Ministère
Le Ministère est l’échiquier où se joue l’avenir des dominations. Né des cendres du Sacrilège de Madim, il fut conçu pour canaliser la puissance prophétique, martiale et politique des fils de l’Oracle-Entre-Les-Étoiles.
Là où jadis les Oracles Guerriers agissaient en électrons libres, le Ministère offre désormais un cadre strict, quadrillé par quatre Grands Ministères, Hestia, Mars, Minerva et Pythia, chacun formant, orientant et employant les dominations selon leurs dons et leur tempérament.
Organisation à la fois académique, militaire et administrative, il façonne ses élèves sur plusieurs siècles, jusqu’à en faire des architectes de destin, des stratèges de guerre ou des prophètes silencieux.
À travers lui, les dominations ont appris à survivre sans régner, à guider sans dominer, et à reconstruire leur prestige… tout en gardant, pour certaines, l’ambition inavouée de reprendre un jour leur pleine indépendance.
Fonctions
Le Ministère des Dominations assume un rôle central dans l’éducation, l’affectation et le suivi de celles et ceux qui portent le don prophétique. Dès l’âge de quinze ans, au moment de l’Orientation, les élèves intègrent son École. Celle-ci a pour mission de perfectionner la maîtrise des dons et d’inscrire chaque domination dans une éthique de service. Le tronc commun dispense un socle de formation exigeant, mêlant éthique, droit céleste, rhétorique, gestion des affects, histoire des Brisures, cartographie des cieux de guerre et protocoles inter-choraux. L’objectif est d’unifier méthodes et langage, afin que chaque domination puisse s’intégrer dans les rouages collectifs de la société élohienne.
À partir de cette base, les élèves rejoignent l’une des quatre maisons spécialisées. Hestia affine les compétences de gouvernance et d’arbitrage. Mars convertit la prescience en réflexes tactiques et développe la discipline martiale. Minerva favorise la pensée opérative, la prospective et la logistique de guerre. Pythia polit la vision prophétique, en cultivant réserve et hygiène psychique. La formation est rythmée par des stages et des praxéologies qui confrontent les élèves à la réalité : missions encadrées par des maîtres-scribes, prévôts ou voix-veilleuses, au sein de la Milice, des administrations ou des cabinets des nobl’aile. L’enseignement culmine dans des rites de convergence où les futurs officiants doivent démontrer leur maîtrise lors d’épreuves pratiques, avant de recevoir une licence précisant leurs prérogatives et les limites de leur Domination.
À la sortie de l’École, nul n’est laissé seul. Le Ministère maintient un suivi de carrière étroit grâce au compagnonnage. Chaque domination est accompagnée d’un codex prophétique vivant, retraçant visions, performances et états psychiques. Un triangle de tutelle, composé de représentants des différentes écoles, encadre ses décisions sensibles. Des retraites régulières, centrées sur l’hygiène de l’esprit, permettent de prévenir les dérives liées à l’usage excessif des dons, en particulier pour les dominations exposées aux champs de bataille. Le Ministère organise aussi une mobilité constante, entre Milice, administrations et conseils de guerre, afin d’éviter la formation de féodalités et de maintenir une acuité visionnaire.
La répartition des dominations dans l’ensemble de la Création est assurée par l’Aile des Affectations. Cet organe recueille les besoins des royaumes, chorales et bastions, puis les croise avec les priorités stratégiques fixées par les fondateurs. Les maîtres du plateau, souvent issus de Pythia, procèdent à l’arbitrage prophétique. Chaque poste fait l’objet d’un mandat écrit, qui définit objectifs, périmètre et degré d’autorité mentale autorisé. Les missions les plus sensibles nécessitent des serments de silence ou de non-influence, garantissant la neutralité de l’officiant. Les affectations sont révisées à échéance fixe, et peuvent être révoquées en cas d’abus, de prophétie biaisée ou de conflit d’intérêts.
À ce dispositif s’ajoute l’Aile des Éthiques, qui veille en permanence à la conformité des pratiques. Ses audits, menés en double-aveugle, recoupent témoignages, données du réseau d’EL et cohérence des visions. Les sanctions suivent une gradation allant de la remontrance à la mise sous voile, jusqu’à l’envoi au palais froid pour les fautes les plus graves. Cependant, des voies de réhabilitation existent : service silencieux, études supplémentaires, ou assistance aux blessés des cieux de guerre.
