Gobelours

Ces créatures gobelines, discrètes et cruelles atteignent le plaisir à travers la terreur de leurs voisins et les cris de douleur de leurs victimes. Les gobelours sont les monstres du placard et sous le lit. Lorsqu'ils font des corps de ferme isolés leurs jouets, ils révèlent leur présence par des bruits sourds dans la nuit ou des craquement de planchers, éveillent une effroi rampant et persistant, créent la suspicion et la peur. Grands, larges d'épaule, leur masse énorme surgit en un instant et disparait aussi vite dans les ombres.   Les gobelours vivent en gangs restreints dont les membres rôdent ensemble et travaillent en groupe pour semer la terreur. Ils prennent grand soin de leurs repères, soigneusement cachés dans des endroits difficiles d'accès ou à tout le moins discrets, éloignés des habitations, dans les forêts profondes ou sur des collines escarpées. Bien qu'ils n'aient pas un grand intérêt pour les possessions matérielles de manière générale, ils tirent une grande fierté de leurs collections de trophées, qu'ils assemblent patiemment au cours de leur vie. Certains enfilent les oreilles de leurs victimes sur un cordon de cuir, tandis que d'autres amassent les doigts ou les nez, encore décorés des bijoux que portaient le précédent propriétaire.   Les parents gobelours gardent rarement leurs enfants, et du reste, étant peu portés sur la chose, ils en font peu dans leur vie. Une mère gobelours ne donne généralement naissance qu'une fois, parfois deux, à des jumeaux ou des triplés. Ceux-ci sont rapidement abandonnés avec quelques hardes et quelques armes, mais, comme les dragons, sont pratiquement autonomes dès la naissance si le besoin s'en fait sentir, ce qui pour eux est le cas : beaucoup maîtrisent le combat à l'épée ou au couteau avant leur première année, et les gobelours atteignent leur taille adulte dès cinq ans. Les gangs de frères et sœurs sont la formation la plus courante des petites communautés gobelourdes, et le bidule étant une corvée, c'est souvent quelque chose de planifié entre deux gangs qui se donnent rendez-vous pour assurer leur reproduction et y mettent le moins de temps et le plus d'efficacité possible.   Si beaucoup de gobelours, en particulier les plus jeunes, sont en réalité plus doués pour la discrétion et l'assassinat des braves gens endormis que pour le combat, les plus respectés sont des chasseurs relativement instruits qui connaissent un peu de médecine ou qui sont capables de se déguiser et d'infiltrer les sociétés humaines, si possible les deux. Ces "tourmenteurs" gobelours sont des reproducteurs recherchés, ce qui les pousse à cacher leurs dons à leurs pairs : c'est au point qu'il existe une légende urbaine qui veut que certaines villes à l'éthique discutable attirent ou laissent sévir un gang gobelours identifié pour éviter la menace d'un tourmenteur expérimenté, vicieux et inconnu qui viendrait remplir le rôle de tueur en série et terroriser la population d'une toute autre manière.   Pour les autres gobelinoïdes, les gobelours sont plus que des horreurs de la nuit. Sans doute à cause de leur parenté, ils ont plus tendance que les autres à tenter d'attribuer une étiquette ou un rôle aux gobelours. Ainsi, les hobgobelins ont tenté pendant de nombreuses années de faire des gobelours des combattants de première ligne en exploitant leur puissance musculaire hors du commun et leur goût du sang, avant de se résoudre à les confiner à la cinquième colonne, et encore, seulement quand un assassinat est prévu. Les gobelins, eux, sont franchement terrorisés par les gobelours. Ils disent que le premier gobelours est né de parents gobelins, et que sa violence était telle qu'il devint rapidement une menace pour la tribu avant de l'annihiler ; ils ajoutent que ces naissances monstrueuses se produisent encore de temps à autres. Lorsqu'ils apprennent qu'ils ont un gobelours pour voisin, les tribus gobelins déménagent avec précipitation ou font démonstration de leur volonté de devenir des sous-fifres disciplinés, tout pourvu que le gobelours ait d'autres idées que de les génocider : dans ce cas de figure, ils s'arrangent pour pointer régulièrement des proies à leur voisin et le garder occupé ailleurs.