Le dessin inconnu

Le rôle exact du dessin n'a pas encore été déchiffré par les nevrils. Cela dit, il est évident qu'il s'agit d'une forme de message transmis par leur divinité. Des tour de table ont régulièrement lieu pour en débattre. L'étude et la reproduction de l'œuvre fait parti des activités courantes des nevrils. Avant tout, cela dit, les nevrils le voient comme une preuve. C'est le centre de leur croyance.

Aujourd'hui, ce document sert à unir les nevrils. C'est le document fondateur de la secte Nevramirh.

Des copies du document existent à toutes tailles, dans les habitations de nevrils et dans les lieus de cultures nevrins. L'original, cela dit, est protégé et étudié dans des temples privés, inaccessible au public.

Selon la loi de liberté de culte et de croyance, dans la limite du respect olérin et génétiquement divin (articles 121 à 137 du code de conduite individuelle, et articles 381 à 692 du code de conduite des organisations non-gouvernementales et non-commerciales), les organisations religieuses ont le droit de déclarer des "documents sacrés". Ce dessin a donc été déclaré dans les règles, pour la religion "Nevramirh". Par principe, il faut donc respecter la validité, pour les nevrils et ceux qui ont une foi adjacente au nevramirisme, la validité de ce document.

Personne ne sait quand, comment et pourquoi ce document a été produit. Les nevrils l'ont adopté comme un message de l'être mythique, la divinité tutélaire de leur croyance. Ce message aurait été réalisé et envoyé durant (ou juste après) la chute d'Atlerah.

L'être mythique avait déjà acquis des croyants individuels à Bosphorem, avant la découverte du dessin. Cela dit, l'apparition du dessin engrange le processus d'officialisation de cette croyance, et amène beaucoup de convertis, incluant des archéologues l'ayant trouvé. Il devient le centre d'une croyance qui, jusque-là, ne reposait sur rien.

La chute d'Atlerah a bouleversé Bosphorem, voilà environ deux millénaires. Le sol s'est fendu avec le réveil du Stourgreun'schtimette, les murs entourant la ville se sont transformés en barreaux, enfermant les habitants dans un cocon mortel. Moins d'une centaine de personnes ont pu fuir alors que l'éboulement a emporté la ville entière vers le fond. Un fort courant les a accompagné, anormal, enflé d'une magie inconnue. Les survivants racontent qu'on pouvait entendre les échos des cris d'enfants partout autour d'eux. La chaleur est montée à toute vitesse ce qui, au final, est ce qui a fait le plus de victimes.

C'était une journée comme les autres. Mes filles sont parties à l'école à côté, à Vivremirh. Je préparais des biscuits. J'ai changé le philtre du salon. Et pouf, paf, le courant, la chaleur, les cris. J'étais plongé en enfer, sans aucun Hell'U à l'horizon.

— Marjón Heggfrost

Pendant des années, les témoignages des survivants ont suffi à éloigner quiconque voulait s'approcher. L'identité de celui (ou celle) qui a creusé un trou à travers le Stourgreun'schtimette, le renvoyant dormir, est toujours inconnue à ce jour. À l'époque, les spéculations ressemblaient à une anthologie de mythes plus ridicules les uns que les autres. Deux témoins ont dit que le monstre allait écraser une petite maymayguashi verte, et que les courants l'ont emporté alors que la bête a hurlé.

Il a fallu attendre un demi-siècle pour que des recherches soient enfin menées. Des morceaux du Stourgreun'schtimette ont été retrouvés, ainsi qu'une grande quantité de cadavres, écrasés ou cuits vivants. Et, au milieu des décombres, frais et inaliéné, trônait le Dessin Inconnu.

Même ceux qui refusent de croire que le dessin mystérieux est l'œuvre d'une créature mythique digne d'être vénérée ont été surpris, au moins. Ce dessin n'a aucune raison d'être ici, dans ces matériaux, dans cet état. Son existence dans les ruines d'Atlerah ne fait juste aucun sens.

La population est divisée à ce sujet. Les nevril sont très fiers de ce document, vu comme une preuve ultime de la véracité de leur croyance. Les autres bosphorémides ont honte. Ils sont même mortifiés, quand un étranger découvre que ce document est vénéré par certains.