General Summary
21/08/817
Laissez-moi vous raconter l’histoire de mon arrivée à Ondanera, et sa destruction partielle par le Premier Cataclysme.
C’est arrivé peu de temps après la Séparation. Après avoir quitté les limites du Califat Hadursha, j’errai sans but. Petit à petit, je formai en moi-même le projet de découvrir un nouveau Sanctuaire, et priai le Fils de m’y guider. Je parti donc en direction du Despotat de Maabda, au travers de terres non cartographiées.
Ce ne fut pas un trajet aisé, je fatiguai plus vite que de coutume et rationnai ma nourriture sévèrement. Au bout de quelques jours de marche seul, je tombai sur des corps sans vie. Le plus frappant chez eux, outre le fait qu’ils avaient rejoint Notre Mère dans l’illusion de l’au-delà, était leur peau blanche, plus blanche que bien des fleurs des jardins du Calife. Ils portaient sur eux une carte, sommaire et sans échelle, de la région, qui me permit de trouver le point d’eau le plus proche pour m’abreuver.
Ce que je pensais au premier abord être un lac s’avéra bien vite être une véritable mer intérieure. La Mère m’a bien eu, j’ai eu du mal à croire qu’une étendue d’eau de cette taille soit si loin au cœur des terres. Je formai instantanément le projet d’en faire le tour, car une telle étendue d’eau doit mener à vénération par certains peuples, et qui sait, peut être le Fils est-il passé là auparavant ?
En approchant de la rive, je rencontre un chemin. En suivant ce chemin, je découvre une ville… Enfin, les prémices d’une ville. Un groupe de tentes, dont seulement quelques bâtiments sont en dur, la plupart de bois, et un ou deux de pierre, sur des hauteurs. L’ensemble est peuplé de gens tout aussi blanc que ma rencontre précédente, avec quelques cousins cornus parmi eux. Mais les quelques Tiefling présents portent chaines et entraves, comme le font d’autres hommes.
J’attire très vite l’attention. Ces gens n’ont de toute évidence jamais rencontré de Rasvan, et leur pratique de l’esclavagisme n’y est certainement pas étrangère… Je profite de cette attention pour leur présenter mon meilleur visage, et me dirige vers l’auberge, qui s’identifie rapidement par les bruits habituels de conversation et de beuverie, les paroles des rares consommateurs étant portées par le vent au travers des murs de toile. On y sert une bière forte, apparemment à base d’Amaranthe, et qui n’a rien à voir avec tout ce que j’avais pu goûter jusqu’à présent. Très forte, et un goût acre en arrière bouche… Somme toute à l’image de la tavernière, dont l’austérité va de pair avec sa capacité à tenir son établissement.
Pendant que je fais descendre le contenu de ma chope à petites gorgées parcimonieuses en observant les gens alentours, deux hommes s’assoient à ma table. Le premier, homme au teint allé qui tranche agréablement avec la pâleur environnante, se présente comme Nerguï. Le second, Roderich, est un petit homme laconique au regard fou et aux cheveux de feu. Après quelques minutes de conversation, ils s’avèrent être respectivement podestat et procurateur de la cité en développement, avec le baron marchand. Avant que je puisse m’enquérir des possibilités que pouvait m’offrir cet endroit avant de reprendre mon pèlerinage, nous sommes interrompus, et mes interlocuteurs s’en retournent à leurs occupations… du moins, essaient.
Tous les regards se tournent bientôt en direction du Nord. Un nuage pointe à l’horizon, menaçant. On ordonne de mettre les vivres et les affaire à l’abris, et chacun s’y affaire. Peu après, le bruit suit. Une sorte de vrombissement, assourdissant. Et qui vite s’abat sur la ville en construction. Des insectes gros comme le poing, à la carapace lisse et aux dents voraces s’attaquent à tout ce qu’ils trouvent à manger… à savoir tout, mis à part la pierre. Les villageois et les soldats sont bien vite dépassés par l’ampleur de l’essaim d’insectes vautours qui fond sur nous. Le podestat se fait engloutir, et ne doit la vie sauve qu’à ses gardes. L’instant après être débarrassé de l’amas de moustiques-vautours qui l’engloutissaient, il disparait.
