Migrations agricoles

Les va-et-viens du garde-manger

Pour organiser une rébellion, il faut un groupe soudé, ayant réussi à construire une confiance forte, et se connaissant bien. Pour empêcher une rébellion, il suffit d'empêcher que ce groupe ne se forme. Pour cela, rien de plus simples : tous les dix jours, une portion des "servants mouvants", les personnes les plus miséreuses d'un territoire, doit s'en aller. Chacun·e sera envoyé·e vers une destination différente, où iel restera entre deux cent et six cent jours, avant de repartir. Sans racines, sans contacts, sans savoir combien de temps il leur reste avant de repartir, les miséreux ne peuvent pas s'organiser.

Les migrations serviles sont une question de sécurité nationale.

Normalement, les destinations sont établies selon le hasard et les demandes en main d'oeuvre. Certain servants, cela dit, ont des circonstances particulières, que ce soit à cause de leur·s condition·s d'existence·s, de leur passé ou encore de leur·s compétence·s. C'est ce dernier argument qui concerne le plus les "migrations agricoles", une catégorie particulière des migrations serviles tournant autour du besoin de s'alimenter.

Aria Migrations

Histoire

Les migrations serviles sont aussi vieilles que le Conseil d'Aria. Très vite, les migrations agricoles ont suivies. Cela dit, à leur création, c'était toute la population (ou presque) qui se déplaçait pour pouvoir produire la nourriture nécessaire. Il est vite devenu clair que ces grands déplacements étaient lourds. Alors, progressivement, la population a été divisée et une partie restait constamment sur place.

Exécution

Le déroulement des migrations dépend du rang social des servants, et de leur affiliation.

Aucune affiliation

Des fonctionnaires communs du conseil d'Aria et du firqil sont chargés de trier les dossiers de servants et de leur attribuer de nouvelles stations.

Affiliations nationales

Chaque nation est responsable de créer et faire administrer son propre tri des servants, qui respecte les exigences du conseil d'Aria et du firqil pour chacun des rangs.

Sales et impurs

Un messager et un garde viennent le jour du départ et laissent au servant une poignée de minutes pour rassembler ses propriétés, après l'avoir escorté à son domicile à cet effet. Le servant est immédiatement emmené, sans avoir le temps de parler à qui que ce soit.

Autre

Un messager arrive en début de semaine prévenir toutes les personnes concernées par le prochain départ. Ces dernières déplacent leur quartier dans le véhicule au courant de la semaine, et ils partent pour arriver au prochain point d'arrêt au début de la semaine qui suit, ou, pour le dernier point d'arrêt, à quatre jours de la fin de la semaine.

Esclaves concernés

Le maître et le responsable sont prévenus dix jours en avance. Un messager et un garde arrivent la veille du départ, et s'adaptent (partiellement au moins) aux demandes du maître, du responsable actuel et du futur responsable pour le transport.

Composants et Outils

Les servants s'en vont dans des bateaux prévus spécialement pour la migration servile. Certains sont même spécialisés dans la migration agricole. Ces bateaux sont prévus pour avoir de nombreuses cabines, et tout le nécessaire pour gérer les urgences médicales à bord. Ils ont aussi une grande capacité de stockage, pour ne pas manquer de provisions. Les cabines sont démontables pour prendre moins de place et augmenter le stockage, au besoin, pour faire circuler les produits de cette migration.

Participants

On peut diviser les personnes concernées par ces traditions en six groupes principaux : les servants non privilégiés, les servants privilégiés, les servants sédentaires, les organisateurs, les propriétaires et les nobles bénéficiaire.

Servants non privilégiés

Le bas de l'échelle de servitude est déplacée selon les besoins et peut être réaffectée avec peu (ou pas) de préavis. Ils ne servent qu'à combler des trous et n'ont pas besoin d'avoir de compétences particulière. En général, ils reçoivent les postes les plus pénibles. Il est facile de croire que, puisqu'ils ne restent que pour de courtes durées et qu'ils n'ont aucune véritable plu value, ils peuvent bien supporter les tâches ingrates.

