Stella Viacrux - Embuscade de la Convergeance Écarlate
General Summary
Expédition dans la nébuleuse - Bataille contre la Convergence Écarlate - Stella Viacrux
Ils entrèrent dans la demeure antique, leurs pas résonnant sur un bois usé aux planches délogées. Ils sentaient les creux fatigués heurter la tête de clous rouillés. Leurs bottes de céramite ou le chuintement de leurs implants retentissaient sous l’attention distante de miliciens dépareillés.
De longues froques recousues, des foulards cramoisis encrassés de suie. L’odeur de l’amertume d’une industrie qui ne livrerait jamais ses promesses. La charpente grondante d’un bâtiment tout à coup exposé aux réalités du temps.
Leur guide entama les premières marches menant au second étage, celles-ci protestant sous son poids amplifié par les recoins d’une science à peine maîtrisée jetée entre les mains d’intérêts à la responsabilité limitée.
Sa hache tronçonneuse surgissait tantôt de sous son manteau de cuir mutilé, tantôt de sa cape d’un bourgogne délavé. Ils arrivèrent devant une double porte au verni écaillé, et de ses deux mains puissantes, il les écarta pour révéler un bureau d’une noblesse emportée par une tempête qui n’aurait jamais de fin.
Monsieur Llyode leur tournait le dos, se tenant sur le bord de la baie vitrée pour observer son domaine effondré. Les reflets distants du jour se répercutaient d’abord au travers d’un ciel couvert à perpétuité pour se réfracter dans les angles d’un verre de cristal dont il agitait distraitement le spiritueux.
Une nouvelle bourrasque frappa contre la façade de la maison, fit grincer le cadre de la fenêtre, et laissa la charpente pousser un gémissement plaintif. Il pivota sur sa gauche, son regard inquiet se posant un moment sur le combiné vox qui se tenait par la fenêtre, et il fit face à ses invités.
Il portrait un veston long, autrefois magnifique, désormais majestueux de l’expérience annoncée par les héraults qu’étaient ses fils décousues et ses broderies flétries. Il fit signe à ses interlocuteurs de s’avancer.
“Inquisiteurs” dit-il poliment. “C’est un honneur de vous avoir parmi nous”
Celui qui était le chef de la bande dépareillée s’avança d’un pas, les pouces dans le ceinturon élargissant ses épaules déjà impressionnantes par son manteau de fourrure remplis de poussière. Sa massive et longue barbe s’agita lorsqu’il prit parole, laissant un rideau de suie en retomber contre les chaines et talismans de sa fonction.
“Rabbhan Octavius Talid, Ordo Xenos” dit-il “Nous sommes venus enquêter sur des actions terroristes au sein de ce havre qui, nous pensons, pourraient être liées à un culte que nous pourchassons”
Llyode resta un moment pensif et prit place dans son fauteuil capitonné.
“Un culte? Vous êtes peut-être trop tard” dit-il, haussant les sourcils comme si ceux-ci pouvaient pointer vers le paysage dévasté s’étendant derrière lui. Instinctivement, tous pouvaient voir la charpente d’acier torturé qui liait autrefois un dôme de plastacier aux plus hautes tours d’une arcologie industrielle qui avait abrité le labeur de millions de travailleurs.
Soufflé comme un fétu de paille au premier bombardement orbital des xénos.
“Il ne reste ici que des miséreux, et ceux qui se battent encore aujourd’hui en Son nom” dit-il. “Mais il y a en effet des mécontents, insatisfaits de servir de pillards ou de ravitailleurs pour Ses armées. Et certains ont décidé de frapper ou déserter”
“On nous a dit que vous en saviez beaucoup sur votre population. Que vous n’étiez pas un général, mais un guide pour ceux-ci”
Llyode fit un sourire triste, son regard sombre se perdant sur la suite de Talid. Il remarqua le guerrier manchot, redoutable malgré sa mutilation dans son armure carapace écaillée, la main sur la poignée d’une longue épée tronçonneuses. Il remarqua aussi la soeur hospitalière, dont les artefacts de la fonction s’étaient perdus entre les vestiges de ses robes, sa trousse médicale et les besoins du champ de bataille qui l’avaient vu vêtir un ensemble pare-éclats de la Garde Impériale. Un jeune homme se tenait derrière elle, ayant au plus dix rotations stellaires, s’agrippant à ses jupes usées.