Enfin, le Ministère gère des programmes d’exception. Quelques profils suivent une double formation, combinant par exemple Mars et Minerva pour le commandement opératif, ou Hestia et Pythia pour la gouvernance prophétique. En temps de crise, des Escadres de Concorde, formées de dominations issues des quatre maisons, sont levées et placées sous le sceau direct des fondateurs, incarnant la synthèse ultime des savoirs ministériels.
Organisation
L’école du Ministère
Avant même de choisir leur voie, les jeunes dominations suivent un tronc commun très exigeant. On leur enseigne l’éthique, le contrôle de leurs émotions, la gestion de leurs visions, mais aussi les bases du combat, la coopération avec les autres chœurs et l’art de communiquer leurs prophéties. Les cours incluent autant de disciplines intellectuelles (analyse prospective, rhétorique, histoire des Brisures) que d’exercices pratiques (épreuves de discipline, simulations de crises, mises en situation sur champs de bataille virtuels).
La pédagogie insiste sur l’équilibre entre le pouvoir et la responsabilité : les élèves apprennent à canaliser leur voix prophétique sans céder aux tentations de domination ou de manipulation. Des professeurs venus d’autres chorales, puissances, vertus, chérubins, complètent l’enseignement, rappelant que les dominations ne sont jamais seules dans l’œuvre collective.
Les quatre maisons
À quinze ans, les élèves choisissent leur maison, un serment de formation qui marquera toute leur carrière :
- Hestia (orange) : forment les administrateurs, conseillers et hauts fonctionnaires. Les Hestiens apprennent l’art de gouverner avec justice, de gérer les institutions et d’influencer les décisions politiques. On y cultive discipline, éloquence et sens de l’intérêt commun.
- Mars (rose) : les Marsiens deviennent des guerriers prophétiques. Leur spécialité est le combat au corps à corps et la divination tactique à très court terme. Ils développent une obéissance absolue à la chaîne de commandement, afin d’éviter les dérives du passé.
- Minerva (bleu) : maison des stratèges, des planificatrices et des commandantes. Les Minerviens étudient l’histoire militaire, l’analyse prospective, la diplomatie de guerre. Leur devise : la victoire se gagne avant qu’elle ne commence.
- Pythia (blanc) : école des oracles purs. Les Pythiens apprennent à lire les étoiles, à interpréter les visions avec mesure, et à protéger leur équilibre mental face à des dons souvent écrasants. Leur parole est la plus écoutée, mais aussi la plus surveillée.
Chaque maison possède son emblème, ses couleurs, ses rites et son internat. Les rivalités sont vives, mais contenues par un cadre commun : la loyauté envers le Grand Dessein. Des tournois de prophétie et de stratégie opposent régulièrement les maisons, véritables rites de passage où visions, manœuvres et talents martiaux sont mis en compétition.
L’École est perçue à la fois comme un sanctuaire et comme une fournaise : sanctuaire pour les jeunes dominations qui y trouvent une communauté soudée, fournaise pour la discipline implacable et la surveillance constante de leurs dons. Ses couloirs résonnent de chants prophétiques, de duels luminiques, mais aussi de messes nocturnes où les élèves s’entraînent à lire les étoiles.
Chaque génération qui en sort est liée par un serment d’unité : servir le Grand Dessein avant soi-même. Ce serment, répété à chaque cérémonie de fin de cycle, rappelle que l’École ne produit pas des chefs ambitieux, mais des guides vigilants. Pourtant, malgré cet encadrement, beaucoup soupçonnent l’École de nourrir chez ses élèves un sentiment d’élitisme… et d’entretenir en secret le rêve d’une indépendance future des dominations.
Les quatre Ministères
Minerva
Fondée par Minerviel Fitzor, Minerva spécialise les dominations souhaitant devenir des stratégistes militaires. Leur couleur est le bleu. Les Minerviens ont des capacités de divination à court et moyen terme élevées et ont la capacité de gérer les situations stressantes du combat. Leur professeurs sont des stratèges expérimentés de la Milice, des experts en analyse prospective des ciels de bataille. Leurs cours comprennent des exercices de planification dans lesquels les dominations utilisent leurs pouvoirs pour prédire des scénarios militaires potentiels et élaborer des stratégies de réponse. L'étude des campagnes militaires historiques, offertes par les puissances commémoratrices, offre des informations précieuses sur les succès et les échecs des stratégies passées. Les Minerviens apprennent aussi à comprendre les relations internationales et la diplomatie, car la stratégie militaire a souvent des implications diplomatiques.