Ils sont ceux qui gagnent le moins et perdent le plus. Ils sont aussi les plus facilement soupçonnés de s'associer avec leurs semblables. Pour éviter leur départ (ou le contrôler), leurs propriétaires doivent payer un "frais d'augmentation artificielle" pour les faire artificiellement grimper sur l'échelle sociale.


 
Servants privilégiés

Leurs compétences et/ou leur classe sociale assurent à ces servants mobiles une migration plus confortable, que ce soit vis à vis du moyen (prévenus à l'avance, meilleure nourriture, etc...), ou vis à vis des connaissances. Les servants privilégiés sont installés à des postes à haute valeur ajoutée, où ils seront réellement exploités à leur juste valeur. Parfois, il s'agit de servants non privilégiés dont les propriétaires sont en procédure de valorisation, que ce soit artificielle (paiement temporaire) ou effective (preuve de compétences, de valeur ou de mérite).

Leur particularité les associe à certains rôles spécifiques. Par exemple, ils peuvent être chargés de contrôler la croissance des plantes, ou d'élaborer le plan de plantation. Ils sont habilités à donner des ordres aux autres servants d'un rang plus bas, dans la mesure où cet ordre servirait l'intérêt général de la plantation.


 
Servants sédentaires

Par définition, les servants sédentaires ne participent pas directement aux migrations serviles. En effet, ces derniers sont autorisés à rester sur leur lieu de résidence. Cela dit, cette sédentarité ne signifie pas qu'ils n'ont aucun rôle à jouer. Au contraire, c'est cette particularité qui est ici utilisée.

La connaissance des lieus et l'ancienneté des servants sédentaires en fait de parfaits supérieurs pour les autres servants. Ils peuvent les former, les guider et les mettre en garde sur les particularité géographiques du terrain où ils vivent.


 
Organisateurs

Leur rôle est essentiel, car toute l'opération repose sur eux. Ce groupe inclus les décisionnaires, qui travaillent souvent depuis leur bureaux, autant que les marins qui transportent les servants. Ils doivent s'assurer que le transport ait lieu dans les meilleurs conditions. Le contrôle des risques d'accidents, de maladies et d'évasions reposent sur leurs épaules, ainsi que l'approvisionnement réaliste de chaque parcelle en main d'œuvre et en matérielle.

Dans le cas d'un évènement indésirable, les organisateurs seront les premiers soupçonnés, à tous les niveaux. C'est aussi sur eux que reposent la confiance des propriétaires et des nobles, et c'est auprès d'eux qu'on lieu toutes les démarches pour altérer ces migrations.


 
Propriétaires

Certains servants mobiles (ou sédentaires) sont liés directement à Aria, d'autres appartiennent à des pays et d'autres, encore, sont à des individus (souvent nobles). C'est de ce dernier groupe dont on parle quand on mentionne les "propriétaires".

Quand les migrations agricoles ne nécessitent pas leurs servants, les propriétaires peuvent en faire ce qu'ils veulent. Quand on les appelle, cela dit, les propriétaires n'ont pas d'autre choix que de se plier aux exigences des organisateurs, pour éviter toute famine. Il est possible qu'un ou plusieurs servants aux qualifications différentes (inférieures, souvent) leur soient confiés pour combler l'absence du leur. Si l'absence devait durer plus de quarante jours, alors les propriétaires reçoivent, en plus des remplaçants, une compensation financière dépendant surtout des qualifications de leur servant et de la durée de son absence.


 
Nobles bénéficiaires

On parle autant de "nobles bénéficiaires" pour ceux qui bénéficiaient des servants (et s'en voient séparer) que de ceux chez qui les servants opèrent.

Les bénéficiaires qui se séparent de leurs servants (qui ne leur appartiennent pas) doivent coopérer avec les autorités et ne peuvent pas exiger de remplacement non motivé. S'ils ont la charge d'un espace ou d'une tâche nécessitant plus de main d'oeuvre que ce qu'ils ont à leur disposition, alors ils pourront la réclamer aux organisateurs qui les enregistreront sur leur registre, selon leur priorité.

