Le Panthéon Oublié

Une fois arrivé à Elderia, L'Eclat fut le premier à agir. Il plia les rayons du soleil pour qu'ils puissent briller sur ces terres. Alors que ce monde baignait dans la lumière, il instaura l'ordre élémentaire en ouvrant des passages vers les plans du feu, de l'eau, de l'air et de la terre, et il instaura diverses lois relatives à la physique. De par ces lois, il apporta l'équilibre. L'Eclat était un Dieu loyal et bon, l'entièreté de son pouvoir résidait dans son impartialité. Quand les premiers êtres qui commencèrent à agir par raison et non plus par instincts firent surface, il fut celui qui leur enseigna le principe des lois, de la régulation et de la Justice. Lorsqu'il foulait la terre d'Elderia, il se plaisait à arborer la forme d'un nain dans la fleur de l'age, car les nains était un peuple qui vivait selon ses principes et qui, tout comme lui, pouvait tenir une rancœur pendant bien plus longtemps qu'il ne le faut.

La Berceuse est une Déesse qui se complaisait dans la tromperie et la supercherie. Voulant moquer la lumière du soleil, apportée par son confrère L'Eclat, La Berçeuse créa la lune. Afin de rivaliser avec l'ordre, elle instaura la chance et la malchance, créant ainsi les bases du chaos. Il serait fortuit de croire qu'elle est une déesse de nature mauvaise, elle préfère simplement l'amusement et la liberté du chaos au sérieux et aux carcans de l'ordre. Dès l'arrivée des premières créatures mortelles, elle se délecta du spectacle qu'apportaient ces petits êtres lorsqu'ils découvraient ses cadeaux. Marchant parmi eux en de rares occasions, La Berceuse appréciait prendre l'aspect d'une gnome assez jeune, maladroite et incroyablement chanceuse, ce qu'elle pensait comme étant la nature même de cette race.

Lorsque Elderia prit la forme qu'on lui connait aujourd'hui, Le Tapissier chercha à tout prix à la rendre plus belle qu'elle n'était déjà. Ainsi, lorsqu'il arpenta cette terre, il déversa de son pouvoir et ainsi naquit la magie. Avec elle et l'appui du Verdoyant, il façonna les Arbres-Mondes, les créatures magiques et tout ce qui, aujourd'hui, parcourt la faune et la flore d'Elderia. Aussi puissant qu'il était, jamais il ne s'attendait à ce que les créatures douées de raison lui firent découvrir : la musique, la peinture, le théâtre, le dessin, la littérature et la sculpture. Chacune de ces œuvres le comblait de joie. Pour en profiter parmi ceux qui les ont créés, Le Tapissier aimait revêtir le physique d'un jeune elfe des bois, ayant toujours trouvé cette race des plus élégantes.

Bien que les Dieux soient des entités à part, il faut admettre que Le Verdoyant est lui-même fort différent de ces comparses. Alors que les autres prenait la façonnement d'Elderia à la légère, comme un projet naissant d'un plaisir coupable, Le Verdoyant lui, prenait cela très à cœur. Le moindre détail devait être parfait. Là où sa différence se démarquait encore plus, est lorsque les créatures de raison émergèrent, car il n'en avait cure. Il aimait passer du temps parmi les animaux, les plantes et les éléments, il y trouvait une tranquillité sans pareil. Voulant apprécier ceci sous un angle différent, il n'était pas rare qu'il se change en un vieil Hermite, se posant près d'un coin qu'il trouvait paisible, profitant de la compagnie de la faune et la flore des environs.

Des cinq dieux arrivés en Elderia, elle est celle sur laquelle les habitants en savaient le moins. Il était connu qu'elle faisait office de déesse de la Mort et que quand sonnait votre heure, l'un de ses corbeaux, offert en cadeau par Le Verdoyant, venait pour vous chercher et offrir le repos à votre âme. Il était aussi connu que si vous cherchiez à la duper et accéder à la non-mort, alors vous risquiez de déclencher sa fureur. En de rare occasions elle venait chercher les plus nobles âmes elle-même, mais personne ne savait pourquoi ou ce qui démarquait ces individus. La seule intervention connue de la Haute Corneille est lors de la Grande Malédiction de L'Avare des Secrêts, elle aurai apparu devant un soldat qui implorai son aide pour châtier ce fléau. L'on dit que son apparence était celle d'une grande femme mince aux cheveux aussi sombres que la Mort et à la peau aussi pale que la neige. Il est dit qu'elle portait un masque de porcelaine et que sous ce dernier se cacherai deux yeux aux iris aussi rouges qu'un rubis. Mais seul ce soldat l'implorant pourrai confirmer ces dires...

