Route du Fou

La route du Fou relie Chokmah à Kether. Son nom original est Aleph (א) .

Géographie

La Route du Fou est un chemin inachevé, qui mène les âmes jusqu’à l’extrémité d’un précipice vertigineux.

Au-delà, rien n’est visible, si ce n’est la Couronne de Kether qui rayonne dans le lointain, entourée d’une lumière inaccessible.

Ascension (route 11)

Sur cette route, les anges du jugement de Caeli Casus laissent les âmes cheminer vers l’inconnu que représentent Kether, sa Couronne et surtout, la réunification avec EL.

Sur cette route, les âmes sont mises face au précipice qui les sépare de Kether, et de la réunification avec EL. Elles doivent sauter dans ce précipice, le plus vertigineux de la Création. Ce précipice représente l’aspect définitif de la réunification avec EL.

Les âmes qui réussissent cette épreuve sont celles qui lâchent prise sur leur existence et acceptent de se réunir à EL. Ce geste d’altruisme absolue requiert à la fois sagesse et pure insouciance. Les âmes qui paniquent, refusent, ne se sentent pas prêtes, échouent.

Incarnation (route 0)

La chorale Lights on ! cultive les âmes sur la route du Fou. Sur cette route, les principautés tentent de rappeler à EL, donc aux âmes, son origine, le moment ou Ein Sof surgit du néant. Le moment où de l’infini vide de l’Ayin, EL, la conscience créatrice, émergea et se divisa en deux aspects, EL et AZ, pour commencer à créer. Un évènement inexplicable, sans cause connue des élohim, pourtant à l’origine de toutes les conséquences de la Création. La naissance du Créateur est d’une totale insouciance et conscience à la fois. Les principautés de la route du Fou ont un grand défi à relever. Rappeler à EL les raisons de son existence sans els-mêmes en connaître la cause. La naissance du Créateur était-elle voulue ? Ou n’était-ce que du hasard ? Seul le Créateur el-même le savait avant sa destruction. Le saura-t-el de nouveau un jour ?

Symbolisme

La carte du Fou, ou Le Mat, occupe une place unique dans le Tarot ésotérique. Dépourvue de numéro, ou parfois marquée d’un zéro, elle se tient en marge de l’ordre établi. Elle est à la fois le commencement et l’aboutissement du chemin initiatique : l’âme qui s’élance pour la première fois dans le monde, et l’initié accompli qui, ayant traversé toutes les épreuves, se libère de toute attache.

Le Fou incarne ainsi la liberté absolue, le détachement et la spontanéité. Il avance avec confiance, guidé par une force intérieure plus grande que lui, indifférent aux conventions et au jugement du monde. Mais cette même liberté porte en elle une ambivalence : pureté et ouverture d’un côté, naïveté et imprudence de l’autre. Marcher au bord du précipice, c’est embrasser le risque de la chute, mais aussi celui de l’envol.

Dans la tradition kabbalistique, le Fou est associé à la lettre Aleph (א), première de l’alphabet hébraïque. Aleph est silencieuse : elle symbolise le souffle primordial, l’esprit divin avant toute parole, la vibration première qui met en mouvement la Création. Sa valeur est l’unité (1) mais sa forme évoque aussi le zéro, rappelant que l’infini et le néant se rejoignent dans le mystère de l’origine.

Sur l’Arbre de Vie, Aleph relie Kether (la Couronne, l’Unité incréée) à Chokmah (la Sagesse, le jaillissement premier). Le Fou est donc ce passage, ce canal invisible où le souffle d’EL commence à se manifester. Il est l’air, principe de mouvement et de vie, qui anime l’univers tout entier.

Ainsi, le Fou du Tarot et l’Aleph de la Kabbale expriment ensemble le même mystère : celui de l’esprit en marche, de la conscience qui s’élance hors du néant vers l’infini des possibles. C’est l’archétype de l’âme voyageuse, portée par le souffle divin, qui accepte l’inconnu comme sa demeure et avance sans crainte vers son destin.