Mars
Fondée par Marsiel Fitzod, Saint Génér’aile du front de Guebourah, la maison Mars forme les dominations à devenir de redoutables guerriers. Leur couleur est le rose. Les Marsiens sont les dominations les plus versées dans le combat et la violence, contre les démons bien sûr. Ils sont formés par des guerriers émérites de la Milice, au combat au corps à corps, ou utilisant des armes très diverses, des épées, des lances, des armes luminiques, etc. Els utilisent leur don de divination pour prévoir à court terme les attaques et parades de leurs adversaires. Bien que les dominations excellent au combat d’un à un, on leur enseigne cependant avec insistance l’importance de la collaboration avec les autres élohim, et l’obéissance absolue qu’els doivent avoir envers leur command’aile.
Hestia
Fondée par Hestiel Fitzor, Hestia éduque les futurs ministres, conseillers, hauts fonctionnaires et chefs d’institutions. Leur couleur est l'orange. Els mettent leurs dons au service de l’organisation du Grand Dessein, gérant de nombreuses chorales à la lumière de leur divinations. On leur enseigne comment prendre les meilleures décisions concernant une gestion éthique et incorruptible des activités élohiennes. Els apprennent la résolution de conflits, la communication et la négociation. Els ont une formation complète sur les politiques publiques, les structures de gouvernance, les systèmes politiques et les subtilités des administrations élohiennes. Els accumulent très tôt une expérience pratique grâce à des stages dans des chorales gouvernementales, où els bénéficient du mentorat de leurs aînés. Les sages du Ministère s’assurent que les jeunes Hestiens s'engagent aussi auprès des communautés élohiennes locales pour connaître leurs besoins et leurs préoccupations, cultivant leur sentiment de responsabilité pour servir tous les segments de la société élohienne.
Pythia
Fondée par Pythiel Fitzor, Pythia forme les dominations oracles, celles qui ont les dons de divinations les plus intenses et précis. Leur couleur est le blanc. Les dominations de Pythia sont discrets et secrets. Els apprennent lire le futur mieux que quiconque, mais aussi à comprendre et contrôler les esprits des autres élohim. La puissance des Pythiens est fortement encadrée par le Ministère, qui s’assure de leur dévotion absolue à EL au Grand Dessein, et au code éthique des dominations. Guides visionnaires, leurs prophéties gouvernent sur toutes les autres dominations. Mais els conseillent aussi les plus grands nobl’ailes et Fitz des Cieux.
Dans toutes les maisons, l'école du Ministère impose le code d'éthique fort, faisant comprendre aux dominations leur devoir de servir les intérêts du Grand Dessein avant les leurs. Leur formation est donc axée sur les conséquences de leurs actes et leur impact sur la société, inculquant ainsi un sentiment de responsabilité et d'humilité. La prévention de la toxicomanie et le soutien à la santé mentale font aussi partie intégrante du programme, pour aider les dominations à rester saines d’esprit malgré leur don souvent perturbant.
Les départements indépendants
L’aile des affectations
Que ce soit à la sortie de l’école ou au beau milieu de leur carrière, les dominations ne peuvent pas choisir librement où elles vont travailler. C’est l’aile des affectations octroie des postes à chaque domination, en fonction de ses intérêts, de ses compétences, mais aussi en fonction de ce que pense et de ce qu’attend le Ministère de l’éloha en question. Les décideurs sont des dominations els-mêmes, souvent issues de Pythia. Els sont surnommés les “maîtres du plateau” par la communauté des dominations. Usant de leurs dons de divination, els jugent ultimement où et quand leurs pairs seront les plus utiles au Grand Dessein, et les plus à même de servir loyalement les élohim.
Les affectations sont souvent issues des chorales élohiennes, qui contactent le Ministère pour leur demander d’envoyer une domination travailler pour eux. Les postes se trouvent principalement au sein de la Milice ou dans les cabinets et les administrations des domaines élohiens. Cependant, en dehors du royaume d’Hessed, les dominations, redoutées par les autres élohim, deviennent rarement des leaders. Elles se cantonnent donc à des rôles de conseillers, de gestionnaires, d'exécutants. Les dominations sont fortement encouragées à alterner entre différentes agences gouvernementales, institutions et chorales pour empêcher le développement d'une influence indue dans un domaine.