Les bénéficiaires qui accueillent des servants doivent accommoder leurs besoins (en logement et nourriture), s'assurer de leur bonne intégration, et du maintient de leur santé.


 

Respect

Contrairement aux autres migrations serviles, les migrations agricoles suivent un calendrier stricte, planifié et prévisible, pour tirer au mieux parti des compétences des différents acteurs. En effet, la production alimentaire, nécessaire au maintient de toutes les vies ariesques, est plus importante pour le firqil et le conseil d'Aria que la prévention de potentielles rebellions.

Durant le waradaqt (temps fleuri), une grande parti des ouvriers agricole est envoyé vers le Markazard, le Yuglaqard et l'Algharbard pour cultiver les terres peuplées, tant que c'est possible. Cela concerne environ 70% de la force ouvrière. Le reste est affecté pour s'occuper de plantes peu frileuses en Faqatard, en Shamalard et en Bwqard. Les salaires à cette saison sont plus bas et les déplacements forcés sont les moins prévisibles : c'est la saison la plus "facile".

A partir du jyidaqt (temps correct), les agriculteurs sont progressivement renvoyés en Faqatard, en Shamalard et en Bwqard. Les cultures habituelles commencent alors que la température remonte. Les salaires montent lentement. Les déplacements sont attendus pour guider les agriculteurs vers leurs installations.

Elle est partie. Qu'est-ce que tu veux que je te dises. Tu croyais pouvoir la garder ? C'est une démone, Meyrus, on n'a pas de droits, ici. Et t'as pas ce qu'il faut pour décider ce qui arrive à un esclave. Fallait demander à Ghali, si tu l'aimais tant que ça. Elle doit être au Nord à planter des céréales, là. Penses à elle en mangeant du pain, elle mourra peut-être en mer parce que tu sais pas demander de service.
— Nashan Gapy

Le tadhiraqt (temps de préparation) compte les dernières récoltes en Markazard, en Yuglaqard et en Algharbard, qui sont donc suivies par le départ des derniers servants agricoles vers le Nord ou, rarement, vers le Sud (le Janubard répondant à des lois différentes ne permettant pas autant la migration inter-continentales). Parallèlement, le Faqatard, le Shamalard et le Bwqard se chargent de main d'œuvre. Les journées de travail sont longues : il faut préparer de nombreuses conserves pour remplir les greniers en Markazard, en Yuglaqard et en Algharbard. Le salaire monte encore.

Pendant le yuhraqt (temps terrible), toute la force agricole se concentre en Faqatard, en Shamalard et en Bwqard. Les nobles y sont aussi, pour passer l'été au frais, quand ils ne restent pas dans le bateau. Il faut nourrir la noblesse, mais aussi envoyer des bateaux plein de nourritures en Markazard, en Yuglaqard et en Algharbard. Les salaires sont très hauts et les servants peuvent demander à la noblesse de valider leur valeur et de leur offrir une montée en rang, pour qu'ils aient un meilleur contrôle sur leurs migrations.

Avec l'arrivée de l'altajdiqat (temps renaissant), les forces agricoles reviennent progressivement en Markazard, en Yuglaqard et en Algharbard, en petit nombre. Les nobles quittent leurs vacances et de nombreuses migrations sont organisées, pour compenser la souplesse accordée en yuhraqt.

Départs principaux des marchandises
  • Faqatard
  • Shamalard
  • Bwqard
  • Destinations principales des marchandises
  • Markazard
  • Yuglaqard
  • Algharbard
  • Pyramide ariesque simplifiée

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    Commentaires

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    Jul 8, 2025 18:56

    Tout ça semble être un rouage bien huilé.

    Jul 8, 2025 20:09 by Enoris Leinwand

    Ah oui, ça tourne très bien. Si on doit reconnaître une chose à Aria, c'est qu'ils sont organisés