Les trames

La construction de la première trame constitue une avancée majeure de l’histoire, marquant la fin du Moyécryme et de l’obscurantisme. Toutefois, du fait du conservatisme outrancier des seigneurs traversiers, elle demeure privée d’une majorité des avancées technologiques de la révolution industrielle. Aujourd’hui encore, trains et télégraphes sont absents, considérés avec mépris, voire haine. Les nobles autorisent cependant le passage de caravanes marchandes, prélevant des taxes très élevées. Voyager sur ces colossaux viaducs de pierre s’avère donc long et fastidieux. Ainsi, à l’initiative des Loges et des konzerns, naît l’idée de bâtir une seconde trame qui pourrait accueillir les moyens de transport modernes, tout en corrigeant les détours de la première trame.

Ces nouvelles traverses s’élancent donc dans un contexte politique, social et religieux bien plus stable. Les Loges contrôlent l’énergie et les diverses technologies. Les konzerns gèrent la majeure partie des flux de matériaux et d’informations entre cités. Les différents cultes ont, selon les cas, disparu ou se sont répandus sur la Toile.

Les moyens techniques mis en œuvre permettent des travaux rapides et solides. Sous l’impulsion de l’ingénieur parisien Eiffel, le fer devient le matériau de référence. Ces traverses qui portent le nom de leur inventeur (eiffeliennes) n’ont rien à voir avec celles de la première trame. Le souci d’une efficacité commerciale en fait surtout des voies destinées aux chemins de fer, aux dirigeables tractés, aux voitures et aux cavaliers. Le télégraphe et l’électricité y sont chose commune. Larges de dix à vingt mètres, elles s’élargissent à certains endroits pour accueillir les relais et les gares traversières, mais il n’y a guère de place pour les vastes caravanes marchandes,  courantes sur la première trame.

Ces traverses appartiennent aux konzerns. Ces derniers les possèdent ou les louent aux ministères et sont chargés de l’entretien des structures, mais pour des raisons économiques, ils ne s’acquittent de cette tâche que sur les tronçons jugés rentables. Certaines parties de la deuxième trame commencent ainsi à tomber en ruine, sous les assauts de l’écryme.

La troisième trame regroupe l’ensemble des traverses qui se construisent encore aujourd’hui. Elles sont de deux sortes : d’une part, des traverses commandées aux Loges par les konzerns qui servent généralement de raccourcis ou de chemin vers un nouveau gisement de matières premières ; d’autre part, des traverses à usage privé menant directement à un édifice sur l’écryme et réservées aux plus riches. Cette troisième trame n’est pas quantifiable malgré les efforts répétés des cartographes et des Loges voyageuses. Ce réseau est en perpétuelle mutation.