La traversée de Marduk
Quelques jours après la nouvelle de la chute de Khalid, tu reçus un mot de la part de ta mère Samsara.
"Mon très cher fils,
C'est dans un mélange de joie et regret que je t'écris cette lettre car mon coeur est empli de chagrin et d'allégresse. Dès que j'ai appris que tu étais vivant, j'ai voulu te rejoindre pour sauter dans tes bras. Ton père et moi sommes malheureusement trop occupé avec le chaos civil actuel de la Satrapie. Comme tu l'as sûrement appris, Khalid, ainsi que ses généraux, ont commis des atrocités aux abugatiens. Le savais-tu ? Je suis certaine que non, jamais tu n'aurais participé volontairement à ce genre de massacre. Et il n'y avait pas que des abugatiens, mais tout opposant à l'ordre du Satrape. J'espère vraiment que tu ne faisais pas partie de cette organisation. Nous t'avons envoyé à l'armée pour servir notre nation, pas pour tuer des gens comme on abat des moutons.
Quelle que soit le chemin que tu as pris, ton père et moi avons appris que tu n'étais pas le seul empêtré dans cette sombre histoire. Nous avons entendu que ton oncle Dalr'is, ainsi que ton grand-père, Sa-zu, étaient fortement impliqués dans les choix de l'armée du satrape. Ils ont pris apparemment pris la fuite dès le début des émeutes et de la reprise des territoires par les royaumes voisins. Je savais que ton grand-père était sévère et dur, mais je ne l'aurais jamais cru capable d'une chose pareille. Quant à Dalr'is, je sais que c'est le frère de ton père, mais je l'ai toujours trouvé antipathique. Mais ce n'est pas pour eux que je t'écris. Nous avons payé une fortune au Grand Mage Ab'el Halduk afin de te localiser pour te faire parvenir un message de la plus haute importance. Mirzini, ta cousine, a disparu également depuis le début de la chute de Khalid. Bien que ta tante et ton oncle ne veulent rien dire, ils pleurent et prient tous les jours, ce qui n'augure rien de bon et nous inquiète énormément. Elle était peut-être mêlée, elle aussi, à cette catastrophe. Ton père a réussi à leur soutirer le message qu'elle leur a laissé avant de partir. Celui-ci dit "Je pars pour la Redana, me cacher dans les Ombres d'Orville. Ne tentez pas de me chercher. -Mir". Peux-tu, s'il te plaît mon fils, aller la retrouver ? Ses parents sont morts d'inquiétude et il est important de laver le nom de notre famille pour cette nouvelle ère qui s'annoncer pour notre patrie. N'oublie pas de prier le soleil tous les jours et de penser à tes frères et soeurs qui attendent ton retour avec impatience. Ne nous reviens pas trop tôt, car la précipitation est un danger silencieux.
Je t'embrasse,
Samsara
Quelques jours plus tard, tu prenais le bateau, accompagné de Narliza. Elle avait rapidement repris quelques forces et malgré les épreuves qu'elle avait traversées, il semblait émaner d'elle une force impétueuse et infatiguable. Tu avais mis tes dernières économies, aidé également par les prêtres du temples qui avaient complété la somme, dans deux trajets jusqu'à la Redana. Tu avais un nouvel objectif : Orville. Le temps fut clément durant la traversée et c'est seulement en une semaine que vous parvîntes à la côte. Les consignes du capitaine ysoki avaient été claires : non loin de là, un hameau du nom de Martelagne se trouvait et serait un bon lieu pour la nuit. Ensuite, à seulement une journée de marche, Iliano. De là, il était possible de monter dans le nord grâce aux caravanes halfelines, car il s'agissait de leur route de commerce habituelle. Traverser la Redana à pieds revenait à faire des semaines de marche.
Alors que le soleil se couchait, au loin, enflammant l'horizon et la voile blanche de votre ancien navire, Narliza et toi-même prirent le petit chemin de terre qui montait dans les collines. La nuit tombait rapidement et vous n'y voyiez déjà presque plus à deux pas. C'est alors que tu trébuchas presque sur ta compagne de voyage, tu n'avais pas vu qu'elle s'était arrêtée net. Dans l'obscurité, vous pouviez apercevoir une petite chapelle avec des statuettes de pierre gravée dans l'alcôve. Elles semblaient récentes. Une phrase dans la pierre était inscrite : "Toute créature a le droit de vivre". Et juste aux pieds de cette chapelle, un corps inanimé était allongé. De la taille d'un homme, il était recouvert d'écailles bleues et avait la tête d'un lézard aux dents pointues. Sa longue queue remua d'un coup et vous prouva que vous aviez devant vous une personne vivante. Il semblait en bonne forme mais une odeur de sang te fit douter de son état.
Soudainement, un bruit dans les buissons à votre gauche te fit te retourner en dégainant ton cimeterre.
"J'hésitais encore sur la démarche à suivre, en faire un met pour ma rôtisserie ou le réveiller ? Mais maintenant que vous êtes là, je pense qu'on va pouvoir l'amener jusqu'au village pas loin."
Un briquet s'alluma pour le révéler. Une voix aigüe, des petits yeux rouges, de longues dents jaunies par une alimentation douteuse, c'était bel et bien un gobelin. Amical qui plus est.
"Je l'ai déjà fouillé, rien d'intéressant sur lui, ne vous donnez pas la peine."
Il rit dans la nuit et sauta du rocher où il était posté pour atterrir à deux mètres de vous. Comme pour répondre à son rire, un hurlement de loup fit écho dans la forêt.
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