Journal de Solairik - CXCVI

Le Dernier Journal du Drake

par Solairik Astreal    Ceci est le dernier journal que j'écrirai en tant que membre de la défunte Guilde et de la nouvelle confrérie de la Nouvelle-Audarque.   Ces derniers jours n'ont pas été de tout repos. Comme plusieurs le savent déjà, j'ai annoncé ma retraite des expéditions suite à notre retour de notre affrontement face au Tyran de l'Hiver. Nous sommes revenus vivant oui, mais il n'est pas tout à fait vaincu. Ganglery est toujours présent au travers de Vladimir de Gades je le ressens. J'ai encore une fois sous estimé l'emprise que le démon avait sur lui.   Je l'ai vu changer lors du combat, il clamait vouloir vaincre le démon avec ses propres pouvoirs. Mais utiliser ceux-ci a de nouveau réanimé la froideur qui l'habitait. Mais, comme depuis toujours, je l'ai supporté jusqu'au bout. Jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Aies-je été encore une fois trop naïf de croire que cette fois, c'était la bonne. Que quelque chose de bien peut arriver dans ces Terres Sauvages. Que certains rêves peuvent devenir réalité. Peu importe, je sais que son combat n'est pas encore terminé. Quelque chose me dit qu'il aura encore besoin de moi pour qu'un jour il se rappelle qui il est. Il n'a peut-être plus besoin de ma lumière pour le guider, ni de mon soutien pour le maintenir en vie, mais ma vocation m'oblige à apprendre à pardonner, même si certaines choses prennent plus de temps à comprendre, mon coeur restera ouvert. Même si celui-ci doit se prendre un poignard. Ma Bienveillante m'a fait don d'empathie et d'une force pour aider ceux qui ont besoin d'être soulagés de leurs tourments et même si le prix à payer est parfois lourd, le sacrifice en vaut la peine. Avec du recul, je ne regrette rien, et si c'était à refaire avec les connaissances que j'ai aujourd'hui, j'agirais sans doute de la même façon.   Depuis les épreuves des derniers mois, allant de la perte de mon frère Tyfdur, de ma chère amie Meriel qui essaie de s'en sortir mais semble toujours avoir une autre cage qui se referme sur elle à chaque fois qu'elle veut reprendre son envol. De mon mentor Tristan récemment assassiné, où même la perte d'Albert, un Rinn qui avait le coeur aussi gros que son corp d'humain pouvait contenir. De devoir combattre d'anciens camarades qui se sont laissé corrompre l'âme, parfois même malgré eux. Frikilaz, Zinogras, vous ne méritiez pas ce sort. Même Belanor et Corocol malgré vos erreurs, j'aurais bien aimé qu'on vous libère enfin. Je dois avouer que ces moments ont été éprouvants pour moi et je dois rester fort pour le futur de la Nouvelle-Sarnale.     En 45 expéditions, j'ai dû affronter plusieurs créatures et soigner des compères malades, maudits et qui revenaient inconscients des Brumes. J'ai moi même attrapé plusieurs de ces maladies dont j'ai dû traiter rapidement. Il y'a de nombreuses situations où je me suis senti impuissant. D'autres où j'ai senti que j'aurais le support de ma maitresse dans les moment les plus sombres, me permettant d'aider les gens à se relever afin de poursuivre leurs destins. Chose certaine, sans l'aide de tous ceux qui ont pu m'accompagner dans ces folles aventures, je n'aurais pas été bien loin. Une petite mention d'honneur à dame Zorra qui nous avait accompagné dans les Fanges pour notre première sortie. Je vous en serai tous toujours reconnaissant. J'ai beaucoup appris de ceux qui étaient là avant moi et qui m'ont côtoyé. J'espère continuer de faire ce rôle entre les murs de cette ville, de continuer de vous accueillir à l'Hospice et de prendre soin de vos blessures autant physiques que mentales. Ou même de vous apporter la bénédiction de la Bienveillante lorsque de grands défis se dresseront devant vous. Je vais certainement m'ennuyer de ces moments de découvertes et de camaraderies mais je sens que c'est ici que j'accomplirai mieux mon devoir pour le peuple mais aussi pour vous. Ceux qui me connaissent bien savent que ma flamme ne s'éteindra jamais tant que je respirerai, mais maintenant, j'ai besoin de rallumer le brasier et porter le flambeau le plus loin que je pourrai.   Je sais aussi que je serai sûrement une cible de choix pour ceux qui seront mal intentionnés. Lorsque j'ai décidé de prendre ce rôle au sein du Candélabre, j'avais conscience des risques qui en découlait, du jugement de mes plus proches alliés, ou alors de ceux qui ont peur de faire progresser les choses afin de s'adapter à ce nouveau monde. Sans entraide dans ces terres, toute civilisation est vouée à retomber dans l'oubli. J'espère que j'ai pu convaincre par certaines de mes actions à nous tendre la main afin de travailler et retrouver un certain équilibre entre les peuples, même si il faut parfois piler sur son orgueil et faire des sacrifices personnels. Je sais que tout ne se fera pas du jour au lendemain, que c'est un travail de plusieurs décennies, voir même siècles et qu'aucun mortel, ni dieu ou autre entité aurait la puissance de porter seul cette quête. Mais c'est dans ces terres qu'est né ce changement, il est seulement qu'à ses premiers balbutiements, mais je sens que beaucoup de progrès ont été faits en peu de temps. Ce n'est pas le moment de baisser les bras et de régresser, nous aurons besoins de relève afin de porter ce flambeau pour les générations futures. Nous aurons besoin de gens de toutes croyances et allégeances pour y parvenir. Et nous mieux que quiconque savons réellement les exploits qui peuvent être accomplis en travaillant tous main dans la main .   Pour citer Rika une dernière fois "Chaque jour qui passe est quelque chose de bien et chaque jour où nous avançons n'est pas une journée perdu." Gardez avec vous cette pensée et que Les Huit veillent sur vous tous,     À bientôt,   Solairik Astreal.