L’aile des éthiques
Organe transversal et indépendant, l’Aile des Éthiques s’impose comme le contrepoids nécessaire aux ambitions des dominations. Contrairement aux autres départements, cantonnés à une maison ou à un domaine précis, elle intervient dans l’ensemble des quatre Grands Ministères (Hestia, Mars, Minerva, Pythia), mais aussi dans les départements indépendants (École, Affectations, Prophéties). Son mandat : surveiller, évaluer et, si besoin, corriger.
Ses agents sont des dominations spécialement formées à l’impartialité, réputées pour leur sobriété et leur incorruptibilité. Leur tâche est multiple :
- Contrôler l’usage du pouvoir de Domination (notamment les ingérences mentales, la manipulation des foules ou l’abus d’autorité).
- Auditer la fiabilité des prophéties et sanctionner toute falsification ou exagération intéressée.
- Prévenir les dérives psychiques et sociales, qu’il s’agisse de dépendances mystiques, d’isolement prophétique, ou de mégalomanie politique.
- Sanctionner : de la simple réprimande jusqu’à l’ultime châtiment, le palais froid, où sont enfermés les déchus de l’éthique.
L’Aile ne se contente pas de surveiller : elle œuvre aussi à la cohésion du chœur des dominations, en organisant des cercles de parole, des rituels d’aveu collectif et des retraites spirituelles. Ces pratiques visent à maintenir la santé psychique de prophètes souvent ébranlés par le poids de leurs visions.
Si son autorité est respectée, elle n’en reste pas moins redoutée. Beaucoup de dominations dénoncent sa tendance à l’ingérence, voire à la censure, mais nul ne peut nier qu’elle constitue un garde-fou indispensable pour préserver le Ministère de l’orgueil qui avait jadis perdu les Oracles Guerriers.
L’aile des prophéties
Organe transversal au Ministère, l’Aile des Prophéties centralise et encadre l’usage du don oraculaire. Présente dans les quatre grands Ministères comme dans les départements indépendants, elle a pour mission de recueillir les visions, de les analyser, de les comparer et d’en dégager des lignes directrices utiles au Grand Dessein. Sans son action, les prophéties des dominations resteraient éparses, contradictoires ou exploitées à mauvais escient.
Ses membres sont presque toujours issus de la maison Pythia, mais des Hestiens, Marsiens et Minerviens y siègent aussi, afin de croiser les lectures. Leur tâche est triple :
- Collecter et consigner : chaque domination doit livrer ses visions à l’Aile, qui les archive dans de vastes bibliothèques luminiques, véritables cartographies de l’avenir possible.
- Vérifier et interpréter : les prophéties sont passées au crible pour en évaluer la fiabilité, repérer les biais personnels et distinguer les illusions des révélations authentiques.
- Synthétiser et diffuser : l’Aile produit des rapports prophétiques adressés aux archanges, aux nobl’aile et aux grands command’aile, fixant ainsi les orientations militaires, politiques et spirituelles de la Création.
L’Aile des Prophéties se veut garante de la neutralité : ses conclusions doivent servir le Grand Dessein, non les ambitions individuelles. Pourtant, ses critiques lui reprochent souvent une mainmise sur la parole oraculaire, accusant ses Pythiens d’interpréter les visions selon leur propre agenda. Certains parlent même d’une “tyrannie du futur”, où les dominations ne feraient plus que suivre des lignes déjà tracées.
Malgré ces soupçons, l’Aile demeure indispensable : sans elle, les royaumes des Cieux seraient aveugles, chacun guidé par ses propres augures isolés. Grâce à son travail de centralisation, les prophéties deviennent une boussole commune, même si cette boussole n’indique pas toujours le nord.
Le Conseil des Sages
Au sommet de l’appareil ministériel siège le Conseil des Sages, instance collégiale qui incarne à la fois la mémoire, l’autorité et la vigilance des dominations. Sa composition reflète la volonté de limiter toute concentration excessive de pouvoir et de garantir un équilibre entre les différentes vocations du Ministère.
Composition
Les quatre chefs de maisons :
- Haute-Voix d’Hestia (administration et gouvernance))
- Maître de Guerre de Mars (tactique et combat prophétique))
- Stratomaître de Minerva (stratégie et prospective militaire))
- Prophétesse-Voix de Pythia (oracles et éthique prophétique)
Ces chefs sont élus par leurs pairs, ce qui confère à leur autorité un double poids : l’expertise et la légitimité démocratique interne.
