrent que tout le monde allait bien. Ils pansèrent leurs blessures et Drark se concocta une potion pour tenter de contre la maladie qui l’avait infectée durant le combat. Il ne savait pas de quelle maladie il s’agissait, mais il reconnaissait les aspects virulents d’une affection pouvant mener à la mort.
« Cela va peut-être vous paraître bizarre, mais je pense avoir vu leur meneur avant de vous rejoindre dans la pyramide. » finit par dire Baltazar, les yeux dans le vague.
« Ulgan ? » demanda Vidar avec intérêt.
« Non, il s’agissait d’un elfe. Il avait de longs cheveux blonds relâché, presque blancs d’ailleurs. Je n’ai pas pu distinguer vraiment ses traits, mais il avait une démarche déterminée, inquiétante. » continua le roublard.
« Les Crocs d’Obsidienne seraient avec les elfes ? De l’Empire Zithaï ? » ajouta Drark.
Cette question resta en suspens car personne n’avait la réponse. Peut-être était-ce le cas, peut-être s’agissait-il d’un renégat, un paria, un brigand.
Ils décidèrent de ne pas traîner et d’aller dormir tôt, car le lendemain ils faudrait retourner au Col des Charognards qui était à une journée de marche. Si les orcs se mettaient en route pour assaillir le fort, ils en avaient également pour le même temps. Bien que les aventuriers savaient qu’une troupe de trois cent personnes se déplaçaient plus lentement qu’une escouade de quatre, ils ne voulaient pas prendre de risque et être certain qu’ils arriveraient avant leurs ennemis.
Ils retournèrent à l’Auberge des Parias, et en entrant dans ce repaire chaud et accueillant, ils purent voir Jueïa et Tim occupés à discuter à une table. Lorsque ceux-ci virent les aventuriers, il y eu un moment de perplexité visible.
« Mais … ? Mais vous n’étiez pas dans les montagnes avec la légion d’Éléanore ? Qu’est-ce que vous faites ici à Glenwyrm ? Tout va bien ? » s’enquit Jueïa avec inquiétude.
« Oui… et non. Tu le sais, nous avons des anneaux de téléportation pour nous rendre à Orville ou ici même à Glenwyrm. Nous avons dû les utiliser. » répondit Baltazar.
« Nous étions occupés d’investiguer dans les ruines d’Elehanda, et nous sommes tombés dans… une embuscade. » ajouta Marduk.
« Une embuscade ? Pas vraiment non. Nous avons découvert que des orcs résidaient là, et qu’ils étaient occupés à réaliser une sorte de rituel, que nous avons tenter d’arrêter. Pendant ce temps, nous avons été encerclés par trois cent orcs, et nous n’avions pas vraiment envie de nous faire capturer et peut-être faire partie de ce rituel morbide. » corrigea l’alchimiste.
Marduk faillit contredire Drark, mais il se rendit compte que le terme embuscade n’était en effet pas vraiment bien choisi. Les aventuriers racontèrent en quelques minutes tous les détails de ce qu’ils avaient pu voir là-bas.
Une fois que la discussion fut terminée, les aventuriers prirent congé. Mais avant qu’ils ne se quittent, Tim leur posa une dernière question.
« Pendant votre absence, sur quel sujet aimeriez-vous que je me renseigne ? Je peux peut-être vous être utile, de manière indirecte. »
« Si tu pouvais en apprendre davantage sur le Surintendant Nador, ce serait parfait. Je pense vraiment qu’il va venir bouleverser l’échiquier et il est important de savoir quelles sont ses intentions. » répondit le champion.
Le lendemain matin, avant même que le soleil ne puisse apparaître à l’horizon, les aventuriers étaient à l’écurie pour récupérer des montures afin de faire la route jusqu’au Col des Charognards. Alors qu’ils quittaient les lieux, ils furent rattrapés par leur ami contrebandier. Essoufflé par la course matinale, il prit quelques secondes pour dire :
« Nador ! … pff… et les humains d’Onclair... »
« Bonjour Tim. Reprends ton souffle, on peut patienter une minute, ne t’inquiète pas. » dit Baltazar.
« Il vénère Norgorber ! Ils le vénèrent tous en fait ! Ou enfin, plus ou moins. C’est une divinité fort présente dans le royaume, et ils vouent un culte aux quatre aspects du dieu : le Faucheur de Réputation, dieu des secrets ; le Maître Gris, dieu des voleurs ; les Noirs Doigts, dieu du poison ; et le Père Écorcheur, dieu du meurtre. Je me suis dit que c’était une information importante et qu’il valait mieux que vous le sachiez avant de revenir ici. » finit par dire le nain d’une traite.
