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Le village confiné

Par Malva la libre, Chantre de Chanterie Maiali

General Summary

Elle était arrivée là où elle voulait. Une étape de sa vie venait de passer, et c'est à cet endroit précis qu'elle allait s'installer.

La halfeline jeta un œil au coffre contenant quelques écrits et les autres témoignages de sa vie passée, lové confortablement dans la fosse qu’elle venait de préparer à son intention. C’est là que resterait sa mémoire, avec la certitude que celui qui la lirait ne sera pas issu de la prochaine récolte.

Elle saisit sa pelle, et enferma définitivement son passé sous un linceul de terre. Appuyée sur son arme utilitaire, elle souriait en regardant les versants de sa colline, de sa ferme, de chez elle.

« Moi, c’est Malva, je suis l’heureuse propriétaire des fermes au sud d’Ondanera.

Mon histoire commence au village de Berilac il y a maintenant 27 ans, où je suis ironiquement née sous de bons auspices. En pleine saison des fruits et avant le grand buffet annuel. Notre village peuplé exclusivement d’halfelins s’étant coupé du reste du monde depuis bien des générations je n’ai eu d’autres choix que de suivre les pas de mes prédécesseurs : apprendre l’art de la ferme, l’art des brassages, l’art des cuissons, l’art de vivre… Et tout ça dans un confortable et éternel confinement. Une fois en âge de prendre des décisions, j’ai voulu en apprendre le plus possible sur…Tout !

Je suis devenue enseignante et gardienne des jeunes. J’ai vécu de chouettes années, en ayant la possibilité d’apprendre plein de choses sur notre village, sa construction, nos ancêtres… Mais si peu sur le reste du vaste monde qui nous entourait. De quoi m’amener à vouloir découvrir le reste, jusqu’à me mener aujourd’hui à vivre indépendante et libre.

Quelques jours avant leur arrivée, aux gens d’Ondanera, je préparais mon plan : je devais fuir rapidement du village pendant une nuit où le chef de la garde se serait enfui hors du village. Evidemment, attirer suffisamment l’attention là où je ne voulais pas être vue était indispensable. J’ai donc rassemblé ce qui s’avérait nécessaire pour cela, une bonne dose de poudre noire et de courage en prévision du moment venu. Evidemment, les choses ne pouvaient pas se passer comme prévu…

Alors que tout était prêt pour ma diversion, et que la poudre était soigneusement disposée sur le cairn, qu’une déflagration se fit entendre au loin. J’appris plus tard que mes nouveaux amis d’Ondanera en étaient la cause, après avoir découvert la cache piégée de Minto, le chef de la garde (il paraît qu’il léchait des grenouilles ?... Yeurk …). Au loin, je voyais l’ombre dudit capitaine se projeter depuis les torches disposées aux abords de la porte du village. Il était revenu plus tôt que prévu de sa sortie, et probablement alerté par le signal. De toute évidence, j’avais mal calculé mon coup et ai mis plus de temps que je le pensais dans mes préparatifs… Je devais essayer malgré tout, et j’ai alors mis feu à la ligne de poudre noire et tout devait se précipiter. La gemme avait disparue. Malheur…

La gemme. Je n’en ai pas parlé, encore. Il s’agit du bien le plus précieux de Bérilac, qui permettrait au village de vivre éternellement reclus en produisant des vivres de qualité sans discontinuer. Un bien si précieux qu’il aurait été enfui sous le cairn, et nous protègerait tous. Du VENT. Ceux qui auront déjà lu des contes aux enfants pourront reconnaître les stigmates d’un mensonge pieux.

Bref… la nuit fut courte pour moi, et beaucoup d’autres au village qui cherchions quelqu’un à accuser du vol de notre « bien le plus précieux ». La panique était grande. Moi, c’est la panique de voir ma porte de sortie se fermer qui me hantait alors que les heures s’égrainaient. C’est au matin que les Ondanerans sont arrivés.

Leur chef était une «Archonte », j’appris après qu’il s’agissait d’une sorte de chef pour un domaine spécifique. Celle-ci se dénommait Balqis et était en charge des relations avec d’autres villes et village…Quelque chose qui n’existait tout simplement pas chez nous. Il se figure que des Archontes comme elle, il y en a plein, mais c’est plus tard que je les ai rencontrés. Elle était accompagnée de gardes lourdement armés et armurés. Nos cavaliers faisaient pale figure à côté, et ne devaient surement leur supériorité qu’à leur nombre. Elle avait également pour escorte rapprochée des individus plus talentueux : Nazeem Fares, un bel athlète-acrobate extraordinairement talentueux, le solide et placide Mollebarde (dont le nom serait en fait Armondo, peu importe), le pragmatique « chevalier aux grenouilles » Milko Novak et finalement le perceptif Arash.

