Revolte des Armateurs

On désigne par Révolte des Armateurs la période d'instabilité de la colonie d'Annensale et de ses voisines avant la reconnaissance du régime spécial Annensalien par la Terre en 2131. Ce surnom est dû à l'engagement politique et financier massif des armateurs de la région en faveur de la cause indépendantiste.  

Causes

On résume souvent les causes de la Révolte des Armateurs à deux problèmes sous-jacents de la colonie : d'une part, la pression fiscale imposée par la Terre et d'autre part, la distance séparant les deux régions.  

Pression fiscale :

Les "Impôts Extraordinaires" (IE) avaient initialement été créés comme solution temporaire pour le financement des infrastructures du système solaire dès 2071. Ce projet était en lui-même pharaonique et les retards accumulés eurent des impacts catastrophiques sur les économies terriennes, si bien qu'un demi-siècle après la fin du projet, les Impôts Extraordinaires étaient encore en vigueur.
  Les états terriens s'étaient persuadés que la multiplication de colonies, bien que coûteuses, se montrerait rentable à moyen terme. Un cercle vicieux s'établit ainsi, renforcé par la peur des nations de voir leurs rivales s'accaparer les ressources de l'espace. Par conséquent les "Impôts Extraordinaires" devinrent la norme, et les colonies devaient financer leurs voisines avec des plans de développement économique toujours plus courts et chiches en investissements.
  Dans un premier temps, les conséquences de cette politique étaient invisibles pour les classes supérieures des colonies, ne concernant que la classe laborieuse qui s'appauvrissait. Elle favorisa même l'émergence des Armateurs, ces riches marchands et industriels qui apportaient les ressources brutes aux industries du système solaire.
Annensale bénéficia également de cette situation, les investisseurs nationaux comme privés voyaient dans la colonie un futur tremplin pour l'expansion coloniale, créant de ce fait le premier Monde Pôle.
  De nos jours, on fait remonter les racines de la Révolte à la "Résolution 313 de l'ONU sur les propulsions Orion" de 2119 qui interdit la fabrication de nouveaux vaisseaux Orion. Les nations de la Terre, constataient avec inquiétude la multiplication de ce type de vaisseau parmi les colonies, avec en tête de leurs préoccupations, la Société des Armateurs d'Annensale (SAA) qui disposait d'une licence exclusive de production de tels bâtiments.
  La puissante SAA fut consternée par la perte de ce privilège, qui la rendait plus vulnérable à la concurrence des autres armateurs, en allongeant les temps de trajets. Si la Société fit initialement le dos rond, de nouvelles lois et l'alourdissement des frais de douanes accrût l'aliénation de l'élite d'Annensale à la Terre. La rupture se concrétisa le 16 mai 2122 lorsque l'Inde exigea la rétrocession de deux flottes marchandes membres de la Société.  

Distance :

La distance entre la Mère Patrie et Annensale joua et joue encore des siècles plus tard un important rôle dans les relations entre les deux mondes.
Cette contrainte a été remise au goût du jour il y a près de 60 ans par l'historien Tianustanii Mostafa Hosseini, qui dans son analyse, donne une plus grande importance aux effets psychologiques des communications. Bien que cette contrainte semble triviale au 26e siècle, il faut rappeler que les premiers colons étaient issus de sociétés hyperconnectées, avec un accès à l'information immédiate. Par ailleurs, la faible fréquence de transit des vaisseaux ; et puisque les vaisseaux emportaient peu de banques de données supplémentaire ; la quantité même d'information à chaque voyage était minuscule. Les travaux de l'Américain Magen, qui approfondissent ceux de Hosseini théorisent que le manque de communications contribua à créer un nouveau "sentiment national" dans la colonie d'Annensale.  

Déroulé du Conflit :

  Le 16 mai 2122, le gouvernement Indien qui cherchait à acquérir des bâtiments en vue d'un futur conflit spatial, ordonna à la SAA de lui céder en termes de retour sur investissement 12 bâtiments des flottes d'armateurs. Lorsque l'Inde eut initialement financé l'ochie, le contrat mentionnait, en effet, que l'Inde pourrait demander son remboursement en terme de bâtiments hypercapables. Il y avait toutefois litige sur le nombre de vaisseaux, les armateurs arguant que l'investissement initial indien ne valait pas, avec intérêts 12 de ses bâtiments. La requête est d'autant plus irréaliste que les bâtiments appartenaient aux 3 membres les plus influents de la Société, dont le trésorier et le secrétaire général.   Le litige passe d'abord devant la Cour Internationale de Justice Commerciale de Hong Kong. Mais le procès s'éternise. En fin de compte, l'Inde s'impatientant aborde un convoi de deux vaisseaux commerciaux d'Annensale le 27 septembre 2122. La manoeuvre est un désastre, en temptant de s'enfuir un des vaisseaux annensalien passe trop proche d'une des bombes à propulsion nucléaire des vaisseaux indiens. L'annensalien est sévèrement endommagé et plusieurs membres d'équipages périssent sur le coup, le reste mourra des radiations subies. L'incident est gravissime, immédiatement les cercles indépendantistes de la Grande Apochie crient à une attaque de l'Inde sur les citoyens d'Annensale. Des accusations rendues crédibles par l'invraisemblance de l'incident : aucun vaisseau à propulsion orion ne s'approche d'un autre vaisseau du même type.   Le 23 décembre 2122, alors que l'Inde s'apprête à saisir un autre bâtiment, le capitaine du Prospère, fervent partisan de la cause indépendantiste ouvre le feu et diffuse sur tous les canaux qu'aucun vaisseau de son convoi ne sera remis à une quelconque autorité de la Terre. Les autres capitaines marchands, ciblés par les Indiens répliquent également. La panique saisit les deux camps. Sur Terre, les gouvernements s'inquiètent de perdre le contrôle de la colonie, l'élite des armateurs n'est plus digne de confiance. Sur Annensale, les armateurs ont peur de se faire renverser par une intervention terrienne. Ils prendront ainsi la tête de la rébellion contre la Terre.