Aera

Il est de tradition à Iccelas de donner aux enfants qui partent s'aventurer dans la nature une poignée de pépins de pomme en guise de bénédiction. On y dit que, si jamais ils se perdent et qu'ils rencontrent l'âme bénévolante d'Aera, ils pourront les lui offrir, en échange de quoi elle les ramènerait sain et sauf.

Atlas du premier monde et autres lieux à porté de pas, Rumpus De Courmomble

Voici l’histoire que, autrefois, chaque ancien racontait au premier départ de sa jeunesse...
C'était un soir sombre de tempête, les forêts se brisaient sous le vent, les plaines s'inondaient sous les torrents du ciel et ce dernier s'illuminait de la foudre.
Sous ce ciel malheureux se trouvait une femme, démunie, qui cherchait désespérément un refuge pour sa famille.
Mais peu importe si elle cherchait chez le paysan et le seigneur, le bourgeois et l'artisan, nul ne répondait à sa demande, laissant sa famille sous les dangers du vent, des flots et de la foudre.
Alors que, se pensant à tout jamais perdue, la femme vagabondait sans but au pire de la tempête, une éclaircie lui apparu, révélant une jeune femme aux cheveux noirs et à l'œil bleu, habillée d'une simple cape rouge.
S'empressant alors pour tomber à terre devant cette inconnue, la vagabonde la suppliât alors. "Donnez sécurité à ma famille, je vous paierai n'importe quel prix."
La jeune femme lui répondit alors, lui tendant une main pour la relever. "Je ne demanderai qu'une chose en échange de la sécurité de ta famille. Le don que les flammes t'ont offert. Celui de faire grandir la vie."
Acceptant sans condition, la vagabonde et sa famille suivirent alors Aera, qui s'était révélée à eux et s'enfoncèrent au plus violent de la tempête, où les montagnes elles-mêmes s'arrachaient sous la puissance du vent, les terres n'étaient plus différentes des mers et plus aucune étoile du ciel ne pouvaient exister sous la foudre.
Mais, protégée par Aera, ni la femme ni sa famille ne subirent le moindre mal.
La divinité les conduit, pendant 5 jours et 5 nuits, à travers ce périple pour arriver enfin à la promesse qu'elle avait faite à la vagabonde. Là, au centre de la tempête, se trouvait un calme absolu. Ni vent, ni pluie, ni foudre. Simplement une maison, un verger et un champ.
"Va, je te les offre." dis Aera, pointant l'endroit du doigt. "Rien ne t'arrivera ici, ni à toi, ni à ta famille. Maintenant, c'est à toi de m'offrir quelque chose."
La vagabonde, terrifiée à l'idée de perdre la capacité de faire grandir la vie, eut alors une idée folle. Elle s'approcha de l'un des pommiers du verger pour y récupérer une simple pomme avant de déclarer. "À toi, Aera, pour nous avoir conduit ici en sécurité comme tu l'avais promis, je t'offre le don de faire grandir la vie." Et, ouvrant la pomme en deux à l'aide de ses mains, elle récupéra les pépins pour les tendre à la déité. "Chacune de ces graines est capable de grandir et de donner elle-même la vie. Je t'en fais don, pour que, toi aussi, tu puisses faire grandir la vie à ton tour."
L'accord techniquement respecté, Aera n'eut d'autre choix que de se retirer, laissant la vagabonde et sa famille en sécurité en saluant l'ingéniosité de la mortelle.
Depuis lors, il est de tradition d'offrir une poignée de pépins de pomme si l'on souhaite obtenir d'elle de l'aide dans les situations les plus noires.