“Les temps exigent que tous les chefs soient comme des généraux, puisse-t-Il un jour nous en préserver” fit Llyode. Il se releva de son siège en soupirant, allant scruter la ville de son regard atterré. Il leva les yeux un moment, regardant le bloc de condominiums pour bien nantis qu’il avait réquisitionné de l’autre côté de la ville.
“Je ne crois pas que ce que vous cherchez n’existe” dit-il, amenant son regard vers la rue en contre-bas. Ses hommes s’agitaient près de véhicules, terminaient de charger des caisses de munitions et de vivres. Une prochaine offensive approchait.
Il le savait, la seule et vraie offensive.
Il ramena son regard sur le bâtiment devant lui. Les bannières de lins souillé, un grand C cramoisi peint à la va-vite sur leur surface, le numéro de l’unité incrustée dans son sein.
Il vit un éclat sur le toit. Le reflet du jour défunt dans la lunette d’un tireur. Qui l’observait lui.
Il avala difficilement. Et pivota vers ses invités.
“Mais je peux vous aider autant que possible” murmura-t-il. Il agrippa son verre.
“Est-ce que l’Inquisiteur Gilles Wylmarth de l’Ordo Chronos sera présent?” demanda-t-il, remplis d’anticipation, ou d’appréhension.
“Non, il est malheureusement pris en orbite. Le culte a justement mené une attaque qui l’a occupé” fit Talid. Son homme de main, le grand gaillard à sa droite, se durcit. L’aristocrate était convaincu qu’il aurait pu voir sa mâchoire se crisper sous son heaume.
“Dommage. Et bien, sachez que les assauts des terroristes sont sans pattern évidents. Bien sûr, ils frappent des convois d’armes, des réserves de munitions ou des dortoirs occupés par Son Insigne Garde Impériale. Mais rien de précis, si ce n’est la valeur évidente de ces cibles”
Ce fut la religieuse qui s’avança, pressant la conversation et forçant l’aristocrate à masquer sa déception ou sa détresse face à cette nouvelle. Il n’avait pas prévu la venue de ce Talid. Ni l’absence de Wilmarth.
“Soeur Cassandre” l’introduit le jeune Talid.
Cassandre Maseratti déplia une carte usée et tachée de sang depuis sa bourse. “Pouvez-vous nous indiquer les centres médicaux névralgiques à proximité de ces environs?” demanda-t-elle. “Des blessés et survivants finiraient sans doute dans ces environnements. Nous pourrions commencer par eux”
Llyode acquiesça.
“L’hôpital le plus proche, madame, est de l’autre côté de la rue” dit-il en pointant de son pouce au-dessus de son épaule, vers le bâtiment ou il avait vu le tireur embusqué. “Mes hommes vous y escorteront”
Sur ces paroles, la double-porte ouvrit de nouveau. Le colosse de chair augmentée s’avança entre celles-ci, la tête aux dents de diamants de sa hache tronçonneuse percutant la bordure d’argent martelée de l’un des deux battants, et il fit un signe de tête.
“Monsieur, Inquisiteur”
***
Lax Dackbar avait laissé l’humidité écrasante de la maison de la mort sous ses pieds pour le froid mordant et réconfortant de la brise irradiée de Stella Viacrux. La porte en acier torturée battit derrière lui et il fit son chemin en enjambant les débris laissés par le souffle de la détonation nucléaire.
Soucieux de faire un progrès rapide, il s’était avancé d’une poutrelle tordue à une assise de plasbéton, zizaguant entre les ruines d’un longement emporté et les tentures vagabondes accrochées dans ses serres mutilées.