Lorsqu'ils marchaient en Elderia, ces cinq dieux se firent discrets, profitant de leur création en paix. Mais à de maintes reprises ils décidèrent de faire, ce que les mortels vont appeler plus tard, des miracles qui attirèrent croyants et adeptes. De véritables cultes furent crées en leur honneur, néanmoins pas en leurs noms, puisque jamais ils ne se manifestèrent au près des vivants sous leur forme divine. Le plus étrange est qu'en de rares occasions, quatre de ces cinq dieux tombaient amoureux d'êtres peuplant ces terres, se liant avec eux, procréant une nouvelle forme de vie : les Héros. Ces êtres mi-mortels mi-dieux était capables de miracles divins, mais ayant grandi parmi les peuple de ces terres, ils étaient aussi doué d'une chose que le coté divin de leur famille n'avait jamais eu : la notion du temps qui passe et de la mort imminente. Tous ces Héros décidèrent de tirer meilleur parti du temps qui leur était donné par leurs parents mortels et des pouvoirs de leurs parents divins, faisant le bien mais aussi le mal. Ainsi, ils firent des prouesses et créèrent des catastrophes dont les bardes et autres troubadours chantent encore en ce jour.

Face aux actions de leurs héritiers, les dieux adoptèrent des réactions différentes: certains préféraient se retirer et laisser leur enfant briller ou sombrer dans le chaos, d'autres décidaient d'assumer le rôle d'un mortel et de rester aux cotés de leur enfant jusqu'à ce que leur mort supposée se produise, afin d'offrir un foyer à ces derniers. Hélas, tout les Héros, de par l'absence de guide dans la manière d'employer leurs pouvoirs, avaient certes une sensation d'être unique, mais aussi d'être bien seuls...

Cette période où ils arpentaient les terres et engendraient les Héros se nomma "L'Âge des Héros" et bien que le nom resta dans les mémoires, ce fut aussi la dernière fois enregistrée que les cinq dieux créateurs foulaient les terres d'Elderia...

"L'Âge des Héros" toucha à sa fin lorsqu'une chose des plus improbable se produisit : les Héros se mirent à périr. Un par un, ils tombèrent. Certain de vieillesse, certain tués par leurs semblables lors de guerres de fidèles, d'autres disparurent sans que l'on puisse savoir ce qui est arrivé. Tout ce que l'on sait est que l'entièreté des Héros avait disparu de la surface d'Elderia. Mais ayant tous trouvé le moyen de rassembler des fidèles et par le pouvoir des prières, revinrent à la vie en tant que dieux ! Tous sans exception, bons comme mauvais, loyaux comme chaotiques. C'est à ce moment que leurs parents divins prirent la décision de quitter ces terres, de toute leur puissance, de tout leur savoir, ils n'avaient pas pensé à cela, ils n'avaient pas pensé à ce que leurs enfants de mortels puissent un jour être leurs égaux.

Après une décision commune, ils partirent, prenant le cap du plan d'existence où ils avaient vu le jour, sans se retourner. Corellon, le plus attristé par cette décision, décida d'utiliser ses pouvoirs une dernière fois en cadeau, non pas pour les mortels, mais pour les héros devenus Dieux. Il créa un plan parallèle à Elderia, situé juste à coté de leur destination, un endroit accessible aux êtres de nature divine. Là, ces enfants divins pourront se reposer, se ressourcer, y créer un foyer selon leurs envies et dans la tranquillité, en somme une demeure du divin depuis laquelle les Héros pourront continuer de veiller sur Elderia. Ce plan, cette antichambre des dieux, fut le dernier miracle des cinq, mais jamais celui-ci ne sera célébré.

Avec le temps, les générations de mortels se succédèrent et les miracles passés du Verdoyant, Tapissier, La Berçeuse et L'Éclat furent attribués à leurs enfants, les nouveaux dieux. La mention de leurs noms supposés s’arrêta en même temps que l'existence des souvenirs dont ils pouvaient faire parti. Ainsi, les cinq créateurs devinrent ce qu'ils sont aujourd'hui : un Panthéon Oublié.