Les aventuriers échangèrent un regard inquiet. Cela n’augurait rien de bon. Les Ombres étaient des disciples de Norgorber, et plus précisément de l’aspect du Père Écorcheur. Les autres aspects de devaient pas valoir beaucoup mieux, surtout avec des noms pareils.
« De plus, les rumeurs courent que ces minerais viendraient en réalité de la Marche de Pierre. De l’autre côté de la chaîne de montagnes dans laquelle se trouve Reimgard, à l’ouest, se trouvent de nombreuses mines. Les « on dit » racontent qu’il s’agit de mines qui ont été pillées par le Royaume d’Onclair et qu’ils sont maintenant revendus à bas prix à Glenwyrm pour obtenir le soutien de la cité. Je n’ai pas eu le temps de vérifier l’information, mais si cela est vrai on a affaire à des salauds de première classe. » enchaîna le nain, qui reprit enfin son souffle, les mains sur les genoux.
Les aventuriers remercièrent Tim, puis se mirent en route. Ils devaient digérer ces informations, car ils n’avaient pas encore de plan d’action pour pouvoir régler cette situation. Durant la journée, ils pressèrent le pas afin d’arriver le plus tôt au fort, et en fin d’après-midi. Arrivés là, ils furent accueillis par les soldats, étonnés.
« Comment avez-vous réussi à vous retrouver de ce côté-là de la montagne ? Vous n’étiez pas supposés arriver du nord ? » demanda le garde en faction en fronçant les sourcils.
« Pas le temps d’expliquer. Où se trouve Éléanore d’Argatil ? Vite ! » répondit Baltazar.
« Au bastion. À moins qu’elle ne soit à la tour d’observation. »
Ils se dirigèrent vers le bastion, sans répondre à la question du garde. Une fois devant Éléanore, ils firent un petit compte-rendu. La situation ne s’annonçait pas bonne à Elehanda, mais il fallait encore avoir le rapports de Marcus et des Pénitents, ainsi que celui des éclaireurs des Chevaliers Infernaux. Une chose rassurait les aventuriers cependant, c’est qu’aucun des soldats postés dans la région pour surveiller les environs n’était rentré en rapportant la nouvelle d’un déplacement de troupes venant des ruines.
En attendant la réunion du soir, Drark décida de fouiller les décombres du fort afin de trouver de quoi réaliser une baliste ou deux. Avec ses talents d’artisanat, il savait qu’il pourrait probablement bricoler avec les moyens du bords et réaliser des armes de sièges afin de défendre la position au mieux. La guerre ne semblait pas loin, et les aventuriers commençaient à s’inquiéter de la survie de Glenwyrm face au déchaînement de force qui allait se produire. Suite à une petite heure de travail, le gobelin parvint à assembler une baliste, bien qu’il avait espérer avoir assez de matériaux pour en monter deux.
De son côté, Baltazar sillonna le camp à la recherche d’un élément bien spécifique : un groupe capable de sortir des sentiers battus des chevaliers infernaux pour pouvoir apprendre de nouvelles techniques de combat. De son expérience, l’iruxi savait très bien qu’une fois que le mur de bouclier était brisé, une fois que la discipline flanchait et que la peur s’instaurait dans les cœurs des guerriers, les affrontements sur le champ de bataille ressemblait davantage à des combats de rue, de la guérilla et du chaos. C’était, heureusement dans ces moments-là que la technique du ruffian brillait.
Après quelques minutes de recherche, Baltazar vit un capitaine occupé à faire un sermon à son escouade. C’était un kobold du nom de Vermo, et il avait un franc parler peu commun, une manière d’engueuler ses soldats qui transpirait l’affection pour eux et le goût pour l’insubordination raisonnée. En quelques mots, c’était le candidat idéal. Baltazar leur proposa alors de les entraîner à réaliser des tactiques de fourbes, des coups bas coordonnés en escouade afin de créer de lourds dégâts une fois que la bataille ferait rage, ou en cas d’escarmouche inattendue. Contre toutes attentes, l’escouade furent des élèves modèles et l’entraînement fut une réelle réussite. Les soldats apprirent rapidement les manœuvres de duperies et de feintes, et ils avaient un certain goût pour les frappes sournoises. Fier du résultat, l’iruxi leur souhaita la bonne nuit et se dirigea vers le bastion où il avait rendez-vous pour le rapport des autres éclaireurs...
Date du Rapport
03 Jan 2025
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