Il posa finalement son fusil anti-char sur la bordure du toit, prenant soin d’être couvert par une vieille toile déchirée empalée sur la charpente métallique qui aurait joint la voûte de la cité entre de meilleurs jours. Il plaça son oeil derrière la lentille, et concentra son attention à temps pour voir l’aristocrate lui tourner le dos dans sa baie vitrée afin d’entamer une conversation avec ses camarades.
Lax analyse les déplacements de sa proie potentielle pour identifier les moments ou il s’apprêtait à parler, afin d’expirer dans ces instants au cas ou l’instant d’après en serait un ou il devrait serrer la détente. Conservant son souffle jusqu’au prochain indicateur non-verbal de sa cible, il recommençait à chaque fois, son arme stable, sa visée juste. Prêt à envoyer cet individu de l’autre côté si jamais la nécessité s’en présentait.
Son regard croisa celui de Llyode lorsqu’il se retourna avec un air amère pour fixer les ruines et l’hôpital improvisé.
“Je crois que Llyode m’a spotté” fit Lax, restant parfaitement immobile malgré tout. Il vit un bref mouvement de Tavor Grypharion. L’Héritier Tempestus secondé aux Très Saints Ordos Goriae fit un vague mouvement trahissant qu’il avait reçu l’information. Ses muscles pratiqués se crispaient probablement sous sa cuirasse, et Lax savait qu’à deux ils seraient capables de gérer le danger.
Il vit finalement ses collègues sortir, escorter par un massif fier-à-bras vêtu comme un explorateur des slums d’une cité ruche. Lorsque la porte se referma, il remarqua le noble s’écarta de la baie vitrée en saisissant le combiné vox dont le fil pendit un moment. Une cible tentante, mais Lax savait qu’ils étaient au bout de leurs ressources, et que ce n’était pas le temps de relâcher l’enfer sur leurs têtes.
Il se retira lentement de son nids, reculant en rampant pour ne pas être vu, et franchit la porte menant au niveau inférieur, sentant la vague de l’humidité brûlante le frapper comme le premier symptôme d’une fièvre mortelle.
***
Il s’était immobilisé dans les marches menant au niveau inférieur alors que Cassandra était la première à passer, accompagnée du colosse musculeux et de cinq des miliciens couverts de longs manteaux et foulards écarlates.
Dans les marches menant au rez-de-chaussée, Talid et Grypharion s’étaient arrêtés pour murmurer. Leurs arrières étaient couverts par cinq autres des miliciens de Llyode. Les yeux cybernétiques de Tavor ne quittaient pas le dernier de ce groupuscule.
Il l’avait identifié dans le manoir en face comme portant un médaillon suspect et similaire à celui qu’ils avaient récupéré sur les cultistes de la Convergence Écarlate en orbite. Ses habits de meilleure qualité trahissaient du kevlar et du plastacier cousu, et son épée tronçonneuse en parfaite condition démontrait l’expertise d’un professionnel de la mort.
Sans hésiter, ce dernier le fixait longuement en retour, avant de redevenir décontracté et observer les marches en bois usé ou les murs de préfinis rongés par la moisissure apportée par l’humidité. Tavor sentait les gémissements des blessés et des malades lui monter à la tête.
À l’extérieur, un crissement de pneus retentit. Si bref, si sec, qu’ils se crispèrent. Leurs compagnons aussi.
“Je n’aime pas ça” murmura Tavor à son capitaine. L’héritier de la dynastie Talid acquiesça. Et c’est alors qu’ils entendirent la voix de Lax dans leur oreillette.
“Trois véhicules en fuite. Rapidement. Ils quittent vers l’extrémité du quartier”
En haut, Cassandre avait commencé à observer les blessés. Trois guérisseurs priaient au pied du lit de certains d’entre eux. Les autres étaient étendus, la plupart complètement immobiles, sur des couches improvisées. Le mur séparateur entre les deux loyers de cet établissement prestigieux avait été abattu, ne laissant que la rumeur gênante d’une structure au sol.
