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Les gardes impériaux passaient l’
archipel au peigne fin. L’attaque de la veille avait semé le trouble dans le camp et tous les hommes étaient mobilisés. Le jour se levait sur un ciel grisonnant, annonçant une tempête prochaine. Le capitaine du camp, un homme aux longs cheveux noirs comme la nuit avec une armure rouge, vociférait des ordres dans sa langue impériale afin de débusquer les intrus. Malheureusement pour lui,
Harald connaissait suffisamment la langue pour le comprendre.
Ordonnateur :
- " Bien... Ils vont chercher au Sud de l’archipel. On va avoir pouvoir se déplacer ."
Rouge :
- " Pas trop tôt... J’commençais à rouiller... "
Harald et ses trois frères avaient passés toute la nuit dans une crique de bambous, de l’eau jusqu’aux épaules. Harald avait pris le premier tour de garde. Lorsque les impériaux se rapprochaient d’eux, ils s’immergeaient totalement, ne respirant que par des bouts de bambous dépassant légèrement de la surface.
Dunkan s’étira pendant que
Skalden but une gorgée de sa gnôle.
Alek sortit de l’eau en tremblant, ses lèvres étaient bleues. Tous les quatre se déplacèrent discrètement jusqu’a un petit bâtiment excentré du camp qui servait de latrine. L’odeur n’était pas fameuse mais au moins il y faisait chaud et Harald avait besoin d’exposer son plan au calme.
Ordonnateur :
- " Spectre, surveille l’entrée, Vif assis toi et mange quelque chose. Rouge met cette onguent sur ta plaie . "
Rouge :
- " T’inquiètes pas j’en ai vu d’autres. "
Ordonnateur :
- " Ne discute pas Rouge, on en a pour long à ramper dans l’eau et la boue, inutile de courir le risque que tu aies une fièvre ou une infection. C’est un onguent très efficace préparé par mère. "
Spectre :
- " Bon c’est quoi la suite du plan « Ordonnateur ".
Skalden avait toujours autant de mal avec l’autorité. Harald ne releva pas et attendit que Dunkan se soit soigné et qu’Alek ait repris des couleurs.
Ordonnateur :
- " On a beaucoup à faire. Les soldats vont désormais êtres sur la défensive. Des qu’ils auront finis d’inspecter l’archipel, ils se regrouperont dans leur camp avec des gardes triplées et nous ne pourront plus rien faire. Nous n’allons pas attendre cela. Le plus gros des troupes est partie vers le Sud, nous allons les traquer par derrière pendant qu’ils nous cherchent. "
Spectre :
- " En plein jour ?! On va se faire repérer en moins de deux ! "
Harald sortit de sa besace un petit coffret qu’il posa sur le rebord d’un bidet. Alors qu’il allait l’ouvrir, la porte des latrines s’ouvrit et un soldat fit irruption, les mains déjà prête à enlever la pièce d’armure qui lui aurait permis de se soulager. D’un geste très précis, Skalden enfonça sa dague sur le côté de la gorge du soldat qui écarquilla les yeux de surprise plus que de douleur. Skalden ne lui laissa pas le temps d’hurler et lui arracha d’un coup sec trachée et cordes vocales. Dunkan attrapa le jeune soldat égorgé et l’accompagna au sol sans bruit.
Harald reporta son attention sur la boite et l’ouvrit. Elle contenait une vingtaine de petites fioles, toutes attachées avec d'épaisses lanières de cuir. Harald présenta le contenu de la boîte à ses frères. Quatre fioles étaient vertes, quatre étaient rouges, huit étaient comme remplies de fumée, deux étaient aussi bleu que le ciel et une blanche. Ils remarquèrent aussi qu’un emplacement était vide, il manquait une fiole.
Rouge :
Ordonnateur :
- " C’est tout le savoir de mère. Elle nous a donné de quoi compenser un peu notre infériorité numérique. Les vertes nous donneront 48 heures d'énergie sans avoir à nous reposer mais le contre-coup est violent. Les rouges soignent nos blessures quasi-instantanément, là aussi avec un contre-coup. Les bleues sont pour un appui magique artificiel, elle m’a dit que la forme dépendait selon le consommateur. Les grises sont... "
Rouge :
Vif :
- " Quoi ?! Mère n’a jamais acceptée qu’on l’utilise ! "
Rouge :
- " Si, il y a longtemps, à l'époque de père ...
Spectre bavait encore sur les mamelons de mère. Ordonnateur et moi en avions pris une seule fois, lorsque mère nous avait emmenés dans la Ceinture Tropicale... J’en avais chié dans mes braies ! Ça nous a passé l’envie d’essayer d’y aller avec votre frère ! Mère avait bien réussie son coup... "
Ordonnateur :
- " L’astrale est une potion qui nous rendras immatériels pour un temps. On va l’utiliser maintenant pour traquer les soldats partis au Sud. Spectre, ces potions sont surtout pour toi, il en resteras quatre pour des assassinats nocturnes mais plus tard, lorsque la fatiguée s’empareras d’eux. "
Spectre :
Harald distribua une potion d’Astrale à chacun de ses frères, puis ils burent tous ensemble l'étrange décoction de fumée. Très vite leur apparence devint légèrement floue, se fondant dans les décors derrière eux.