Dans un état d’effarement provoqué par les créatures, je m’empresse de suivre Roderich à la recherche d’un abri, et je ne suis pas la seule personne à partir à sa suite. Nous nous fuyons en direction du promontoire, sur lequel se dresse une petite bâtisse en pierre. Occupés à préserver nos vies en arrachant le moindre insecte destructeur qui se pose sur nous, nous ne remarquons qu’au dernier moment la créature qui chasse fiévreusement sur notre chemin. De la stature d’un petit cheval, elle a l’allure d’une mante religieuse. Noire et recouverte d’une carapace protectrice, elle déjoue les attaques des gardes qui essaient de la tuer à coup de lance. C’est à peine avec un regard que Roderich lui jette une fiole d’un produit abrasif qui siffle en touchant sa cible, et s’enfile à travers la porte du manoir, déjà ouverte. Sans la moindre hésitation je suis, accompagné de quelques compagnons d’infortune.
Nous retrouvons Nerguï à l’intérieur, dans un état proprement hystérique. L’approche de la mort fait perdre leur sang froid à bien des personnes, et le savant politicien n’y était en rien immunisé. Je m’empresse d’éliminer les quelques bestioles qui nous ont suivi en lieu sûr, et guette l’évolution de la situation à l’extérieur.
Bientôt, une nouvelle ombre emplit le ciel, et un cri suraigu retentit. A ce signal, les insectes laissent les cadavres dont ils se nourrissaient voracement et rejoignent le ciel. Des gardes viennent nous sortir de notre torpeur sonnée pour demander des ordres aux dirigeants bien secoués dans leur refuge.
L’extérieur est un bain de sang. Quiconque n’était pas assez vif pour arracher les assaillants s’est vu dévoré vivant, et de nombreux blessés naviguent dans les rues, hagards, à la recherche d’une personne ou d’un objet. Le cadavre de la créature qui se trouvait sur notre chemin atteste de la mortalité du genre, dans un réconfort bien mince. La plupart des morts sont méconnaissables, et la blancheur des os tranche bien plus sur la noirceur du sang que la peau des vivants. J’assiste Roderich dans les soins aux blessés pendant que le Podestat de la désormais bien réduite colonie d’Ondanera fait l’inventaire. Hélas, les nouvelles sont bien sombres, et la réserve de nourriture a disparu… ainsi qu’une partie du trésor, mais certainement pas à cause des insectes. Un sentiment de tristesse pour les morts et de peur pour le retour des créatures emplit la ville, et le départ de l’ambassadrice en négociations auprès des puissances environnantes n’est qu’un bien maigre espoir pour la colonie.
Ainsi survint le Premier Cataclysme, qui s’annonçait l’apogée d’une période de troubles pour l’avant-poste Sérène sur les berges du Lac Insondable…
Laissez-moi vous raconter l’histoire de mon arrivée à Ondanera, et sa destruction partielle par le Premier Cataclysme.
C’est arrivé peu de temps après la Séparation. Après avoir quitté les limites du Califat Hadursha, j’errai sans but. Petit à petit, je formai en moi-même le projet de découvrir un nouveau Sanctuaire, et priai le Fils de m’y guider. Je parti donc en direction du Despotat de Maabda, au travers de terres non cartographiées.
Ce ne fut pas un trajet aisé, je fatiguai plus vite que de coutume et rationnai ma nourriture sévèrement. Au bout de quelques jours de marche seul, je tombai sur des corps sans vie. Le plus frappant chez eux, outre le fait qu’ils avaient rejoint Notre Mère dans l’illusion de l’au-delà, était leur peau blanche, plus blanche que bien des fleurs des jardins du Calife. Ils portaient sur eux une carte, sommaire et sans échelle, de la région, qui me permit de trouver le point d’eau le plus proche pour m’abreuver.
Ce que je pensais au premier abord être un lac s’avéra bien vite être une véritable mer intérieure. La Mère m’a bien eu, j’ai eu du mal à croire qu’une étendue d’eau de cette taille soit si loin au cœur des terres. Je formai instantanément le projet d’en faire le tour, car une telle étendue d’eau doit mener à vénération par certains peuples, et qui sait, peut être le Fils est-il passé là auparavant ?
En approchant de la rive, je rencontre un chemin. En suivant ce chemin, je découvre une ville… Enfin, les prémices d’une ville. Un groupe de tentes, dont seulement quelques bâtiments sont en dur, la plupart de bois, et un ou deux de pierre, sur des hauteurs. L’ensemble est peuplé de gens tout aussi blanc que ma rencontre précédente, avec quelques cousins cornus parmi eux. Mais les quelques Tiefling présents portent chaines et entraves, comme le font d’autres hommes.
J’attire très vite l’attention. Ces gens n’ont de toute évidence jamais rencontré de Rasvan, et leur pratique de l’esclavagisme n’y est certainement pas étrangère… Je profite de cette attention pour leur présenter mon meilleur visage, et me dirige vers l’auberge, qui s’identifie rapidement par les bruits habituels de conversation et de beuverie, les paroles des rares consommateurs étant portées par le vent au travers des murs de toile. On y sert une bière forte, apparemment à base d’Amaranthe, et qui n’a rien à voir avec tout ce que j’avais pu goûter jusqu’à présent. Très forte, et un goût acre en arrière bouche… Somme toute à l’image de la tavernière, dont l’austérité va de pair avec sa capacité à tenir son établissement.