Le chef du village, Reginar, avait décidé que la venue de ces étrangers après la disparition de la « gemme » était un signe évident de leur culpabilité. Le bougre est n’est pas méchant, et je pense sincèrement qu’il tente de faire de son mieux. Je le suspecte même d’être un peu épris de moi, mais la dernière chose que je voulais à ce moment est que cette crainte se concrétise… J’ai en tout cas pu user de ma position dans le village pour me faire le guide de ces étrangers, alors qu’il devenait clair qu’ils devraient prouver leur innocence.

Chez nous, celui qui est accusé doit prouver son innocence. Accuser son prochain est grave, et on évite généralement de le faire. Il n’est pas bon de fâcher son voisin, sachant que lui et sa famille habiteront encore la même maison pour les 60.000 prochaines générations… Nos amis d’Ondanera devaient donc rassembler des preuves de leur innocence en interrogeant d’autres suspects au sein du village. En tête se trouvait Merwig, la chamane, qui entretenait une rivalité avec Reginar depuis leur jeunesse. Odo, le vieil apothicaire sénile que j’avais involontairement fait accuser en dérobant et usant sa poudre noire. Minto, qui avait la charge de la porte et de la sécurité, et que l’on a retrouvé en train de fermer la porte après l’explosion. Et enfin Bauto, le malheureux idiot du village, que l’on se devait d’accuser pour se donner bonne conscience…

Je ne sais pas comment s’est déroulé leur entretien avec Reginar, mais j’ai rencontré pour la première fois les mercenaires d’Ondanera alors qu’ils peinaient à cacher leur désarroi. Dont j’étais en partie responsable…, mais soit. Ils ont rencontré en premier lieu le capitaine de la garde, Minto, qui était alité depuis la veille. Je le savais consommateur d’une drogue quelconque en dehors du village, qui le plongeait dans cet état le lendemain. Les enquêteurs en herbe sont rapidement arrivés à cette conclusion, mais ne m’en ont pas parlé tout de suite. Je ne leur ai pas fait de confessions non plus. A ce stade, je devais encore estimer si le groupe s’avèrerait être un billet de sortie ou un tremplin vers la corde. Une perspective qui aurait presque manqué de me faire avaler de travers la pomme que je dégustais.

Ils sont ensuite partis à la rencontre de Odo, notre apothicaire. Connaissant le phénomène, j’ai pris le temps de déguster mon sandwich poulet-poivrons frits, un délice ! Je savais que l’entretien serait long, et je ne me suis pas trompé. Au bord de la surdité, le Viel apothicaire a visiblement fait mouche avec nos enquêteurs en herbe, mais ne leur avait visiblement pas paru suspect. Tant que nous étions sur les hauteurs, nous avons fait un crochet vers la maison de Merwig. Idéalement située au sommet du village, la maison de la chamane a une vue dégagée sur le champ où se trouvait le cairn la veille. Les ondanerans ont pénétré le temple pour interroger la dame, que je savais être très protectrice vis-à-vis de notre village et de ses traditions. Autant dire qu’elle et moi ne nous entendions pas, même si elle ne le savait sans doute pas. Pas le temps ici de faire un vrai repas, j’ai donc grignoté quelques fruits secs qu’il me restait dans mon sac. Un halfelin prévoyant est un halfelin heureux. L’entretien fut court, mais j’ai l’impression que les étrangers prennent confiance… Au moins en moi.

On redescend vers le bas du village, où se retrouvent la plupart des maisons le long de la Grand’rue qui fait le tour de la colline. Nous cherchons maintenant le malheureux Bauto dans ses maraudes à travers le village. Lorsque nous le trouvons, ce dernier prend ses jambes à son cou et distance sans mal les étrangers. Nous faisons finalement route vers chez moi, et j’en profite pour faire connaissance et tisser des liens avec les étrangers durant le repas du soir. J’apprécie beaucoup Nazeem, et je dois bien reconnaître qu’il a du charme… Enfin ! Je ne devrais pas écrire ça… Je les quitte dans la maison que Reginar a prévu pour les loger et les surveiller.

Le lendemain matin, l’enquête se poursuit, mais je sens bien que les visiteurs patinent un peu… Ils décident de retourner à la maison de Bauto pour poursuivre leurs recherches. En arrivant devant, ils décident d’ouvrir malgré toute la maison sans y avoir été invités. Une oie de compagnie se rue alors sur le pauvre Milko, qui peine à les contenir. C’est à ce moment que Bauto se jeta littéralement par la fenêtre de l’étage pour faire un salto aérien en direction du sol. Mais ! Ce n’était sans compter la hâte et la dextérité du beau Nazeem, qui a réceptionné le jeune Bauto avec grâce et fermeté. Splendide !