Ordonnateur :
- " Spectre tu passes devant et tu les tues au plus près, Rouge tu prends le flan gauche moi le droit. Vif tu couvres nos arrières, tu vérifies que les cadavres derrières nous soient bien morts et tu exécute les fuyards. Allons-y ! Spectre, inutile de passer par la porte... "
Alors que Skalden allait attraper la poignée de la porte, Harald passa la tête au travers du mur Sud des latrines, comme si le mur n’était que du brouillard, puis après quelques secondes : « La voie est libre, venez ». Harald passa entièrement à travers le mur et ses frères l’imitèrent.
Au pas de course, traversant les arbres et les rochers, les frères Sildden assassinèrent les soldats impériaux comme des ombres les traquant. Skalden utilisait tout son savoir pour s’approcher sans bruit et trancher les gorges et enchaîner ses actions. Dunkan brisait les nuques beaucoup moins discrètement mais Alek sanctionnait d’une flèche tous les soldats trop attentifs qui se retournaient. De son côté, Harald faisait son office en surveillant le reste des troupes éparpillées sur le sud de l´archipel. En moins d’une heure, ils tuèrent près de 70 soldats. Un vrai massacre.
Mais un sous-lieutenant finit par se rendre compte de la présence des Sildden et l’alerte fut donnée. Les soldats restant se regroupèrent pour faire face et Harald fit de même avec ses frères.
Ordonnateur :
- " Vif reste en retrait ! Rouge, avec moi ! Spectre met toi derrière nous ! "
Spectre :
- " Ils peuvent pas nous toucher de toute façon ! "
Ordonnateur :
Très vite, les premiers tirs d’arbalète fusèrent dans leur direction et Dunkan fut le premier à voir un carreau traverser son corps sans faire le moindre dégâts. Les impériaux attaquèrent alors que la Meute reculait sous les ordres d’Harald. Alek tuait les soldats qui essayaient de les prendre à revers avec une précision sans faille. Harald et Dunkan se défendaient au fer créant des ouvertures pour Skalden qui lançait ses poignards dans les points vitaux. Les soldats impériaux étaient forts et entraînés, c’est pour cela qu’ils ne furent pas trop déconcertés par le fait qu’ils se battaient contre des spectres immatériels. Malgré le fait que beaucoup d’entre eux étaient morts, une quinzaine étaient encore d’attaques lorsqu’Alek n’eut plus de flèches.
Vif :
" A sec ! "
Ordonnateur :
- " La potion se dissipe ! RETRAITE !"
Profitant des dernières minutes (ou secondes) d’intangibilité que leur procurait la potion, Harald se mit à courir vers un point de repli qu’il avait repéré dans un amas de palmier à quelques mètres. Skalden était sur ses talons et Alek s’y dirigea également. Mais Harald négligea une chose : plus jamais Dunkan ne reproduirait ce geste qu’il avait maudit toutes ces années depuis la mort se son père ; plus jamais il ne fuirait un combat.
Sans que les impériaux n’ait le temps de comprendre, cet homme massif à la crête rouge les chargea, seul contre quatorze soldats. La potion n’agissait plus que partiellement et Dunkan le savait. Un grand sourire carnassier illumina son visage aux yeux écarquillés de rage.
« ROUGE ! REPLI !! » tenta Harald. Mais Dunkan poussa un cri bestial et fonça dans le tas. Les deux premiers soldats visèrent sa tête mais Dunkan glissa sur ses genoux arrivé à leur niveau. Les soldats frappèrent dans le vide mais pas Dunkan qui ficha dans leurs entrailles une hachette chacun. Dégainant sa hache, Dunkan attaqua le reste des soldats et sang jaillit en grandes gerbes. Alek récupéra deux flèches sur des cadavres proches mais impossible de tirer car Dunkan bougeait trop. Harald et Spectre se précipitèrent pour aller aider leur frère mais le temps qu’ils arrivent, Dunkan était entouré par des tas de chairs sanguinolentes. Il était couvert de sang et avait deux entailles sérieuses, une à l’épaule et une au bras gauche. Mais il riait comme un soir de fête.
Ordonnateur :
- " Rouge... C’était pas le plan ! "
Rouge :
- " HAHAHA ! Quoi !? Oh ça va Ordo ! J’avais besoin d’me réveiller et ce combat était aussi jouissif qu’une soirée au bordel de Saline !! "
Ordonnateur :
- " T’as faillit mourir et tu es encore blessé... "
Rouge :
- " Bah ! Et alors, tu prends jamais le temps de t´amuser sur le terrain ! Tu devrais, on y prend goût ! "
Vif :
- " Ordonnateur, regarde... "
Alek pointa du doigt un soldat à une cinquantaine de mètres qui boitait en s´enfuyant vers le Nord. Il se tenait le ventre mais marchait à vive allure en slalomant entre les palmiers.
Spectre :
Alek banda son arc en direction du fuyard mais Harald vint baisser son bras.
Ordonnateur :
- " Non. Qu’il aille raconter que des fantômes les ont attaqués. Laisse-le apporter la peur à nos ennemis... "
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