Pendant que je fais descendre le contenu de ma chope à petites gorgées parcimonieuses en observant les gens alentours, deux hommes s’assoient à ma table. Le premier, homme au teint allé qui tranche agréablement avec la pâleur environnante, se présente comme Nerguï. Le second, Roderich, est un petit homme laconique au regard fou et aux cheveux de feu. Après quelques minutes de conversation, ils s’avèrent être respectivement podestat et procurateur de la cité en développement, avec le baron marchand. Avant que je puisse m’enquérir des possibilités que pouvait m’offrir cet endroit avant de reprendre mon pèlerinage, nous sommes interrompus, et mes interlocuteurs s’en retournent à leurs occupations… du moins, essaient.
Tous les regards se tournent bientôt en direction du Nord. Un nuage pointe à l’horizon, menaçant. On ordonne de mettre les vivres et les affaire à l’abris, et chacun s’y affaire. Peu après, le bruit suit. Une sorte de vrombissement, assourdissant. Et qui vite s’abat sur la ville en construction. Des insectes gros comme le poing, à la carapace lisse et aux dents voraces s’attaquent à tout ce qu’ils trouvent à manger… à savoir tout, mis à part la pierre. Les villageois et les soldats sont bien vite dépassés par l’ampleur de l’essaim d’insectes vautours qui fond sur nous. Le podestat se fait engloutir, et ne doit la vie sauve qu’à ses gardes. L’instant après être débarrassé de l’amas de moustiques-vautours qui l’engloutissaient, il disparait.
Dans un état d’effarement provoqué par les créatures, je m’empresse de suivre Roderich à la recherche d’un abri, et je ne suis pas la seule personne à partir à sa suite. Nous nous fuyons en direction du promontoire, sur lequel se dresse une petite bâtisse en pierre. Occupés à préserver nos vies en arrachant le moindre insecte destructeur qui se pose sur nous, nous ne remarquons qu’au dernier moment la créature qui chasse fiévreusement sur notre chemin. De la stature d’un petit cheval, elle a l’allure d’une mante religieuse. Noire et recouverte d’une carapace protectrice, elle déjoue les attaques des gardes qui essaient de la tuer à coup de lance. C’est à peine avec un regard que Roderich lui jette une fiole d’un produit abrasif qui siffle en touchant sa cible, et s’enfile à travers la porte du manoir, déjà ouverte. Sans la moindre hésitation je suis, accompagné de quelques compagnons d’infortune.
Nous retrouvons Nerguï à l’intérieur, dans un état proprement hystérique. L’approche de la mort fait perdre leur sang froid à bien des personnes, et le savant politicien n’y était en rien immunisé. Je m’empresse d’éliminer les quelques bestioles qui nous ont suivi en lieu sûr, et guette l’évolution de la situation à l’extérieur.
Bientôt, une nouvelle ombre emplit le ciel, et un cri suraigu retentit. A ce signal, les insectes laissent les cadavres dont ils se nourrissaient voracement et rejoignent le ciel. Des gardes viennent nous sortir de notre torpeur sonnée pour demander des ordres aux dirigeants bien secoués dans leur refuge.
L’extérieur est un bain de sang. Quiconque n’était pas assez vif pour arracher les assaillants s’est vu dévoré vivant, et de nombreux blessés naviguent dans les rues, hagards, à la recherche d’une personne ou d’un objet. Le cadavre de la créature qui se trouvait sur notre chemin atteste de la mortalité du genre, dans un réconfort bien mince. La plupart des morts sont méconnaissables, et la blancheur des os tranche bien plus sur la noirceur du sang que la peau des vivants. J’assiste Roderich dans les soins aux blessés pendant que le Podestat de la désormais bien réduite colonie d’Ondanera fait l’inventaire. Hélas, les nouvelles sont bien sombres, et la réserve de nourriture a disparu… ainsi qu’une partie du trésor, mais certainement pas à cause des insectes. Un sentiment de tristesse pour les morts et de peur pour le retour des créatures emplit la ville, et le départ de l’ambassadrice en négociations auprès des puissances environnantes n’est qu’un bien maigre espoir pour la colonie.
Ainsi survint le Premier Cataclysme, qui s’annonçait l’apogée d’une période de troubles pour l’avant-poste Sérène sur les berges du Lac Insondable…
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