Le réveil du coma de Baltazar
Tu marches dans l'obscurité. Tu ne sais pas si il fait nuit ou jour, si tu as les yeux fermés, mais tu sais que tu marches dans un dédale. Ta progression est ralentie par un vent violent chargé de sable ou de poussière. Tu le sens passer sur ta peau, sur tes écailles, entre tes jambes, sur ton torse et tes bras. C'est comme si à chaque bourrasque, tu sentais le cyclone tenter d'emmener ton âme. Tu résistes tout en marchant à contre courant. Tu luttes pour garder ton essence en toi mais tu sens qu'elle s'estompe petit à petit dans la tempête. Tu marches sans savoir si réellement tu avances. Alors que les murs couverts de fresques du labyrinthe se dissipent, devant toi se trouve une petite colline. C'est ton objectif, tu le sais. Tu marches encore mais chaque pas est accompagné d'une charge supplémentaire. Tu ressens la faim, la soif, le doute, la peur, le regret. Tu arrives au pied du monticule et tu démarres ton ascension. Les marches sont irrégulières et branlantes. Le soleil est maintenant présent, trop éblouissant que pour pouvoir être regardé et pourtant, il n'apporte aucune lumière dans cette pénombre. Tu arrives au sommet après ce qui te semble être une éternité de montée. C'est là qu'une couleur entre dans ce tableau jusqu'ici monochrome. Du rouge. Du rouge sur les gorges, sur les torses des corps que tu viens d'escalader. Les yeux des iruxis morts sous tes pieds te fixent d'une manière impassibles. Tu ne les reconnais pas, mais leurs visages émaciés te sont familiers. Seraient-ils de ta famille ? De tes amis ? Tu as la gorge si nouée que tu ne sais plus depuis combien de temps tu n'as plus repris ton souffle. Tu remarques alors que tes mains dégoulinent de sang. Avec horreur, tu réalises qu'il s'agit du même sang que tu as remarqué sur les cadavres sous tes pieds. Premier son distinct dans la tempête : plic... ploc... Une goutte après l'autre, tu entends ces perles tomber et le bruit résonne comme dans une caverne vide. Plic... ploc... Tu as envie de vômir, un réflexe nauséeux te secoue le corps. Plic... ploc. Tu te rends compte que tu pleures. Tu pleures sans savoir pourquoi mais tu pleures comme si ta vie en dépendait. Les larmes coulent chaudemment sur tes joues, sur ta peau d'iruxi au sang froid. Elles coulent sur ton visage et finissent par tomber sur tes mains, et c'est là que tu t'aperçois que tu pleures des larmes de sang. Tu lèves alors la tête vers le soleil. À ce moment-là, tu ouvres finalement les yeux et te réveilles.
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