Le regard de la Soeur Hospitalière se posa un bref moment vers un massif buffet en bois noir, le vernis duquel écaillait peu à peu. Il était situé entre les deux massives fenêtres donnant sur la rue qui les séparait du manoir de Lyod. Un des hommes de main de leur bienfaiteur s’était adossé sur le meuble en bois, qui contenait sans doute un autel miniature à Sa gloire.
L’espérait-elle, du moins.
Le jeune garçon la suivait étroitement, sortant déjà de sa besace bandages et fioles médicinales. Elle s’adressa à l’un des guérisseurs, mais ce dernier se crispa sans répondre.
Il y avait au moins cinquante blessés. La plupart étaient dans des états de grande brûlure. Cela correspondait bien aux armes incendiaires relâchées par les terroristes. Facile à produire, effets garantis.
Elle ne remarqua pas les hommes qui se positionnement de façon à ce qu’elle soit entre la cage d’escalier et eux. Elle ne remarqua pas le colosse augmenté de muscles qui se positionna dans son angle mort. Le jeune garçon commençait à s’agiter, mais il refusait encore de parler après les événements de l’Oeil de l’Empereur.
Elle l’ignora, se mettant à genoux, révélant les plaies incendiées des victimes ici rassemblées. Aucun n’allait survivre. L’endroit était trop chaud, humide. Le papier peint décollait des murs, de la moisissure obscure se formait sur les panneaux de bois importés.
Un gaspillage de vie et de richesse.
Elle entendit des détonations. Mais à peine.
Celles-ci étaient couvertes par le rugissement d’une arme tronçonneuse qui s’abattait sur elle.
Le petit cria, elle trébucha sur le lit et l’arme sectionna la bordure d’une colonne de soutiens dans une pluie d’étincelles.
Cassandre vit les autres miliciens lever un attirail de carabines lasers, fusils à pompe et armes improvisées. Elle tendit sa main gauche et sa paume s’ouvrit dans un claquement métallique, révélant la chambre de son pistolet lance-flammes intégré. Elle relâcha un torrent incendiaire avant qu’ils ne pressent la détente et les enveloppa de Son feu purificateur.
Leurs cris furent emportés par l’arme tronçonneuse du géant augmenté qui la heurta de plein fouet. Son bras cybernétique dévia le coup dans une pluie d’étincelles mais elle reçut quand même la tête massive et le moteur affamé de l’arme tronçonneuse en pleine poitrine.
Son gilet pare-balles céda et elle sentit ses muscles et ses os rompre à l’impact, mais elle trébucha encore une fois à cause du petit qui s’agitait.
“Ralentis-le!” cria-t-elle.
Le jeune homme pivota et lança une fiole d’alcool à friction en plein visage de son agresseur. Ce dernier lâcha un cri de douleur et s’apprêta à frapper du revers de son arme contre l’enfant. Il n’eut pas le temps. Soeur Maseratti arrosa l’infidèle d’un torrent incendiaires et ce dernier chancela, se mettant à crier, se débattant. Ses yeux s’ouvrir dans un visage se liquéfiant pour la fixer avec fureur. Il tenta de tarir les flammes enragées mais sans succès.
Le garçon recula de quelques pas, ses yeux grands ouverts face à la combativité de leur ennemi. Cassandre le plaqua de côté et envoya sa lame tronçonneuse dans un mouvement net de son fourreau aux hanches de l’hérétiques. L’arme mordit, arracha de son manteau d’armure et l’éventra.
L’hérétique tomba à genoux, encore enflammé, se débattant et couinant pathétiquement, et elle saisit le petit garçon pour l’éloigner de la fournaise humaine.
Dans les marches, les détonations avaient eu lieu avec toute la fureur condensée que pouvait contenir une cage d’escalier.
Tavor fut heurté par un coup de fusil à pompe à bout portant et s’effondra sur le dos alors que son armure craquelait sous les détonations d’une multitude de tirs. Le champ réfracteur du capitaine Talid s’illumina sous les tirs et il chancela lorsqu’une balle l’atteint dans le creux de l’épaule et que le sang chaud se mit à couler.