Un représentant des départements indépendants : il incarne les intérêts de l’École centrale, des Ailes (affectations, éthique, prophéties) et des structures transversales. Son rôle est de veiller à ce que les organes périphériques du Ministère ne soient pas marginalisés par les grandes maisons.
Un représentant de l’administration : issu des bureaux et des cercles de coordination, il fait entendre la voix de la logistique quotidienne, des carrières et de la régulation. Sa présence empêche que le Conseil reste coupé de la réalité des rouages.
Le Président : figure d’arbitrage et de cohésion, el est choisi parmi les dominations les plus anciennes et reconnues pour leur impartialité. El ne commande pas au sens militaire, mais oriente, harmonise et tranche en cas de désaccord majeur. Son rôle est davantage spirituel et symbolique, garant du lien au Grand Dessein.
Fonctions
- Direction générale : le Conseil fixe les grandes orientations pédagogiques, militaires et politiques du Ministère, en lien avec les archanges.
- Arbitrage : il règle les conflits internes entre maisons ou départements, et statue sur les affaires sensibles (abus de Domination, controverses prophétiques, ingérences politiques).
- Nomination et destitution : il valide la désignation des chefs de maisons, des responsables d’ailes, et peut exceptionnellement démettre une domination fautive de ses charges.
- Orientation prophétique : sous l’impulsion des Pythiens, le Conseil débat des grandes visions collectives et détermine les lignes d’action à suivre.
- Lien avec les royaumes : il agit comme médiateur entre les dominations et les autres chœurs, représentant l’institution.
Culture et fonctionnement
Les séances du Conseil se tiennent dans une salle circulaire, ornée de mosaïques représentant l’Oracle-Entre-Les-Étoiles et ses descendants. Chaque membre siège sous un halo de sa couleur ministérielle, les débats étant consignés par des scribes Hestiens.
Les décisions se prennent par vote pondéré. Les débats sont réputés pour être longs, parfois houleux : les Marsiens et les Minerviens s’affrontent souvent sur des questions de doctrine militaire, tandis que les Pythiens et les Hestiens s’opposent sur l’interprétation des prophéties.
Les critiques disent du Conseil qu’il est “un cercle de prophètes qui croient pouvoir régenter le destin de tous”. Mais pour les dominations, il est la garantie que plus jamais leur chœur ne sombrera dans le chaos des Oracles Guerriers.
Les autres chœurs au sein du Ministère
Bien que conçu pour encadrer et élever les dominations, le Ministère ne fonctionne pas en vase clos. Sa force tient aussi à la collaboration de nombreux autres chœurs élohien, qui contribuent à sa mission par leurs compétences uniques.
Les Vertus forment l’épine dorsale administrative. Gestion des archives, suivi psychologique des élèves, organisation des cérémonies, médiation des conflits : leur intelligence émotionnelle et leur sens de l’ordre rendent possible la vie quotidienne de l’institution.
Les Élohim professeurs (issus de divers chœurs) assurent un enseignement spécialisé : rhétorique par les principautés, histoire par les puissances commémoratrices, sciences par les chérubins, discipline spirituelle par les séraphins.
Les Ophanim servent à la fois de surveillants et de fournisseurs de données. Els gèrent les réseaux de surveillance, enregistrent chaque vision rapportée et alimentent les départements en informations collectées entre les étoiles. Leur présence discrète mais omniprésente entretient la réputation du Ministère comme d’une forteresse transparente… mais scrutée en permanence.
Les Séraphins agissent comme prêtres et inquisiteurs. Els encadrent les serments, animent les rituels de loyauté et interviennent pour vérifier la sincérité des dominations lors des procès internes. Le feu sacré est utilisé non seulement en combat, mais aussi comme flamme de vérité.
Les Chérubins occupent une place essentielle dans la technologie du Ministère : gestion des bibliothèques numériques de visions, cryptage des archives prophétiques, maintenance des simulateurs de batailles et des réseaux de communication. Leur loyauté technique est ce qui permet à l’ensemble de l’édifice bureaucratique de fonctionner.
Les Puissances assurent le rôle de maîtres de guerre et de formateurs martiaux. Présents surtout dans Mars et Minerva, els initient les jeunes dominations à l’usage des armes sacrées, aux tactiques de terrain et à la discipline militaire, garantissant que la prescience ne se sépare jamais de l’efficacité.