Pour les aider, je leur ai autorisé la visite de la maison du jeune infirme. Rien à mes yeux ne pouvait vraiment les aider ici…Donc ça me permettait de chercher une solution de repli dans l’éventualité toujours probable qu’ils ne parviendraient pas à s’en sortir. J’avoue que j’en voyais alors que peu… La sécurité serait surement renforcée longtemps après leur départ, et pouvoir fuir avec leur protection serait ce qui pourrait m’arriver de mieux… Et puis, peut-être que je pourrais devenir Archonte moi aussi ! J’ai du potentiel.

Après plusieurs heures de fouille, ils ont finalement décrété n’avoir rien trouvé d’utile pour l’enquête, mais sont bien tombé sur la cachette du fou. L’endroit où le truand s’amusait à entasser les biens de tout le monde au sein du village. L’endroit était cependant dangereux, et nous avons été obligés de faire un passage par l’apothicaire avant de remonter au sommet du village.

C’est là que le drame survint. D’après les visiteurs, une créature est apparue et a empoisonné à mort Arash alors qu’ils se reposaient. Rendu fou de colère, Nazeem s’est dirigé vers la chamane pour lui demander des comptes en faisant fi de l’autorité des gardes. Mollebarde lui en emboité le pas en portant le cadavre encore chaud de son ami, et en suppliant les gardes de chercher de l’aide. Je suis arrivée quasi en même temps que Reginar, qui était furieux et bien décidé de les faire pendre haut et court…

Je suis véritablement triste de ce qu’il est arrivé à Arash. Mais grâce à lui, et à son malheur, j’ai eu la chance de pouvoir quitter ma prison natale et vivre la vie à laquelle j’aspirait tant. Pour lui, je dédierai un arbre fruitier près de ma maison. Je devrai penser à inviter ses compagnons de route pour un banquet en sa mémoire, à l’occasion.

Enfin… Ce moment s’est avéré fatidique, car il (dé)montrait qu’une engeance se cachait au sein du village et pouvait nuire à tous. Le simulacre de procès qui suivit le lendemain était assez affligeant… Les ondanérans assurèrent avoir retrouvé la « gemme », et la confièrent à Reginar. Celle-ci avait été dérobée par le Bauto. Devant les accusations de Merwing, les héros répliquèrent avec suffisamment de justesse pour attirer la sympathie de Reginar. J’ai moi aussi profité de ce moment pour enfoncer le clou et tracer une ligne dans le portrait d’accusée que l’on faisait à Merwig… Acculée, la malheureuse lança un sort, et son familier démoniaque s’attaqua à Reginar en le poignardant de son dard empoisonné. Reginar étant incapacité, c’est Odo qui décréta que Merwig était effectivement responsable du vol de la gemme et de trahison envers le village… Il ordonne le départ des Ondanerans, et interdit leur retour à Berilac. De mon côté, c’est Nazeem qui a aidé à mon départ en « demandant » à Minto de me laisser fuir la nuit venue, en échange de la sécurité de ses fameuses grenouilles.

Le voyage est un art difficile en dehors de Berilac. Même ça, je dois maintenant l’apprendre, et c’est si bon ! L’air semble plus frais ici. Plusieurs jours plus tard j’ai ainsi pu découvrir Ondanera, la diversité de ses habitants, ses bâtiments incroyables et l’immensité des terres qui se dressent de tous les côtés.

J’ai pu rencontrer les Archontes dix jours plus tard, dans ce bâtiment que l’on nomme l’hôtel de ville. Ils étaient si nombreux ! C’est incroyable de pouvoir s’entendre si bien, à autant, pour diriger un si grand village. Ils m’ont posé quelques questions, mais mes arguments étaient prêts depuis…Toujours ! J’ai rapidement pu les convaincre qu’avec moi, les terres qu’ils me confieraient feront vivre de nombreux foyers. Evidemment, ils m’accordent aussi d’importantes responsabilités, comme de gérer les autres fermes avoisinantes et de rendre des comptes directement s’il devait y avoir des passages étranges sur mes terres. Rien de bien excessif donc. Ce sont des gens raisonnables.

Maintenant que je sais qui je suis, je sais ce que je n’ai plus à être. C’est pourquoi j’ai décidé d’écrire d’où je venais, et comment j’en suis arrivée là. Et tout ça, ça doit finir au fond d’un trou pour laisser place à la nouvelle Malva.

Voilà donc qui termine mon histoire, mon passé, et comment j’en suis arrivé à ce que je suis aujourd’hui. Mais si j’ai bien une certitude, c’est que pour moi tout ne fait que commencer ! J’ai la liberté à découvrir.

Malva la Libre"

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