Un instant plus tard, la seconde salve retentissait de leurs assaillants, mais cette fois non sans réponse. Le pistolet bolter du capitaine Talid bondit dans sa main et en deux pressions de la détente, deux des héritiques le couvrirent de viscères et repeignirent les murs écaillés de la cage d’escalier.
Tavor poussa un cri de rage, se redressant alors que la moitié de son masque tactique pendait pour révéler on oeil cybernétique déchiré et la moitié de son visage mutilé. Son arme tronçonneuse quitta son fourreau d’un mouvement malhabile, mordit dans le préfini du mur dans une pluie de confettis poussiéreux, avant de finalement égorger un premier ennemi qui déboula les marches.
L’Héritier Tempestus bondit dans les marches au-delà de son capitaine, et éventra un autre ennemi d’un mouvement brusque porté par une arme trop longue pour un environnement fermé et pour être utilisée à un seul bras. Le fantassin de l’Inquisition n’avait qu’une cible et c’était le professionnel en bas des marches.
Il enjamba sa dernière victime et son arme s’abattit contre un coup porté par l’épée tronçonneuse de sa cible alors que Talid abattait un autre hérétique d’un bolt en plein ventre, lui extirpant son dernier repas et son contenu. L’arme de Tavord mordit tout juste dans la clavicule de sa victime, arrachant kevlar, tissu renforcé et quelques premières gouttes de sang. Leurs regards se croisèrent, les deux tordus par la douleur.
Talid fut plaqué contre le mur d’un coup du fût d’une arme automatique et il ouvrit le feu en réponse. Son projectile mordit dans l’épaulette blindée de sa victime et la lui arracha dans une gerbe de sang, exposant des muscles déchirés. L’hérétique cria mais fit feu de nouveau, ce que le capitaine esquiva alors que le mur derrière lui se transformait en passoir.
Sur le toit, le grondement puissant de l’arme anti-char de Lax retentit. Une première fois.
Le capitaine trébucha dans les marches ruisselantes de gore. Son ennemi épaula son arme à feu et fit feu. Le champ réfracteur absorba la détonation et la douille fumante du cultiste ne roulait pas encore sur le bois taché de sang que Talid tirait de nouveau. Un autre coup imprécis qui frôla et explosa hors des côtes de son agresseur qui fut quand même plaqué contre le mur voisin.
Talid se redressa et usa toute sa largeur d’épaule pour plaquer l’hérétique mutilé contre le mur. Il lui arracha son arme des mains et lui broya la trachée d’un coup du fût de celle-ci.
Tavor lui, pressa son avantage alors que son ennemi s’apprêtait à porter un coup qui lui serait sans doute fatal. D’un grognement d’effort, il força son épée à s’enfoncer dans le corps de sa victime. Celle-ci commença à s’agiter de spasmes et de douleur alors que l’arme progressait jusqu’à l’intérieur de sa hanche. Un torrent écarlate fut expulsé sur les murs environnants, aspergeant des civils du rez-de-chaussée qui quittaient la demeure en criant de panique et d’honneur.
Lorsque le cultiste s’effondra, Tavor fit de même, son dos frottant contre le mur gluant.
Les cris et les détonations à l’extérieur motivèrent Talid à tourner le dos, Tavor trouvant la force de lui coller aux talons, et ils arrivèrent dans la salle médicale. Les trois guérisseurs s’étaient levés.
Cassandre les observait avec une horreur existentielle alors qu’elle voyait leurs vêtements s’enflammer pour révéler leur peau calcinée se craqueler, laissant de leur chair vive et de leurs organes surgir des flammes aveuglantes, lesquelles prenaient en intensité.
Talid grimaça de dégoût et fit feu, arrachant une masse de chair grosse comme un géo-globe du torse de l’un d’eux sans qu’il ne bronche. Une rafale de fusil radiant laser de la part de Tavor ne laissa que quelques trous fumants ou ils auraient dus cuir ou vaporiser la chair. Cassandra lâcha un torrent de flammes sur l’un d’eux, et celles-ci furent absorbées dans la supernova naissante qu’étaient leurs corps.