La coopération de ces chœurs ne se limite pas à l’enseignement : ils participent aussi au contrôle mutuel. Ainsi, les séraphins prêtent leurs flammes aux éthiques, les ophanim vérifient les prophéties, les puissances valident les doctrines martiales. Le Ministère devient ainsi un carrefour inter-choral, où les dominations, loin de dominer, doivent apprendre à travailler avec toutes les composantes de la Création.
Relations avec les autres institutions
Le Ministère ne se limite pas à un cénacle de dominations : il occupe une place stratégique au cœur du tissu institutionnel des Cieux, où il entretient autant d’alliances que de rivalités.
Avec l’Ecclésia (séraphins) : les rapports sont empreints de méfiance réciproque. Les séraphins, colériques et jaloux de leur autorité religieuse, voient d’un mauvais œil l’influence prophétique des dominations, qu’ils accusent de détourner la voix d’EL à des fins politiques. Pourtant, l’Ecclésia et le Ministère coopèrent étroitement dans l’encadrement spirituel : les séraphins animent les serments et veillent à la ferveur des dominations, tandis que les dominations conseillent les prêtres dans leurs campagnes de conversion.
Avec l’Institut (chérubins) : ici, la relation est plus complémentaire. L’Institut fournit les savoirs scientifiques, les données anciennes et les innovations technologiques nécessaires aux prédictions du Ministère. En retour, les dominations offrent aux chérubins leurs visions prospectives, guidant leurs recherches vers les besoins à venir de la Création. Mais cette coopération s’accompagne d’un contrôle strict : l’Aile des Prophéties filtre les informations que l’Institut est autorisé à exploiter.
Avec la Vigie (ophanim) : la dépendance est forte. Les ophanim fournissent la matière première des visions collectives : relevés des constellations, anomalies spatio-temporelles, flux énergétiques. Leur surveillance constante nourrit le Ministère… qui en retour, supervise la manière dont ces données sont interprétées et transmises aux royaumes. Les oracles aiment à se présenter comme les gardiens du futur, mais els savent que leurs visions sont désormais doublées, parfois supplantées, par les prévisions massives de la Vigie. Cela les rend méfiants, jaloux, mais aussi dépendants : nombre de prophéties n’ont de sens qu’une fois confrontées aux analyses du réseau. Derrière la politesse diplomatique, c’est une lutte feutrée pour savoir qui, des étoiles ou des données, dicte réellement l’avenir.
Avec la Chapelle des Vertus : les vertus assurent la médiation entre dominations et peuple élohien. Elles traduisent les décrets souvent abstraits du Ministère en politiques concrètes : aide sociale, soins psychiques, organisation communautaire. Les vertus surveillent aussi la santé mentale des dominations, au point d’être parfois perçues comme un relais officieux de l’Aile des Éthiques.
Avec la Milice céleste (puissances) : relation la plus ancienne et la plus tendue. Héritée de l’époque des Oracles Guerriers, la méfiance demeure : les puissances ne tolèrent les dominations militaires qu’à condition qu’elles respectent strictement la hiérarchie. Les Marsiens et Minerviens coopèrent donc quotidiennement avec la Milice, mais restent soumis à une discipline implacable. Le Ministère, de son côté, fournit à la Milice ses meilleures stratèges et prophètes, sans lesquels les campagnes contre les démons seraient vouées à l’échec.
Avec les archanges et les autorités suprêmes : les archanges considèrent le Ministère comme un outil précieux mais dangereux. D’un côté, les dominations sont des auxiliaires indispensables pour gouverner, anticiper les crises et contenir les démons. De l’autre, leur voix prophétique peut devenir une menace politique si elle contredit les ordres des souverains. Les archanges eux-mêmes n’hésitent pas à rappeler aux dominations leur statut “d’auxiliaires” plutôt que de dirigeants, mais chacun sait que nombre de décisions majeures des Cieux portent en réalité la marque discrète du Ministère.
Histoire
Les Oracles Guerriers
Parmi les chorales martiales les plus redoutées de la Création figurent celles des Dominations guerrières, connues sous le nom d’Oracles Guerriers. Héritiers directs de l’Oracle-Entre-Les-Étoiles, ces combattants de haute lignée allient le don de divination à une puissance martiale exceptionnelle. Dès les premiers siècles suivant leur apparition, els se distinguèrent par une singularité dérangeante : une autonomie farouche, un esprit élitiste, et un mépris affiché pour la hiérarchie militaire classique.
