La ligue antipolienne
Son administration redoutablement efficace a inspiré toutes les autres nations.
Généralités
L’Antipolie est une ancienne province du Lansk qui a su s’en détacher par d’habiles manoeuvres politiques. Basée sur une administration démesurée, la Ligue annexe les centaines de communautés qui la composent en y détruisant le système politique en place puis en implantant le sien. Tous les moyens sont alors bons : échanges commerciaux frauduleux, chantages, assassinats, soutiens à des groupes clandestins ou des opposants politiques… Après une génération, les métropolites ont si bien mis en oeuvre leurs projets qu’un retour en arrière est quasiment impossible. Les puissances de chaque cité deviennent tellement dépendantes des instances antipoliennes qu’elles
ne peuvent continuer à lutter contre la machine politique implacable mise en place. Chaque cité, chaque jonction possède dès lors son ministère de la Guerre, de la Propagande, de la Subsistance et de l’Urbanisme. Ce système dépasse même le seul cadre des cités pour s’étendre sur les traverses. Toutefois, certaines seigneuries refusent la souveraineté des ministères et préfèrent vivre traditionnellement. Le gouvernement lutte pour faire reculer l’anarchie.
En contrepartie de son annexion, la Ligue gère les principales ressources de la cité ainsi que l’ensemble des infrastructures. Si, en théorie, cette économie presque communautaire fonctionne, en pratique, elle reste une utopie et semble conduire à une impasse. Les ressources antipoliennes s’amenuisent rapidement. L’aide des ministères est dévolue à sa seule population. Le recensement ne s’étend toutefois pas à toute la nation et les indigents se font de plus en plus nombreux. Si bien que les coutumes locales resurgissent et l’emportent de plus en plus fréquemment sur la législation en vigueur. Ces difficultés sont particulièrement ressenties par les métropolites formés à Prague et à Vienne qui sont chargés de faire appliquer les lois sur l’ensemble des traverses de l’Antipolie.
Les Cités
Candbury est une cité marchande située sur la route du Gloriana. Passage obligé pour les konzerns, la cité est parcourue de nombreuses voies ferrées pour le transit des marchandises. Mais les bénéfices engrangés par les lords-entrepreneurs sont détournés par l’Antipolie, en perpétuelle quête de ressources, laissant Candbury dans un désoeuvrement grandissant. Cette cité aux allures de gigantesque gare de triage voit ses cafés et ses auberges, aux façades noires de suie, se remplir d’une bourgeoisie évoquant à demi-mot la possibilité de redevenir indépendants.
Réputée pour ses sources thermales et son mode de vie licencieux, Entrelace est une conurbation composée de trente-cinq îles, spécialisée chacune dans une activité précise. La cité doit son nom aux innombrables ponts et passerelles qui se croisent, à moins que ce ne soit pour les activités des lupanars si nombreux. Entrelace, la cité des bains, la ville évaporée, est un lieu de villégiature où aucun interdit n’a pas déjà été bravé. Le taux de criminalité élevé n’a pu être endigué par les ministères. Même les vigilants, milice privée aux ordres des commerçants, prennent des allures de détrousseurs. Les principales ghildes ont évité l’anarchie en codifiant le banditisme au travers des lois scélérates.
Ythar, également écrit Ithar, cristallise les tensions politiques. Au bord de l’effondrement, la cité n’est même plus à même d’accueillir sa population qui déborde bien plus que de coutume sur les traverses. À plusieurs reprises, le gouvernement antipolien a tenté de relancer l’économie et de moderniser la cité, sans succès. Les fortes sommes engagées ont choqué l’opinion publique qui considère désormais les Ithians comme des profiteurs et des fainéants. Des konzerns ont souhaité racheter Ithar, mais leurs démarches n’ont jamais abouti à cause de la volonté inflexible du ministère de la Propagande.
Modèle architectural pour le reste de la Toile, Paris est la première cité ayant mêlé le fer à la pierre, mais également imaginé ces célèbres tours d’appontages. Le plus gigantesque champ d’éoliennes de la Toile impressionne plus encore et éclaire la cité nuit et jour. Des légendes racontent que de telles machineries sont le fait de Loges renégates, quand d’autres évoquent des déments possédés par ce que les aliénistes appellent le syndrome Eiffel, du nom du fondateur supposé de la cité et inventeur des traverses de fer. Les patients souffraient d’un mal les poussant à prélever n’importe quelle pièce métallique pour la refondre. Sous l’impulsion des Loges ingénieriques, la cité s’est toute entière tournée vers le scientisme. La prochaine Exposition transurbaine y aura d’ailleurs lieu, avec pour thème l’apothéose du modernisme.
Essentielle au bon fonctionnement de la machine administrative antipolienne, Prague en est la capitale politique et intellectuelle. Ici, le pouvoir rime avec un poste aux ministères. La cité grouille de fonctionnaires, lui donnant un visage frénétique. Les complots visant à discréditer telle ou telle administration sont monnaie courante. Mais Prague a d’autres particularités, comme sa célèbre université de duel-jurisme, formant les meilleurs avocats-duellistes de la Toile.
Vienne est une cité vieillissante qui, malgré sa taille imposante, fait figure de parent pauvre de Prague. Mais, malgré son statut de second couteau, elle possède une vie culturelle très active, abritant par exemple de nombreux musées. Les Viennois apprécient également la musique et ses musiciens sont reconnus sur toute la Toile.
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