“Ça va chier” fit Talid “Évacuation!
Il avait dit cela en pressant son oreillette, reculant non sans cesser de pointer les trois engeances du Warp de son pistolet bolter. Tavor lui emboîta le pas, préférant ouvrir la marche pour être certain qu’ils ne seraient pas attendus par d’autres cultistes.
Cassandre masqua les yeux du petit garçon afin qu’il ne voit pas le carnage sanglant laissé par ses collègues dans la cage d’escalier. Une autre détonation retentit sur le toit alors que Lax parvenait à endommager de façon fatale le moteur du véhicule de transport en fuite. Il rejoignit le groupe au pas de course.
Tavor trébucha.
Lax l’enjamba, indifférent et surgissant hors de la porte frontale du bloc d’habitations.
Tavor se redressait, reprenant sa route, lorsqu’il remarqua que Talid perdit pied, s’appuya contre le mur sanglant, et peina à se redresser. Le capitaine était pâle de perte de sang, et venait tout juste d’être dépassé par Cassandre.
La chaleur grimpait. Les murs s’enflammaient. Une supernova naissait.
Cassandre hésita. Elle sentait la main du petit contre elle. Elle vit son bon capitaine reprendre la course, sautant des marches, mais trop lentement. Il était comme un esclave chargé de plombs.
Il lui fit un signe de tête. Confiant ou résigné.
Elle surgit à l’extérieur juste à temps pour s’éviter la détonation.
Le souffle les plaqua tous au sol. Sauf le capitaine.
Celui-ci fut projeté comme une comète hors du bâtiment. Son champ réfracteur était léché de flammes tenances qui l’enroulaient comme un nid de serpent voulant se délecter de sa proie. Il percuta et défonça la porte de la demeure opposée. Le champ réfracteur détonna et une pluie de shrapnels et de débris envahirent le hall d’entrée de l’autre côté, fracassant la vitre couverte de suie du salon voisin. Un instant plus tard, alors que soeur Cassandre se redressait de peine et de misère, constatant qu’elle pissait elle-même le sang de sa rencontre avec une hache tronçonneuse, elle vit le capitaine Talid sortir en chancelant, auréolé de flammes qu’il laissa retomber avec les vestiges de son manteau.
Il tomba à genoux et perdit connaissance, à l’image de Tavor qui n’avait pas bougé après avoir été soufflé par la détonation.
“Tu saignes” fit le petit garçon, ses premiers mots d’une douceur contradictoire avec le craquement des flammes et les cris de panique des civils aux environs. En cet instant, le froid mortel de Stella Viacrux ne lui paraissait que distant. Elle allait rejoindre la droite de l’Empereur, sa vue devenait floue, les sons distant et elle…
Se crispa.
“Applique de la pression là, mon fils” dit-elle avec autorité. Le jeune homme n’hésita pas, tirant les bandages, les posa sur la plaie ruisselante. Sa force était surprenante pour son corps frêle. Elle tira de sa trousse médicale une brocheuse chirurgicale et elle appuya sur une rune qui indiqua la tâche à faire. L’appareil identifia la blessure, et elle appuya sur la détente. Peu de précision, peu de douceur.
Elle grimaça de douleur et ferma la plaie. Elle se coucha sur le dos, tentant de conserver son souffle et sa concentration, et le petit l’enjamba à califourchon, maintenant la pression. Sa main cybenrétique ne fonctionnait plus, manquant d’énergie vitale tant son corps était en train de l’abandonner.
Son gant de cuir tapota la présence d’un gel régénérateur, et elle le tendit au petit qui l’ouvrit avec ses dents avant de le lui redonner. Elle l’appliqua généreusement sur sa plaie.
“Panse, agrafe, recouvre” dit-elle, chaque mot prononcé avec moins de force, moins de vigueur.
Et soeur Cassandre perdit conscience.
Report Date
15 Oct 2023

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