Leur puissance ne tient pas seulement à leur prescience. Les Oracles Guerriers manient des armes légendaires, conçues dans les forges ésotériques de Chokmah, des ateliers si secrets que même les plus hauts Génér’ailes n’en connaissent l’existence. L'accès à ces artefacts fut négocié, ou extorqué, par la force de leur pouvoir d’influence et leur position stratégique dans les plans du Grand Dessein.
Dotés d’un instinct inné pour la guerre, els ne se contentent pas de combattre : els dirigent. Rapidement, chaque Oracle réunit sous sa bannière des chorales mixtes composées de puissances, de dominations inférieures, et de chérubins spécialisés. Grâce à leurs dons oraculaires, els anticipent les assauts démoniaques avant qu’ils ne surgissent. Grâce à leur pouvoir de domination, els coordonnent leurs troupes avec une efficacité froide, transformant leurs soldats en extensions dociles de leur propre volonté.
Ce style de commandement fit leur réputation… et leur isolement. Refusant toute collaboration avec les Génér’ailes puis avec la Milice Céleste, les Oracles Guerriers considérèrent comme inacceptable l’idée de se soumettre à l’autorité de castes qu’els estimaient inférieures, ou trop lentes à comprendre les vérités qu’els percevaient dans les étoiles.
L’indiscipline des Oracles Guerriers provoqua rapidement des tensions croissantes avec les structures de commandement céleste. Leur refus systématique d’obéir aux ordres des puissances et leur tendance à perturber les stratégies établies sur le front de l’Abysse rendirent leur coopération impossible. À plusieurs reprises, ces affrontements doctrinaux dégénérèrent en conflits quasi armés avec la Milice Céleste.
Pourtant, nul ne pouvait nier l’efficacité meurtrière de ces dominations, ni le prestige de leurs exploits. Certains furent même célébrés comme des demi-dieux vivants, auréolés de lumière et de scandale.
Parmi les plus fameux :
- Satanachia Fitzor : maître du sang d’Adam, une thaumaturgie organique dérivée des arts du chimérisme chérubinique. Grâce à ce pouvoir, el pouvait altérer sa propre chair pour devenir une créature de cauchemar, taillée pour massacrer les démons. Mais Satanachia ne s’arrêta pas là : el transforma aussi ses troupes, forgeant une armée de bêtes informes, hybrides de lumière et de rage, considérées par certains élohim comme plus dérangeantes que les démons eux-mêmes.
- Erisiel Fitzor : porteur de l’arc blanc, une arme de lumière absolue qui transperçait même les enveloppes démoniaques les plus résistantes. Stratège charismatique, adoré par le peuple de Hessed, Erisiel élargit peu à peu son influence à d’autres royaumes. Son don de divination surpassait celui de ses pairs, ce qui le poussa à intervenir sans concertation dans les campagnes militaires, allant jusqu’à saboter les plans de la Milice, non par malveillance, mais parce qu’el savait faire mieux. Ce qui était souvent le cas. Cependant, son exigence de soumission totale en échange de son aide rendait toute alliance impossible avec les Génér’ailes.
- Hachimiel Fitzor : le plus insaisissable. El ne quitta jamais le ciel de guerre. Son nom était associé à un nuage vert pâle en orbite autour de l’Abysse, dans lequel les démons entraient… et ne ressortaient jamais. Ce halo de destruction permanente semait la terreur jusque chez les élohim eux-mêmes. Nul ne sait ce qu’il s’y passe. Mais Hachimiel, solitaire et muet, continue d’y vivre, d’y tuer, et d’y effacer toute trace.
- Tiamatiel Fitzor : le plus controversé. El dirigeait ses troupes comme un esprit unique, les dominant intégralement par son pouvoir mental. Nul soldat ne bougeait sans que Tiamatiel ne le décide. El plongeait parfois el-même dans l’Abysse, sans escorte, et sans jamais manifester ni peur, ni pitié. Cette absence totale d’émotion faisait de lui un chef efficace… et redouté.
L’Incident de Madim
L’apogée du conflit entre les Oracles Guerriers et la Milice Céleste survint en 3266, lorsqu’un différend éclata entre Tiamatiel Fitzor et le Saint Génér’aile Marsiel. Ce dernier militait auprès de l’Ordre des Astres pour que les dominations combattantes soient placées sous commandement direct de la Milice. Tiamatiel s’y opposa avec virulence, arguant que les enfants de l’Oracle ne sauraient ployer le genou devant les fils de la puissance. Refusant d’être réduit au rang de subordonné, el entreprit de défendre son indépendance en s’adressant directement au primordieu.
Ce qui devait être une simple audience diplomatique se transforma en invasion. Accompagné de ses troupes, Tiamatiel traversa sans autorisation le territoire de Guebourah et atteignit sa capitale, Madim. Les forces locales, prises de court, furent incapables de stopper l’avancée des Oracles. Ces derniers étaient équipés de technologies interdites, d’armes prédictives et de boucliers mentaux, capables de neutraliser les défenses automatisées et même de tromper certains ophanim. Les bastions tombèrent les uns après les autres, rasés avec une efficacité terrifiante.
La procession guerrière atteignit finalement le Sanctuaire Olympus, siège temporaire de l’Ordre des Astres. Là, les dominations n’hésitèrent pas à user de leurs pouvoirs mentaux pour forcer le passage, dominant l’esprit des gardes, et dans les cas de résistance, brandissant leurs armes contre leurs propres frères élohim.
Ce fut un sacrilège sans précédent. Le peuple de Madim se souleva. Des vertus, des puissances, des séraphins de toutes générations se levèrent contre les Oracles. Le combat fut titanesque. Tiamatiel fut finalement capturé par ses propres pairs, et livré à l’Ordre des Astres pour jugement. Cet incident, bientôt nommé le Sacrilège de Madim, marqua un tournant historique.
Conséquences et dispersion
À la suite du Sacrilège de Madim, l’indignation fut générale dans tous les royaumes des Cieux. Le fait qu’un descendant direct du primordieu Eistibus ait osé lever l’arme contre des élohim pour forcer l’accès à un sanctuaire fut jugé comme une rupture d’alliance entre castes, et plus encore, comme une trahison envers le Grand Dessein lui-même.
Les primordiaux durent intervenir en personne pour éviter une guerre civile totale entre la Milice et les Oracles Guerriers. Après délibération, le chœur des Oracles Guerriers fut officiellement dissous, et leurs missions redéfinies. Plusieurs figures furent dispersées dans les royaumes afin de prévenir toute reconsolidation de leur pouvoir :
- Satanachia Fitzor fut envoyé à Guebourah, non plus comme guerrier, mais comme conseiller royal, afin de canaliser sa puissance dans un rôle politique. El conserva toutefois son armée mutante, à titre strictement dissuasif.
- Erisiel Fitzor fut rappelé à Hessed, où el fonda le Ministère, l’organisation encadrant les dominations. El continua cependant à manipuler les équilibres géopolitiques sous couvert de foi.
- Hachimiel Fitzor, sans doute le plus loyal au Grand Dessein, se soumit à l’autorité de l’Ordre des Astres. El devint champion semi-officiel de leurs campagnes, une figure expiatoire destinée à faire oublier la folie de Tiamatiel.
- Quant à Tiamatiel el-même, el disparut. Officiellement, nul ne sait ce qu’el est advenu. Mais la rumeur veut qu’el soit emprisonné sous Olympus luu-même, provoquant les grondements du volcan.
La chute de Tiamatiel marqua la fin d’une ère. Les Oracles Guerriers, soit se soumirent à la Milice, soit rendirent les armes. Leurs chants de guerre se turent. Leurs chorales furent démantelées. Mais leur souvenir perdure, dans les archives, dans les mémoires des peuples ravagés, et dans les cauchemars des puissances qui les ont combattus.
Le Ministère
La chute de Tiamatiel Fitzor et le scandale du Sacrilège de Madim marquèrent un tournant décisif dans la gouvernance des dominations. L’indépendance farouche des Oracles Guerriers, leur mépris des structures hiérarchiques, et surtout la violence dont els firent preuve envers leurs propres frères élohim révélèrent une faille profonde dans le tissu de l’ordre céleste.
Pour y remédier, l’Ordre des Astres, soutenu par plusieurs primordiaux, impulsa la création d’un nouvel organe de régulation : le Ministère. Cette institution fut conçue non pas pour punir les dominations, mais pour les organiser, les canaliser et sublimer leurs dons dans un cadre harmonisé. Plutôt que de les combattre, les primordiaux décidèrent de leur offrir un échiquier à leur mesure, un théâtre où leur intelligence, leur ambition et leur puissance prophétique pourraient servir la Création plutôt que la menacer.

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